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Après La petite Jérusalem, couronnée par le prix de la semaine de la critique à Cannes, le second long métrage de Karim Albou évoque une période méconnue de l’histoire. L’occupation allemande de la Tunisie, qui a durée six mois. Dès novembre 1940, l’Amiral Estena, résident général de France en Tunisie, édicte le statut applicable aux Juifs. Et les discriminations subies par les Juifs tunisiens diffèrent peu de celles de Vichy. Hormis les vichystes convaincus, les responsables français en Tunisie n’arrivent pas à choisir leur camp.
Le film de Karim Albou, algérienne par ses origines paternelles, ne se veut pas historique. C’est un film de femme intimiste. La guerre entre par l’extérieur, la radio, ce que l’on voit par la fenêtre, le bruit des bombardements… Tandis que la caméra reste proche des corps, de l’innocence, de la sensualité des deux jeunes filles. Mais la guerre s’infiltre dans leur quotidien et brise leur relation comme elle brise leurs rêves. Socialement frustré, le fiancé de Nour se laisse gagner par la propagande antisémite et accepte le travail que lui proposent les nazis. Myriam doit se marier avec un homme qu’elle n’aime pas. L’amitié entre les deux jeunes filles bascule. La force du film est de se mettre en équation avec le déterminisme de l’histoire sans y céder, comme une mise à nu qui conserve son mystère.
Jean-Marie Dinh
Le Chant des mariées, Cinemed, le 31 oct 2008
Voir aussi : rubrique cinéma Tunisie Les Secrets de Raja Ammari,