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Le nouveau gouvernement de centre-gauche, qui a mis fin en septembre à un demi-siècle de domination des conservateurs sur le Japon, a entamé le réexamen d’un accord conclu en 2006 entre les deux pays sur la présence de quelque 47.000 soldats américains dans l’archipel. « Le Premier ministre (Yukio) Hatoyama a initié un changement au Japon qui est vraiment sans précédent. C’était un séisme politique », a dit M. Obama. « Je pense qu’il est tout à fait normal pour le nouveau gouvernement de vouloir réexaminer la façon de progresser dans un nouvel environnement », a-t-il poursuivi. « Je pense qu’une fois ce réexamen terminé, les autorités japonaises parviendront à la conclusion que notre alliance, les décisions sur les bases que nous avons négociées, que tout ceci sert l’intérêt du Japon et se poursuivra. » M. Hatoyama s’est engagé à rééquilibrer les relations nippo-américaines, trop inféodées à Washington selon lui.
Un dossier sensible
La question au coeur du différend entre Tokyo et Washington porte sur le déménagement de la base aérienne de Futenma, située actuellement dans la ville de Ginowa, sur l’île d’Okinawa, vers une baie isolée de l’île, mais protégée par les défenseurs de l’environnement. L’administration américaine exige que la base soit reconstruite à l’endroit prévu d’ici 2014, mais le gouvernement japonais souhaite la déplacer vers une autre région de l’archipel ou même vers un autre pays.
Dimanche, plus de 20.000 personnes ont manifesté sur l’île d’Okinawa contre les bases américaines, en dénonçant les nuisances sonores, la pollution, le risque d’accidents et la hausse de la criminalité engendrés par la présence des soldats. L’archipel d’Okinawa, situé à quelque 1.600 km au sud-ouest de Tokyo, a été le théâtre d’une des batailles les plus sanglantes de la Deuxième Guerre Mondiale. L’armée d’occupation américaine n’a restitué ce groupe d’îles au Japon qu’en 1972, mais y stationne encore plus de la moitié de son contingent. Les deux anciens ennemis sont devenus des alliés très proches, liés par un traité de sécurité qui place le Japon sous la protection de l’armée américaine.
Le souvenir de Hiroshima et Nagasaki
Le président américain Barack Obama a également fait part de son désir de visiter Hiroshima et Nagasaki, les deux villes japonaises détruites par des bombes atomiques américaines, pendant son mandat, ce qui n’a jamais été fait par un président en exercice. M. Obama a déclaré qu’il n’aurait « malheureusement pas la possibilité » de se rendre dans ces deux villes martyres lors de sa courte visite visite au Japon.
« Le souvenir de Hiroshima et Nagasaki est ancré dans la mémoire du monde et je serais honoré d’avoir l’occasion de visiter ces villes pendant ma présidence », a-t-il dit. L’armée américaine a largué la première bombe atomique de l’histoire sur Hiroshima (ouest) le 6 août 1945, puis une deuxième bombe trois jours plus tard sur Nagasaki (sud-ouest). Le Japon a annoncé sa reddition le 15 août. Au total, 140.000 morts ont été dénombrés à Hiroshima et 75.000 à Nagasaki. Les Etats-Unis n’ont jamais présenté d’excuses pour les victimes innocentes et aucun président américain en exercice ne s’est rendu dans ces villes. Jimmy Carter a visité Hiroshima mais après avoir quitté la Maison Blanche.
Selon un récent sondage, six Américains sur dix continuent de penser que leur pays a eu raison de larguer des bombes atomiques sur le Japon. Lors d’un discours en avril à Prague, M. Obama a appelé à un monde dénucléarisé, suscitant une vague d’espoir parmi les habitants de Hiroshima et Nagasaki, qui l’ont invité à visiter leur ville. Selon les médias, le président américain pourrait effectuer ce voyage en marge du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) qui se tiendra à la fin de l’année prochaine à Yokohama (sud de Tokyo).