Intensification des frappes en Libye : « Un signe de faiblesse politique »

Difficile estimation des dégats collatéraux en Libye

Pour la troisième fois, le groupe de contact sur la Libye s’est réuni jeudi 9 juin, à Abou Dhabi. Une aide financière aux rebelles libyens a été annoncée, alors que l’OTAN a mené cette semaine ses raids les plus violents sur Tripoli. Pour Didier Billion, directeur des publications de l’Institut des relations internationales et stratégiques, cette intensification des bombardements est un signal clair de « la faiblesse politique » de la coalition.

Dès l’ouverture de la réunion du groupe de contact, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a affirmé que le pouvoir du colonel Mouammar Kadhafi « touch[ait] à sa fin » : le groupe semble insister sur l’après-Kadhafi, pourquoi cette évolution ?

Les enjeux ont évolué parce que les bombardements durent depuis des semaines et le colonel Kadhafi est toujours au pouvoir. Le fait que la plupart des protagonistes qui participent à la réunion affirment leur volonté de faire partir Kadhafi du pouvoir marque une évolution importante. En effet, cet objectif n’est pas contenu en tant que tel dans la résolution de l’ONU qui avait pour unique motif la protection des populations civiles. En revanche, on ne connaît pas les modalités envisagées pour ce départ : Kadhafi doit-il être tué, extradé et à l’abri de poursuites internationales ou encore traduit devant la Cour de justice internationale ?

Au même moment, la coalition intensifie ses frappes : assiste-t-on à un changement stratégique de l’OTAN ?

Si l’on est obligé d’intensifier les bombardements et de les diversifier par les types d’armes utilisés, cela prouve que l’objectif de faire partir Kadhafi est très difficle à atteindre. C’est un signe de faiblesse politique. Si la coalition sentait que le président libyen allait se rendre, il n’y aurait pas d’intensification des bombardements.

L’OTAN essaie actuellement de reproduire ce qui s’est passé en Serbie où après plus de deux mois de bombardements intensifs, Milosevic avait été obligé d’accepter les conditions qui lui avaient été imposées. Mais la Libye n’est pas la Serbie et la reproduction d’un tel schéma est très incertaine.

Quel est l’état des forces de Kadhafi ?

C’est un pouvoir extrêmement réduit. En termes géographiques d’abord, parce qu’il ne contrôle plus qu’une partie de son territoire. Politiquement ensuite, car la configuration des opérations militaires l’empêche d’exercer réellement son pouvoir. Récemment, la mise en œuvre de moyens militaires différents par la coalition avec l’intervention d’hélicoptères de combat a permis de mieux cibler les objectifs. Mais Kadhafi bénéficie encore de soutiens en Libye. Il y a le jeu des tribus d’abord, mais aussi des familles qui lui sont restées fidèles. Il y en a d’autres qui, idéologiquement, sont convaincus qu’il faut résister à l’impérialisme. C’est un mélange hétérogène mais cela montre qu’il n’a pas perdu tous ses appuis intérieurs.

Du point de vue militaire, beaucoup de matériel des forces loyales à Kadhafi a été détruit ou rendu inopérant. Mais il est important de rappeler que dès le départ, après les premiers jours d’insurrection, les troupes de Kadhafi avaient effectué un mouvement rapide et étaient sur le point de faire tomber Benghazi : il y avait donc une capacité réelle, militaire et politique de réagir aux manifestations. Depuis, les troupes de Kadhafi ont été obligées de reculer, mais en bon ordre : ses forces ne sont pas disloquées. Certes, il y a eu quelques démissions d’officiers mais ce n’est pas significatif.

On sait que les forces loyales à Kadhafi se déplacent quasi exclusivement dans des camions, des pick-up, qui sont moins facilement atteignables. Ce qui explique que ces forces résistent. Et Kadhafi n’est pas fou : il a compris que la seule façon d’essayer de s’en sortir, c’est de rester au milieu des centres urbains, des populations civiles et au milieu de ceux qui lui sont restés fidèles. Il tient encore.

Dans ces conditions, assiste-t-on à un essoufflement de l’action de la coalition?

Non, l’intervention coûte cher mais la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis avec leurs drones sont tout à fait en capacité militaire, matérielle et financière de continuer les frappes pendant des semaines encore. Il n’y a pas de troupes au sol, par conséquent, il n’existe pas le problème de dimension psychologique. Quand il y a l’annonce d’un mort français en Afghanistan, cela suscite une réflexion : cette intervention est-elle légitime ? Mais en Libye, les aviateurs ne prennent pas de risques, il n’existe donc pas de critique formalisée à ce jour. Il n’y a donc aucun obstacle politique, psychologique ou financier à continuer cette opération.

Il existe en revanche une dimension que la coalition ne veut pas considérer, à tort : le retour de bâton du point de vue des relations entre « le monde occidental » et « le monde arabo-musulman ». Si le monde arabe ne se dresse pas contre l’intervention en Libye, il existe en revanche une sorte de réprobation. Rappelons-nous qu’après le début des interventions, le secrétaire général de la ligue des Etats arabes, Amr Moussa, avait critiqué les modalités d’intervention. Certains considèrent que cette opération s’éternise.

Le coût politique n’est donc pas immédiat et l’on parle, heureusement, moins de « choc des civilisations ». Mais cela peut ressurgir. Nous avons tout intérêt à déployer des partenariats, des coopérations [avec le « monde arabe »] mais cela n’est pas facilité par l’intervention libyenne.

La Russie a dépêché un émissaire à Benghazi mardi mais nie toute tentative de médiation : quel est le rôle de ce pays dans une éventuelle sortie de crise ?

La Russie est dans une situation de contradiction. Comme la Chine, avec son abstention au vote du Conseil de sécurité, elle avait permis l’adoption de la résolution 1973. Mais ces deux pays sont aujourd’hui plus critiques sur la modalité de l’opération militaire et l’objectif affiché par les Français, les Britanniques et les Américains de faire partir Kadhafi. La Russie a eu la sensation de se faire avoir en acceptant de s’abstenir sur le vote de la résolution. Cependant, elle souhaite éviter le massacre des populations civiles. On peut donc parler d’une tentative de facilitation. Il s’agit de trouver la moins mauvaise des solutions pour sortir de la crise : par la politique et la diplomatie.

Propos recueillis par Flora Genoux Le Monde

Voir aussi : Rubrique Méditerranée, rubrique Lybie, On Line, http://www.inversalis-productions.eu/blog/2011/04/libye-un-conseil-de-transition-neoliberal/,

Festival Arabesques. Rabah Mezouane : « Le mouvement de l’histoire s’est accéléré « 

 

Rabah Mezouane est journaliste, critique musical spécialisé dans les musiques du monde. Il est aussi conférencier et chargé  de programmation pour l’Institut du Monde arabe. Fidèle du festival Arabesques, il anime aujourd’hui salle Pétrarque une table ronde sur le thème « Réinventer l’esprit andalou ».

On ne peut parler de la culture arabe sans évoquer le vent de démocratie qui souffle sur l’autre rive de la Méditerranée. Quelle y est la place des artistes ?

Elle est prédominante. Du raï au rap en passant par les folksong, les chansons contestatrices sont en prise avec le réel. Comme le festival Arabesques qui a toujours laissé une large place aux artistes engagés dans sa programmation. Avec ce qui s’est passé, on peut dire que le mouvement hip hop en total osmose avec la jeunesse network est entré dans l’histoire de la musique.

Qu’est ce qui a changé ces derniers mois au sein du couple aspiration démocratique/ expression artistique ?

Le mouvement s’est globalisé. Il ne concerne pas seulement l’Egypte et la Tunisie. Il secoue tout le bassin méditerranéen l’Algérie, la Lybie, Bahreïn, la Jordanie… Dans tous ces pays on trouve des artistes qui affirment de façon plus ou moins virulente les attentes légitimes de la jeunesse, souvent au péril de leur vie. Les jeunes ont déjoué la censure. Leur parole s’est libérée. Les luttes anciennes de l’indépendance ne sont plus d’actualité. Elle représentaient l’idéologie du pouvoir qui était de se replacer dans le passé sans jamais considérer l’avenir.

On évoque le rôle d’Internet et la force de la jeunesse. Mais à quel type d’acteurs cela correspond-il ? De quels  leviers d’action les jeunes disposent-ils pour construire l’avenir ?

En Tunisie, la classe moyenne est assez cultivée, ce qui a facilité la prise de conscience. Le problème vient du fait que la jeunesse est numériquement majoritaire mais socialement minoritaire. L’anti-jeunisme est un phénomène assez commun dans les pays de la zone méditerranéenne où l’on trouve beaucoup de jeunes diplômés sous-employés. On a assisté à un mouvement sans leader. En Egypte, les Frères musulmans apparaissent comme la seule force organisée qui peut tenir les rênes. La jeunesse a réussi à déboulonner l’autoritarisme réfractaire mais le chemin de la reconstruction promet d’être long.

L’autre constat de taille de ces soulèvements populaires, c’est le postulat d’échec de l’islamisme…

C’est en effet un élément marquant. En Egypte et en Tunisie, les mouvements populaires reflètent en grande partie des conditions de vie où la pauvreté est écrasante, mais le peuple luttait clairement pour la démocratie et pas pour un Etat islamique. C’est un camouflet de plus pour les pouvoirs en place qui ont toujours brandi l’arme extérieur de l’impérialisme, de  l’islamiste, du néo-colonialisme ou du sionisme.

Dans le cadre du festival, vous animez la rencontre « Réinventer l’esprit andalou » dont l’intitulé invite à partager une nouvelle aventure culturelle …

A l’aube des révoltes que nous venons de connaître, la question de renouer ou de réinventer cet esprit mérite d’être posée. L’histoire de cette brillante civilisation qui a fleuri aux portes de l’Europe moyenâgeuse comporte quelques imperfections. Il y a eu des relations conflictuelles, mais il existait un modus vivendi entre les trois religions monothéistes. Et les foyers multiculturels de Grenade, Séville ou Cordoue ont permis aux  universités, aux savants et aux artistes d’enrichir et de transmettre leur savoir-faire. A l’heure où l’Europe se replie sur elle même, où la montée de l’extrême droite est palpable, il n’est pas inutile de s’interroger sur les manières de vivre ensemble en nous nourrissant de nos différences.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

« Réinventer l’esprit andalou » à 16 h salle Pétrarque, entrée libre.

Voir aussi : Rubrique Méditerranée, rubrique Festival, Arabesques 2011,

Méditerranée revue presse

Egypte : le passage frontalier avec Gaza sur le point d’être ouvert en permanence *

(Egypt FM: Gaza border crossing to be permanently opened)
28/04/2011 – Haaretz

Le Ministère des Affaires étrangères égyptien a informé Al-Jazeera que des préparatifs sont déjà en cours pour ouvrir de façon permanente le passage frontalier de Rafah, entre l’Égypte et la bande de Gaza, ce qui permettrait aux marchandises et aux personnes d’entrer et sortir de la bande de Gaza sans contrôle israélien. Cette annonce montre qu’il y a un changement significatif dans la politique égyptienne à l’égard de la bande de Gaza, politique qui, avant l’insurrection en Égypte, était mise en œuvre conjointement avec Israël.

Fatah et le Hamas: Les plaques tectoniques commencent à se déplacer (Fatah and Hamas: Tectonic plates start to shift)
29/04/2011 – Guardian

Le Hamas et le Fatah, les deux mouvements rivaux des Territoires palestiniens, se sont mis d’accord mercredi pour former un gouvernement d’union qui sera notamment chargé de fixer les prochaines échéances électorales. Cette réconciliation surprise intervient dans le contexte du printemps arabe mais aussi dans un contexte de blocage du processus de paix. Le Fatah était ressorti très affaibli de la publication des Palestine papers et avait de moins en moins confiance dans l’Administration américaine pour mener à une paix juste après le veto opposé à une résolution de l’ONU condamnant la colonisation. Le gouvernement israélien a fulminé face à la nouvelle qui risque bien de perturber le statu quo maintenu par Israël.

Attentat à Marrakech : « A qui profite le crime ? »
28/04/2011 – Rue 89

L’attentat d’un ou plusieurs kamikazes a détruit le café Argana situé sur la Place emblématique Jemaa el-Fna au coeur de Marrakech, tuant au moins 16 personnes. Le moment de l’attentat est évidemment particulier : le Maroc, comme l’ensemble du monde arabe, fait face à une poussée démocratique d’une partie de la jeunesse. Aucune menace de recours à une violence terroriste n’avait été proférée par ces mouvements pro-démocratie, et l’attentat de Marrakech paraît plus susceptible d’entraver l’action des jeunes de la société civile regroupés au sein du « 20 février » plutôt que de l’aider.

Berlusconi et Sarkozy veulent restreindre la libre circulation
27/04/2011 – L’Humanité

Lors du 29e sommet franco-italien hier à Rome, les deux gouvernements se sont accordés pour proposer une modification des accords abolissant les contrôles aux frontières au sein de l’UE. Berlusconi annonce des frappes en Libye.

Yémen: Les forces du régime ouvrent le feu sur les manifestants rejettant le projet négocié par le CCG (Special from Yemen: Regime forces open fire on protesters rejecting GCC-brokered plan)
28/04/2011 – Al Masry al Youm

L’opposition a rendu jeudi le pouvoir yéménite responsable d’un « massacre sauvage », au lendemain de la mort de 13 manifestants à Sanaa, affirmant que le régime cherchait à torpiller la prochaine signature d’un accord de sortie de crise. Les monarchies arabes du Golfe ont élaboré un plan de sortie de crise et ont convié le pouvoir et l’opposition à sa signature à Ryad.

 

Source MEDEA

 

Voir aussi : Rubrique Méditerranée, rubrique  Revue de Presse,

BRICS: La voix des émergents se fait entendre sur la Libye

Jusque là, on les attendait sur un créneau économique. Réunis jeudi à Sanya sur l’île chinoise de Hainan, les Brics, sigle acronyme des grands pays émergents de la planète – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud- ont trouvé une voix commune pour exprimer leur opposition à l’intervention militaire en Libye. (A lire: Obama, Cameron et Sarkozy sortent du cadre de l’ONU)

Le président chinois Hu Jintao, ses homologues brésilien Dilma Rousseff, sud-africain Jacob Zuma, russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre indien Manmohan Singh ont envoyé un message clair à l’Occident  et à ses principaux ténors dont la France qui mènent l’offensive. Ils demandent dans leur communiqué final « qu’une solution négociée soit trouvée pour résoudre la crise en Libye ». Précisant que  « le recours à la force devait être évité », ils se prononcent pour une solution négociée et saluent les efforts de médiation de l’Union africaine (UA) conduite justement par le président sud-africain Jacob Zuma.

Nouvelle donne géopolitique

Cette prise de position unitaire, quoiqu’encore timide, n’en marque pas moins un tournant pouvant jeter les bases d’une alliance géopolitique d’un nouveau type. Notons quand même que cette unité stratégique a cruellement fait défaut lors des votes de sécurité de l’Onu que ce soit sur le Côte d’Ivoire que sur la Libye. Les Brics y ont conduit le débat en ordre dispersé. A l’exception de l’Afrique du Sud qui avait alors voté en faveur de la résolution 1973. Les quatre autres pays avaient préféré s’abstenir. Pourtant Moscou et Pékin, membres permanents du conseil de sécurité disposent d’un droit de veto qui, utilisé, aurait immédiatement contraint à l’abandon de la résolution. Pour Pékin c’était un premier écart dans sa politique diplomatique de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays étrangers.

« Ingérence militaire »

La violence des frappes de l’Otan, la perte des victimes civiles ont poussé en quelques jours les Brics à critiquer ouvertement l’attaque militaire et ses ambitions réelles. La Chine l’a officiellement fait savoir à Nicolas Sarkozy lors de son passage à Pékin fin mars. « Les expériences passées ont déjà montré que l’intervention humanitaire n’est qu’un prétexte pour une ingérence militaire dans les affaires intérieures d’une autre nation » écrivait dans le même temps, Tang Zhichao, un spécialiste de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, dans le Quotidien du peuple.

Moins d’une semaine après le vote de la résolution le 17 mars, les Brics appelaient à un cessez le feu. Sans être entendus. La déclaration de Sanya donne à cette demande une dimension plus solennelle. « Les résolutions du Conseil de sécurité devraient être appliquées (..) en accord avec leur lettre et leur esprit », relevait  Dimitri Medvedev à l’issue du Sommet . « Nous avons essentiellement une opération militaire. La résolution ne dit rien de cela », estimait-il précisant que « sur cette question, les pays du Brics sont totalement unis ». Selon une source diplomatique, tous les dirigeants ont été catégoriques. « Ils ont tous condamné les bombardements ».

(L’Humanité)

Voir aussi : Rubrique Politique Internationale, L’Afrique du sud rejoint les BRIC, rubrique Lybie,

OTAN: les divergences persistent sur le renforcement des moyens militaires en Libye

Au premier jour d’une réunion à Berlin, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN ont insisté jeudi sur leur objectif commun en Libye -la fin du régime de Moammar Kadhafi- tout en affichant leurs divergences sur le renforcement de la campagne militaire dans le pays, réclamé notamment par la France et la Grande-Bretagne.

Cette réunion s’est ouverte alors que Paris et Londres ont émis des critiques cette semaine sur l’implication de l’Alliance atlantique en Libye, jugée insuffisante. France et Grande-Bretagne ont également demandé aux Etats-Unis de s’impliquer davantage dans le conflit. Washington, pour sa part, affirme vouloir s’en tenir à un rôle de soutien aux opérations.

Le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a fait savoir que les ministres avaient approuvé une déclaration demandant le départ de Moammar Kadhafi et soulignant leur attachement à la mission de l’Alliance atlantique en Libye, malgré les récentes divisions. Ils ont en revanche rappelé les objectifs déclarés de la mission -la mise en place d’un embargo sur les armes, la protection des civils, et le retrait des forces de Kadhafi des villes tenues par les insurgés dans lesquelles elles sont entrées.

Anders Fogh Rasmussen a également estimé que l’OTAN avait besoin de nouveaux avions pour s’en prendre aux forces de Kadhafi, qui s’immiscent parmi les populations civiles. Le premier jour de réunion n’a toutefois débouché sur aucune engagement en ce sens de la part des pays membres.

« Pour éviter des pertes civiles, nous avons besoin d’équipements très sophistiqués, donc nous avons besoin d’un peu plus d’avions de combat de précision pour des missions sol-air », a-t-il déclaré. « Je n’ai pas eu d’engagement ou de promesse spécifique lors de cette réunion, mais j’ai entendu des indications qui m’ont donné bon espoir ».

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Rodham Clinton n’a pas dit si les Etats-Unis enverraient plus d’équipement militaire, mais a remarqué que le renversement de Kadhafi ne figurait pas dans le mandat opérationnel de l’OTAN. Elle a par ailleurs appelé les autres membres de l’OTAN à l’unité dans la campagne libyenne.

Les pays de l’Alliance atlantique « partagent le même objectif, qui est de voir la fin du régime Kadhafi en Libye », a-t-elle déclaré. « Nous devons également intensifier notre mission politique, diplomatique et économique pour faire pression sur Kadhafi, l’isoler et parvenir à son départ ».

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a lui aussi assuré que les pays membres de l’OTAN partageaient « en réalité le même objectif ». « Cet objectif est de permettre au peuple libyen de jouir des libertés démocratiques », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant: « la divergence, elle porte sur les moyens ».

« Nous nous retrouvons pour dire qu’il n’y aura pas une solution militaire au problème, il ne peut y avoir qu’une solution politique », a ajouté M. Juppé, rappelant que Paris souhaitait qu’un dialogue politique s’engage en Libye. Interrogé sur une éventuelle fourniture d’armes aux insurgés libyens, proposée par l’Italie, il a répondu: « la France n’est pas dans cette disposition d’esprit ».

L’Elysée estime que la résolution 1973 des Nations unies « n’interdit pas » d’armer les insurgés. Paris ne juge toutefois pas cette option « nécessaire » actuellement, car « les dirigeants du CNT (Conseil national de transition libyen, NDLR) n’éprouvent pas de difficultés particulières à trouver les armes dont ils ont besoin », selon l’Elysée.

La situation en Libye a parallèlement fait l’objet d’une réunion d’organisations régionales et internationales, et présidée jeudi au Caire par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Les participants y ont fixé trois objectifs: conclure et faire appliquer un cessez-le-feu, fournir une aide humanitaire aux civils, et engager un dialogue sur l’avenir politique de la Libye.

AP

Voir aussi : Rubrique Lybie, Déssaccord à l’Otan sur l’option militaire, La France et l’Italie premiers fournisseurs d’armes à Kadhafi, rubrique Otan,