Crise égyptienne: l’Otan appelle les Européens à ne pas trop désarmer

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Le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen a invoqué la crise en Egypte pour inciter les Européens à dépenser « intelligemment » pour leur défense afin de faire face aux changements de l’ordre mondial. »Au moment où je vous parle, les événements s’accélèrent en Egypte, en Tunisie, et ailleurs au Moyen Orient et en Afrique du nord, et on ne sait quelle en sera l’issue », a-t-il lancé devant la 47è conférence sur la sécurité, à Munich (sud de l’Allemagne).A l’issue de ce discours, il a d’ailleurs déclaré à la presse qu’il était « choqué par la violence en Egypte », tout en se défendant de toute « ingérence ».

« Les plaques tectoniques bougent. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’économie, mais l’ordre mondial », a-t-il poursuivi devant les conférenciers. Or, les pays européens de l’Otan, a-t-il estimé, risquent de désarmer à outrance, en raison de la crise budgétaire, les rendant « inaptes à défendre leur propre sécurité ».

« Ces deux dernières années les dépenses militaires des pays européens de l’Otan ont diminué de quelque 45 milliards de dollars, ce qui correspond au budget annuel de la défense de l’Allemagne », a souligné M. Rasmussen. « Les Etats-Unis représentaient il y a 10 ans un peu moins de 50% des dépenses de défense de l Otan. Aujourd’hui leur part tourne autour de 75%, et elle va continuer à augmenter en dépit des réductions des dépenses du Pentagone annoncées le mois dernier », a-t-il ajouté.

M. Rasmussen a critiqué ceux des Européens qui « suggèrent une division du travail » entre des Etats-Unis pourvoyant la force militaire et leurs alliés européens se concentrant sur des causes comme la construction d’un Etat de droit. « Je pense que cette proposition est au mieux naïve, au pire dangereuse, car elle ne répond pas à une donne de plus en plus complexe en matière sécuritaire », a-t-il assuré. Il a rappelé que « selon l’institut de recherche indépendant SIPRI de Stockholm, la Chine a triplé en une décennie son budget militaire tandis que l’Inde l’a augmenté de 60% ».

Aussi, afin d’éviter notamment que les Etats-Unis ne se détournent de leurs alliés européens, M. Rasmussen a plaidé pour une « défense intelligente », où l' »on assurerait une plus grande sécurité en dépensant moins », par le biais d’une coopération accrue entre Européens.

AFP

Fayyad : la conférence des donateurs doit être liée à la naissance de l’Etat palestinien

La conférence des donateurs pour la création d’un Etat palestinien en juin n’aura d’intérêt que si les Palestiniens ont le sentiment d’être à la veille de la naissance de leur Etat, espéré en septembre, a prévenu vendredi à Paris leur Premier ministre Salam Fayyad. »Quand nous nous rencontrerons, nous avons besoin d’être dans un contexte d’attente de naissance imminente de l’Etat palestinien. Si ce sentiment n’est pas là, nous ne voulons pas de cette conférence », a-t-il déclaré lors d’un débat à Paris organisé par l’Académie diplomatique internationale.

Les Palestiniens voudraient proclamer leur Etat en septembre, date butoir retenue par la communauté internationale pour la signature d’un accord israélo-palestinien, bien que les négociations soient au point mort.

Une deuxième conférence de donateurs aura lieu en juin à Paris. La décision a été annoncée jeudi soir à l’issue d’un dîner de représentants français, de l’Union européenne, de la Norvège et du Quartette (USA, ONU, Russie, UE) qui assurent le suivi de la première conférence de décembre 2007.

« L’argent n’est pas le principal objectif de cette conférence qui doit conditionner un processus politique », a martelé Salam Fayyad.

« Le calendrier (de septembre 2011) ne changera pas (…). Il est temps pour (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu de dire ce qu’il a en tête quand il parle d’un Etat palestinien. Cela ne suffit pas de dire qu’on soutient une solution à deux Etats », a-t-il répété.

La première conférence des donateurs, en décembre 2007 à Paris, s’est concrétisée par le versement sur 3 ans de l’intégralité des 7,7 milliards de dollars promis alors, dont 4,3 milliards d’aide budgétaire.

AFP

Le Liban renoue avec la crise

Nouvelle crise politique au Liban, cela ne surprend plus personne surtout pas dans ce pays qui a dû battre un record depuis son indépendance en 1943.

Encore que les Libanais souhaitent que cela ne déborde pas le cadre politique, car le contraire, toujours possible dans ce pays, peut mener au pire. Mais cette fois, la crise était dans l’air, et tout alors devenait une question de timing. Effectivement, la chute du gouvernement était effective à l’instant même où son leader franchissait mercredi le seuil de la Maison-Blanche. M. Saâd Hariri, qui devait s’entretenir avec le président Barack Obama, venait de perdre son gouvernement. Selon la formule consacrée, il était Premier ministre en exercice.

Dans un autre sens, les députés du Hezbollah se sont montrés conséquents pour avoir mis en garde contre une telle éventualité, laquelle consacrait l’échec de la médiation syro-saoudienne. Les dix ministres ont démissionné, obtenant aussi celle d’un député du PSP, depuis que le leader de ce parti, M. Walid Joumblatt, a redessiné la carte des alliances au Liban en lâchant ou en prenant ses distances avec M. Hariri, opposé quant à lui à tout compromis sur l’action du TSL (Tribunal spécial pour le Liban) chargé d’identifier et de juger les assassins de son père, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Depuis qu’elle a été mise sur pied par l’ONU, cette institution s’est surtout fait remarquer par un travail controversé avec un faisceau d’accusations (Syrie, services secrets libanais), le tout porté par des témoins qui s’avéreront faux. D’ailleurs, M. Hariri a été lui-même jusqu’à déclarer que la Syrie n’avait rien à voir avec cet assassinat commis en 2005, mais il a quand même servi, relèvent tous les observateurs, à précipiter le départ des troupes syriennes du Liban. Et après ? dira-t-on. Depuis peu, c’est le Hezbollah sinon des membres de ce parti qui sont accusés d’implication, ce que réfute ce dernier et accuse quant à lui Israël.

Le Hezbollah, qui accuse le TSL d’être «à la solde d’Israël et des Etats-Unis», s’attend à être mis en cause et a fait pression sur M. Hariri pour qu’il désavoue le tribunal qui doit rendre prochainement son acte d’accusation. Son chef du groupe parlementaire a laissé entendre que le Hezbollah et ses alliés envisagent même l’avenir, mais sans M. Hariri.  «Nous devons nous mettre d’accord (entre alliés) sur la manière de gérer le pays avec un gouvernement fort mené par un (Premier ministre) connu pour son soutien à la Résistance (le Hezbollah)», a-t-il dit. L’on apprend dans cet ordre d’idées que M. Joumblatt a rencontré dans la soirée de mercredi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

En ce qui concerne le fond du débat, l’approche du Hezbollah laisse très peu sinon aucune place au doute. Selon un  de ses dirigeants, «l’orientation générale est celle de la mise en cause d’individus, avant de faire un pas supplémentaire vers la question de la responsabilité du supérieur hiérarchique de ces subordonnés… Ils ont commencé par la Syrie et écarté le Hezbollah, car il fallait limiter le champ des adversaires et, maintenant, ils se sont tournés vers le Hezbollah».

Pour la secrétaire d’Etat américaine, «la justice est nécessaire pour avoir la stabilité». Mme Clinton a souligné que «le gouvernement et le peuple du Liban doivent demander des comptes aux individus et non aux groupes auxquels ils appartiennent». «Les individus doivent être jugés en tant que tels et non en tant que membres d’un parti politique», a-t-elle souligné. Il y a lieu de relever cette réaction plutôt rare du Pentagone, annonçant que les Etats-Unis «surveillent de très près» la situation au Liban que certains comparent à celle qui prévalait en 2008. Autrement dit, des dérapages ne sont toujours pas exclus.

Mohammed Larbi ( El Watan)

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le dirigeant qatari Hamad bin Khalifa sont arrivés lundi à Damas pour s’entretenir avec le président Bashar al-Assad, a rapporté dimanche l’agence SANA.

Les trois dirigeants doivent discuter des dernières évolutions dans la région dans le but de renforcer les relations entre les trois pays. Les entretiens concerneront également la crise politique au Liban.

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, en visite en Irak, rejoindra son Premier ministre à Damas et rencontrera les responsables de la Syrie et du Qatar, selon la même source.

Mohammed Larbi (El Watan)

Cinemed 2010 : Agusti Vila, Antigone d’or pour La Mosquitera

poticheCinemed s’est conclu cette année samedi, avec un jour de moins que les éditions précédentes. Au programme de la soirée de clôture, les spectateurs ont pu assister en avant-première à la projection du dernier film de François Ozon, Potiche*. Une comédie franchouillarde bien écrite qui inscrit son intrigue autour des enjeux de domination sociale des notables de province dans les années 70. Porté par le trio Deneuve, Luchini, Depardieu le film est tiré d’une pièce de Barillet et Grédy, deux auteurs qui firent naguère le bonheur du théâtre de boulevard. A grand renfort de clichés, Potiche aborde la question de la liberté de la femme bourgeoise. En arrière plan de cette auto-émancipation s’inscrit la transformation de la société française à travers la mue du clivage gauche-droite vers la social-démocratie bon teint. Ozon signe un film plaisant a regarder, mais qui laisse un peu sur notre faim. La réactualisation recherchée par le réalisateur pèche par son manque d’idée neuve.

la-mosquiteraUn peu plus tôt dans la soirée, le mystère s’était levé dans une salle un peu clairsemée mais enthousiaste lors de la cérémonie du Palmarès. Le jury du 32e Cinemed a attribué cette année l’Antigone d’Or au film La Mosquitera, second long métrage du réalisateur catalan Agusti Vila. Un film dramatique portant sur les relations troublées au sein d’une famille aisée, à travers plusieurs générations, avec Géraldine Chaplin. « C’est une comédie noire, cruelle, d’une grande intelligence qui nous dérange beaucoup… et nous avons beaucoup aimé être dérangés ! », a fait savoir le jury sur les motivations de son choix, en attribuant également une mention spéciale au film marocain La Mosquée de Douad Aoual-Syad.

Un festival équilibré

cinemed2010_afficheUne nouvelle fois, le Cinemed 2010 s’est révélé fécond en découvertes. Comme l’ont souligné beaucoup de réalisateurs présents cette année, c’est un festival unique en son genre qui est devenu incontournable de part sa capacité à faire écho aux expressions cinématographiques du bassin méditerranéen. On a pu observer un rétrécissement de la diversité des nations et des invités représentés, au profit des film français, italiens et espagnols et de leurs protagonistes, mais le nombre total de films projetés est resté sensiblement le même. Dans l’ensemble la qualité des films était au rendez-vous. L’esprit du festival auquel sont très attachés les Montpelliérains, suppose que la qualité demeure un critère central de la programmation sans se substituer pour autant à la diversité culturelle et à la mise en perspective des chefs-d’œuvre du cinéma.

En même temps, comme le défend le président Henri Talvat, « il ne faut pas s’enfermer dans une impasse en reprogrammant toujours les mêmes films. C’est très important de s’ouvrir à de nouvelles propositions. » D’où l’importance de la compétition et du panorama en sélection officielle. Par ailleurs, on note depuis quelques années, une présence accrue des professionnels du cinéma à Montpellier ce qui facilite la qualité de la programmation comme des rencontres proposées et favorise, pour les réalisateurs, les possibilités de se faire distribuer. La collaboration étroite et la confiance mutuelle entre le Président Talvat et le Directeur Jean-François Bourgeot assurent ce bon équilibre. Une stabilité nécessaire pour l’avenir du festival jusqu’ici soutenu par le défunt président de l’Agglo.

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Festival, Cinemed 2010, Salvadori : l’émotion complexe des vrais mensonges, Avédikian Palme d’Or pour Chienne de Vie, Draquila, l’Italie qui tremble, Ligne éditoriale, Cinemed 2009 , Cinemed 2008, Rencontre Pierre Pitiot “sont méditerranéens ceux qui ont envie de l’être, Cinéma , Languedoc-Roussillon Cinéma,

Le modernisme de Marco le subversif…

 

Marco Ferreri : Dillinger est mort

Rencontre Cinemed : Pour évoquer Marco Ferreri, Noël Simsolo révèle d’autres facettes du réalisateur.

Réalisateur, comédien, scénariste, historien du cinéma et auteur de roman noir, Noël Simsolo est l’invité du Cinemed. L’homme aux yeux doux et espiègles arbore un joli plâtre au bras gauche. Il participait hier à une table ronde dans le cadre de l’hommage rendu à Marco Ferreri qu’il a bien connu en tant qu’acteur et scénariste.

 

Noël Simsolo

Noël Simsolo

 Né en 1944, Noël Simsolo a collaboré avec les grands noms du cinéma français, Eustache, Chabrol, Vecchialli, Godard, Tavernier…  » Je viens d’appeler Mocky avec qui je dois bientôt tourner pour lui dire que j’avais le bras dans le plâtre. Il m’a répondu : très bien je n’aurais pas à t’en mettre un.  » Un certain esprit de répartie qu’affectionne particulièrement Simsolo.  » Ferreri était un peu comme ça, il captait les idées au vol. Il disait : je suis dans la rue. Je vois deux hommes qui se parlent, puis se disputent, ça me suffit pour en faire un film.  » C’est ainsi que naissent des chefs d’œuvre connus comme La Grande Bouffe. Présenté dans la sélection française à Cannes en 1973, le film fait scandale. Avec un goût certain de la provocation, le réalisateur milanais signe des films moins connus, mais tout aussi hallucinant, comme Touche pas à la femme blanche (1974).  » Dans l’appartement que lui avait prêté Piccoli, Marco faisait des concours de pâtes, avec Tavernier et Mocky et après ils regardaient des films. C’est ainsi que lui est venue l’idée de faire un film sur des gens qui meurent en mangeant. Pour Touche pas à la femme blanche, il voulait faire un film différent. Il a vu ce trou des Halls, ça lui a donné envie de faire un western dans une époque contemporaine.  » Le film où l’on voit Custer (Mastroianni) et Buffalo Bill (Piccoli) débarquer dans le Paris des années 7O pour karchériser les Indiens traverse les âges sans en pâtir, ce qui témoigne de sa modernité.  »  Ces Indiens que l’on veut faire disparaître, c’est une parabole pour parler des algériens. Aujourd’hui cela peut très bien s’appliquer aux Roms « , souligne Noël Simsolo qui s’est fait embarquer dans le tournage alors qu’il était simplement venu dire bonjour.

la-grande-bouffeA propos de la dimension politique de Ferreri, Simsolo met en lumière le réalisme du réalisateur italien.  » Il était de gauche. Mais il restait lucide sur sa condition d’artiste bourgeois. D’ailleurs dans la plupart de ses films ses personnages principaux sont des bourgeois en rupture. Un peu comme Chabrol qui démonte la bourgeoisie de l’intérieur.  » Un réalisme qu’il exprime aussi à travers son style :  » C’était un amis d’Antonioni, de Pétri, de Rossellini et de Pasolini avec qui il entretenait une relation plus complexe, mais au niveau stylistique il est plus proche de l’éthologie de Godard dans son approche des motivations comportementales humaines. Il s’intéressait à la petitesse du désespoir. On l’a pris pour un comique, mais ce n’est pas ça. Il allait jusqu’au bout. A quel moment on met une balle dans le revolver et on tue sa femme comme dans Dillinger est mort. » Comme tous les grands réalisateurs modernes et subversifs, Ferreri n’a pas d’héritier même si certains cinéastes comme Mocky poursuivent leur chemin dans la même veine.  » Ferreri était un moraliste pessimiste, pense Simsolo, Mais les pessimistes, on le voit actuellement avec les mouvements sociaux, sont les seuls à agir. Tout le monde savait que le gouvernement ne reculerait pas sur les retraites, les optimistes pensent que tout est pourri et qu’il n’y a rien à faire. Les pessimistes y vont quand même, ce sont les seuls qui ont de l’espoir. L’avenir leur appartient. « 

Jean-Marie Dinh

Angoisse

 Journée Dario Argento 

Dario Argento

Dario Argento

Aujourd’hui un hommage est rendu au Maître du thriller italien, Dario Argento qui a présenté hier le film de Sergio Léone Il était une fois dans l’Ouest auquel il est associé en temps que scénariste. On retient de ce réalisateur sa période dite des années surnaturelles avec Suspiria, sorti en 1977, qui est un thriller surnaturel extrêmement violent considéré par beaucoup comme son meilleur film. Libéré des contraintes du format plus conventionnel, Suspiria est un essai irréel où l’histoire et les personnages ont moins d’importance que le son ou l’image. Argento avait prévu que ce film serait le premier opus d’un trilogie sur les trois mères (Mater suspiriarum, Mater tenebrarum et Mater lachrimarum), trois anciennes sorcières vivant dans 3 villes modernes différentes. Le second volet fut Inferno en 1980, va encore plus loin dans l’art pur. La trilogie des trois mères est aujourd’hui achevée grâce au troisième opus sorti en Italie le 2007 intitulé la troisième mère que l’on pourra voir ce soir à 21h suivi de quatre autres de ses films lors de Une nuit d’enfer au Centre Rabelais. A noter également une table ronde en présence du réalisateur à 17h espace Joffre au Corum.