Jeux d’équilibre du président Macron entre Donald Trump et Hassan Rohani Peut-on encore sauver l’accord sur le nucléaire iranien ?

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Le président Emmanuel Macron a déployé, au cours des derniers mois, d’importants efforts pour essayer de sauver l’accord sur le nucléaire iranien. Le retrait des États-Unis va-t-il mettre fin à ces tentatives ? Peut-on encore éviter le pire ? Le président français doit-il se rendre à Téhéran ?

Rude école pour Emmanuel Macron que la gestion du dossier iranien. Il y découvre toutes les chausse-trappes de la diplomatie dans le paysage tourmenté du Proche-Orient. En septembre 2017, à l’Assemblée générale des Nations unies, il avait présenté, en un hymne au multilatéralisme, sa vision alternative à la ligne de Donald Trump qui, la veille, avait décrit à la même tribune l’accord nucléaire de Vienne comme « l’un des pires et des plus biaisés » jamais conclus par les États-Unis. Le président français propose alors au contraire de le protéger, tout en évoquant la nécessité de trouver des solutions à l’expiration dans le temps de ses principales dispositions, ainsi qu’aux menaces soulevées par l’activité balistique iranienne.

Sauver l’accord de Vienne

Puis, à la mi-octobre, Donald Trump « décertifie » l’accord de Vienne, geste présenté comme un premier pas vers un retrait des États-Unis. Au cours d’une conversation avec le président iranien Hassan Rohani, Emmanuel Macron confirme à nouveau l’attachement de la France à l’accord. Il fait aussi état de la nécessité de « dialogue » et de « progrès » sur le programme balistique iranien et les questions de sécurité régionale. Il annonce la prochaine visite à Téhéran de son ministre des affaires étrangères pour évoquer ces sujets. Le service de presse de l’Élysée précise enfin qu’« un déplacement en Iran du président français, à l’invitation du président Rohani, a été envisagé »1. Cette information — ce serait la première visite d’un dirigeant occidental majeur sous la République islamique — soulève alors beaucoup d’attentes.

En novembre 2017, le président français donne une conférence de presse à Dubaï avant de se rendre à Riyad pour y faire connaissance du prince héritier Mohamed Ben Salman et tenter de régler le cas Hariri. Il défend fermement la relation franco-iranienne, réaffirme son attachement à l’accord de Vienne, mais souligne la nécessité de le compléter « avec deux piliers, une négociation sur l’activité balistique de l’Iran, avec des sanctions si besoin, et une discussion stratégique encadrant l’hégémonie iranienne dans toute la région » (France Info, AFP, 10 novembre 2017). Le glissement sémantique perceptible dans l’usage des mots « négociation », « sanctions », « hégémonie » provoque un sursaut à Téhéran, où l’on considère ces sujets comme non négociables. Le ton tend à s’aigrir.

Si les propos officiels restent mesurés, il n’en est pas de même dans les milieux d’opposition au président Rohani, d’autant que quelques jours plus tard, Emmanuel Macron invite publiquement l’Iran à adopter « une position moins agressive au Proche-Orient »2. Le dialogue se poursuit, mais les phrases à l’emporte-pièce commencent à voler. En décembre, Jean-Yves le Drian, ministre des affaires étrangères, lance dans une émission télévisée de France 2, le 12 décembre : « La présence iranienne et la volonté iranienne de faire un axe de la Méditerranée à Téhéran, non ! ». Quelques jours plus tard, Ali Akbar Velayati, conseiller diplomatique du Guide suprême, confie à une agence de presse : « Si la France veut conserver sa crédibilité internationale, elle ne devrait pas suivre aveuglément les Américains… Le président français se comporte en ce moment comme le caniche de Donald Trump. » (Reuters, 17 décembre).

Glissement vers le bas de la relation

Malgré ces échanges peu amènes, la visite de Jean-Yves Le Drian à Téhéran pour évaluer l’opportunité d’une visite du président est maintenue. Il s’y rend en mars, mais se heurte à un mur dès qu’il évoque la possibilité d’une négociation sur le balistique ou le rôle de l’Iran dans la région. Il est symptomatique qu’Ali Shamkani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, le reçoive en grand uniforme d’amiral (un an avant, il était en civil pour recevoir son prédécesseur Jean-Marc Ayrault). Le ministre français conclut sobrement qu’il y a « encore beaucoup de travail à faire ». On ne parle plus d’une visite du président.

À la mi-avril 2018, la relation se dégrade encore avec les frappes françaises en Syrie, aux côtés des Américains et des Britanniques, pour punir — plutôt symboliquement — Bachar Al-Assad de son dernier usage de l’arme chimique. Le Guide suprême Ali Khamenei accuse les dirigeants des trois nations d’avoir commis un crime majeur (Twitter, @khamenei_ir, 14 avril 2018). Même si les canaux de communication sont maintenus, la relation touche un point bas.

Convaincre Trump de rester dans l’accord

Les choses se passent-elles mieux du côté de Donald Trump ? Fin 2017-début 2018, les Européens se sont affairés pour définir avec les Américains les mesures qui pourraient être prises pour qu’ils demeurent dans l’accord de Vienne. Les trois pays parties à l’accord, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni poussent l’Union européenne à la prise de nouvelles sanctions contre l’Iran, mais peinent à convaincre leurs partenaires. Emmanuel Macron, pour sa part, confiant dans la relation personnelle qu’il a tissée avec Donald Trump, se rend fin avril à Washington avec l’espoir de l’amener à revenir sur son intention de quitter l’accord. Il va loin dans sa direction en évoquant un processus fondé sur « quatre piliers » : renforcement de l’accord actuel, prolongation de ses dispositions dans le temps, « endiguement de l’influence militaire » de l’Iran dans sa région, « surveillance de son activité balistique ».3. Mais rien n’y fait, le 8 mai, Donald Trump sort de l’accord.

Quelles leçons tirer de tous ces efforts ? Après coup, il est aisé d’expliquer pourquoi ils n’avaient aucune chance d’aboutir. Mais Trump aurait pu retarder une fois de plus son choix, ou encore assortir le retrait américain d’atténuation de ses effets sur les entreprises européennes. Ceci aurait alors été salué comme une victoire de la diplomatie française. Finalement, les positions des antagonistes se sont révélées irréconciliables. Côté iranien, il était inutile d’espérer convaincre la République islamique de modifier l’accord de Vienne ou de négocier un élément crucial de souveraineté et de défense nationales comme son programme balistique. L’évocation de possibles sanctions pour la faire céder a fait le reste. Un regard sur l’histoire de ce pays, sur la façon dont il se crispe sous la pression, aurait évité de se nourrir d’illusions. Côté États-Unis, l’affaire a révélé ce qui n’était pas forcément concevable au départ, à savoir la haine viscérale de Donald Trump à l’égard de Barack Obama, le menant à effacer, quel qu’en soit le prix, les traces de son prédécesseur dans l’histoire : l’« Obamacare », l’accord avec l’Iran.

Cette séquence close, s’en ouvre une autre au moins aussi difficile, présentant une équation à trois lourdes inconnues : comment éviter une guerre commerciale avec les États-Unis, tout en maintenant l’Iran dans l’accord nucléaire par suffisamment de commerce et d’investissement, sans mettre en péril l’unité européenne ? Que l’on parle en cette affaire de l’isolement de l’Amérique rappelle la célèbre manchette (apocryphe, ndlr) du Times : « Brouillard sur la Manche, le continent isolé » (« Fog in the Channel, Continent Cut Off »). En cette affaire, hélas, l’Europe, pour le moment, semble plus perdue dans le brouillard que l’Amérique de Trump. Elle a certes réactivé une directive de 1996 censée bloquer en Europe les sanctions américaines, et envisage de recourir à l’arbitrage de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais la première décision ne vaut que pour les entreprises n’ayant pas d’exposition aux États-Unis, ce qui les soumet de fait à la loi américaine, et la deuxième ne produira ses effets qu’à l’issue d’une longue procédure, si elle aboutit jamais. Pour ce qui est des firmes françaises, Peugeot et Total ont déjà annoncé qu’elles se préparent à quitter l’Iran. Elles demanderont certes à l’administration américaine des exemptions en leur faveur, mais ont indiqué que les chances étaient très faibles de les obtenir.

Négocier, négocier sans cesse

Il faut bien revenir à la diplomatie. « Le dialogue, encore et toujours. Échanger, tenter de convaincre, sans cesse, pour défendre les intérêts des Français et aussi de tous ceux qui croient que le monde ne se construit qu’ensemble » vient de nous dire Emmanuel Macron à la veille de la réunion du G7 (Twitter, @EmmanuelMacron, 8 juin). Il a sans doute conscience de faire écho à un illustre prédécesseur, rien moins que le cardinal de Richelieu, qui écrivait dans son testament politique (il aurait tweeté aujourd’hui) : « Négocier sans cesse, ouvertement ou secrètement, en tous lieux, encore même qu’on n’en reçoive pas un fruit présent et que celui que l’on peut en attendre à l’avenir ne soit pas apparent, est chose du tout nécessaire pour le bien des États ». C’est bien la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui. La réunion du G7, même si elle a réitéré les préoccupations des participants sur les programmes balistique et nucléaire de l’Iran, comme sur son soutien à des groupes terroristes et à son rôle dans la région, n’a rien résolu des blocages actuels.

Rendre son sens à une visite du président français à Téhéran

Au sortir de ces généralités, de quelles cartes dispose Emmanuel Macron pour espérer débloquer la relation de l’Europe, donc de la France, avec l’Iran ? Pas plus qu’un deux de trèfle sur le rôle de l’Iran dans la région, mais là, le temps va peut-être faire son œuvre pour réduire les ambitions de Téhéran. Ses positions en Irak, en Syrie, commencent à donner des signes de fragilité. Et rien n’empêche, au contraire, d’aller dans le sens du discours du ministre iranien des affaires étrangères quand il prêche pour un dialogue multiforme appelé à déboucher sur « un pacte régional de non-agression »4.

Sur le dossier balistique iranien, plutôt que d’appeler simultanément à des négociations et à des sanctions, ce qui répète les erreurs des négociations passées et ne conduit évidemment à rien, mieux vaut, là encore, encourager au multilatéralisme. L’Iran, sur cette question de souveraineté, ne fera de concessions que mutuelles.

Sur le nucléaire enfin, pour tenter de conserver les Iraniens dans l’accord, la France peut d’abord, dans le cadre européen, contribuer à mettre au point un programme ambitieux de coopération et d’investissements dans des secteurs épargnés par les sanctions américaines : l’agriculture, l’agroalimentaire, la santé, la protection de l’environnement, l’université. Mais il est inutile de vouloir chercher à réviser l’accord nucléaire actuel. Imparfait sans doute, mais comme tous les accords, fondé par nature sur des compromis. Mieux vaudrait, tout simplement, prendre rendez-vous pour le moment où ses principales clauses d’expiration approcheraient de leur terme.

Enfin, une visite du président français à Téhéran devrait pouvoir être remise dans la balance, si l’Iran de son côté, s’engageait solennellement en cette occasion à continuer à respecter l’accord de Vienne. Un tel déplacement prendrait alors tout son sens.

1Service de presse de la présidence de la République, 13 octobre 2017.

2Göteborg, 17 novembre (Reuters).

3Traduction du discours prononcé en anglais par Emmanuel Macron devant le Congrès des États-Unis, service de presse de la présidence de la République, 27 avril 2018.

4Tribune de Mohammad Javad Zarif dans le Financial Times, 21 janvier 2108.

SNCF : le Sénat vote la réforme, les syndicats restent mobilisés

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Prévue ce mardi, l’adoption de la loi par les sénateurs pourra-t-elle mettre fin à une grève qui a déjà coûté plus de 400 millions d’euros à la SNCF ? Pas sûr.

La sortie de crise de la SNCF se rapproche-t-elle enfin ? Après son passage au Sénat, le texte prévoyant l’ouverture du secteur ferroviaire à la concurrence à partir de 2020, mettant fin au recrutement au statut à partir de 2020 à la SNCF et transformant celle-ci en société nationale à capitaux publics a été fortement amendé. Prévue ce mardi 5 juin, l’adoption de ce texte par les sénateurs marque une nouvelle étape importante de la réforme.

Cela peut-il mettre fin à une grève qui a déjà coûté quelque 400 millions d’euros, selon la direction de la SNCF ? Pas sûr. D’abord, il va falloir que la commission mixte paritaire entérine le 11 juin prochain les évolutions décidées par le Sénat. Une douzaine de points seraient encore à régler, Sénat et Assemblée nationale campant toujours sur des positions différentes à propos de points techniques de la réforme.

Enfin, il faudra que les organisations syndicales appellent à reprendre le travail… Même si certains syndicats ont participé grandement à l’élaboration des amendements adoptés au Sénat, ils cherchent toujours à maintenir la pression et seraient prêts à appeler à une nouvelle « journée sans cheminots » le 12 juin, lors de leur quinzième séquence de deux jours de grève.

Le 14 mai, avec 30 % de grévistes, avait été un succès alors que la mobilisation s’effritait. Le 12 juin pourrait donc être un dernier baroud d’honneur, notamment pour l’UNSA et la CFDT, les deux syndicats réformistes. Tour d’horizon de la réforme en passe d’être adoptée.

 

  • Les points intangibles de la réforme

Les organisations syndicales ont beau toujours refuser l’ouverture à la concurrence et la réforme de la gouvernance du groupe SNCF, et exiger le maintien du recrutement au statut des cheminots, le gouvernement, soutenu par les deux assemblées, n’a pas bougé sur ces principes « intangibles » de la réforme.

Le projet de loi prévoit une ouverture progressive du secteur ferroviaire national : à partir de 2020 pour les TGV, entre 2019 et 2023 pour les TER et en Ile-de-France, à partir de 2025 pour certaines lignes, et 2033 pour les autres. Quant à la fin du recrutement au statut, il est prévu au 31 décembre 2020, comme les sénateurs l’ont enfin écrit dans la loi.

En parallèle, le gouvernement a annoncé une augmentation de 200 millions d’euros des investissements pour la maintenance à partir 2022, portant l’effort annuel à 3,6 milliards d’euros, ainsi que la reprise de 35 milliards d’euros (sur 46,6 milliards d’euros à fin 2017) de dette de SNCF Réseau.

C’était un préalable au passage de SNCF Réseau d’établissement public industriel et commercial en société nationale. Cette somme sera transférée en deux temps dans les comptes publics de la nation, en 2020 et 2022. Cela devrait augmenter d’autant la dette publique de l’Etat mais, espère le gouvernement, soutenu dans son raisonnement par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ce ne sera pas comptabilisé dans le déficit des années 2020 et 2022, permettant à la France de rester dans les clous de la règle des 3 % de déficit prévue par le traité de Maastricht.

 

  • Les adaptations apportées par le Sénat

Après l’avoir refusé aux députés de la France insoumise, le gouvernement l’a finalement accordé au Sénat : la SNCF sera non seulement une entreprise à capitaux publics détenus par l’Etat, mais ces capitaux seront également « incessibles ». Elisabeth Borne, la ministre des transports, a accepté d’intégrer ce terme.

« La SNCF est une entreprise publique dont les titres sont intégralement détenus par l’Etat. Ce qui veut dire qu’elle est strictement incessible, rappelait-elle lundi 4 juin dans La Provence. Mais j’ai bien vu que le fait que ce terme d’incessibilité ne figure pas dans le texte suscitait inquiétudes, rumeurs et faux débats. Alors, nous l’avons ajouté au Sénat. La pédagogie, c’est la répétition. »

Par ailleurs, les sénateurs ont voté en faveur de la création d’un périmètre social ferroviaire qui permettra à un cheminot actuel d’être au statut et de bénéficier du cadre social global du cheminot, y compris dans les filiales Fret et Gares. « En clair, tous les salariés des différentes filiales de la holding SNCF travailleront dans un groupe unifié, traduit-on au ministère des transports. C’était une exigence forte des syndicats. Les cheminots pourront, par exemple, bénéficier d’une mobilité interne à ce périmètre ou pourront relever d’un même comité d’entreprise. »

De la même manière, le Sénat a encadré plus finement le transfert des salariés de la SNCF vers d’autres sociétés dans le cas de la perte d’un appel d’offres de la société publique face à des entreprises de droit privé. Les organisations syndicales n’ont pas obtenu que seuls les cheminots volontaires soient transférés à un opérateur concurrent, mais le Sénat leur a apporté un certain nombre de garanties.

Par exemple, dans le cas d’une ligne transférée à la concurrence, un cheminot qui y consacre moins de 50 % de son activité globale ne sera pas transféré automatiquement à l’opérateur concurrent. La SNCF devra lui proposer un reclassement interne, soit dans la même région, soit au niveau national. De même, pour baisser le recours aux transferts obligatoires, tout cheminot volontaire et installé dans la région pourra rejoindre l’opérateur concurrent. Les syndicats ont enfin obtenu un droit au retour pour les cheminots transférés. Ils pourront revenir à la SNCF entre trois et huit ans après leur départ, et retrouver alors leur statut s’ils le souhaitent.

Parallèlement, le Sénat a précisé que les cheminots transférés à la concurrence conserveront non seulement leur salaire, mais également les autres éléments de leur rémunération (primes, allocations, etc.). Les syndicats tentent toujours d’obtenir davantage, notamment la suppression de l’obligation de transfert. Car si un cheminot refuse un transfert ou les propositions de reclassement, il risque d’être licencié.

 

  • Ce qui pose encore problème

Tous les acteurs entendent en finir avec la rédaction de la loi lors de la commission mixte paritaire (CMP), programmée le 11 juin. Cependant, le texte voté par le Sénat ne plaît pas complètement aux députés. Si ces derniers sont d’accord avec les modifications d’ordre social en faveur des cheminots, il reste quelques désaccords plus techniques, concernant notamment la régulation de l’offre vers certaines destinations.

De même, pour protéger certaines régions, le Sénat a introduit des exceptions à la mise en concurrence qui complexifient le système ferroviaire. Enfin, l’accélération du calendrier d’ouverture à la concurrence en Ile-de-France n’est pas partagée par les députés. « Il y aura encore d’importants débats de fonds lors de la CMP, présage un député. Et cela pourrait être long ! »

Éric Béziat et Philippe Jacqué

Source La Monde 05/06/2018

Espagne : Mariano Rajoy renversé par le Parlement

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Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption, a été renversé vendredi 1er juin par le Parlement, après plus de six ans au pouvoir en Espagne, et remplacé par le socialiste Pedro Sánchez. La motion de censure contre le dirigeant conservateur a été adoptée, comme prévu, vers 9 h 30 GMT à une majorité de 180 députés sur 350.

Le sort de Mariano Rajoy s’est donc joué en à peine une semaine depuis le dépôt vendredi par le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sánchez de cette motion, au lendemain de l’annonce de la condamnation du Parti populaire du chef du gouvernement dans un mégaprocès pour corruption, baptisé Gürtel. Peu de temps avant le vote, Mariano Rajoy, premier chef de l’exécutif renversé par une motion de censure en Espagne depuis le retour à la démocratie, avait reconnu sa défaite. « Nous pouvons présumer que la motion de censure sera adoptée. En conséquence, Pedro Sánchez va être le nouveau président du gouvernement », a-t-il déclaré, dans une courte allocution acclamée par ses partisans, félicitant son rival et soulignant son « honneur » d’avoir dirigé le pays.

Un chapitre de l’histoire politique espagnole s’est donc refermé vendredi à Madrid. Au pouvoir depuis décembre 2011, Mariano Rajoy, 63 ans, avait survécu à plusieurs crises majeures, de la récession, dont il est sorti au prix d’une sévère cure d’austérité, aux mois de blocage politique en 2016 jusqu’à la tentative de sécession de la Catalogne l’an dernier. « Aujourd’hui, nous écrivons une nouvelle page de l’histoire de la démocratie dans notre pays », a déclaré Pedro Sánchez, ancien professeur d’économie surnommé le « beau mec », qui va être nommé officiellement chef du gouvernement dans les heures à venir.

La revanche de Sánchez

À 46 ans, Pedro Sánchez tient enfin sa revanche, lui dont l’investiture à la tête du gouvernement avait été rejetée par les députés en mars 2016, avant qu’il ne réalise en juin de la même année le pire score de l’histoire du PSOE aux élections législatives. Débarqué du poste de sa formation à la suite de cette déroute électorale, il en a repris les rênes l’an dernier grâce au soutien de la base contre les barons du PSOE.

Monté au front contre Mariano Rajoy dès l’annonce le 24 mai de la condamnation du PP dans le scandale Gürtel, il a tenté cette fois avec succès un coup de poker politique. Mais il a dû former autour des 84 députés socialistes une majorité hétéroclite allant de Podemos aux indépendantistes catalans et aux nationalistes basques du PNV. Ces derniers, qui comptent 5 députés, ont porté le coup fatal à Mariano Rajoy jeudi après-midi en se ralliant à la motion socialiste après avoir pourtant voté le budget du gouvernement la semaine dernière. Afin de convaincre le PNV, Pedro Sánchez a dû assurer qu’il ne toucherait pas à ce budget qui prévoit des largesses financières pour le Pays basque. Il a en outre promis aux indépendantistes catalans qu’il essaierait de « jeter des ponts pour dialoguer » avec le gouvernement régional de Quim Torra.

Reste à savoir désormais combien de temps Pedro Sánchez, qui veut faire adopter des mesures sociales et a promis de convoquer par la suite des élections, sera en mesure de gouverner avec une majorité qui apparaît totalement instable. Ses alliés de circonstance ont d’ailleurs tous souligné que leur vote contre Rajoy n’était pas un chèque en blanc. Podemos a déjà réclamé d’entrer au gouvernement. « Monsieur Sánchez veut être chef du gouvernement à n’importe quel prix », mais il va « entrer à la Moncloa [siège de la présidence du gouvernement, NDLR] par la porte de derrière », a raillé Rafael Hernando, patron des députés conservateurs.

L’affaire de trop

La condamnation du PP dans le procès Gürtel pour avoir bénéficié de fonds obtenus illégalement aura donc été l’affaire de trop pour Mariano Rajoy, dont le PP est empêtré dans plusieurs scandales. Dans cette affaire, les juges ont conclu à l’existence d’un « authentique système de corruption institutionnelle » entre le PP et un groupe privé à travers la « manipulation de marchés publics », ainsi qu’à l’existence d’une « caisse noire » au sein du parti. Ils ont de plus mis en doute la crédibilité de M. Rajoy qui avait nié l’existence de cette comptabilité parallèle devant le tribunal.

Source AFP 01/06/2018

Vers une sortie de crise après les rencontres des cheminots à Matignon …

An agent waits for passengers to board a TGV high-speed train at Montparnasse railway station in ParisAux syndicats qui se sont succédé  à Matignon, le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé que l’Etat reprendrait 35 milliards d’euros de dette, dont 25 milliards en 2020 et 10 milliards en 2022, afin que l’entreprise atteigne « l’équilibre » financier « avant la fin du quinquennat ».Pour mémoire, les grévistes soutenus par l’opinion demandaient le retrait total du projet du gouvernement en s’opposant à l’ouverture à la concurrence,à la transformation de l’entreprise publique en société par actionsà la casse sociale.L’Etat qui a temporisé longuement sur la question de la dette (54 milliards) se propose aujourd’hui de la prendre en charge en partie (35 milliards). C’est un des éléments de la problématique mais ce n’est pas le contenu de la loi ni de la réforme. Un élément qui semble néanmoins déterminant pour remettre les affaires sur les rails. 

COMPTE-RENDU DE LA BILATERALE A MATIGNON DU 25 MAI 2018

Une délégation de la Fédération CGT des cheminots accompagnée de Philippe Martinez, a été reçue lundi à Matignon (comme les autres organisations syndicales représentatives) par le Premier ministre et la ministre des Transports.

La délégation est revenue sur l’ensemble des thèmes revendicatifs en partant du contexte de lutte dans l’entreprise à l’appui du rapport de force après 22 jours de grève (le plus long conflit depuis 1995) ainsi que du résultat de la « Vot’Action ». Le Premier ministre s’est dit très attentif à la situation affirmant, contrairement à la direction d’entreprise, ne pas contester le vote des Cheminots.

Lors de la précédente réunion, les grandes lignes des annonces avaient déjà été faites. La CGT a donc demandé le contenu précis des décisions, sans toutefois obtenir toutes les réponses : reprise de la dette, investissements (besoins, montants, priorités…), amendements au Sénat (nature et portée), étude d’impact sur la transformation des EPIC en SA et coût du capital, volonté de maintenir la suppression du Statut malgrè la fonte de son surcoût supposé (10 millions d’euros, soit 20 fois moins que le budget communication), recul de la volonté de concurrence par les Régions (Bourgogne abandonne sa demande), dumping social, CCN de branche, cadrage et engagement du gouvernement dans des négociations à venir avec l’UTP, organisation de la production (réinternalisation et arrêt de la gestion par activité).

Sur la dette, le Premier Ministre a annoncé la reprise de 25 Md€ en 2020 et 10 Md€ en 2022. Sur les investissements, 200 M d’€ supplémentaires/an seront affectés à la modernisation de l’infra.

Notre demande de table ronde tripartite (début juin) avec le Gouvernement, l’UTP et les organisations syndicales a été acceptée, même si le Premier Ministre semble vouloir la limiter aux questions sociales.

Ces annonces sont à mettre évidemment au crédit de la lutte en cours, notamment la reprise d’une partie conséquente de la dette par l’Etat et l’organisation d’une table ronde début juin. Elles sont liées à la stratégie de lutte dans la durée.

Pour autant, elles sont très loin des attentes des cheminots !

Il nous faut donc poursuivre et amplifier la mobilisation pour gagner sur les revendications. Toutes et tous en grève les 28 et 29 mai 2018 !

Source CGT

Budget propre ou fin de la zone euro : l’ultimatum de la France à l’Allemagne

 Le ministre de l'Economie française, Bruno Le Maire, avec son équivalent allemand, Olaf Scholz à Paris, le 16 mars 2018 LANGSDON


Le ministre de l’Economie française, Bruno Le Maire, avec son équivalent allemand, Olaf Scholz à Paris, le 16 mars 2018 LANGSDON

La zone euro ne survivra pas à l’absence de réforme, assure le ministre de l’Economie français, faisant monter la pression sur l’Allemagne à quelques semaines d’un Conseil européen crucial.

Une longue journée de travail attend les ministres de l’Economie français et alllemand, à Berlin, mercredi 16 mai. L’objet, la feuille de route pour la zone euro de demain qui doit être présentée fin juin lors du Conseil européen, est devenu une pomme de discorde entre la France et l’Allemagne. La France tente de jeter tout son poids politique dans la balance, et ce dans un langage de plus en plus cru.

« La zone euro ne résistera pas aux divergences économiques entre ses Etats-membres. Les différences fiscales  sont devenues trop importantes pour une union monétaire » affirmait ainsi, le 14 mai Bruno Le Maire, lors d’une rencontre avec des journalistes à Bercy.

Pour la France, l’urgence de la réforme est dictée par la succession d’alertes électorales qui transfigure l’Europe politique en raison de la montée des forces centripètes. Le Brexit, les élections en Italie et la montée des extrêmes un peu partout  devrait, selon l’équipe Macron, entraîner une réaction rapide pour donner des gages aux citoyens. Et ce avant les élections européennes de 2019, pour se prémunir d’une prochaine crise à laquelle l’euro pourrait ne pas résister.

« Maintenant ou jamais »

« C’est maintenant, ou jamais » résume  le ministre français, en faisant référence à l’étroite fenêtre de tir qu’il reste : 5 semaines de discussion avant le Conseil européen des 28 et 29 juin. Il sera ensuite trop tard avant l’échéance électorale des européennes, en mai 2019.

Or, les discussions achoppent. « Réveillez-vous ! La France a changé », avait déjà prévenu Emmanuel Macron, le 10 mai à Aix-la-Chapelle, tout en insistant sur le fait qu’ « en Allemagne, il ne peut y avoir un fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux, car ils sont faits aux dépens des autres ».

Une analyse largement partagée par son ministre de l’Economie, qui reconnait que les efforts de compétitivité représentent le premier lieu de convergence économique, mais qu’ils ne suffiront pas tant l’Allemagne a pris une longueur d’avance.

Un sujet sur lequel il n’y a guère de débat de fond : les économistes s’accordent sur le fait que dans une zone monétaire intégrée, les excédents de l’un pèsent sur la capacité des autres à les rattraper, notamment parce que les financements vont en priorité aux profils moins risqués. Un cercle vicieux qui fait que l’Allemagne ne peut qu’améliorer ses performances économiques, en investissant plus et en exportant toujours plus, alors que les autres qui ne peuvent user de l’outil monétaire pour améliorer leur compétitivité ne font que rester à la traine.

Le budget de la zone euro, ligne rouge française

Et le budget allemand pour 2018 continue de viser toujours plus d’excédent commercial et budgétaire, plutôt que de répartir les fruits de la croissance en dopant la consommation.

L’absence de mouvement de la part de l’Allemagne interroge sérieusement du côté du gouvernement français, qui estime de son côté payer le prix fort politiquement de sa politique plus rigoureuse, avec les grèves, ou la suppression de 200.000 emplois aidés qui soutenaient la consommation et les territoires.

Des concessions qui visaient notamment à gagner en crédibilité et parvenir à mettre en place un budget de la zone euro qui permette de lisser les divergences économiques. La France n’accepte pas que ces efforts ne soient pas récompensés. La mise en place d’un budget de la zone euro, un projet qui suppose d’en définir son montant, l’origine des ressources et leur affectation, a priori sur l’investissement et l’innovation, reste donc plus que jamais une ligne rouge française.

« Je ne ménagerai aucun effort  pour parvenir à un accord fin juin pour une feuille de route pour la zone euro » insiste donc Bruno Le Maire, recruté au poste de ministre de l’Economie il y a un an par Emmanuel Macron pour sa germanophonie et germanophilie.

« Est-ce que l’Europe a la volonté politique d’affirmer sa souveraineté, politique, économique, financière ? Notre réponse est un oui massif », affirme-t-il, tout en interrogeant en creux la motivation allemande.

Le ministre insiste aussi sur la nécessaire réforme de la fiscalité internationale, alors que l’Allemagne hésite face à la proposition de la Commission européenne de taxer le chiffre d’affaires de GAFA actuellement en discussion.

« L’Europe est-elle capable de définir elle-même les règles qu’elle croit juste ou efficace, ou doit-elle attendre » pour le faire interroge le ministre allemand qui refuse « la vassalisation de l’Europe » aux intérêts américains. Un sujet là encore sensible outre-Rhin, dont les exportations sont très dépendantes des Etats-Unis.

Aline Robert |

Der stellvertretende Vorsitzende der CDU/CSU-

Der stellvertretende Vorsitzende der CDU/CSU-

La droite allemande torpille l’idée d’un fond monétaire européen

Prompte à soutenir l’intervention de la France en Syrie, la droite allemande tente en revanche de torpiller le projet de Fond monétaire européen, censé remplacer à terme le Mécanisme européen de stabilité.

 

Source : EURACTIV.fr 15/05/2018