La France propose à la Grèce un accord de défense et de sécurité

Le ministre français de la Défense Hervé Morin, en visite lundi à Athènes, a proposé à la Grèce de signer un accord de défense et de sécurité pour sceller un socle commun dans les relations bilatérales.

« J’ai transmis un projet émanant du gouvernement français qui permettrait la signature dans quelques mois d’un accord de défense et de sécurité entre la France et la Grèce qui en quelque sorte permettrait une architecture commune, un socle commun pour notre relation », a déclaré M. Morin à l’issue d’un entretien d’un heure avec son son homologue grec, Evangélos Vénizélos. Il s’agit de la première visite de M. Morin en Grèce depuis la victoire des socialistes aux élections du 4 octobre. La France et la Grèce sont en négociations sur plusieurs gros programmes d’armement.

Le ministre français a « clairement indiqué » à M. Vénizélos que la France n’envisageait le programme d’armement notamment de la marine grecque « que dans le cadre d’un partenariat industriel très fort avec les chantiers navals grecs et les transferts technologiques qui vont avec ». Les deux pays discutent depuis le début de l’année sur l’achat par Athènes de six frégates européennes multimissions (FREMM), ainsi que de l’achat de 15 hélicoptères Super Puma de recherche et de sauvetage. Sur le dossier des frégates M. Vénizélos a indiqué que le gouvernement « annoncera tout quand cela sera mûr ».

Il a souligné une volonté commune pour poursuivre les négociations en tenant compte de « la plus grande participation possible de l’industrie grecque, et du plus grand transfert technologique possible sur tout le programme ». Pour les hélicoptères, « nous sommes convenus d’initiatives concrètes qui nous permettront de dépasser les problèmes et apporter des réponses pour le bien mutuel », a ajouté le ministre grec. M. Vénizélos a précisé que sur la question de l’acquisition prévue par la Grèce de 30 avions de chasse de la dernière génération, « le gouvernement n’a pas encore ouvert le dossier ». « Je connais, a-t-il dit, l’intérêt français pour le Rafale et l’intérêt d’autres pays, notre approche sera responsable et transparente », a-t-il affirmé.

Par ailleurs M. Morin a indiqué que la France était prête « à faire des efforts supplémentaires sur un sujet d’importance pour la Grèce qui est la surveillance de son espace maritime ». Il a ainsi affirmé que la France allait renforcer « la présence de bâtiments français dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine ». Paris soutiendra aussi les efforts de la Grèce, « qui joue un rôle de leader dans la constitution d’un espace de surveillance maritime commun », de la mer Baltique à la Méditerranée et de la mer Egée à la Méditerranée occidentale, a expliqué M. Morin.

Il a d’autre part demandé à la Grèce de participer à « la formation des forces de sécurité en Somalie pour reconstruire l’Etat somalien », une action complémentaire à l’opération maritime européenne Atalante dans la région où les deux pays sont fortement engagés.

AFP

Morin : « pas d’alternative » à l’engagement de la France en Afghanistan

 herve-morin« Il n’y a pas d’alternative » à l’engagement des soldats français en Afghanistan, estime le ministre de la Défense, Hervé Morin, dans une interview publiée par Le Figaro lundi, avant un débat prévu dans l’après-midi au Sénat sur la présence française dans ce pays. Ce débat, réclamé à plusieurs reprises par les sénateurs de l’opposition, intervient après une mission fin octobre en Afghanistan du président du Sénat, Gérard Larcher (UMP). « Il n’y a pas d’alternative » à l’engagement de la France en Afghanistan, « même si la France est depuis longtemps convaincue qu’il faut faire évoluer la stratégie et être davantage présent auprès de la population« , déclare le ministre de la Défense.

Pour M. Morin, « ce qui inquiète les Français, ce n’est pas le fait que l’on soit présent en Afghanistan, c’est que l’on soit contraint d’y rester pendant des années!« . « Il faut donner des perspectives, des objectifs à l’opinion publique. Il faut rappeler aux Français que laisser l’Afghanistan aux talibans, c’est laisser le terrorisme prospérer et nous menacer », ajoute-t-il. Interrogé sur le fait que le président américain Barack Obama n’arrive « apparemment pas à trancher sur la question des effectifs » déployés en Afghanistan, M. Morin relève qu’envoyer « 20.000 ou 40.000 hommes ne suffira pas ». « La seule stratégie qui vaille est de respecter la population afghane et de faire monter en puissance son armée et sa police », affirme-t-il. Dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi, M. Larcher avait estimé que la France devait « éviter de devenir une force d’occupation étrangère » en Afghanistan et se fixer « une perspective de départ » à « quatre ou cinq ans« .

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Le président irakien Jalal Talabani à Paris pour conclure une normalisation politique et des contrats

jalal-talabaniLe président irakien Jalal Talabani était attendu lundi à Paris pour une visite d »Etat de quatre jours, destinée à couronner la normalisation des relations entre les deux pays après l »opposition de Paris à l »invasion américaine de l »Irak en 2003 et conclure de nouveaux contrats. Il s »agit de la première visite d »Etat jamais réalisée par un chef d »Etat irakien en France, Saddam Hussein n »y ayant effectué que des visites officielles ou de travail. Pour le Kurde Jalal Talabani, l »avenue des Champs-Elysées et les bâtiments publics ont été pavoisés de drapeaux irakiens rouge-blanc-noir, portant l »inscription « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand).

De premiers entretiens à l »Elysée avec le président Nicolas Sarkozy étaient prévus à 17H00, avant un dîner avec les épouses, Hero Ibrahim Ahmad et Carla Bruni-Sarkozy. « La France bénéficie en Irak d »une très belle image sur laquelle nous essayons de capitaliser« , a résumé lundi l »ambassadeur de France à Bagdad, Boris Boillon. « Les Américains sont sur une logique de départ (…) les Irakiens dans une logique de diversification, cela fait les affaires de la France », a-t-il ajouté sur Europe 1.

Le retour de la France en Irak, partenaire privilégié dans les années 70 et 80, se fait avec la bénédiction des Etats-Unis qui cherchent à montrer que Bagdad a repris toute son indépendance et sa place sur la scène internationale. Depuis le début de l »année, les visites de responsables irakiens et français se sont multipliées de part et d »autre. Nicolas Sarkozy était à Bagdad en février, son Premier ministre François Fillon en juillet.

Alors que le coût de la reconstruction de l »Irak est estimé à 600 milliards de dollars, plusieurs contrats ont déjà été signés en matière de sécurité intérieure et militaire, comme la vente de 24 hélicoptères. Cette semaine, d »autres accords seront conclus, « qui renouvellent complètement la relation bilatérale » dans les domaines de la défense, de la sécurité intérieure, de l »économie, du secteur aérien, culturel et agricole, a précisé Boris Boillon.
Deux accords économiques vont permettre « à l »Agence française de développement (AFD) de venir en Irak » et concerner aussi « la Coface (assureur-crédit français pour le real online pokies commerce extérieur) qui permet de garantir les risques », a ajouté le diplomate. Jalal Talabani aura mercredi des entretiens avec le Medef.

Selon Denis Bauchard de l »Institut français des relations internationales (IFRI), « la France est bien placée pour revenir en force sur le plan économique en Irak », alors que « les Allemands et les Russes restent encore discrets« . Parmi les plus grosses perspectives, le groupe français Total pourrait se voir octroyer l »exploitation de champs pétroliers. Récemment, Aéroports de Paris International (ADPI) a remporté un contrat de 28 millions d »euros pour des études sur un futur aéroport Moyen Euphrate visant à desservir les villes de Kerbala et Najaf. Thales va numériser de son côté les données de l »état civil irakien, un contrat de 12,4 millions de dollars.

Pour la France, la question de la sécurité en Irak, même si elle reste importante, ne doit pas freiner les investisseurs. Il y a en Irak « une véritable amélioration sécuritaire« , a assuré l »ambassadeur français, tout en reconnaissant qu »à Bagdad l »édification de multiples murs pour améliorer la protection avait modifié le visage de la capitale.

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Vietnam: appels à un recours prudent à l’énergie nucléaire

Le Vietnam, à la croissance énergivore, s’apprête à franchir une nouvelle étape vers sa première centrale nucléaire, un projet dans l’air depuis plus de dix ans sur lequel scientifiques et députés appellent à la prudence, notamment en matière de sécurité. L’Assemblée nationale du pays communiste a légalisé l’usage du nucléaire civil en 2008 et doit valider, fin novembre, le premier projet de centrale.

Le plan vise la construction de réacteurs d’une capacité totale de 4.000 mégawatts sur deux sites de la province de Ninh Thuan (sud), à partir de 2020. Selon les experts, son coût oscillerait entre 11 à 18 milliards de dollars. Mais avant même le vote, le gouvernement anticipe déjà une deuxième étape, pour doubler cette capacité d’ici à 2025. Le nucléaire assurerait dans un premier temps moins de 5% de la demande énergétique. Le pourcentage pourrait monter jusqu’à 30% d’ici à 2050.

Plus que le principe du nucléaire, ce sont les conditions de sa mise en oeuvre qui inquiètent: trop vite, sans assez de garanties en matière de sûreté. « On ne peut pas considérer les centrales comme des voitures », juge Pham Duy Hien, président du comité scientifique de l’agence vietnamienne de sûreté nucléaire. Défis de main d’oeuvre, législation embryonnaire, garanties insuffisantes sur le traitement des déchets: les experts multiplient les mises en garde.

Si Hanoï avance comme prévu, « la quantité de radioactivité dans ces déchets après dix ans d’opération sera énorme », avertit Pham Duy Hien. Il craint, même si le pays s’engage à du nucléaire civil, des risques de détournement de la matière. « On ne peut pas dire qu’il n’y aurait pas de problèmes », poursuit le scientifique, reconnaissant que le fléau de la corruption — jugée endémique au Vietnam — les accentuait.

Le député Nguyen Minh Thuyet demande aussi d’avancer par étape. Mais à l’Assemblée, les débats sont « tendus », reconnaît-il. « Pas mal de gens soutiennent le projet car ils pensent que le Vietnam va sérieusement manquer d’électricité ». Les réserves du pays en hydrocarbures ne sont pas infinies. L’exploitation de gisements de charbon dans le delta du Fleuve rouge au nord divise parce qu’elle sacrifierait des rizières. L’énergie hydraulique a des impacts écologiques, déloge des populations locales.

Le Vietnam vise une croissance économique de quelque 5% en 2009 et espère rejoindre le clan des pays industrialisés d’ici aux années 2020. Il commence juste à pointer son nez dans celui des pays à revenu intermédiaire. « L’industrie de l’électricité nucléaire est de très haute technologie et demande une gestion disciplinée », résume Pham Duy Hien, qui, face à une demande énergétique en hausse de près de 15% par an, conseille d’abord une chasse aux gaspillages.

Malgré ces débats, plusieurs pays ont depuis longtemps montré leur intérêt pour le projet. La France, dont le Premier ministre François Fillon a paraphé jeudi à Hanoï un accord de coopération nucléaire, mais aussi le Japon, la Russie, la Chine, et dans une moindre mesure la Corée du Sud et les Etats-Unis. Le vote des députés, perçu par certains comme acquis car appuyé par la direction communiste du régime, devrait ouvrir la voie aux études de faisabilité. Le partenaire ne devrait pas être choisi avant 2011-2012.

Premières déclarations de Barack Obama avant sa visite au Japon

Barack Obama est attendu vendredi au Japon, où il rencontrera le nouveau Premier ministre de centre-gauche Yukio Hatoyama, avec lequel il devrait évoquer le dossier très sensible de la base américaine d’Okinawa. Le président américain Barack Obama a estimé que l’alliance militaire avec les Etats-Unis et l’accord sur les bases américaines servaient les intérêts du Japon, dans une interview diffusée mardi par la télévision publique NHK.

Le nouveau gouvernement de centre-gauche, qui a mis fin en septembre à un demi-siècle de domination des conservateurs sur le Japon, a entamé le réexamen d’un accord conclu en 2006 entre les deux pays sur la présence de quelque 47.000 soldats américains dans l’archipel. « Le Premier ministre (Yukio) Hatoyama a initié un changement au Japon qui est vraiment sans précédent. C’était un séisme politique », a dit M. Obama. « Je pense qu’il est tout à fait normal pour le nouveau gouvernement de vouloir réexaminer la façon de progresser dans un nouvel environnement », a-t-il poursuivi. « Je pense qu’une fois ce réexamen terminé, les autorités japonaises parviendront à la conclusion que notre alliance, les décisions sur les bases que nous avons négociées, que tout ceci sert l’intérêt du Japon et se poursuivra. » M. Hatoyama s’est engagé à rééquilibrer les relations nippo-américaines, trop inféodées à Washington selon lui.

Un dossier sensible

La question au coeur du différend entre Tokyo et Washington porte sur le déménagement de la base aérienne de Futenma, située actuellement dans la ville de Ginowa, sur l’île d’Okinawa, vers une baie isolée de l’île, mais protégée par les défenseurs de l’environnement. L’administration américaine exige que la base soit reconstruite à l’endroit prévu d’ici 2014, mais le gouvernement japonais souhaite la déplacer vers une autre région de l’archipel ou même vers un autre pays.

Dimanche, plus de 20.000 personnes ont manifesté sur l’île d’Okinawa contre les bases américaines, en dénonçant les nuisances sonores, la pollution, le risque d’accidents et la hausse de la criminalité engendrés par la présence des soldats. L’archipel d’Okinawa, situé à quelque 1.600 km au sud-ouest de Tokyo, a été le théâtre d’une des batailles les plus sanglantes de la Deuxième Guerre Mondiale. L’armée d’occupation américaine n’a restitué ce groupe d’îles au Japon qu’en 1972, mais y stationne encore plus de la moitié de son contingent. Les deux anciens ennemis sont devenus des alliés très proches, liés par un traité de sécurité qui place le Japon sous la protection de l’armée américaine.

Le souvenir de Hiroshima et Nagasaki

Le président américain Barack Obama a également fait part de son désir de visiter Hiroshima et Nagasaki, les deux villes japonaises détruites par des bombes atomiques américaines, pendant son mandat, ce qui n’a jamais été fait par un président en exercice. M. Obama a déclaré qu’il n’aurait « malheureusement pas la possibilité » de se rendre dans ces deux villes martyres lors de sa courte visite visite au Japon.

« Le souvenir de Hiroshima et Nagasaki est ancré dans la mémoire du monde et je serais honoré d’avoir l’occasion de visiter ces villes pendant ma présidence », a-t-il dit. L’armée américaine a largué la première bombe atomique de l’histoire sur Hiroshima (ouest) le 6 août 1945, puis une deuxième bombe trois jours plus tard sur Nagasaki (sud-ouest). Le Japon a annoncé sa reddition le 15 août. Au total, 140.000 morts ont été dénombrés à Hiroshima et 75.000 à Nagasaki. Les Etats-Unis n’ont jamais présenté d’excuses pour les victimes innocentes et aucun président américain en exercice ne s’est rendu dans ces villes. Jimmy Carter a visité Hiroshima mais après avoir quitté la Maison Blanche.

Selon un récent sondage, six Américains sur dix continuent de penser que leur pays a eu raison de larguer des bombes atomiques sur le Japon. Lors d’un discours en avril à Prague, M. Obama a appelé à un monde dénucléarisé, suscitant une vague d’espoir parmi les habitants de Hiroshima et Nagasaki, qui l’ont invité à visiter leur ville. Selon les médias, le président américain pourrait effectuer ce voyage en marge du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) qui se tiendra à la fin de l’année prochaine à Yokohama (sud de Tokyo).