Montpellier Danse. « Torobaka », en référence au toro et à la vache, rencontre de deux animaux sacrés et deux maîtres.
Sur le papier la rencontre Israel Galvan Akram Khan programmée sur la scène du Corum peut paraître vendeuse et elle l’est comme on l’a constaté avec l’engouement du public qui a empli la grande salle de l’Opéra Berlioz deux soirées d’affilée. Au delà de l’événement, la création Torobaka répond à une longue fidélité du festival envers ces deux artistes qu’il a contribué à faire découvrir. Elle conforte aussi la place de Montpellier en tant qu’espace de rencontre et de création. Lieu singulier en Europe où la danse contemporaine pétille, se cherche, prend des risques, innove.
Ici, ces dispositions ne sont pas que des mots. Elles concourent à la qualité du spectacle offert par les deux artistes exigeants qui ne se contentent pas de jouer sur l’effet de notoriété cumulé. C’est une vraie rencontre qui se déroule sur scène entre deux grands chorégraphes.
Chacun se livre pleinement au jeu de cette confrontation de culture avec la force et l’irrévérence créative qui les caractérise individuellement. Israel Galvan que des fées sévillanes ont trempé bébé dans l’essence du flamenco pour lui donner le don de s’émanciper de la gestuelle traditionnelle, poursuit son exploration.
Akram Khan Britannique d’origine bangladaise chorégraphe de la mondialisation inspiré par la danse kathak de l’Inde du nord semble happé par des esprits païens.
Les deux chorégraphes s’imprègnent mutuellement de leur énergie. Partagent les planches avec la complicité rythmique de leurs musiciens et chanteurs dont B.C. Manjunath, grand maître des percussions vocales et instrumentales. Chacun apporte sa langue, vibrante, sèche, et pointue chez Galvan, ronde, souple, et envoûtante chez Khan, et les deux corps conducteurs habités par une lointaine mémoire nous emportent, très loin.
JMDH
Source La Marseillaise 01/07/2015