Européennes. UDI Modem Une famille recomposée en quête d’Europe unie

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Image du bon sens et sourires sécuriseront-ils les électeurs ? Photo Rédouane Anfoussi

Elections européennes du 25 mai. Le député européen Robert Rochefort était hier à Montpellier pour le lancement officiel de la campagne UDI MoDem.

« Nous avons l’Europe joyeuse, volontaire et optimisme » a lancé  le député européen (MoDem) Robert Rochefort de passage à Montpellier pour présenter la liste UDI MoDem aux élections européennes de la circonscription Sud Ouest dont dépend Montpellier.

Entourée de ses colistiers Muriel Boulmier, maire adjoint d’Agen, Jean Iglesis avocat et conseiller du Comité européen d’Airbus à Toulouse, Christine Espert, conseillère municipale à Pia, Fabien Robert adjoint au maire de Bordeaux et Anne Brissaud présidente de « Montpellier au centre », le député européen, membre de la commission du marché intérieur  a plaidé pour l’union.

 » Les Etats ne donnent pas les moyens à l’Europe de fonctionner. Ce n’est pas l’Europe, ce sont les pays qui posent problème. Il faut mettre fin à cette règle d’inefficacité qui suppose d’obtenir l’accord des 28 Etats pour engager un projet. » En clair le centre droit qui se prononce pour mettre un terme à l’élargissement, serait favorable à une union à plusieurs vitesses.

Autre argument de campagne mis en avant par Robert Rochefort : « Nos premiers adversaires sont ceux qui ont un point de vue populiste. » Dans le collimateurs les « extrémistes » de tous bords qui prêchent pour une sortie de l’Euro, « sans expliquer les désastreuses conséquences que cela occasionnerait » et les eurosceptiques qui freinent toutes les avancées possibles de L’UE. Bref, c’est un peu comme si l’UDI et le MoDem entendaient se battre contre le pire sans parvenir à trouver du meilleur face au désarrois des populations qui continuent de payer l’addition des dérives bancaires…

Epineux problème identitaire

Le troisième argument est intimement lié à l’épineux problème identitaire de la force centriste alors même qu’il est déjà difficile de distinguer une différence substantielle entre les positions de L’UMP et du PS sur les sujets de l’UE. Pour mémoire on a même vu le ministre des Finances Moscovici prendre position avec les banques contre la réforme bancaire du commissaire européen UMP, Michel Barnier. Se gardant d’entrer dans le débat de fond, Robert Rochefort souligne :  » On trouve à l’UMP, comme au PS des pro et des anti européens « , mais comme l’alliance centriste penche nettement vers le centre droit, il ne résiste pas à sortir le Figaro de la veille qui titre L’UMP n’en finit pas de se diviser. Au cas où il viendrait à l’idée des déçus de rejoindre la sécurisante voie du centre unie et dénuée d’ambition personnelle concurrente…

Mis devant la réalité de la situation financière de l’UE et de la dévaluation de l’Euro qui nous pend au nez, Robert Rochefort concède : « L’Euro est trop fort, il faudrait dévaluer de 15% à 20% par rapport au dollar », mais il se réfugie derrière la complexité du sujet pour étriller Guéno qui veut mettre la BCE sous contrôle. « Mario Draghi (pdt de la BCE) nous a sauvé en mettant des liquidités sur le marché. » On le canonise ?

JMDH

Source : La Marseillaise 27/04/2014

Voir aussi : Rubrique UE, Le Parlement doit voter un rapport accablant sur l’activité de la troïka rubrique FinanceLes Européens en pleines négociations sur l’union bancaire, rubrique Politique Fin de l’indétermination démocratique, Elections européennes, Politique économique, Une dépréciation de l’euro ne profiterait pas à tous,

 

L’histoire secrète de la crise financière ou comment la Fed domine le monde

Harold James
De nouvelles informations apparaissent, concernant l’attitude des autorités monétaires et financières, face à la crise, en 2008. Elles montrent le rôle clé de la Fed et la marginalisation du FMI. par Harold James, Princeton

 

Le grand roman de Balzac Ies illusions perdues se termine par une tirade sur la différence entre « l’histoire officielle », qui est un « tissu de mensonges », et « l’histoire secrète » – c’est à dire la vraie histoire. Dans le temps, il était possible de cacher les vérités scandaleuses de l’histoire pendant longtemps – voire pour toujours. Plus maintenant.

 

Ceci n’est nulle part aussi apparent que dans les récits de la crise financière mondiale. L’histoire officielle dépeint la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et les autres grandes banques centrales comme adoptant une action coordonnée pour sauver le système financier mondial de la catastrophe. Cependant, les transcriptions publiées récemment des réunions de 2008 du Federal Open Market Committee, le principal organe de décision de la Fed, révèlent que, dans les faits, la Fed a émergé de la crise en tant que la banque centrale du monde, tout en continuant à servir en premier lieu les intérêts américains.

 

Le rôle premier de la Fed

 

Les réunions les plus importantes se sont déroulées le 16 septembre et le 28 octobre – à la suite de l’effondrement de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers – et portaient sur la création d’accords bilatéraux d’échange de devises visant à assurer une liquidité adéquate. La Fed y avait décidé d’accorder des crédits en dollars à des banques étrangères en échange de devises, que la banque étrangère acceptait de racheter après une période spécifiée au même taux de change, plus les intérêts. Cela fournissait aux banques centrales – en particulier celles de l’Europe, qui faisaient face à une pénurie de dollars après la fuite des investisseurs américains – les dollars dont elles avaient besoin pour prêter aux institutions financières domestiques en difficulté.

 

En effet, la BCE a été parmi les premières banques à conclure un accord avec la Fed, suivie par d’autres grandes banques centrales de pays avancés, comme la Banque nationale suisse, la Banque du Japon et la Banque du Canada. Lors de la réunion d’octobre, quatre économies émergentes importantes « sur le plan diplomatique et économique » – Mexique, Brésil, Singapour et Corée du Sud – ont rejoint le mouvement, la Fed décidant d’établir des lignes de swap à hauteur de 30 milliards de dollars avec les banques centrales de ces pays.

 

La Fed voit d’abord les intérêts américains

 

Bien que la Fed ait agi comme une sorte de banque centrale mondiale, ses décisions ont été dictées, d’abord et avant tout, par les intérêts américains. Pour commencer, la Fed a rejeté les demandes de certains pays – dont les noms sont effacés dans les transcriptions publiées – de rejoindre le programme d’échange de devises.

 

Plus important encore, des limites furent placées sur les swaps. L’essence de la fonction de prêteur en dernier ressort d’une banque centrale a toujours été la fourniture de fonds illimités. Parce qu’il n’y a pas de limite sur la quantité de dollars que la Fed peut créer, aucun participant au marché ne peut prendre de position spéculative contre elle. En revanche, le Fonds monétaire international dépend de ressources limitées fournies par les pays membres.

 

Un changement fondamental dans la gouvernance mondiale

 

Le rôle international grandissant que la Fed joue depuis 2008 reflète un changement fondamental dans la gouvernance monétaire mondiale. Le FMI a été créé à une époque où les pays étaient régulièrement victimes des hypothèses désinvoltes des banquiers de New York, tels que l’évaluation de JP Morgan dans les années 1920 selon laquelle les Allemands étaient « fondamentalement un peuple de second ordre ». Le FMI formait une caractéristique essentielle de l’ordre international de l’après-Seconde Guerre mondiale, destinée à servir de mécanisme d’assurance universelle – qui ne pourrait pas être utilisé pour promouvoir les intérêts diplomatiques du moments.

 

Les documents de la Fed montrent la marginalisation du FMI

 

Aujourd’hui, comme le montrent clairement les documents de la Fed, le FMI est devenu marginalisé – notamment en raison de son processus politique inefficace. En effet, dès le début de la crise, le FMI, supposant que la demande pour ses ressources resterait faible en permanence, avait déjà commencé à réduire ses capacités.

 

En 2010, le FMI a mis en scène sa résurrection, se présentant comme central dans la résolution de la crise de l’euro – à commencer par son rôle dans le financement du plan de sauvetage grec. Pourtant, ici aussi, une histoire secrète a été révélée – qui met en évidence à quel point la gouvernance monétaire mondiale est devenue asymétrique.

 

La position du Fonds monétaire compliquée, face à la crise européenne

 

Le fait est que seuls les États-Unis et les pays massivement surreprésentés de l’Union européenne ont soutenu le plan de sauvetage grec. En effet, toutes les grandes économies émergentes s’y sont fermement opposées, le représentant du Brésil déclarant qu’il s’agissait d’un « plan de sauvetage des détenteurs de la dette privée de la Grèce, principalement les institutions financières européennes ». Même le représentant de la Suisse a condamné la mesure.

 

Lorsque les craintes d’un effondrement soudain de la zone euro ont donné lieu à un débat prolongé sur la façon dont les coûts seront supportés par des restructurations et des annulations de dette, la position du FMI deviendra de plus en plus compliquée. Bien que le FMI soit censé avoir priorité sur les autres créanciers, il y aura des demandes pour annuler une partie des prêts qu’il a émis. Les pays émergents plus pauvres s’opposeraient à une telle démarche, arguant que leurs citoyens ne devraient pas avoir à payer la facture de la prodigalité budgétaire de pays beaucoup plus riches.

 

 Une perte d’influence inéluctable, même en cas de changement de directeur général

 

Même ceux qui ont toujours défendu l’implication du FMI se tournent à présent contre le Fonds. Les fonctionnaires de l’UE sont outrés par les efforts apparents du FMI pour obtenir un soutien des pays débiteurs de l’Europe en exhortant l’annulation de toutes les dettes qu’il n’a pas émises lui-même. Et le Congrès des États-Unis a refusé d’approuver l’expansion des ressources du FMI – qui faisait partie d’un accord international négocié au sommet du G-20 de 2010.

 

Bien que le scandale qui a suivi la nomination d’un autre européen en tant que directeur général du FMI en 2011 soit de nature à assurer que le prochain chef du Fonds ne sera pas originaire d’Europe, la diminution rapide de l’importance du rôle du FMI signifie que cela ne changera pas grand-chose. Comme le montre l’histoire secrète de 2008, ce qui importe est de savoir qui a accès à la Fed.

 

Traduit de l’anglais par Timothée Demont

Harold James est professeur d’histoire à l’Université de Princeton et senior fellow au Center for International Governance Innovation.

© Project Syndicate 1995-2014

Source La Tribune 13/03/2014

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UE. Le Parlement doit voter un rapport accablant sur l’activité de la troïka

Le Parlement européen doit voter ce jeudi un rapport accablant sur l’activité de la troïka (Commission, BCE et FMI) dans les pays sous assistance financière. Entretien avec l’eurodéputé socialiste Liem Hoang-Ngoc, coauteur de la résolution.

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Qu’avez-vous retenu des visites dans les pays sous assistance financière ?

iem Hoang-Ngoc. Nous avons vu que les gouvernements et Parlements nationaux avaient le pistolet sur la tempe. Soit ils entérinaient les propositions de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), soit ils n’avaient pas accès à l’aide financière. Quant aux partenaires sociaux, ils ont certes été consultés, mais leur avis n’a jamais été pris en compte. Au Portugal, patronat et syndicats s’étaient entendus sur un salaire minimum à 500?euros. La troïka a empêché l’application de cet accord qui, selon elle, menaçait la compétitivité.

Pourquoi critiquez-vous « l’absence de légitimité démocratique de la troïka » ?

Liem Hoang-Ngoc. Il n’y a pas eu de délibération démocratique au niveau européen sur les solutions préconisées par la troïka, avant que les propositions ne redescendent dans les États. Un tel débat aurait dû inclure la seule instance européenne élue au suffrage universel, le Parlement européen. S’il avait été mis dans la boucle, jamais l’Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro – NDLR) n’aurait proposé à Chypre de taxer les petits dépôts inférieurs à 100?000?euros, pourtant garantis par une directive. Nos travaux montrent que lorsque les membres de la troïka n’étaient pas d’accord, l’Eurogroupe tranchait les décisions, dans l’opacité la plus totale, et qu’en son sein, la Commission n’a pas été garante de l’esprit communautaire.

En Grèce, le Fonds monétaire international (FMI) souhaitait une restructuration rapide (annulation partielle – NDLR) de la dette. La Banque centrale européenne (BCE) et l’Eurogroupe s’y sont opposés. En conséquence, la Grèce a dû mener une politique d’austérité sévère. Celle-ci n’a pas porté ses fruits et a conduit à une restructuration tardive de la dette grecque. La BCE a quant à elle racheté des titres grecs à dose homéopathique et a attendu septembre?2012 pour mettre sur pied son programme de rachat illimité des titres souverains en cas de spéculation. Avec une délibération démocratique européenne, ces sujets auraient été mis sur la table plus tôt.

Quelle institution prédominait au sein de la troïka ?

Liem Hoang-Ngoc. Sur le sauvetage du système bancaire irlandais, le gouvernement irlandais et le FMI étaient favorables à la mise à contribution des grands détenteurs d’obligations bancaires. Ils voulaient faire participer le secteur bancaire, ainsi que les fonds de pension – allemands en l’occurrence –, au plan de sauvetage. La BCE a une fois de plus dit «?non?» et privilégié un plan de sauvetage dont le financement pèse encore sur le contribuable. Dans cette affaire, c’est encore la BCE qui l’a emporté contre le FMI. Ses solutions ont été avalisées par l’Eurogroupe.

Pourquoi cet alignement ?

Liem Hoang-Ngoc. L’Eurogroupe est le lieu informel où sont arbitrées de la façon la plus opaque les décisions de la troïka. L’influence des États les plus importants – et donc de l’Allemagne – y prévaut.

Dans ce rapport, on trouve beaucoup de choses sur les procédures institutionnelles et moins d’analyses de fond sur les politiques menées.

Liem Hoang-Ngoc. Ce n’est pas tout à fait vrai. La tactique de mon corapporteur (le conservateur autrichien Othmar Karas) a été de se concentrer sur les aspects institutionnels car il estime que les politiques menées étaient les bonnes, et qu’il y avait essentiellement un problème de légitimité démocratique. Le déficit démocratique est un aspect sur lequel on pouvait le rejoindre. Concernant l’autre aspect du rapport, l’évaluation des politiques économiques proposées par la troïka, l’essentiel du message provient de notre camp. Mais le Parti populaire européen a essayé d’adoucir ce message, en arguant que si ces politiques n’ont pas complètement porté leurs fruits, c’est que les États ne se les sont pas pleinement appropriées. Pour notre part, nous constatons que les objectifs macroéconomiques n’ont pas été atteints?: la croissance reste atone et le taux d’endettement a partout explosé. Nous avons souligné les désaccords entre les membres de la troïka, attestant que d’autres politiques étaient possibles. Le message que j’ai voulu faire passer est que les politiques d’austérité ont échoué. Le débat démocratique doit par conséquent être ouvert pour mettre en évidence l’existence de politiques alternatives.

Entretien réalisé par Gaël De Santis

Source L’Humanité 12/03/2014

Voir aussi : Rubrique UE, rubrique Politique, Politique Economique, rubrique Finance, On Line L’austérité en examen au Parlement , La charge des syndicats européens contre la troïka

Les Européens en pleines négociations sur l’union bancaire

 De gauche à droite, le président de la Banque centrale, Mario Draghi, le ministre de l'économie et des finances français, Pierre Moscovici, et le commissaire européen aux affaires monétaires, Olli Rehn, lundi à Bruxelles. De gauche à droite, le président de la Banque centrale, Mario Draghi, le ministre de l'économie et des finances français, Pierre Moscovici, et le commissaire européen aux affaires monétaires, Olli Rehn, Photo Reuters François Lenoir

Les ministres européens des finances ont peu progressé à l’issue d’une première journée de discussions, lundi 10 mars à Bruxelles, pour tenter de trouver un accord définitif sur l’union bancaire avant les élections européennes de mai. Mardi, les ministres des 28 poursuivront leurs discussions mais une réunion supplémentaire pourrait être nécessaire la semaine prochaine pour boucler le dossier.

Si tel est le cas, « ce ne serait pas dramatique, nous avons encore une semaine pour parvenir à un accord », a estimé le ministre français Pierre Moscovici, tout en rappelant la nécessité d’aboutir avant le prochain sommet européen les 20-21 mars à Bruxelles. « Si nous parvenons à réduire cette semaine considérablement la liste de sujets ouverts (…), nous avons la possibilité de tenir le calendrier qu’avaient fixé les chefs d’Etat et de gouvernement et que les citoyens européens ont le droit d’attendre de nous », a renchéri Michel Barnier, le commissaire européen en charge des services financiers.

Lire le décryptage : L’ambitieuse réforme des grandes banques européennes de Michel Barnier

Un accord sur l’union bancaire doit être trouvé pendant la mandature du Parlement européen, dont la dernière session plénière a lieu en avril. Mais les positions du Parlement et de certains Etats, notamment l’Allemagne, restent très éloignées. Une réunion du Parlement et du Conseil, qui représente les Etats, est prévue mercredi sur ce sujet.

Lire : L’adoption du projet d’union bancaire menacée par les différends entre les Etats et le Parlement européens

MODALITÉS DU FONDS DE RÉSOLUTION DES CRISES

Lundi, les discussions ont donc porté sur le second pilier de l’union bancaire : le mécanisme unique pour l’ensemble de la zone euro, dit « de résolution », qui permettra de procéder à la mise en faillite ordonnée des banques en difficultés. Le premier pilier, qui entrera en vigueur à la fin de l’année, consiste en un mécanisme unique de supervision du secteur bancaire de la zone euro, confié à la Banque centrale européenne. L’ensemble de cette architecture vise à faire en sorte qu’à l’avenir, les contribuables ne soient plus obligés de payer pour sortir le secteur bancaire d’une possible nouvelle crise.

Lire le récit : Si l’union bancaire m’était contée

Les ministres des finances et des représentants du Parlement européen ont notamment discuté lundi soir du fonds qui accompagnera le mécanisme de résolution et sera abondé par les banques. Il doit reposer sur un accord intergouvernemental entre pays participants. « Nous avons fait des progrès mais je ne peux entrer dans les détails », a indiqué le ministre néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, par ailleurs patron de la zone euro.

« CERTAINES POSITIONS BOUGENT PEU »

Mardi, les ministres des Vingt-huit poursuivront leurs discussions, notamment sur le rythme auquel ce fonds devra être abondé : les Etats prévoyaient jusqu’ici une période de dix ans, jugée trop longue par le Parlement. « Sur le rythme de mutualisation du fonds, l’option qui a été préférée est celle de huit ans mais il n’y pas d’accord » à ce stade, a précisé M. Moscovici lors d’une conférence de presse. Les ministres devront aussi discuter de la possibilité que le fonds puisse emprunter et des modalités de prise de décision en cas de « résolution ».

S’ils parviennent à s’entendre mardi, la présidence grecque de l’UE tentera ensuite de finaliser mercredi un accord politique avec le Parlement européen, ouvrant la voie à une adoption formelle du texte lors de la session d’avril à Strasbourg. Mais ce scénario semble désormais « un chouïa prématuré », selon M. Moscovici, concédant que « certaines positions bougent peu ».

Fin février, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait exclu la possibilité qu’un accord sur les règles de résolution bancaire puisse être trouvé dans l’immédiat. « Nous trouverons [une solution] dès que cela sera nécessaire, pas avant », avait-il affirmé.

Source : Le Monde AFP 11/03/2014

Ramon Fernandez : « L’union bancaire est une nécessité absolue »

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Quatre questions à Ramon Fernandez, directeur général du Trésor

Décideurs. Quelles sont les failles que la crise a révélées dans la régulation financière ?
Ramon Fernandez. Un certain nombre d’entités passaient sous le radar de la supervision. Les fonds propres des banques et des compagnies d’assurance étaient parfois de qualité discutable. Les risques de liquidités étaient insuffisamment pris en compte par les régulateurs. La transparence sur les marchés était trop limitée. Enfin, les incitations étaient parfois inadéquates et insuffisamment tournées vers le long terme. Une série de réformes a été menée à bien afin de réguler l’ensemble des acteurs mais aussi de protéger les contribuables.

Décideurs. Quelles sont les grandes réformes mises en place dans le secteur bancaire ?
R. F. Renforcer la résilience des banques et leur capacité à faire face aux crises s’est imposé comme une nécessité. Des mesures fortes ont été prises. S’agissant des vingt-neuf banques identifiées au niveau mondial par le Conseil de stabilité financière – dont quatre françaises– on estime que l’effort aura permis d’augmenter de deux cents milliards d’euros leurs fonds propres.

Le second volet des réformes concerne la mise en place de régimes de résolution qui permettent de gérer les crises bancaires de manière mieux ordonnée. Dans quelques années, on en verra la déclinaison en Europe puis en France, notamment sur la définition d’une capacité d’absorption des pertes qui est un des sujets discutés aujourd’hui au niveau international.

Enfin, l’adoption fin 2013, en Europe, de la directive BRRD portant sur le sauvetage des banques fixe les règles de bail-in applicable en cas de mise en résolution d’une banque. Ces évolutions ne se sont pas encore traduites de manière perceptible dans le coût de financement des banques mais l’entrée en vigueur de ces textes en 2016 devrait sensiblement changer la donne.

Décideurs. Pourquoi l’union bancaire est-elle indispensable ?
R. F. L’idée de l’union bancaire est née de la nécessité absolue de casser la boucle entre le risque bancaire et le risque souverain. Les gouvernements de la zone euro se sont dit qu’il fallait pour cela pouvoir soutenir les secteurs bancaires par des interventions directes dans le capital des banques sans passer par les États. L’idée était de permettre au Fonds européen de recapitaliser directement les banques. Mais pour avaliser ce process, il fallait mettre en place un dispositif de supervision centralisé en Europe qui justifierait qu’en cas d’échec le contribuable européen soit appelé à recapitaliser directement des banques. Nous avons donc construit ce superviseur unique.

Décideurs. Quand le superviseur unique sera-t-il opérationnel ?
R. F. Théoriquement en novembre prochain. Avant cela, il y aura un exercice d’évaluation des actifs bancaires et un stress-test très ambitieux. Cet exercice permettra de définitivement faire la transparence sur les bilans bancaires en Europe. Nous avons pour mission de terminer la mise en place d’un mécanisme de résolution unique avec un fonds dédié qui sera le pendant de ce dispositif de supervision. Les discussions sont en cours avec le Parlement européen. D’ici le mois d’avril, nous espérons parvenir à un accord définitif qui mettra en place le mécanisme de résolution unique.

En moins de deux ans, les Européens auront donc mis en place un dispositif centralisé de supervision et de résolution de l’ensemble des banques européennes. C’est une réforme d’une ampleur considérable comparable aux premiers pas de la construction de l’Union européenne dans les années 50 avec la mise en place de la Communauté énergétique du charbon et de l’acier.

Source : Décideurs stratégie finance droit 10/03/2014

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Une dépréciation de l’euro ne profiterait pas à tous les pays membres

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Une reprise encourageante, mais sans éclat. Au quatrième trimestre 2013, le PIB de la zone euro a crû de 0,3 %, selon les chiffres publiés vendredi 14 février par Eurostat. Dans le détail, le PIB portugais a crû de 0,5 %, l’allemand de 0,4 %, l’italien de 0,1 % et le français, de 0,3 %. Mieux que ce qu’espéraient les économistes. Mais ces derniers restent néanmoins prudents. Le Fonds monétaire international estime ainsi que la zone euro ne devrait croître que de 1% en 2014, contre 2,8 % aux Etats-Unis.

En cause : l’atonie de la consommation, d’abord. Les pays du sud de l’Europe pratiquent, depuis la crise, une politique de dévaluation interne pour regonfler leur compétitivité, par le gel des salaires. Résultat : les ménages ont drastiquement réduit les achats. « Le moteur de la demande domestique est à plat dans la zone euro », constate Christian Parisot, chez Aurel BGC.

Le poids des dettes, publiques comme privées, pèse également sur le dynamisme de l’activité. Dans le sud de l’Europe, en particulier, ménages et entreprises sont toujours en train de se désendetter. « C’est ce qui explique en partie la faiblesse du crédit dans ces Etats », commente Patrick Artus, de Natixis.

L’EURO SERAIT AUJOURD’HUI SURÉVALUÉ DE PRÈS DE 20 %

Depuis quelques semaines, nombre d’économistes, surtout en France, se demandent également si le niveau relativement élevé de l’euro – à savoir 1,37 dollar, contre 1,168 dollar lors de sa création, en 1999 – n’handicape pas lui aussi la reprise européenne. « La zone euro étant en retard sur les Etats-Unis pour la croissance, la logique serait que le dollar s’apprécie face à l’euro », s’est ainsi étonné mercredi 12 février Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France.

Et il n’est pas le seul. Trois jours plutôt, Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a affirmé sa volonté de « faire baisser l’euro », jugeant qu’il « annihile » nos efforts de compétitivité, tandis que les groupes Michelin et LVMH ont déclaré que l’euro fort a pesé sur leurs résultats 2013. « C’est un débat très français, qui n’a pas absolument lieu dans les autres pays membres », commente l’économiste Michel Santi.

Mais alors, trop fort ou pas, l’euro ? Question de point de vue, estiment les économistes. Sur le long terme, note ceux du Conseil d’Analyse Economique (CAE), la valeur de la monnaie unique est stable, et rien n’indique qu’elle soit surévaluée. A court terme, en revanche, la faiblesse de la croissance européenne justifierait un euro temporairement plus faible. Selon les experts de Natixis, son cours devrait normalement tourner autour de 1,15 ou 1,20 dollar. En d’autres termes, l’euro serait aujourd’hui surévalué de près de 20 %.

TOUTES LES ENTREPRISES N’EN PROFITERAIENT PAS

Motif ? D’abord, la zone euro affiche aujourd’hui un large excédent extérieur. Depuis la crise, les pays périphériques de la zone euro ont en effet largement résorbé leurs déficits commerciaux, tandis que l’Allemagne est toujours exportatrice net. « Dans ces conditions, la demande d’euros venue de l’extérieur est tendanciellement plus forte que l’offre, ce qui pousse le cours à la hausse », commente Hugues Lemaire, chez Diamant Bleu Gestion. De plus, la Banque Centrale Européenne (BCE) mène une politique monétaire bien moins expansionniste que ses homologues.

Depuis 2008, les banques centrales américaine, britannique et japonaise font massivement tourner la planche à billets pour soutenir leurs économies. Résultat : la quantité de dollars, livres et yens en circulation a augmenté dans des proportions bien plus grandes que celle d’euros. Ce qui, là encore, a poussé le cours de la monnaie unique à la hausse face à ces devises.

Est-ce à dire que la zone euro profiterait d’un euro plus faible ? « Une chose est sûre : cela relancerait un peu l’inflation, aujourd’hui bien trop basse, en renchérissant le prix des produits importés », commente Christophe Blot, économiste à l’OFCE. Surtout : une euro moins fort soulagerait temporairement l’industrie de la zone euro prise dans son ensemble. Mais toutes les entreprises n’en profiteraient pas, selon leur créneau, leur pays, et la destination de leurs exportations. Ainsi les PME allemandes, spécialisées sur les machines outils haut de gamme, sont peu sensibles au taux de change. Elles ne vendraient pas tellement plus si l’euro se dépréciait.

POSITIF POUR L’ITALIE ET L’IRLANDE 

Les industriels français, espagnols ou italiens, spécialisés sur le moyen de gamme, sont en revanche très sensibles au niveau des devises. Un euro plus faible leur permettrait donc d’augmenter nettement leurs ventes et leurs marges. Le CAE a ainsi calculé qu’une dépréciation de 10% de l’euro ferait grimper le PIB français de 0,6% après un an.

« Ce chiffre est largement surévalué », conteste Patrick Artus, de Natixis, en rappelant que l’industrie pèse à peine 12% du PIB français. Et que la baisse de l’euro, en renchérissant le prix des produits importés, pénaliserait aussi le pouvoir d’achat des Français et donc, la consommation, principal moteur de notre croissance. « Au total, l’effet d’une dépréciation serait quasiment neutre pour notre économie », assure-t-il. L’Italie et L’Irlande en profiteraient en revanche clairement.

Au demeurant, même si les pays membres s’entendaient sur la nécessité de déprécier l’euro, encore faudrait-il que la zone euro soit en mesure d’agir sur son cours. En théorie, l’outil le plus efficace serait une création monétaire massive de la BCE, via des rachats d’actifs sur les marchés, comme le font les banques centrales américaine, japonaise et britannique. « Mais les Allemands ne veulent pas entendre parler d’une telle politique, et les résultats ne sont pas garantis », nuance Christophe Blot.

Maigre consolation, le cours de l’euro face au dollar devrait néanmoins se déprécier à mesure que la Fed resserre sa politique monétaire. « L’ennui, c’est qu’il est difficile de dire quand cette baisse interviendra », conclut Isabelle Job-Bazille, directrice des études économiques au Crédit Agricole SA.

Marie Charrel

Source Le Monde 14/02/2014

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