Méditerranée revue presse

Egypte : le passage frontalier avec Gaza sur le point d’être ouvert en permanence *

(Egypt FM: Gaza border crossing to be permanently opened)
28/04/2011 – Haaretz

Le Ministère des Affaires étrangères égyptien a informé Al-Jazeera que des préparatifs sont déjà en cours pour ouvrir de façon permanente le passage frontalier de Rafah, entre l’Égypte et la bande de Gaza, ce qui permettrait aux marchandises et aux personnes d’entrer et sortir de la bande de Gaza sans contrôle israélien. Cette annonce montre qu’il y a un changement significatif dans la politique égyptienne à l’égard de la bande de Gaza, politique qui, avant l’insurrection en Égypte, était mise en œuvre conjointement avec Israël.

Fatah et le Hamas: Les plaques tectoniques commencent à se déplacer (Fatah and Hamas: Tectonic plates start to shift)
29/04/2011 – Guardian

Le Hamas et le Fatah, les deux mouvements rivaux des Territoires palestiniens, se sont mis d’accord mercredi pour former un gouvernement d’union qui sera notamment chargé de fixer les prochaines échéances électorales. Cette réconciliation surprise intervient dans le contexte du printemps arabe mais aussi dans un contexte de blocage du processus de paix. Le Fatah était ressorti très affaibli de la publication des Palestine papers et avait de moins en moins confiance dans l’Administration américaine pour mener à une paix juste après le veto opposé à une résolution de l’ONU condamnant la colonisation. Le gouvernement israélien a fulminé face à la nouvelle qui risque bien de perturber le statu quo maintenu par Israël.

Attentat à Marrakech : « A qui profite le crime ? »
28/04/2011 – Rue 89

L’attentat d’un ou plusieurs kamikazes a détruit le café Argana situé sur la Place emblématique Jemaa el-Fna au coeur de Marrakech, tuant au moins 16 personnes. Le moment de l’attentat est évidemment particulier : le Maroc, comme l’ensemble du monde arabe, fait face à une poussée démocratique d’une partie de la jeunesse. Aucune menace de recours à une violence terroriste n’avait été proférée par ces mouvements pro-démocratie, et l’attentat de Marrakech paraît plus susceptible d’entraver l’action des jeunes de la société civile regroupés au sein du « 20 février » plutôt que de l’aider.

Berlusconi et Sarkozy veulent restreindre la libre circulation
27/04/2011 – L’Humanité

Lors du 29e sommet franco-italien hier à Rome, les deux gouvernements se sont accordés pour proposer une modification des accords abolissant les contrôles aux frontières au sein de l’UE. Berlusconi annonce des frappes en Libye.

Yémen: Les forces du régime ouvrent le feu sur les manifestants rejettant le projet négocié par le CCG (Special from Yemen: Regime forces open fire on protesters rejecting GCC-brokered plan)
28/04/2011 – Al Masry al Youm

L’opposition a rendu jeudi le pouvoir yéménite responsable d’un « massacre sauvage », au lendemain de la mort de 13 manifestants à Sanaa, affirmant que le régime cherchait à torpiller la prochaine signature d’un accord de sortie de crise. Les monarchies arabes du Golfe ont élaboré un plan de sortie de crise et ont convié le pouvoir et l’opposition à sa signature à Ryad.

 

Source MEDEA

 

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Omar Souleiman, vice-président, vrai fidèle et possible successeur

Avec Omar Souleiman, le régime se replie sur lui-même

Le vice-président égyptien est un homme de l’ombre, plus connu des diplomates occidentaux que du grand public égyptien. Depuis une décennie, Omar Souleiman, qui dirige les moukhabarat, les très redoutés services de renseignements, était cité comme l’un des possibles successeurs du raïs. Il est désormais officiellement son dauphin et un recours en cas de vacance du pouvoir. En ces temps agités, Hosni Moubarak a fini par se résoudre à nommer un homme qui incarne la stabilité et la continuité du régime.

Depuis son arrivée au pouvoir, il y a vingt-neuf ans, Moubarak se refusait à pourvoir le poste de vice-président. Il était bien placé pour savoir qu’un vice-président a toutes les chances de succéder à son numéro 1, lui-même ayant repris les rênes après l’assassinat d’Anouar el-Sadate, par un commando de soldats islamistes, le 6 octobre 1981. El-Sadate lui-même avait remplacé au pied levé Gamal Abdel Nasser mort d’une crise cardiaque à l’automne 1970…

Fidèle. Mais Omar Souleiman n’a pas la fibre d’un putschiste. Fidèle d’entre les fidèles de Moubarak, il l’a sauvé à plusieurs reprises contre des tentatives d’attentats. Notamment en lui conseillant d’emmener sa propre voiture blindée au sommet de l’Organisation de l’unité africain (OUA), en juin 1995 à Addis-Abeba, où un commando d’islamistes égyptiens venu du Soudan avait mitraillé le cortège présidentiel, tuant un garde du corps mais ratant le raïs et son bras droit.

Omar Souleiman sait parfaitement dans quel état est l’Egypte, même s’il n’a jamais participé à la gestion du pays. «Au jour le jour, l’Egypte est gouvernée par un « cabinet noir » de cinq ou six conseillers, qui travaillent au palais présidentiel», assure un diplomate occidental. Omar Souleiman, lui, a surtout traité de deux dossiers : la répression de l’islamisme, depuis son arrivée à la tête des services de renseignements en 1991, et les dossiers régionaux, en particulier le conflit israélo-palestinien cette dernière décennie. Sur la lutte contre l’islamisme armé, il s’est montré implacable dans les répressions des Gamaat al-islamiya et du mouvement Al-Jihad, qui ont causé un millier de morts durant les années 90. Il est aussi bien connu et apprécié des services occidentaux, en particulier de la CIA américaine qui n’a pas hésité, depuis le 11 septembre 2001, à faire transférer illégalement plusieurs islamistes égyptiens au Caire afin qu’ils soient débriefés par les moukhabarat, connus pour ne pas prendre de gants durant les interrogatoires.

«En fait, Omar Souleiman est un ministre bis des Affaires étrangères», assure le diplomate. Il assiste à tous les entretiens importants, est chargé des missions les plus délicates et secrètes.

Depuis le début de la deuxième Intifada, il est plus particulièrement en charge du dossier israélo-palestinien. Il a négocié une bonne dizaine de trêves, plus ou moins éphémères, entre Israéliens et Palestiniens. A partir de 2005, il gère le dossier du Hamas, dont la montée en puissance inquiète autant Israël que l’Egypte. Les islamistes du Hamas sont en effet très liés aux Frères musulmans égyptiens que Souleiman combat et déteste. Malgré le soutien égyptien aux forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, le Hamas s’empare du pouvoir dans la bande de Gaza en juin 2007, au grand dam de l’Egypte, qui doit désormais faire avec un régime islamiste à sa frontière orientale. L’Egypte participe au blocus de la bande de Gaza en contrôlant le point de passage de Rafah, mais lorsque l’armée israélienne lance l’opération Plomb durci, en janvier 2009, Omar Souleiman s’active pour obtenir un cessez-le-feu. Il travaille aussi à réconcilier Hamas et Fatah, sans succès. Sa nomination a été très appréciée à Washington, en Israël et dans les chancelleries occidentales qui le connaissent bien, ce qui n’est pas forcément bon auprès de l’opinion égyptienne.

Trop tard. Agé aujourd’hui de 74 ans, Omar Souleiman, sort de l’ombre peut-être trop tard pour incarner une véritable rupture. L’homme, originaire d’une famille aisée de Qena, en Haute-Egypte, est apprécié pour sa compétence et son peu de goût pour le luxe. Aucune affaire de corruption ne lui colle aux basques. Mais il est trop associé au règne de Moubarak et ne fait pas forcément l’unanimité dans l’armée, qui aurait probablement préféré le ministre sortant de la Défense, le maréchal Tantaoui, l’un des derniers héros de la guerre d’octobre 1973.

Christophe Ayad (Libération)

Voir aussi : Rubrique Egypte, politique, L’armée clé de la crise du régime, Moubarak joue avec le feu, Rencontre, Khaled Al Khamissi , rubrique Livre Sarkozy au Proche Orient, Politique internationale Vers un printemps démocratique arabe, rubrique Histoire Repères sur la bande de Gaza,