L’élection avec un seul candidat affaiblit l’Afghanistan

Hamid Karzai

Des observateurs ont indiqué que l’élection présidentielle en Afghanistan avec le président Hamid Karzai comme le seul candidat en lice affaiblirait le pays, après que l’adversaire de Karzai, Abdullah Abdullah, eut annoncé son retrait de la course dimanche. « L’Afghanistan aurait un gouvernement faible et inefficace si le deuxième tour de l’élection se tient avec un seul candidat », a affirmé à l’agence Xinhua l’analyste politique et activiste des droits de l’homme, Qasim Akhgar. Selon les résulats du vote du 20 août marqué par des fraudes, M. Abdullah a gagné 28% de voix, contre 54% pour le président sortant Karzai. Il a déclaré refuser de reconnaître ces résultats  à moins que les plaintes ne soient examinées. La Commission des plaintes de l’élection (ECC) a invalidé les résulats dans 210 bureaux de vote, sur un total de 27.000, et a accordé 50% de voix à Karazai. Elle a aussi exigé que la Commission électorale indépendante, organe chargée d’organiser les élections, de tenir un second tour le 7 novembre entre Karzai et Abdoullah.

Saluant cette position de l’ECC, M. Abdullah toutefois pose des conditions avant le deuxième vote, à savoir, la destitution du membre de la Commission électorale Azizullah Ludin et la suspension de trois ministres (Intérieur, Education et Frontrières) . Cette demande a été rejetée par le président Karzai, qui a déclaré que ces officiels n’avaient rien fait d’illégal. Pour M. Abdullah, « puisque la Commission électorale n’est pas un organe indépendant, nous ne pouvons pas nous attendra à des résultats justes ». Selon lui, il y aura davantage de fraudes dans le second tour que le premier. « J’ai donc décidé de ne pas y participer », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de ses partisans.

Un autre analyste, Wahid Mujda, a indiqué que la tenue d’une second tour avec un seul candidat semble plutôt un référendum qu’une élection. « Sans doute, si Karzai est le seul candidat en lice lors du second tour, la légitimité de son gouvernement serait mise en cause et les problèmes du pays, notamment celui de la sécurité, pourrait augmenter », a dit à l’agence Xinhua M. Mujda. Il a fait cette remarque en commentant la déclaration de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, selon laquelle le retrait de M. Abdullah ne rendrait pas illégitime le second tour de l’élection. Il a souligné que le soutien intérieur est crucial pour un gouvernement. « Il est essentiel que l’élection soit tenue entre deux candidats et le gagnant forme un gouvernement légitime », a indiqué l’analyste. Pour l’observateur local Nazari Pariani, si Karzai reste au pouvoir à travers une élection ayant un seul candidat, les problèmes de sécurité pourraient se multiplier, l’Afghanistan serait isolé et la contribution de la communauté internationale au processus de la reconstruction serait affectée.

Agence Xinhua

Afghanistan: Abdullah juge Karzaï illégitime et sa réélection illégale

Trois jours après s’être retiré du second tour de la présidentielle, Abdullah Abdullah a jugé mercredi illégitime et illégale la réélection de Hamid Karzaï à la tête de l’Afghanistan, au risque de prolonger la crise politique qui paralyse le pays depuis plus de deux mois. L’ancien ministre afghan des Affaires étrangères avait justifié son retrait par la crainte de voir se répéter les fraudes massives qui avaient entaché le premier tour. Mercredi, il a fustigé la réélection de M. Karzaï, décidée par la Commission indépendante électorale (IEC). « Cette décision n’a pas de base légale et un gouvernement qui prend le pouvoir sur la base d’une décision d’une telle commission ne peut pas avoir de légitimité« , a-t-il déclaré lors de sa première allocution publique depuis l’annonce du résultat.

L’IEC, chargée d’organiser le scrutin et proclamer les résultats, est au coeur du scandale qui a provoqué l’annulation pour fraude d’un quart des bulletins de vote du premier tour, très majoritairement favorables à M. Karzaï. M. Abdullah a réitéré ses accusations contre l’IEC, l’accusant d' »incompétence » et de « parti pris » en faveur de M. Karzaï, qui en a nommé le chef, Azizullah Ludin, un de ses anciens conseillers. La semaine dernière, M. Abdullah avait demandé le renvoi de M. Ludin, la suspension de trois ministres ayant fait campagne pour son adversaire et la fermeture des bureaux de vote « fantômes », qui n’avaient pas ouvert le 20 août mais avaient rendu des urnes pleines de bulletins. L’IEC comme M. Karzaï avaient rejeté ces demandes.

« C’est exactement la même commission qui a annoncé la nomination du président », a souligné M. Abdullah. « Un gouvernement qui arrive au pouvoir sans le soutien de la population ne peut pas combattre des phénomènes comme les menaces terroristes, le chômage, la pauvreté et des centaines d’autres problèmes ». En dénonçant l’illégitimité de M. Karzaï, il tourne le dos à l’appel lancé par la communauté internationale à un gouvernement d’union nationale.

Mardi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon avait demandé au président Karzaï de travailler avec tous les candidats à la présidentielle. Mais M. Abdullah, dont la campagne dynamique avait conforté le statut d’opposant numéro un, ne voit aucun intérêt à participer à une coalition avec son adversaire. « Un tel gouvernement, qui manque de légitimité, ne peut pas combattre la corruption« , a-t-il dit, alors qu’Hamid Karzaï avait promis mardi de s’attaquer à ce fléau, qui irrite de plus en plus les Occidentaux.

L’administration américaine discute avec l’équipe Karzaï un pacte censé garantir qu’elle s’attaquera de front à la corruption, a dit la Maison Blanche mardi. En dépit des conditions déplorables de sa réélection, le président, installé à la tête du pays fin 2001 par les puissances occidentales dont les troupes venaient de chasser les talibans du pouvoir, a reçu les félicitations de la communauté internationale, la Maison Blanche le considérant comme « le dirigeant légitime » du pays. L’imbroglio électoral afghan place toutefois Barack Obama devant un redoutable dilemme alors qu’il achève le réexamen de la stratégie afghane, avant de décider s’il accède à la demande du chef des forces internationales sur le terrain, le général Stanley McChrystal. Celui-ci réclamerait plus de 40.000 hommes supplémentaires, en plus des 100.000 soldats étrangers déjà sur place.

Attentat de Karachi: les sénateurs PS demandent une mission d’information

Les sénateurs socialistes ont à nouveau demandé la création d’une mission d’information sur l’attentat de Karachi (Pakistan) contre un bus de la Direction des constructions navales qui a fait 14 morts le 8 mai 2002, a annoncé jeudi le groupe. Ils souhaitent une mission pour « étudier les conditions dans lesquelles a été conclu et exécuté le contrat signé par la France, le 21 septembre 1994, pour un montant de 826 millions d’euros, pour livrer et fabriquer trois sous-marins de type Agosta au Pakistan ».

Les sénateurs Didier Boulaud et Jean-Pierre Godefroy, au nom de leur groupe, indiquent n’avoir reçu aucune réponse à une première demande déjà formulée en juin. Ils soulignent que l’Assemblée nationale a créé une mission de ce type et « qu’il ne faudrait pas que le Sénat reste à l’écart d’un dossier qui a profondément commotionné l’opinion publique française ». »Il apparaît que ce contrat a été conclu dans des conditions +hors-normes+ tant sur le plan financier que sur le plan de l’assistance technique », ajoutent-ils.

Après avoir privilégié la piste d’islamistes radicaux dans l’attentat, les juges Yves Jannier et Marc Trévidic ont réorienté leur enquête vers un contentieux franco-pakistanais qui pourrait être lié « à un arrêt des versements de commissions » en 1996 de la France au Pakistan dans le cadre de ce contrat, selon les parties civiles.

Afghanistan : le PCF « s’indigne » des propos d’un général français

Le PCF s’est « indigné » vendredi des propos du général français à la retraite Jean Salvan sur l’Afghanistan, jugeant qu’ils faisaient « tristement écho » à ceux de Nicolas Sarkozy, pour qui il faut « davantage de soldats afghans » pour « gagner » la guerre. Le général de corps d’armée (4 étoiles) Jean Salvan a déclaré vendredi à l’AFP qu’il « faudrait que les jeunes Afghans et Pakistanais réfugiés en France prennent leur part du combat contre les talibans plutôt que de continuer à envoyer nos troupes à Kaboul pour des combats incertains ».

« Proclamer cela est une honte. Les Afghans qui immigrent en France ne cherchent pas la fortune, ils fuient une guerre qui détruit leurs vies et leurs familles », écrit dans un communiqué le PCF qui « s’indigne » de ces propos. « Cette déclaration du général fait tristement écho à celle de Nicolas Sarkozy qui affirmait au Figaro +qu’il faut d’avantage de soldats Afghans+ pour +gagner+ la guerre », poursuit-il.     Pour le PCF, « c’est toute la stratégie de l’Otan en Afghanistan qui doit être remise à plat ». « C’est toute la politique de Monsieur (Eric) Besson (ministre de l’Immigration) qu’il faut mettre en cause, une politique qui refuse l’asile à ceux qui souffrent de l’impérialisme, une politique qui renvoie des femmes et des hommes à la mort », conclut-il.

Voir aussi : Rubrique politique : Pas d’alternative à la présence française

Morin: Paris maintient ses bases militaires permanentes à Libreville et Dakar

Le ministre français de la Défense Hervé Morin a annoncé que la France allait maintenir ses deux bases militaires permanentes de Libreville et Dakar, sur la façade atlantique de l’Afrique.

« L’idée est que nous maintenions Libreville et Dakar », a déclaré M. Morin devant la presse, indiquant que « dans l’état actuel des choses, nos forces restent au Gabon ».
Selon le Livre blanc sur la Défense, signé du président Nicolas Sarkozy et publié au printemps 2008, la France devait réduire les implantations permanentes françaises en Afrique à « deux pôles (…), un pour chaque façade, atlantique et orientale ».

Un choix devait ainsi être opéré entre les bases de Libreville et Dakar. « J’ai toujours indiqué qu’il y aurait une (base permanente) sur l’océan Indien et une sur la façade atlantique avec un cas particulier qui serait le Gabon », a cependant assuré M. Morin mercredi.

« On avait toujours dit qu’on maintiendrait Libreville », a-t-il insisté. « Dans l’état actuel des choses, il est prévu que les forces (françaises) présentes au Gabon y restent », a poursuivi le ministre de la Défense.

Toutefois, a-t-il noté, « si le président de la République (Nicolas Sarkozy) dans un, deux ou trois ans estimait que ce n’était plus nécessaire de les maintenir et que les discussions avec les autorités politiques gabonaises faisaient qu’on peut les retirer, on verra bien… ».

La France compte un millier de militaires déployés au sein des Forces françaises au Gabon (FFG), pour la plupart à Libreville, en vertu d’accords de défense conclus le jour même de la proclamation d’indépendance de l’ancienne colonie française, le 17 août 1960.

Quelques dizaines d’entre eux avaient été déployés début septembre à Port-Gentil pour protéger le consulat de France incendié lors d’émeutes après l’élection controversée du nouveau président gabonais Ali Bongo.

Au Sénégal, les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV) comptent quelque 1.200 militaires présents au titre d’accords de défense datant de mars 1974. Dakar et Libreville figurent parmi les quatre bases militaires françaises permanentes en Afrique, avec Djibouti et La Réunion.

Voir aussiSarkozy et la Françafrique

Le ministre français de la Défense Hervé Morin en Afghanistan

Le ministre français de la Défense Hervé Morin est arrivé jeudi à Kaboul pour une visite de 48 heures en Afghanistan, avant un prochain redéploiement des forces françaises dans l’est et alors que l’incertitude demeure sur l’issue de l’élection présidentielle.

M. Morin, accompagné de l’écrivain et philosophe Bernard Henri-Lévy, doit se rendre sur les trois « bases d’opérations avancées » occupées par les forces françaises, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Kaboul.

Il fera aussi une brève escale à Bagram, la base américaine qui accueille un détachement de drones français, au nord de la capitale afghane. A deux jours de cette visite, M. Morin s’est prononcé contre un « départ précipité » des troupes françaises d’Afghanistan mais pour une « révision de la stratégie » de la coalition militaire internationale passant par des « objectifs » précis.

Quelque 3.700 militaires français sont engagés sur le « théâtre des opérations afghan », dont 3.000 en Afghanistan même. Au total, les forces internationales comptent quelque 100.000 soldats, dont plus des deux tiers américains.

Le 1er novembre, le dispositif français sera officiellement redéployé avec le transfert de l’essentiel des troupes présentes à Kaboul sur les bases de Kapisa et de Surobi.

En 2002, Bernard Henri-Lévy avait signé un rapport sur la contribution de la France à la reconstruction de l’Afghanistan que lui avaient confié le président d’alors Jacques Chirac et son ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine.

Cette visite survient au lendemain de l’annonce des résultats préliminaires de la présidentielle du 20 août. Le président sortant Hamid Karzaï, installé au pouvoir par la communauté internationale il y a huit ans, après la chute du régime des talibans, est en tête, mais il ne peut être proclamé réélu officiellement tant que les enquêtes sur des fraudes apparemment massives en sa faveur n’ont pas abouti.