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La remise des prix a consacré une nouvelle fois Riad Sattouf. Déja récompensé en 2010, il a obtenu le Fauve d’or du meilleur album pour l’Arabe du futur, tome 1 (Allary Editions). Le réalisateur et dessinateur de Charlie Hebdo, notamment, y raconte sa jeunesse, en Libye, en Syrie et en France. Comme toujours avec Riad Sattouf, c’est extrêmement bien raconté, actuel, et souvent drôle. A travers la figure de son père, professeur, il se demande, en creux, qu’est-ce qui a échoué pour que la construction optimiste de «l’arabe du futur» se termine, 35 ans plus tard, en guerres sanglantes.
Pour le jury d’Angoulême, c’est un choix sans risque, porté par l’actualité nationale et internationale, ainsi que par la personnalité médiatique et sympathique de l’auteur. Il y avait, peut-être, dans la sélection, des albums plus intrigants, perturbants, changeant notre manière de voir la BD, comme Panthère de Brech Evens, Calavera de Charles Burns, ou évidemment, Building Stories de Chris Ware. Le récit à tiroirs et multisupports a reçu le prix «Spécial du jury», aka «c’est toi qui méritait le Fauve d’or mais c’est vraiment un peu trop bizarre et compliqué ton truc».
Le prix du Public a été décerné aux Vieux fourneaux (Dargaud) de Wilfrid Lupano et Paul Caueet, l’histoire amusante et attachante d’un trio de septuagénaires qui se lance dans un dernier road trip sur fond de lutte des classes et vieilles blessures intimes. Très émus, Bastien Vivès, Balak et Mickaël Sanlaville ont reçu le prix de la série pour Lastman.
A signaler, la chouette revue sociale et utopiste Dérive urbaine qui a reçu le prix de la Bd alternative.
Jeudi avait déjà été remis le Grand Prix à Otomo, le créateur d’Akira, ainsi que des prix découvertes pour des jeunes auteurs. Un Grand Prix spécial a été décerné à Charlie Hebdo pour l’ensemble de son œuvre, et, dimanche, dans la foulée, le premier prix de la liberté d’expression a été remis aux dessinateurs assassinés. Le dessinateur Blutch, venu sur scène récupérer le prix, a rappelé que «nous la bourgeoisie éclairée, on a beau marcher en chœur, il s’est passé quelque chose de grave. Le mal est fait. Je m’excuse mes chers collègues, mais il n’y a pas de paradis. Vous êtes tous seuls. Il n’y a que ce que vous faites, que ce que vous dites.»
Quentin Girard
Toutes les récompenses sur le site officiel du festival.
Source Libération 1/02/2015
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