Dette américaine: que peut-il se passer ?

Et si la première puissance mondiale ne pouvait plus payer ses dettes? Le scénario paraît de moins en moins invraisemblable, à l’approche du 2 août. Au-delà de cette date, les Etats-Unis ne pourront plus faire face à leurs obligations financières. Ils sont coincés par le plafond de la dette, fixé par la loi à 14.294 milliards de dollars (9950 milliards d’euros). Voilà déjà deux mois qu’ils l’ont dépassé et qu’ils puisent dans les réserves pour financer les dépenses publiques et rembourser leurs créanciers.

Le plafond doit être relevé, mais républicains et démocrates s’écharpent sur le calendrier et sur le plan de réduction des déficits qui doit accompagner le relèvement du plafond.

A quelques jours de la date limite, passage en revue des différents scénarios possible.

Scénario républicain versus scénario démocrate

Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, plaident pour un premier relèvement de 1000 milliards de dollars d’ici au 2 août, puis un nouveau relèvement début 2012… en pleine campagne pour l’élection présidentielle américaine. Une façon, donc, de garder un moyen de pression et de s’assurer que des coupes seront faites, d’ici là, dans les dépenses publiques. Les démocrates, qui tiennent le Sénat, militent pour un relèvement qui permette de tenir jusqu’en 2013. Ce que rejettent les républicains, y voyant un «chèque en blanc» adressé à Barack Obama, candidat à sa réélection.

(Infographie IDE)

Le plan de réduction des déficits est un autre point d’accroche. Les républicains plaident pour des coupes massives dans les dépenses publiques, notamment dans les programmes sociaux. Et rejettent toute hausse d’impôt qui réclament les démocrates. Ces derniers, via le Sénat, ont présenté un autre plan : il prévoit 2700 milliards de dollars de réductions, tout en sauvegardant les grands programmes sociaux.

A l’heure actuelle, aucun compromis ne se dessine entre les deux camps.

Le forcing d’Obama

Jason Reed / Reuters

La Constitution américaine autorise le président à relever d’autorité le plafond de la dette, sans passer par un vote du Congrès. Un procédé «tentant», a plaisanté Obama lundi, mais «ce n’est pas la façon dont marche notre système, ce n’est pas ainsi que fonctionne notre démocratie», a-t-il ajouté. Cela le mettrait surtout en position d’assumer tout seul la décision.

Le défaut de paiement, scénario-catastrophe?

Le Trésor américain estime que le 2 août, le pays sera en défaut de paiement, c’est-à-dire qu’il ne pourra plus faire face à ses dépenses et rembourser ses créanciers.

Le défaut peut entraîner, d’une part, ce qu’on appelle un «governement shutdown», une situation où les autorités fédérales arrêtent toute dépense, sauf les essentielles (urgences médicales, armée, etc.). Ça s’est déjà produit en 1995-96: l’administration Clinton, dont le budget avait été retoqué par le Congrès, avait fermé plusieurs établissements et gelé des salaires de fonctionnaires. La Maison Blanche a reconnu mercredi être en train d’élaborer ses priorités, en cas d’absence d’accord d’ici au 2 août. A savoir qui sera payé et qui ne le sera pas, après la date fatidique. Autant de décisions qui pourraient avoir des répercussions négatives sur l’économie du pays.

D’autre part, sans accord, les Etats-Unis se retrouveraient dans l’incapacité de rembourser leurs créanciers: tous ceux qui, sur le marché des obligations, ont acheté des bons du Trésor américains, considérés comme des investissements sûrs, faciles à échanger au besoin. Et dans cette histoire, tout le monde est mouillé. Les banques américaines (1660 milliards de dollars en juin) et la Chine en tête (1160 milliards en mai). Mais aussi les ménages, les fonds de pension et autres investisseurs privés, les banques centrales asiatiques, russe, arabes, française, etc. En cas de défaut, les créanciers des Etats-Unis seraient amenés à déprécier ces avoirs. Certains, des fonds d’investissement par exemple, pourraient même faire faillite.

Principaux pays créanciers des Etats-Unis (cliquer sur l’image pour agrandir)

(Infographie IDE)

«Personne ne sait ce qui se passera si la première économie du monde cesse du jour au lendemain de payer les intérêts de sa dette. Cela n’est jamais arrivé. Cela mettrait sens dessus-dessous l’économie mondiale», a prévenu Klaus Regling, le chef du FESF, le Fonds de secours mis en place par la zone euro pour ses membres en difficulté. «Si nous faisons défaut le 2 août, cela ressemblera à ce qui s’est passé lors de la chute de Lehman, mais avec des stéroïdes. Ce sera une apocalypse financière», a lancé l’économiste Larry Summers lors d’une conférence. Ce serait «très, très, très grave», répète Christine Lagarde, la directrice du FMI.

Inna Mufteeva, économiste spécialiste des Etats-Unis à Natixis, relativise. Car il y a défaut et défaut, souligne-t-elle: «Un défaut américain, ce ne serait pas le défaut de l’Argentine. Les Etats-Unis restent solvables, car leur bons du Trésor trouvent toujours preneurs. Ils sont bloqués par un problème administratif. C’est un défaut purement technique.» Ainsi, même en cas de défaut de paiement, «les marchés financiers, s’ils sont raisonnables, peuvent considérer que c’est un événement temporaire, et non un vrai défaut», souligne Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE. «Les politiques vont vite comprendre, tranche Mufteeva, et relever le plafond pour au moins pour un mois ou deux».

Enfin, la banque centrale américaine, ainsi que les banques privées, «peuvent encore fournir des liquidités au gouvernement, en l’aidant à pomper à droite à gauche, comme cela se fait depuis deux mois», estime Henri Sterdyniak.

Sur les marchés, le véritable test sera, estime Natixis, le 15 août, échéance d’un «coupon» estimé à 25 milliards d’euros, à rembourser d’un coup. Le 2 août ne serait donc pas un véritable couperet.

Le défaut est jugé peu probable, mais les banques américaines sont en train d’échafauder des plans de secours, au cas où.

Incertitudes et dégradation, le vrai danger

-> Une visualisation des presque 15 milliards de dollars de la dette américaine, sur le site wtfnoway.com.

Le véritable risque, pour l’économie américaine et pour l’économie mondiale, ce serait que les agences de notation dégradent la note de la dette américaine (de AAA à AA+). Les trois grandes agences – Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch – ont déjà menacé de le faire dans les semaines à venir. Pour cause de discorde sur le relèvement du plafond, mais surtout parce qu’elles exigent, à plus long terme, «un plan de réduction crédible et efficace des déficits publics», assène Inna Mufteeva.

Une telle dégradation serait inédite et «se traduirait par une très forte perturbation sur les marchés financiers, une instabilité, une situation tout à fait fragile à l’échelle mondiale», projette Henri Sterdyniak.

Les taux d’intérêt des obligations américaines ne manqueraient pas de s’envoler. Celles-ci perdraient aussi de leur stature, mais «qu’achèteraient les investisseurs, les fonds de pension, à la place de la dette américaine?», questionne Henri Sterdyniak. «Il n’y a pas tellement d’alternative», ajoute Inna Mufteeva.

Le dollar, lui, perdrait de sa valeur par rapport aux autres monnaies. «Va-t-il y avoir un mouvement de panique, les investisseurs vont-ils se défausser massivement de leurs dollars?», s’interroge Dominique Plihon, qui anticipe une baisse du billet vert et une «volatilité sur le marché des changes». «Pas une crise énorme sur le dollar», ni «l’effondrement total du système monétaire international», prédit-il. Mais cette instabilité serait «très embêtante pour la zone euro». «L’euro est la monnaie qui s’apprécierait le plus par rapport au dollar, cela va nuire à la compétitivité de l’Europe», s’inquiète l’économiste.

La réaction des marchés, très dure à prévoir, repose en partie sur celle de la Chine. «Heureusement, souligne Henri Sterdyniak, pour le moment, ils ne paniquent pas.»

-> A voir: les infographies du New York Times.

-> A lire: cette note, sur le blog de Paul Jorion, cet économiste et anthropoloque qui avait anticipé une possible crise des subprimes.

 

Voir aussi : Rubrique Etats-Unis, Obama retrouve les élus du CongrèsObama annonce un plan de réduction de la dette à long termeOui aux cadeaux fiscaux pour les riches non à la  taxe bancaire, La décision de la Fed suscite des critiques de toutes parts, rubrique Finance , Si Pékin cessait d’acheter la dette américaine, Les solutions de sortie de crise se heurtent au vide politique,

Dette : Obama retrouve les élus du Congrès et veut un accord sous dix jours

Pour Barack Obama, c’est une course contre la montre qui s’engage pour parvenir à plafonner l’endettement des Etats-Unis. Le président américain a affirmé qu’il était nécessaire de parvenir dans les dix jours à un accord avec le Congrès sur la dette, faute de quoi l’Etat fédéral ne pourra plus emprunter pour financer son déficit.

Les négociations, destinées à empêcher un défaut de paiement du pays, doivent reprendre ce lundi 11 juillet avec les parlementaires. Le président américain a prévu de tenir une conférence de presse à 11 heures (15 heures heure de Paris). Il a précisé que les discussions porteront « sur les efforts en cours pour trouver une approche équilibrée à la réduction du déficit », a dit un conseiller de la présidence.

Les discussions ont débuté dimanche à la Maison-Blanche et ont duré environ soixante-quinze minutes en présence des principaux chefs de file du Congrès, ses alliés démocrates contrôlant le Sénat comme ses adversaires républicains majoritaires à la Chambre des représentants. Aucune information n’en a filtré dans l’immédiat.

DÉFAUT TECHNIQUE SUR LA DETTE

Le département du Trésor a prévenu que ses capacités d’emprunt seraient épuisées à la date du 2 août, et les Etats-Unis risquent de se trouver dans une situation de défaut technique sur leur dette. Le plafond actuel est fixé à 14 300 milliards de dollars et les républicains rechignent à le relever sans, en contrepartie, d’importantes réductions des dépenses publiques. Or, l’endettement des Etats-Unis a atteint la somme record de 14 294 milliards de dollars et continue de gonfler au rythme du déficit budgétaire, qui doit s’afficher cette année à 1 600 milliards.

Des responsables du Trésor et des économistes ont exliqué qu’à défaut d’un accord avant le 2 août, les Etats-Unis risqueraient de connaître une nouvelle récession. L’exécutif a toutefois prévenu qu’un accord serait nécessaire avant le 22 juillet pour permettre à la procédure législative de parvenir à son terme.

OPPOSITION ENTRE DÉMOCRATES ET RÉPUBLICAINS

Tentant de parvenir à un compromis, l’administration Obama a proposé en avril de réduire le déficit de 4 000 milliards de dollars sur dix ans en combinant réduction des dépenses et hausse des impôts.

Mais dans un communiqué diffusé samedi soir, le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, a rejeté cette proposition. « En dépit des efforts de bonne foi pour trouver un socle commun, la Maison-Blanche ne cherchera pas à obtenir un accord plus grand de réduction de la dette sans des hausses d’impôts. Je crois que la meilleure approche pourrait être de se concentrer sur une mesure plus limitée », a-t-il dit. Cela signifie un retour à un projet précédent de réduction du déficit limité à 2 400 milliards de dollars sur dix ans.

Les élus républicains sont en effet opposés à un relèvement des impôts dans le cadre d’un accord budgétaire. Ils demandent en outre une réduction des prestations sociales versées dans le cadre du Medicare, du Medicaid et de la sécurité sociale. Mais les démocrates refusent de réduire les dépenses sociales et plaident au contraire pour un relèvement des impôts sur les plus riches.

« MOMENT GRAVE »

Invité dans l’émission « Meet the Press », le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a estimé que le pays connaît « un moment grave » et qu’Obama et les démocrates vont tenter de trouver « l’accord le plus large possible ». Il a prévenu que l’absence d’un compromis pourrait provoquer des « dégâts catastrophiques » pour l’économie américaine.

Pour Christine Lagarde, nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), un défaut technique des Etats-Unis aurait des répercussions mondiales. « Si vous déroulez tout le scénario d’un défaut technique, oui, bien sûr, vous avez tout cela, une hausse des taux d’intérêt et des conséquences vraiment graves sur les marchés », a dit l’ancienne ministre de l’économie française dans l’émission « This Week » sur ABC.

Le Monde AFP et Reuter

Voir aussi : Rubrique Etats-Unis, Dette Américaine : les scénarios, Obama annonce un plan de réduction de la dette à long termeOui aux cadeaux fiscaux pour les riches non à la  taxe bancaire, rubrique Finance , rubrique Actualité France L’impunité économique s’accroît,

Le Parlement débattra mardi de l’intervention française en Libye

Le Parlement doit se prononcer mardi sur la poursuite de la participation française à l’opération militaire de l’Otan en Libye, dont l’issue reste très incertaine quatre mois après le début des frappes aériennes.

Cette consultation est rendue obligatoire par la réforme institutionnelle de 2008, qui stipule que toute opération militaire engagée par l’exécutif doit faire l’objet d’un débat assorti d’un vote si elle n’est pas terminée au bout de quatre mois.

Peu de surprises en vue, puisque UMP et PS considèrent l’opération contre les forces du colonel Mouammar Kadhafi légitime dans le cadre de la résolution 1973 de l’ONU et devraient voter sa prolongation.

L’opération a débuté le 19 mars à l’initiative de Paris et Londres. Mais quatre mois plus tard, la coalition multinationale passée sous commandement de l’Otan peine à trouver une issue, notamment à se débarrasser de Kadhafi, qui continue de narguer la communauté internationale et bloque toute solution politique. «La question n’est pas de savoir s’il doit quitter le pouvoir, mais comment et quand», martèle le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Si quatre mois de frappes aériennes ont considérablement réduit le potentiel militaire libyen et permis aux insurgés de ne pas être balayés, l’absence de troupes de la coalition au sol prolonge la durée des opérations. «Les forces du colonel Kadhafi sont affaiblies. L’attrition (leur épuisement) est lente, trop lente sans doute, mais elle est régulière. Les gains du Conseil national de transition (CNT) sont réels (…) C’est pour cette raison que la coalition doit poursuivre son effort», a fait valoir le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, le 29 juin devant les députés.

Le coût en débat

L’avancée actuelle des rebelles sur Tripoli à partir des montagnes du sud montre un régime de plus en plus acculé autour de la capitale libyenne. «On voit bien que le régime de Kadhafi est à bout de souffle. Il continue à tenir grâce à quelques fidèles et à ses mercenaires, mais l’issue fait peu de doute. La situation idéale, c’est que cette affaire se termine pendant l’été», estime Axel Poniatowski (Val-d’Oise), le président UMP de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Le coût de l’opération et les conditions de l’engagement français, avec la décision d’envoyer des hélicoptères de combat et le largage en juin d’armes aux rebelles libyens, devraient être au coeur du débat à l’Assemblée puis au Sénat.

Pour le budget de l’Etat, le surcoût, selon l’amiral Guillaud, «peut être décomposé en deux parties : la première représente 100 millions d’euros et la deuxième, qui correspond au maintien en condition opérationnelle (MCO) de nos matériels, ne peut être chiffrée qu’a posteriori. On peut néanmoins l’estimer à 60 millions d’euros». Ce chiffre de 160 milliards d’euros est confirmé dans le JDD par la ministre du Budget, Valérie Pécresse. Elle estime qu’au regard du «budget de la Défense, qui est de 40 milliards d’euros» le pays «peut l’absorber».

A gauche, les députés PS soutiennent la poursuite des opérations. «Aujourd’hui», y renoncer, «serait permettre à Kadhafi de regagner le terrain perdu», estime Bernard Cazeneuve (PS) de la Commission de la Défense. Il n’entend pas moins être «très critique sur certains aspects», comme la coordination au sein de l’Otan.

Droite et gauche réclament par ailleurs une issue politique. «Nous demandons qu’on rende lisible très rapidement la suite de l’opération en créant les conditions d’une issue politique», souligne Cazeneuve. Axel Poniatowski juge, lui, «souhaitable que puisse être trouvée le plus rapidement possible une solution s’agissant de la famille Kadhafi».

AFP

Voir aussi : Rubrique Libye, rubrique Politique international

Obama dévoile un plan d’aide économique pour aider les pays arabes à se démocratiser

Le président Barack Obama va dévoiler jeudi un plan d’aide économique de plusieurs milliards de dollars pour encourager les pays arabes à se démocratiser, sur le modèle de l’Europe de l’Est après la Guerre froide, ont annoncé mercredi des responsables américains.

Ce plan, initialement destiné à l’Egypte et à la Tunisie, cherchera à inciter d’autres pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, théâtres de révoltes populaires depuis le début de l’année, à entreprendre des réformes démocratiques, selon ces responsables s’exprimant sous couvert de l’anonymat. M. Obama présentera cette nouvelle initiative lors d’un discours destiné à embrasser d’une stratégie commune la vague de manifestations pour la démocratie qui a ébranlé voire renversé plus d’une demi-douzaine de régimes autocratiques dans la région ces cinq derniers mois.

Selon un des responsables, l’idée est de s’inspirer « de certaines des mesures couronnées de succès en Europe de l’Est » dans la foulée de la chute du Rideau de fer.
« Ils s’agit du début d’un effort de longue haleine », a assuré ce responsable. Selon lui, l’Egypte et la Tunisie, où des manifestations de masse ont eu raison d’autocrates au pouvoir depuis des décennies, seront les premières bénéficiaires de cette initiative. « Nous espérons que d’autres transitions démocratiques suivront dans les années à venir », a-t-il expliqué.

Le plan de M. Obama appellera à étendre l’action de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), qui a soutenu les anciennes démocraties populaires d’Europe de l’Est ces 20 dernières années, afin de stimuler le développement de la démocratie dans le monde arabe. La soixantaine de pays actionnaires de la Berd se réunissent justement vendredi et samedi au Kazakhstan pour examiner un projet d’extension de ses activités à l’Afrique du Nord.

Washington oeuvrera aussi à développer des incitations à la démocratisation dans le monde arabe, de concert avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement, ont promis ces responsables.
L’idée de cette stratégie, qui s’oppose notablement à celle de l’imposition d’une démocratie par intervention armée, comme la précédente administration républicaine de George W. Bush en avait formulé l’ambition en Irak, est de répondre à l’une des causes évoquées par les manifestants dans le monde arabe, la stagnation économique et le manque de perspective pour les jeunes.

Il s’agit également d’améliorer la gouvernance économique dans des pays qui « ne sont pas tellement liés les uns aux autres, ni intégrés à l’économie mondiale », restreignant leurs potentiels de croissance, a souligné l’un des responsables.
La Maison Blanche a estimé ces derniers jours que les révoltes qui agitent encore aujourd’hui la Syrie, le Yémen ou la Libye recelaient des « opportunités » pour la région. Mais elle a aussi brandi le bâton en imposant mercredi de nouvelles sanctions au régime syrien pour sa répression sanglante des manifestations.

M. Obama, dans ce discours au département d’Etat à Washington à partir de 11H40 (15H40 GMT), devra concilier soutien aux « droits universels » des manifestants et ménagement de régimes alliés à Washington, en particulier les monarchies du Golfe.
Le président devrait aussi évoquer la mort d’Oussama Ben Laden le 2 mai dans un raid américain au Pakistan, alors que l’administration souligne que les manifestations pour la démocratie signent l’échec d’Al-Qaïda.

Les observateurs doutent toutefois que M. Obama présente jeudi une nouvelle initiative pour débloquer le processus de paix au Proche-Orient, vu de récents développements tant du côté palestinien qu’israélien.

AFP

Voir aussi : Rubrique Actualité internationale, rubrique Etats-Unis, ObamaRubrique Document,  discours du Caire , rubrique MéditerranéeRepère sur la guerre de Gaza, Livre , Edward Saïd la question de Palestine, Histoire Accords de Camp David,

Crise grecque : l’Europe libérale s’inquiète

Des experts de l’Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne sont arrivés mardi à Athènes pour examiner les comptes de la Grèce toujours sous la pression des marchés alors qu’un nouveau plan de sauvetage est envisagé.

La « troïka », comme les Grecs appellent ces experts de la Commission et de la Banque centrale européennes, ainsi que du FMI, doit évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du plan de redressement des finances grecques instauré il y a un an après une première crise grave, mais qui marque le pas et a aggravé la récession. Devant l’ampleur des difficultés rencontrées par le pays, dont la dette doit dépasser 150% du PIB en 2011, les Européens n’excluent pas un nouveau soutien au pays. D’autant plus que l’envolée des taux grecs sur les marchés d’obligations, au-dessus du taux prohibitif de 15%, présage pour le moment de l’incapacité d’Athènes à revenir sur les marchés en 2012, comme le gouvernement grec et les institutions internationales l’avaient initialement prévu.

Pour emprunter mardi 1,625 milliard d’euros à six mois, la Grèce a ainsi dû se soumettre mardi à un taux de 4,88%, en légère hausse par rapport à celui qu’elle avait obtenu lors de la dernière émission similaire d’obligations le 8 mars, à 4,75%. L’émission a toutefois été sursouscrite plus de trois fois. La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré mardi attendre « les résultats » de la mission de la troïka avant de tirer des conclusions sur l’éventualité d’un nouveau plan de sauvetage.Pour sa part, le Premier ministre grec, Georges Papandreou, s’est prévalu du « soutien d’une grande majorité des Grecs » pour faire part, au cours d’une rencontre avec le chef de l’Etat, Carolos Papoulias, de sa « détermination à poursuivre les grands changements » en chantier.

Les experts de l’UE, du FMI et de la BCE doivent rester à Athènes au moins une semaine et doivent s’entretenir entre autres à partir de mercredi avec les ministres des Finances, Georges Papaconstantinou, de la Santé, Andreas Loverdos, et de l’Emploi, Louka Katseli. Cette expertise, précédée d’une première mission technique d’experts la semaine dernière, intervient avant le versement début juin de la cinquième tranche du prêt accordé au pays en 2010 d’un montant total de 110 milliards d’euros.

Le quotidien financier grec Naftemporiki titrait ainsi mardi sur « l’option d’un nouveau prêt accompagné de nouvelles mesures » tandis qu’Eleftherotypia (gauche) parlait d' »un nouveau prêt de 50 à 60 milliards d’euros ». Le chef économiste de la BCE Jürgen Stark a estimé mardi que l’aide à la Grèce n’était « pas un puits sans fond » et que le pays « n’était pas insolvable », dans un entretien à une radio régionale allemande.

Quant à une restructuration de la dette souveraine grecque, le gouvernement grec ainsi que l’UE et la BCE, elle-même détentrice d’obligations publiques émises par Athènes, rejettent catégoriquement une telle éventualité. Bini Smaghi, membre du directoire de la BCE, a indiqué dans un entretien paru mardi dans le journal italien La Stampa, qu’une telle opération ferait s’écrouler l’économie du pays et aurait un impact sur l’ensemble de la zone euro, y compris sur l’Allemagne. Cela n’a pas empêché l’agence de notation Standard & Poor’s d’abaisser à nouveau lundi la note de la Grèce, en invoquant, à la suite de la révision à la hausse du déficit public du pays et dans la perspective d’un nouveau soutien européen, le risque croissant d’une restructuration.

Déplorant la « cacophonie » prévalant actuellement à l’étranger sur le sort du pays, M. Papandreou a aussi appelé les Grecs à faire preuve de sang-froid face « aux nombreux scénarios ».

AFP (10/05/11)

Dans la presse européenne

Les ministres des Finances de plusieurs Etats membres de la zone euro ont tenu une réunion secrète vendredi 6 mai à Luxembourg pour évoquer l’assainissement du budget grec. Le pays pourrait nécessiter à l’avenir davantage d’aides financières de l’UE. Athènes ne pourra pas s’en sortir seule, estime la presse qui juge erronée une éventuelle exclusion du pays de l’Union monétaire.

Tiroler Tageszeitung – Autriche

Après la rencontre secrète des représentants des grands pays de la zone euro vendredi dernier, le quotidien Tiroler Tageszeitung critique la communication opaque de l’Union et estime que l’exclusion du pays de l’Union n’est pas une bonne idée : « Avec une telle politique d’information, les ragots fusent de toutes parts et il n’est guère étonnant que l’on évoque même une sortie de la Grèce de la zone euro. … Le fait est que la Grèce n’a jamais été prête à adhérer à l’Union financière et qu’elle n’est parvenue à introduire l’euro qu’au moyen de folles combines financières. Cela montre une fois de plus que les contrôles et les droits d’intervention sont insuffisants dans l’UE. Aujourd’hui, la Grèce est pratiquement en situation d’insolvabilité et ne pourra éviter la faillite qu’avec les milliards de l’UE. Le caractère légal d’une éventuelle exclusion de la zone euro est sujet à controverse. En pratique, cela reviendrait à un hara-kiri économique qui plongerait les Grecs dans un chaos encore plus grand. La confiance des marchés financiers est déjà proche de zéro actuellement. » (08.05.2011)

De Tijd – Belgique

Les discussions secrètes sur la crise de la dette de la Grèce montrent que le pays ne parviendra pas à surmonter seul la crise, estime le journal économique De Tijd : « Il est grand temps que Bruxelles et Francfort admettent que leur programme d’urgence pour la Grèce et l’Irlande ne résoudra pas le nœud du problème. L’Irlande et la Grèce n’ont pas un problème de liquidités, mais un problème de solvabilité. Dans les prochaines années, Athènes et Dublin ne pourront jamais soutirer suffisamment à leurs contribuables pour rembourser leurs dettes. Et dans un futur pas si lointain viendra certainement un moment où les citoyens grecs et irlandais en auront assez de ce travail de Sisyphe. … Un qualificatif qui résume aussi parfaitement le cœur du problème grec – et irlandais. … Une dette publique écrasante et une position concurrentielle catastrophique. … Les Grecs et les Irlandais ne parviendront jamais à résorber d’eux-mêmes leurs dettes publiques et bancaires. » (09.05.2011)

Die Welt – Allemagne

La crise de la dette de la Grèce et du Portugal coûtera beaucoup d’argent au contribuable européen et pourrait entraîner l’effondrement de l’euro, estime le quotidien conservateur Die Welt : « Il n’est pas donc pas étonnant qu’aucun politique responsable ne veuille risquer une telle chose. Mais cela ne durera pas éternellement. Si les Grecs et les Portugais ne maîtrisent pas leurs problèmes avec l’aide de l’UE, il n’y a que peu d’alternatives : soit les contribuables nord-européens, par crainte pour leur propre prospérité, proposent leurs milliards aux pays pauvres du sud, soit des mouvements comme les Vrais Finlandais font en sorte que l’UE ferme sa manne financière et contraignent ces Etats à sortir de l’UE. Ces deux alternatives coûteront des milliards aux contribuables européens. La politique européenne devra se montrer sage et patiente si elle veut surmonter cette crise. » (09.05.2011)

Il Sole 24 Ore – Italie

Par sa position ambiguë concernant le sauvetage de la Grèce, la chancelière allemande Angela Merkel augmente la pression sur le pays fortement endetté, estime le journal économique Il Sole 24 Ore : « L’Europe est une nouvelle fois l’otage de la politique intérieure allemande. … Les uns menacent de rejeter les aides de l’UE, les autres évoquent une restructuration de la dette. La chancelière allemande Angela Merkel mise sur l’ambivalence. … Cela jette des interrogations préoccupantes sur sa véritable opinion. … Les échéances électorales de cette année et les faiblesses de la majorité libérale-démocrate dans les sondages ne contribuent pas à clarifier les choses. … De nombreux politiques, dont Merkel, savent très bien que ni une restructuration de la dette ni une sortie de la Grèce de la zone euro ne sont des options indiquées. Mais en agitant la menace de telles éventualités, ils espèrent contraindre la Grèce à des efforts plus efficaces dans l’assainissement de son budget. » (08.05.2011)

Euro/topics

 

10 000 personnes dans la rue selon la police

 

Manifestation à Athène le 11 mai 2011

Des milliers de Grecs ont manifesté mercredi, jour de grève générale, contre les mesures d’austérité et les privatisations décidées par le gouvernement socialiste qui cherche à obtenir une nouvelle aide internationale afin d’éviter une restructuration de la dette grecque.

Environ 10.000 personnes selon la police ont battu le pavé à Athènes contre les sacrifices imposés au pays. Les deux compagnies grecques, Olympic Air et Aegean, ont annulé des vols. Les ferries vers les îles sont restés à quai, et les trains en gare. Pour la deuxième fois depuis le début de l’année, les syndicats – GSEE pour le privé, Adedy pour les fonctionnaires ainsi que le front syndical communiste Pame – protestaient contre un durcissement de la cure d’austérité, assorti d’une intensification des privatisations (50 milliards d’euros d’ici 2015), un plan qui est actuellement évalué et discuté avec les représentants des bailleurs de fonds du pays (zone euro et FMI), présents à Athènes.

« Les nouvelles mesures frappent unilatéralement les travailleurs et l’emploi et pas les possédants ni les banquiers, ni tous ceux qui ont fait la crise et en profitent » a déclaré à l’AFP Stathis Anestis, secrétaire général adjoint de la GSEE. « Après un an (d’aide internationale), nous sommes hélas dans une situation pire, le chômage a explosé, les salaires sont au plus bas niveau et le pire c’est qu’il n’y a aucune perspective d’issue, » a-t-il ajouté.

« On veut nous supprimer des acquis sociaux de plusieurs siècles » a renchéri Vangelis Papadoyannis, 46 ans, employé d’Intracom, une société de nouvelles technologies. « Dans mon entreprise, on a eu une vague de licenciements, une centaine en janvier, ils nous ont changé nos conditions de travail, ils nous ont baissé le salaire de 15% et ça continue (…) Ce prêt qui selon le gouvernement devait nous sauver, est allé aux banques », a-t-il regretté. « Non au bradage » indiquaient certaines banderoles critiquant le programme de privatisations qui prévoit d’ouvrir le capital des grands groupes publics (électricité, eau…) afin de réduire la dette, qui a explosé au dessus de 340 milliards d’euros et doit atteindre 152% du PIB d’ici la fin de l’année.

AFP 11/05/11

 

Voir aussi : Rubrique UE, rubrique Grèce, rubrique Finance,