Ebony Bones « Etre artiste c’est observer la vie »

Ebony Bones « L’industrie de la musique produit des disques comme des burgers, sans amour ». Photo JMDI

Ebony Bones « L’industrie de la musique produit des disques comme des burgers, sans amour ». Photo JMDI

Rencontre. Invitée des Nuits Zébrées de Radio Nova, Ebony Bones a enflammé le Zénith de Montpellier hier, petit bla bla.

Depuis son premier album Bone of my Bones, sortie en 2009 la Londonienne d’origine jamaïquaine a fait du chemin, se produisant dans les festivals les plus courus, Grande défricheuse des genres et des idées reçues, cette étoile de la scène électro-funk mondiale, affirme son style en toute indépendance. Rencontre, à l’occasion de son concert dans le cadre des Nuits Zébrées.

Vous êtes née à Londres, d’origine jamaïquaine, autodidacte, vous portez des tenues provocantes, vous avez joué avec Pat Scabies le batteur des Damned… L’esprit punk vit-il encore ou faut-il le réinventer ?

Je suis une enfant du « do it yourself« . Pour moi, l’esprit punk c’est le côté racé et brut. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde où il est difficile d’être indépendant. Il faut trouver de nouveaux moyens pour y parvenir. Je fais tout moi-même et j’aime jouer avec des gens qui partagent la même vision, cela permet de faire vivre cet esprit.

Vous qui produisez vos albums quel regard portez-vous sur l’industrie de la musique ?

L’industrie de la musique produit des disques comme des burgers, sans amour. Ce qui lui importe c’est d’en vendre et d’être payée, point barre.

Vous avez joué dans Macbeth, mais aussi dans des sitcoms, comment en êtes vous venue à la musique ?

A l’âge de 12 ans, j’ai été repérée dans mon école de théâtre par Mark Rylance qui m’a fait joué Shakespeare. Il m’a appris qu’on pouvait donner un nouveau souffle à une situation pour faire des choses nouvelles. Je n’ai jamais oublié cette leçon qui m’a conduite entre autre à faire de la musique.

Vous écrivez vos textes, de vrais textes qui parlent de l’argent, du racisme, du machisme et toujours avec humour. Quelle place tient l’écriture dans votre vie ?

J’écris ce que j’ai vécu. Dans mon enfance, mon père tenait un magasin de vinyle à Brixton. A cette époque, il y avait beaucoup de mouvements sociaux, souvent violents. Cela m’a permis de développer mon sens de l’observation. J’étais très timide, j’observais le comportement des gens. Je pense qu’un artiste doit être un journaliste de la vie. Soit on fait de la musique de divertissement, soit on fait une musique pour éduquer. Mes références ce sont Fela, The Clash, Patti Smith… Dans ma chanson Bread & Circus, j’évoque le fait que les politiques tentent de nous attirer vers d’autres sujets que ce qui se passe vraiment.

Que pensez-vous du leader travailliste Jeremy Corbyn ?

Il faut voir. Tout le monde arrive au pouvoir avec de grandes idées… Il a refusé de chanter l’hymne national en présence de la reine. C’est plutôt un bon début !

Quel est la nature de votre rapport à la mode, êtes vous dépendante de votre image ?

La mode ne m’intéresse pas vraiment. Ma mère travaillait pour Yves Saint-Laurent. Dans les années 80, c’était dur d’accéder à la radio. Un de mes titres a été repris pour une pub. Cela m’a permis d’entrer par la porte de derrière. J’ai aussi travaillé avec Paco Rabanne. La limite est très fine quand on travaille avec une marque, il faut rester vigilant à ce qu’elle ne prenne pas possession de votre musique. Mais la diversification des partenaires est un moyen d’indépendance par rapport aux majors.

Vos projets ?

En janvier je vais collaborer au prochain album de Yoko Ono et en février je ferai une tournée française. On va poursuivre notre collaboration avec Nova. Je souhaite maintenir le lien avec les gens qui étaient présents à la base.

propos Recueillis par Jean-Marie Dinh

Source: La Marseillaise 24/10/2015

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Millésime des nuits zébrées Nova

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Thylacine, jeune virtuose de l’électro hexagonale

Concert. Vkng, Tom Fire et Flavia Coelho,Thylacine, Ebony Bones ce soir au Zénith.

 Les Nuits Zébrées de Radio Nova reviennent chauffer les Montpelliérains et auditeurs du grand Sud ce soir au Zénith. Après avoir fêté en grande pompe les 10 ans des « NZ » à Montpellier en 2014, l’émission concert la plus chaude de la bande FM est de retour. Elle pose ses valises, micros, animateurs, groupes et dj’s en direct du Zenith Club ce soir dès 19h !

Le principe, de la musique vivante avec des live éclectiques et électriques des Dj’s qui mélangent des disques pour de vrai, le tout retransmis en direct sur le 92.4 FM ! Sur la scène du Zénith Club, la programmation partira dans tous les sens. Avec la Pop Disco du groupe Vkng, le dub électronique sans frontières de Tom Fire qui sera exceptionnellement accompagné par l’énergie brésilienne de Flavia Coelho.

A découvrir le nouveau projet « Transsiberian » du prodige Thylacine jeune virtuose de l’électro hexagonale. Le défi, de taille, était  de produire, en deux semaines et à travers un périple ferroviaire de près de 9000 km, qui l’a mené de Moscou à Vladivostok,un album logiquement baptisé « Transsiberian ». Sans craindre les chocs thermiques on repassera en live, à la furieuse fusion Punk Funk de l’anglaise Ebony Bones présente pour une date unique à Montpellier.

Concert sur invitations et attention comme chaque année, fort de ses 30 000 auditeurs, les places partent  très très vite… Bienvenue dans la jungle.

JMDH

Source: La Marseillaise 21/23/2015

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Rémy Kolpa Kopoul. Un talent unique pour la connexion

urlMusique. Les Amis de RKK témoignent d’une perte énorme après la disparition de l’artiste attendu dans la région.

C’est un peu comme un blanc à la radio ou entre deux morceaux de musique… Le départ de Rémy Kolpa Kopoul décédé d’une crise cardiaque dimanche à 66 ans, fait l’effet d’un silence qui résonne.

L’homme de radio avait mixé la veille lors d’une soirée, au bénéfice des enfants de Ramiro Mussoto, percussionniste argentin disparu en 2009 dont il soutenait la famille. « C’était un ambassadeur Nova, il adorait venir à Montpellier et à Sète pour rencontrer les acteurs culturels, souligne Annick Delefosse qui fait briller l’étoile de radio Nova sur la région. C’était toujours très drôle de voir l’engouement des jeunes autour du personnage. Ils venaient le voir après ses mix pour faire des selfies. Rémy se prêtait volontiers au jeu, ça lui faisait plaisir, lui qui a consacré une grande part de sa vie à la transmission

Ancien Mao, RKK est de la bande qui fonde Libé il y bossera jusqu’en 1987. C’est un des premiers à s’intéresser aux musiques du monde. Son travail de terrain le conduit à rencontrer Jean François Bizot l’entreprenant boss d’Actuel puis de Radio Nova.

« Je suis déstabilisé, confie le directeur de Fiest’A Sète, José Bel, nos chemins se sont croisés il y a 18 ans et notre relation n’a fait que s’amplifier depuis. C’était un homme qui faisait les connections à tous les niveaux. Il devait m’envoyer son texte de présentation dans le train de retour de Brest. On est comme des cons. C’est un coup de massue. »

RKK venait de monter une comédie musicale qu’il avait imaginée il y a trente ans, relatant l’histoire d’amour du Brésil et de la France. Cette année, l’absence de Rémy laisse un vide dans la programmation, de Fiest’A Sète, du festival ImageSingulières et d’Arabesques.

Il avait un côté titi parisien mais aussi une conscience aiguë de l’importance de l’ouverture
culturelle en province.

JMDH

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Carton plein de sons

 

Photo Sandrine Alouf

Photo Sandrine Alouf

Nuit blanche et rayon vert. Plongée dans le nouveau coffret Nova. Deux tours de cadran en musique pour atteindre la vingt-cinquième heure.

On ne s’en lasse pas et c’est pour ça qu’ils sont toujours là. Max Guiguet, RKK, Emilien Aumard, Bintou Simporé ou encore Jean Croc jouent quotidiennement avec les platines de Radio Nova. On rend grâce à leur dévouement en écoutant le dernier coffret de la station parisienne. 25 CD, 260 titres et deux tours d’horloge non stop pour un nouveau cube en carton incontournable.

Tchin à ceux qui écoutent le monde du haut de leurs ailes de verre à l’affût de la note renversante qui brisera le cristal. Tchin à ceux qui n’ont rien des trafiquants de single officiels et vulgaires. A ceux qui persistent dans l’entêtante idée qu’il reste encore quelque chose de grandiose à découvrir à chaque heure.

Il est 8 h, on ouvre un œil dans l’attente d’une voie céleste. I want you tonight, un sample vocal sirupeux de Guts surgit sans avoir la moindre chance de mettre un peu d’ordre dans vos pensées. On est en 2009 mais il faudra rejoindre l’année 1970, cinq morceaux et trois bols de café noir plus tard, pour émerger presque en trombe avec le M Fortune de The Hitch-Hikers feat myghty pope. La journée s’annonce hot et la nuit pas tiède. Surprise Trip hop à 9 h, l’optimisme de Portishead marche dans la chambre avec the Rip et se dissipe avec and I love him d’Esther Philips celle qui connut une fin précoce, usée par les excès toxiques. A 13 h, Seun Kuti procure beaucoup de pensées parmi lesquelles celle de s’éloigner d’une dur journée de labeur. On poursuivra l’écoute jusqu’au bout de la nuit. Les samaritains de Nova vous offrent la possibilité d’éloigner idées noires, contextes professionnels et sombres histoires de cœur et de cul. Manier blues, funk, soul, jazz, afro beat, reggae, electro, hip hop…, ne s’improvise pas. La musique n’est pas un agrément accessoire. C’est une expression de la vie confirme l’Ethiopien Alemayehu Eshete à l’heure du goûter et le chanteur de The Spécials Terry Hall et ses musiciens du moyen Orient quelques tirs croisés plus tard.

A 21 h, les DJ new-yorkais de Soho vous font renouer le contact avec vos frères et sœurs automobilistes qui viennent juste de sortir des bouchons. La nuit débute sous hypnose avec les syncopes du balafon et du vibraphone de Neerman & Kouyatè. Elle se poursuivra jusqu’à la déraison luxueuse et zénithale. Ce coffret c’est l’essence intime du monde Nova. Un nouveau voyage à travers le temps et les cultures. Il est 7 h la diva Minnie Riperton nous transporte vers les rêves. Tchin à ceux qui se lèvent !

Jean-Marie Dinh

Coffret Nova 24 H 60 euros