Transport de l’art brut à l’art modeste

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Exposition. Véhicules, auto, moto, vélo, train, avion et Bateau, jusqu’au 20 septembre au MIAM à Sète.

Presque au coin de la rue, au bord du Canal à Sète, sur le Quai Maréchal de Lattre de Tassigny le MIAM (Musée international des arts modestes) présente plus de deux cent cinquante oeuvres issues du fond exceptionnel de la Collection de l’Art Brut à Lausane. Héritier de quelques 5 000 pièces rassemblées par Jean Dubuffet entre 1945 et 1971, le musée lausannois abrite plus de 60 000 oeuvres.

L’exposition thématique Véhicules Auto, moto, vélo, train, avion et bateau offre une sélection étonnante de pièces ayant attrait aux moyens de transport, qu’elle met en perspective avec des travaux d’art contemporain. Les véhicules apparaissent comme une source d’inspiration inépuisable qui convoque les notions d’espace et de mouvement en ouvrant grandes les portes de l’imaginaire.

Les modes de transport ont toujours fasciné les artistes en particulier les auteurs d’Art brut. Au moment où le Musée Paul Valery rend hommage aux précurseurs de la Figuration libre, Hervé Di Rosa qui en fut un acteur incontournable préside aujourd’hui à la destinée du Miam. L’artiste confit ce qu’il doit à Dubuffet. « C’est par ma rencontre avec l’oeuvre de Jean Dubuffet, d’abord dans des encyclopédies d’histoire de l’art à l’Ecole des beaux-arts de Sète, j’avais alors dix-huit ans, puis dans ses propres essais et écrits, que j’ai été initié à l’art brut et plus largement  à toutes les marges de l’art

Dubuffet a été le premier théoricien et le plus important collectionneur d’art brut. C’est sous son impulsion que plusieurs variations d’arts marginaux, non conventionnels, ou ludiques, sont apparus. Ces affluents portent des noms différents mais, tous, sont des déclinaisons de l’art brut. « C’est aussi parce qu’il y avait l’art brut qu’il y a eu l’art modeste » précise Di Rosa.

Les deux courants sont attachés à une forte présence humaine et partage une même culture pour ne pas dire une même idéologie de l’art. Avec l’idée affirmée d’une désacralisation de l’univers et de l’art.

La-mort-a-le-sourireSous des allures délicieusement désuètes, comme la voiture charentaise de Bibi Fricotin cette exposition prend le parti d’exhumer trésors anciens et idées du tonnerre en matière de transport comme cette voiture sur le toit à laquelle ont a monter un moteur de Bateau. On est saisi par la barque aux squelettes des frères Linarès qui nous invitent à une dernière partie de pêche.

La visite qui devrait occuper une place de choix dans le coeur des amateurs du genres méticuleux – ils apprécieront les trains de Motooka Hidenori – s’avère aussi très ludique pour les amateurs d’art populaire et non conventionnel qui trouveront dans cet inventaire abracadabrant de quoi se transporter.

JMDH

Expressions artistiques, du petit détail maniaque au total basculement. Photo dr

Source La Marseillaise 25/08/2015

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Poètes méditerranéens sous le signe d’une alternance temporelle

La poésie en liberté dans l’espace public sétois. Photo dr

La poésie en liberté dans l’espace public sètois. Photo dr

Bilan. Après neuf jours de transmission le festival de poésie méditerranéenne Voix Vives enregistre une hausse de sa fréquentation et de son intensité.

En dépit de la situation alarmante qui enflamme les pourtours du bassin méditerranéen, en dépit des réductions de la dotations d’État aux villes et aux communes qui se répercute comme une malédiction sur les budgets culturels, en dépit de la mort mais pas de la vie, le bilan de la sixième édition du festival de Poésie Voix Vives à Sète s’avère positif et réjouissant !

« Au delà des chiffres de fréquentation, il y avait cette année une densité des êtres présents, esquisse la directrice Maïthé Vallès-Bled, une conscience aiguë chez les poètes de l’espace de douceur et de rencontres offert par la ville de Sète et ses habitants
Il ne serait pas étonnant que ce sentiment global fort saisissant  « d’échange fraternel permanent », s’exprime par contraste au spectacle de la guerre et de la misère.

« On a senti le public et les poètes liés par les uns et les autres à la situation en méditerranée. J’ai pour la première fois entendu des poètes me dirent : Je n’ai pas envie de revenir dans mon pays » confie la directrice. Peut-être cette rançon de l’intelligence sensible qui faisait dire à Bergson que l’homme ne peut pas exercer sa faculté de penser sans se représenter un avenir…

Et toujours cette forte détermination pour le combat des poètes, occupés à faire grandir l’être qui est en eux. Combat que résume bien la phrase de la poétesse canadienne Louise Dupré qui trônait derrière la scène de la place aux livres : « Non, j’écris tes lettres à l’envers, c’est toujours non », ou les textes révoltés contre les marchés du poètes portugais Luis Filipe Sarmento dont on se demande bien pourquoi ils n’ont pas trouvé d’éditeur français pour être traduits.

La poésie sait attendre, sa force est douce et inébranlable. On ne résiste pas avec l’écriture, affirme le tunisien Abdelwaheb Melaoueh mais en étant poète. « Un poète file en TGV vers la mort sans savoir qu’il est le train », dit-il encore. C’est beau comme un avion sans aile.

Sous d’autres cieux, il fut question d’amour, autre grand combat de la vie qu’ont notamment célébré les trois grands poètes libanais Salah Stétié (de son lit d’hôpital) Vénus Khoury-Ghata et Adonis. « Quelle chance inouïe de pouvoir écouter de la poésie en allant faire son marché », s’exclamait une femme sétoise qui garde le mot de la faim.

 JMDH

Les retrouvailles avec les poètes entendus durant le festival sont permises avec l’Anthologie Voix Vives 2015 disponible aux éditions Bruno Doucey.

Source : La Marseillaise 08/08/2015

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Fiest’A Sète :La lumière des mondes

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Vaudou Game

 Fiest’A Sète allume le Théâtre de la mer de mille couleurs jusqu’à vendredi. Ce soir Africa évolution.

Après un vibrant hommage à RKK à la Ola samedi, Fiest’A Sète a retrouvé depuis dimanche le Théâtre de la mer afin que le meilleur de la musique vivante prenne possession de nos esprits. Dimanche démarrage sous le signe féminin avec les jumelles de Ibeyi et les chanson ciselées de Yael Naim.

La place a été chauffée hier par Mulatu Astatke et Mahmoud Ahmed & Badume’s Band, tout simplement ce qui se fait de mieux en matière de musique éthiopienne. Le festival poursuit son travail d’orpailleur en Afrique de l’Ouest avec la soirée de ce soir où l’on pourra écouter Vaudou Game, un combo franco-togolais propulsé par Peter Solo, qui mêle les esprits bienveillants au groove psyché et fait tourner les compas à l’envers.

Salif Keita reforme les Ambassadeurs pour un soir à Sète. Photo DR

Salif Keita reforme les Ambassadeurs pour un soir à Sète. Photo DR

On touche le mythe avec  le second groupe de la soirée, Les Ambassadeurs, reformés exclusivement par Salif Keita pour un concert unique. Un moment où la musique rejoint l’histoire. Ce retour de la grande famille malienne associe les membres originaux et de prestigieuses étoiles comme Cheik Tidiane, Seck et Amadou Bagayoto. Une renaissance à ne pas manquer.

JMDH

Source La Marseillaise 04/08/2015

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L’enchantement de Fiest’A Sète

Mohi Kouyate Hugues Anhes

Mohi Kouyate  photo Hugues Anhes

Festival. Sète et le bassin de Thau aux rythmes de la world musique du 24 juillet au 8 août. Les plus grands musiciens du monde se rencontrent à l’occasion de ce rendez-vous pour le bonheur du public.

C’est un départ pour un grand voyage musical dans le temps et dans le coeur de l’espace monde qui se prépare. A l’instar du joueur de flûte de Hamelin, l’air généreux que fait souffler Fiest’A Sète sur le territoire, chasse les pensées nuisibles qui hantent les esprits, ici, comme dans bon nombre de pays des musiciens invités.

Chaque année est un nouveau pari et tous les ans le vrai résultat se mesure dans le bonheur et la richesse des rencontres insufflées par le festival. Ainsi, depuis 18 ans, Hamelin n’est jamais revenu chercher les enfants.

Voilà une première raison pour se rendre, l’esprit paisible et ouvert, à Sète, et dans le bassin de Thau jusqu’au 7 août. La seconde, est que les organisateurs veillent en permanence à ce que le festival face sien le principe du développement humain, du respect des cultures musicales et de leur renouvellement. La troisième réside dans la programmation qui s’articule autour de soirées thématiques avec deux concerts spécifiquement choisis pour aboutir à une synergie de rythmes et de sens autour de rencontres qui font de l’exception, la règle.

Rien d’autre que : « Les bases fondamentales d’un vrai festival. Souligne le directeur José Bel, Nous tentons de proposer la meilleure programmation dans un souci d’exigence artistique et culturelle. Cela étant, c’est toujours avec une dose  d’incertitude en matière d’équilibre financier car aujourd’hui, c’est le passage sur TF1 qui assure la popularité des artistes. A ce jour seul le concert d’Ibeyi et de Yael Naim affiche complet

Une soirée suggérée par le regretté Rémy Kolpa Kopoul (décédé en mai dernier) bien avant que les albums de ses radieuses artistes ne cartonnent sur la bande FM. Le festival avec qui RKK entretenait des liens étroits, lui rendra un hommage festif «eleKtropiKale» à la Ola le 1er août.

Cette 19e édition exprime avec force les pulsions d’une musique bien vivante. « L’idée est de permettre aux spectateurs d’élargir leur regard tout en restant passionnant et jouissif dans les projets que nous proposons. On part sur l’idée d’un thème en donnant deux versions.» Six exemples moins un, après l’annulation de la soirée Brasil do futuro du 8 août suite au désistement du groupe Criolo, illustrent ces propos.

Une affiche brûlante

On récapitule ; Soirée Ethiopiques le 3 août avec les deux monstres sacrés de la musique éthiopienne. La voix de Mahmoud Ahmed perpétuant une tradition musicale d’une infinie richesse et Mulatu Astatke l’avan- gardiste du courant éthio-jazz qui se répand dans le monde entier.

Le 4 août soirée a marquer d’une pierre noire consacrée à la musique de l’Afrique de l’ouest avec l’afro funk de Vaudou Game, une formation lyonnaise qui dépote, conduite par le togolais Peter Solo suivie des Ambassadeurs grand orchestre Malien dont les heures de gloire accompagnent celle de l’indépendance, spécialement reformée par Salif Keita pour un concert unique.

Le 5 août un classique de la grande musique cubaine avec deux artistes légendaires, Jovenes clasicos Del Son et Chucho Valdes.

Le 6 août une paire de bombes balkanik avec l’excellent clarinettiste David Krakauer’s qui débarque des Etats-Unis et Shantel & Bucovina club Orkestar (Allemagne Roumanie) qui greffe l’énergie balkanique au beat de l’électro.

Conclusion le 7 août avec le partenaire de Fela, Tony Allen inventeur de l’Afrobeat et le retour d’Orlando Julius figure légendaire de l’Afro Pop réveillé par de jeune musiciens anglais.

Et vous en voulez encore ?

JMDH

Source : La Marseillaise 24/07/2015

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Concert Marcus Miller. La boite noire de la musique

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Photo. Jmdi

C’est un paradoxe, les moments de haute musique en live se font rares alors que les propositions  émanant des festivals explosent. Dimanche, le concert de Marcus Miller en clôture de l’édition 2015 de Jazz à Sète compte parmi ces instants inoubliables.

On le doit sans doute à une conjonction de phénomènes comme le lieu, l’antre magnifique du Théâtre de la mer que ce bassiste hors pair foulait pour la première fois, une formation sans égal soudée au titane, un public avide d’oxygène, et l’énergie prodigieuse, positive et spirituelle, d’un moment unique qui vient de loin.

L’héritage vient des work-songs des esclaves, pour devenir les negro spirituals, le gospel, le dixieland, le jazz original, le blues, le R’n’B, la soul, le jazz, le funk, le hip hop. Aujourd’hui Marcus Miller remonte à la source des rythmes qui font la richesse de ce patrimoine musical, partant de l’Afrique pour les suivre, comme à la trace, jusqu’aux États-Unis en passant par le Brésil et les Caraïbes.

Né en 1959, il est devenu l’ambassadeur naturel des racines de la musique noire. « Après avoir été sélectionnés dans des conditions inhumaines sur l’île de Gorée au Sénégal, les esclaves franchissaient la porte de non retour vers l’Afrique. On les entassaient dans les cales comme des bêtes. Ils n’avaient pas le droit de se parler. Alors ils chantaient. La musique était plus que de la musique, c’était le seul et dernier lien avec l’Afrique. Cette musique a transporté toute l’histoire » explique celui qui a accepté d’être porte parole du projet de l’UNESCO. « La route de l’esclave » source d’inspiration de son dernier album « Afrodeezia ».

A l’instar de Miles Davis qui lui avait donné sa chance à 25 ans, Marcus s’entoure de musiciens confirmés et de jeunes très prometteurs avec une forte volonté de transmission.

JMDH

Source : La Marseillaise 20/07/2015

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