Lydie
Jean-Marie Dinh
Après nous le déluge ! Jusqu’au 23 avril Théâtre Pierre Tabard Rens : 06 62 79 81 25
Voir aussi : Rubrique Théâtre, Puissance ubiquité de la création féminine, rubrique Cinéma, Le modernisme de Marco le subversif,
Lydie
Jean-Marie Dinh
Après nous le déluge ! Jusqu’au 23 avril Théâtre Pierre Tabard Rens : 06 62 79 81 25
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Le mouvement du Nid favorable à la pénalisation des clients.
A l’heure où la mission parlementaire d’information sur la prostitution affiche l’ambitieuse volonté « d’en finir avec le mythe du plus vieux métier du monde », Le mouvement du Nid se dit globalement favorable aux mesures préconisées par le rapport rendu la semaine dernière. Celui-ci se prononce notamment en faveur d’une pénalisation des clients. Entretien avec le responsable départemental du mouvement du Nid, Jean Bevelacqua, qui accueillait hier à la salle des Rencontres de l’Hôtel de ville la pièce « Au bout de la nuit ». Un témoignage qui démonte l’engrenage du consentement.
« Comment avez-vous reçu le rapport de la mission parlementaire présidé par la socialiste Danielle Bousquet ?
Nous sommes globalement favorables aux propositions de la commission. Ce rapport compte une trentaine de propositions dont la pénalisation de la clientèle. Nous regrettons en revanche que la commission ne se soit pas prononcée pour l’abrogation du délit de racolage que nous considérons comme une forme de double peine.
Pourquoi la pénalisation des clients vous semble un moyen adapté pour lutter contre la prostitution qui elle même reste légale ?
Nous ne sommes pas des prohibitionnistes. Les personnes qui se prostituent partagent de notre point de vue une condition de victimes. Et notre expérience de terrain démontre, quoique l’on en dise, que dans une très grande majorité des cas, on ne choisit pas de vendre son corps. Les proxénètes et les clients impulsent de fait une forme de violence à autrui. Dès lors qu’il ne s’agit pas d’une relation librement consentie, il s’agit bien d’une effraction corporelle à caractère sexuel. Même si le client n’en a pas toujours conscience. Quand j’étais jeune, j’étais dans la marine et j’ai fréquenté des prostituées. C’est plus tard que j’ai pris conscience et réalisé le caractère violent que j’ai pu faire subir. Parallèlement à la pénalisation, il faut mener de fortes campagnes de sensibilisation.
Les données locales soulignent à la fois un rajeunissement et une massification de la clientèle régionale. Comment l’expliquez-vous ?
En terme d’éducation, c’est réellement une catastrophe. Personne ne parle vraiment de relations sexuelles. La pornographie est devenue la norme sexuelle. Ici les jeunes vont dans les bordels catalans pour demander ce qu’ils n’oseraient pas demander aux filles qu’ils fréquentent. Quand on leur demande ce qu’ils cherchent, les critères qui ressortent sont le fait de ne pas s’engager, les pratiques sexuelles particulières, la multiplicité de choix notamment ethnique et le fait d’avoir accès à des filles que leurs conditions sociales ne permettent pas. Ce qui est significatif à bien des égards.
Quelle est votre position vis-à-vis du Syndicat du travail sexuel (Strass) qui qualifie les propositions parlementaires de dangereuses et moralistes et revendique un statut de travailleur indépendant du sexe ouvrant des droits sociaux ?
Nous ne condamnons pas la liberté de choix, mais il faut savoir que le Strass représente environ 200 personnes alors que la prostitution concerne 20 000 dans l’hexagone. Un pays ne peut pas être réglementé à partir d’une revendication individuelle dont le choix propose par ailleurs une vision ultra-libérale du problème. En matière de prostitution, la politique française reste néanmoins très frileuse et hypocrite avec un comité national d’éthique qui interdit de vendre son sang mais refuse de se prononcer quand on vend sa bouche, son anus, et son vagin ».
Recueilli par Jean-Marie Dinh
Voir aussi : Rubrique Société, rubrique Droit des Femmes,
Rencontre
Francesc Trabal (1899-1957), journaliste catalan républicain, exilé à l’issue de la guerre civile en France puis au Chili, nous ouvre les portes du surréel dans son roman L’homme qui s’est perdu. L’ouvrage vient de paraître dans la collection tinta blava créée par Llibert Tarrago qui a rejoint les éditions Autrement. Il est traduit de sobre et belle façon par la journaliste montpelliéraine Marie-José Castaing. Cette ahurissante histoire narre l’ascension fulgurante de l’entreprise de Lluis Frederic Picàbia. Elle entraîne le lecteur dans un jeu vertigineux. Il importe, pour compréhension des règles, d’enjamber les frontières de la raison, ce qui place résolument l’auteur catalan dans l’espace de la littérature vivante. La vie du jeune bourgeois barcelonais Lluis Frederic, bascule le jour ou sa fiancée le quitte. Accablé, le jeune homme décide de faire de la perte son mode de vie. Ce véritable défi prend forme sur le mode binaire de choses à perdre et à retrouver. Les objets où les choses perdues par Lluis Frederic sont variables et ses expériences toujours plus extravagantes. L’essence de la pensée surréaliste plane dans ce roman qui nous conduit aux quatre coins de la planète en bousculant les puissants codes de la propriété et de l’esthétique bourgeoise. Mu par une irruption émotive, le personnage principal jouit d’une capacité d’adaptation étonnante qu’il met à profit dans des projets toujours plus imprévisibles. Devenu un grand professionnel désintéressé Lluis Frederic va tenter le top, et il va l’atteindre, sauf imprévu…
Jean-Marie Dinh
L’homme qui s’est perdu. Editions Autrement, 15 euros.
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Le nouveau directeur évoque les conditions de sa nomination à la tête du festival du Printemps des comédiens et le projet artistique de la 25e édition du 1er juin au 1er juillet.
A 44 ans, le comédien issu du conservatoire de Montpellier et créateur de SortieOuest, Jean Varela est le nouveau directeur du Printemps des Comédiens. Retour sur les conditions de sa nomination après le départ précipité de son fondateur Daniel Bedos. Et levée de rideau sur les enjeux futurs de la manifestation qui se tiendra du 1er juin au 1er juillet prochain à Montpellier.
Peut-on revenir sur la feuille de route que vous a confié le Conseil général en vous nommant à la direction du Printemps après le départ précipité de Daniel Bedos ?
« J’ai été sollicité en septembre par la voie de Jacques Atlan en accord avec Jean-Claude Carrière qui préside l’association pour assurer l’édition 2011. Je suis le directeur de sortieOuest créée pour rééquilibrer l’offre culturelle en faveur de l’Ouest du département donc j’étais déjà un bras séculier de l’action culturelle du Conseil général.
Vous avez demandé un court délais de réflexion que vous est-il passé par la tête à ce moment ?
Quand on vous fait ce type de proposition c’est très angoissant. Que faire ? Comment faire ? On se dit j’y vais, j’y vais pas… Et en même temps cela fait plaisir, je l’ai vécu comme une reconnaissance de mon travail à SortieOuest, mission que je souhaitais poursuivre.
Avez-vous négocié ?
Il n’était pas question de négocier, vu que le Conseil-général m’a tendu la main le jour où je me suis fait licencier par le Maire de Sérignan alors que je venais lui présenter ma saison. Cela fait partie de notre profession de prendre des engagements et de relever des défis. Il fallait essayer de maintenir la manifestation dans un temps difficile avec les incertitudes liées à la réforme des collectivités territoriales tout en bénéficiant d’un soutien politique. J’ai accepté cette mission qui prend fin au 1er juillet prochain.
Entreteniez-vous des relations avec le fondateur du Printemps des comédiens ?
C’est un ami. Je ne pensais pas que Daniel quitte le navire si vite. Je sortais du Conservatoire de Montpellier quand il a créé le Printemps des Comédiens il y a plus de 25 ans. Avec Daniel Bedos, on partage la même géographie héraultaise, autour de Pézenas notamment, la ville de Molière.
Le Conseil général semble manifester la volonté de poursuivre le festival. Ce qui laisse présager que votre contrat pourrait être reconduit. Comment trouver un nouveau souffle après 25 ans d’existence ?
Je suis entré dans mes nouvelles fonctions en novembre dernier. On apprend à marcher en marchant. La réponse à cette question ne se trouve pas dans l’édition 2011. En arrivant à Montpellier j’ai trouvé une équipe enthousiaste et ouverte sur l’avenir sans idée préconçue.
Les préoccupations politiques que vous avez évoquées se traduisent-elles par une baisse du budget* en 2011 ?
L’Etat nous a annoncé via la DRAC un retrait de l’ordre de 60 000 euros. Pour le reste on est à peu près sur la même base que l’année précédente.
Vous qui êtes artiste comment concevez-vous le rôle d’un programmateur culturel ?
Il faut rassembler le public autour d’un projet artistique, faire une proposition de programmation et tenter d’en donner les clés. Pour l’édition 2011 du Printemps des Comédiens, j’ai prévu entre 15 et 20 présentations du programme dans le département. Je vais aller à la rencontre du public. J’essaie de défendre le service public en créant du lien. La façon dont on conçoit les saisons fait évoluer le public. Le public actuel de SortieOuest n’est pas le même que celui de la Cigalière en 2003. Nous avons grandi ensemble. Une confiance commence à naître entre la direction artistique et le public. Les gens viennent voir un spectacle qu’ils ne connaissent pas. Ils se déplacent parce qu’ils savent qu’ils peuvent y trouver quelque chose. Cela implique un travail sur la durée qui peut s’évaporer très vite. C’est pour cela qu’il faut sauver les institutions.
Comment avez-vous abordé la programmation du 25e Printemps des Comédiens ?
Ce n’est pas la même chose qu’à SortieOuest. Là-bas nous avons creusé un sillon pied à pied, ici le bateau est en marche et cette édition présente un enjeu particulier. Par ailleurs beaucoup de choses diffèrent : la géographie, l’offre culturelle, la population… L’objectif n’est pas de transformer mais de mener le festival à bon port.
L’identité forte de la manifestation est en partie liée à la composition de son public et notamment à la déambulation que Daniel Bedos avait mis au cœur de la programmation et qui représentait 30% des entrées. Comment prenez-vous cette problématique en charge ?
En effet, il a fallu répondre à ce questionnement du 18h/20h et des cultures du monde autour duquel était construit le festival. Après un temps de réflexion, il nous a semblé que le moment était venu de passer à autre chose. Je ne suis pas Daniel Bedos. Le nouveau projet artistique souhaite redonner au théâtre une place importante. Est-ce qu’un festival de théâtre peut trouver sa place ? Nous pensons qu’une exigence artistique plurielle et populaire, peut ouvrir de nouvelles perspectives.
Quelles seront les grandes lignes de la programmation 2011 ?
La programmation qui a été conçue dans l’urgence fera place à des metteurs en scène qui jalonnent notre histoire de spectateurs. Georges Lavaudant qui vient présenter sa Tempête, un hommage à deux pièces de Shakespeare, Peter Brook, pour une libre adaptation de La Flûte enchantée. Il y aura aussi des personnalités plus jeunes comme Dorian Rossel, ou Dag Jeanneret. Richard Mitou monte Les règles du savoir vivre de Lagarce en déambulation festive. On pourra assister à des spectacles où le théâtre croise d’autres disciplines artistiques, la musique, le cirque… Un travail sur la figure du clown avec le retour de Pierre Etaix, le grand clown russe Slava Polinin et Pierre Rigal qui développe des images drôles sur le rapport du musicien et de son instrument. Cette édition propose un large éventail du théâtre d’aujourd’hui. Le festival est dédié à Gabriel Monnet qui représente les grand idéaux de la décentralisation du théâtre public. »
Recueilli par Jean-Marie Dinh
* Le budget du Printemps 2010 était de l’ordre de 2,2 M d’euros.
Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Festival, Printemps des Comédiens 2010 une Orageuse réussite , Connaisseur en la chose, Rubrique Politique culturelle, Politique cuturelle 34, Crise : l’effet domino,
« Pour la première édition du festival nous avions choisi le thème du combat. Tant il n’a pas été facile de monter le projet, cette fois le thème c’est la liberté, explique Gabrielle Gonzales. Une valeur qui n’est pas étrangère au pays invité et qui signifie aussi que nos partenaires locaux (Mairie de Montpellier, Conseil Général et Région…ndlr) nous ont fait confiance », indique encore l’initiatrice de ThéâVida. Cette année, la seconde édition du festival latino-américain qui associe théâtre, vidéo et danse, est entièrement consacrée au Mexique. L’annulation de l’année du Mexique en France par le gouvernement mexicain, lié comme on le sait aux brillants exploits des sarkoboys de la diplomatie française, a laissé sur le carreau pas moins de 360 manifestations culturelles prévues sur toute l’année. « Nous avons dû revoir le programme et renoncer à recevoir certains invités mexicains, mais finalement nous maintenons l’objectif qui est de faire découvrir la culture contemporaine latino américaine à travers la diffusion d’œuvres et de spectacles. »
Dans divers lieux de Montpellier, la programmation propose de partir à la découverte du pays de Frida Khalo. Un hommage sera notamment rendu à cette artiste qui a joué un rôle important dans le mouvement artistique de son époque avec une lecture théâtralisée/vidéo et une table ronde en partenariat avec les éditions Actes Sud. La Cie K-Mélodie adaptera au Théâtre de la Vista le roman La Rosa Blanca de B Traven d’après une mise en scène d’Adel Hakim qui retrace la ruée vers l’or noir au début du XXe siècle. Une tragédie d’une troublante actualité produite par le CDN du Val de Marne.
« Sa liberté, le Mexique l’a gagnée en bataillant ferme mais l’envie de gagner le « paradis » nord américain l’obsède toujours », soulignent les organisateurs du Festival. Au sein de l’Espace Kawenga, l’installation AmeXica sKin de Sylvie Marchand et Lionel Camburet dévoilera la brutalité de la zone frontalière US-Mexique. Sur le terrain pendant six mois, les deux artistes aborderont à l’occasion d’une table ronde la question : « Quelle est la portée symbolique et concrète du témoignage et de l’engagement d’un artiste ? ». Une autre installation multimédia éclairera les pratiques rituelles des indiens Raràmuris ayant échappé à la colonisation des conquistadors grâce à leurs talents de coureurs raconte-t-on. Le festival propose tout à la fois de poser un œil nouveau sur la création mexicaine et de nous entraîner vers les contrées de son imaginaire.
JMDH
Du 12 au 17 avril programme www.theavida.com/
Voir aussi : Rubrique Festival, rubrique Mexique, L’échec du mur, rubrique Amérique Latine,