L’enchantement de Fiest’A Sète

Mohi Kouyate Hugues Anhes

Mohi Kouyate  photo Hugues Anhes

Festival. Sète et le bassin de Thau aux rythmes de la world musique du 24 juillet au 8 août. Les plus grands musiciens du monde se rencontrent à l’occasion de ce rendez-vous pour le bonheur du public.

C’est un départ pour un grand voyage musical dans le temps et dans le coeur de l’espace monde qui se prépare. A l’instar du joueur de flûte de Hamelin, l’air généreux que fait souffler Fiest’A Sète sur le territoire, chasse les pensées nuisibles qui hantent les esprits, ici, comme dans bon nombre de pays des musiciens invités.

Chaque année est un nouveau pari et tous les ans le vrai résultat se mesure dans le bonheur et la richesse des rencontres insufflées par le festival. Ainsi, depuis 18 ans, Hamelin n’est jamais revenu chercher les enfants.

Voilà une première raison pour se rendre, l’esprit paisible et ouvert, à Sète, et dans le bassin de Thau jusqu’au 7 août. La seconde, est que les organisateurs veillent en permanence à ce que le festival face sien le principe du développement humain, du respect des cultures musicales et de leur renouvellement. La troisième réside dans la programmation qui s’articule autour de soirées thématiques avec deux concerts spécifiquement choisis pour aboutir à une synergie de rythmes et de sens autour de rencontres qui font de l’exception, la règle.

Rien d’autre que : « Les bases fondamentales d’un vrai festival. Souligne le directeur José Bel, Nous tentons de proposer la meilleure programmation dans un souci d’exigence artistique et culturelle. Cela étant, c’est toujours avec une dose  d’incertitude en matière d’équilibre financier car aujourd’hui, c’est le passage sur TF1 qui assure la popularité des artistes. A ce jour seul le concert d’Ibeyi et de Yael Naim affiche complet

Une soirée suggérée par le regretté Rémy Kolpa Kopoul (décédé en mai dernier) bien avant que les albums de ses radieuses artistes ne cartonnent sur la bande FM. Le festival avec qui RKK entretenait des liens étroits, lui rendra un hommage festif «eleKtropiKale» à la Ola le 1er août.

Cette 19e édition exprime avec force les pulsions d’une musique bien vivante. « L’idée est de permettre aux spectateurs d’élargir leur regard tout en restant passionnant et jouissif dans les projets que nous proposons. On part sur l’idée d’un thème en donnant deux versions.» Six exemples moins un, après l’annulation de la soirée Brasil do futuro du 8 août suite au désistement du groupe Criolo, illustrent ces propos.

Une affiche brûlante

On récapitule ; Soirée Ethiopiques le 3 août avec les deux monstres sacrés de la musique éthiopienne. La voix de Mahmoud Ahmed perpétuant une tradition musicale d’une infinie richesse et Mulatu Astatke l’avan- gardiste du courant éthio-jazz qui se répand dans le monde entier.

Le 4 août soirée a marquer d’une pierre noire consacrée à la musique de l’Afrique de l’ouest avec l’afro funk de Vaudou Game, une formation lyonnaise qui dépote, conduite par le togolais Peter Solo suivie des Ambassadeurs grand orchestre Malien dont les heures de gloire accompagnent celle de l’indépendance, spécialement reformée par Salif Keita pour un concert unique.

Le 5 août un classique de la grande musique cubaine avec deux artistes légendaires, Jovenes clasicos Del Son et Chucho Valdes.

Le 6 août une paire de bombes balkanik avec l’excellent clarinettiste David Krakauer’s qui débarque des Etats-Unis et Shantel & Bucovina club Orkestar (Allemagne Roumanie) qui greffe l’énergie balkanique au beat de l’électro.

Conclusion le 7 août avec le partenaire de Fela, Tony Allen inventeur de l’Afrobeat et le retour d’Orlando Julius figure légendaire de l’Afro Pop réveillé par de jeune musiciens anglais.

Et vous en voulez encore ?

JMDH

Source : La Marseillaise 24/07/2015

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Rencontre avec Seun Kuti : Libre petit prince de l’Afrobeat

Seun Kuti

Seun Kuti  a enflammé le Théâtre de la mer, jeudi, en clôture  du  festival Fiestas Sète. Le cadet de la famille a repris le flambeau musical et politique lancé par son père : Rencontre…


Comment assumez-vous l’héritage de votre père Fela ?

Je vis avec ça. Je respecte cet héritage. Je mets  en considération ce qu’il m’a transmis dans tout ce que je fais.

A travers votre engagement, musical et politique, percevez-vous des changements au Nigeria ?

L’implication politique fait la force de ma musique. J’ai grandi dans la Républic Kalakuta, une communauté de 300 personnes que mon père a fondée en défiant les militaires. Toute ma famille milite, ma grand-mère a fondé un parti pour changer les choses. Il est important de comprendre qu’en Afrique nous avons des idées mais pas de chef. Les gens qui gouvernent ne règlent pas les choses. Ceux qui règlent les choses ce sont leurs supports occidentaux. Il n’y a pas de changement, juste une évolution de la situation qui au fond reste la même.

On connaît la fin tragique de votre grand-mère défenestrée par les militaires, est-ce toujours dangereux d’afficher ses opinions ?

Le gouvernement de façade n’a pas mis fin aux turbulences. Ils n’ont pas enlevé leurs treillis militaires, ils les ont seulement camouflés en enfilant un boubou. C’est la même chose pour la violence, aujourd’hui, on nous attaque toujours, mais pas physiquement.

L’affaire des caricatures de Mahomet a fait plus de 100 morts au Nigeria, quel regard portez-vous sur les conflits inter religieux ?

Je crois que la religion est ce qui sépare le monde en Afrique et spécialement dans mon pays. Au lieu d’éclairer les esprits, les idées religieuses exacerbent les conflits. Je considère que nous vivons dans un monde libre où les gens peuvent user de leur liberté d’expression.

Où s’arrête cette liberté ?

Chacun peut faire ce qu’il veut chez lui. Le respect c’est aussi cela. Il s’arrête à partir du moment où l’on utilise les ressources des autres. Si les extrémistes respectaient Mahomed ils se concentreraient sur leur conduite dans la vie plutôt que de tuer des gens.
Alors que le Nigeria figure au troisième rang des pays touchés par la pandémie du Sida, le fond mondial a suspendu son aide pour les mauvais résultats obtenus … Les leaders occidentaux savent bien ce qu’ils font. Pourquoi donnent-ils cet argent aux hommes politiques corrompus au lieu d’ouvrir directement des centres de soin ?

Contourner le gouvernement pourrait passer pour de l’ingérence…

L’ingérence est déjà là quand il s’agit d’exploiter les ressources. Pour le Kosovo, la communauté internationale a débloqué 600$ par enfant, pour les Africains elle n’accorde que 10$… La colonisation continue sous cette forme.

Fela dans la Kalakuta républic

Fela dans la républic Kalakuta

Le Nigeria voit depuis peu  l’arrivée d’investisseurs chinois. Leurs pratiques diffèrent-elles des américains ?

Les gens riches veulent continuer à être riches, leur nationalité ne change rien. Pourquoi les Chinois investissent ici alors que leur peuple à tant de besoins ? Pourquoi l’argent d’Afrique se retrouve-t-il sur des comptes en Suisse ? On apprend l’existence de ces comptes quand leurs propriétaires meurent. Nous voulons connaître les noms des leaders africains qui pillent l’Afrique quand ils sont vivants. Nous voulons savoir où est l’argent ! L’Afrique va mal, elle doit s’occuper d’elle-même. La réponse aux besoins des africains se trouve en Afrique. »

Recueilli par Jean-Marie Dinh

 

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