L’Italie : l’avant-garde de la xénophobie

Suite aux actes xénophobes de Rosarno, le quotidien progressiste de gauche El País estime que l’Italie fait, une fois de plus, figure de précurseur : « Cela a souvent été positif, avec la Renaissance par exemple. Mais aussi négatif, avec le fascisme. Ou désormais, avec l’expulsion violente des immigrés de Rosarno après les altercations entre les autochtones et les saisonniers africains. Le rejet de l’autre, la peur de l’étranger ou le racisme n’existent pas uniquement là ou ailleurs. Les partis pro-fascistes, les initiatives xénophobes ou la législation répressive s’étendent de Vic [près de Barcelone] à Copenhague. Mais l’avant-garde italienne, nourrie par un mélange d’affairisme froid et d’idéologies passionnées sur l’exclusion, a produit l’une des législations sur l’immigration les plus restrictives d’Europe, et un manque de protection de l’Etat pour les étrangers. Le pire, c’est justement que l’Etat se retire et laisse un vide qui ne puisse être comblé que par la criminalité. »

Rester mesurés face à la menace du terrorisme

scanner-pro-visionSi la menace d’attentats est réelle, certaines réactions n’en restent pas moins controversées. La presse européenne estime que la sécurité absolue n’existe pas, et qu’il ne sert à rien de collecter des données ou de supprimer les droits des citoyens.Extraits des publications suivantes: Der Standard – Autriche, El Mundo – Espagne, New Statesman – Royaume-Uni

Der Standard – Autriche

Qu’apportent des mesures de sécurité renforcées comme les scanners corporels dans les aéroports, se demande Der Standard : « Même si l’on fait preuve de beaucoup de compréhension en faveur des mesures sécuritaires, il est intéressant de considérer les éléments dont ont été amputés nos droits personnels ces dernières années – et le mutisme croissant qui a gagné leurs défenseurs. En 1997, le flicage informatique et les mises sur écoute clandestines étaient encore considérés pratiquement comme des pratiques scandaleuses. Mais après les attentats du 11 septembre s’est progressivement imposée l’idée selon laquelle quelqu’un qui n’a rien à cacher n’a rien à craindre non plus. Qu’apporte cependant le renforcement des mesures de sécurité hormis d’absurdes collectes de données ? Dans le cas du terroriste nigérian intercepté : rien. Ses parents avaient prévenu les autorités, mais celles-ci cherchaient probablement une aiguille dans une botte de foin. » (08.01.2010)

El Mundo – Espagne

La sécurité absolue n’existe pas face au terrorisme, même si l’on supprime tous les droits des citoyens, estime le quotidien conservateur El Mundo : « Si le monde démocratique se transformait en Etat Big-Brother de type orwellien, ce serait une victoire des fondamentalistes musulmans. C’est aux citoyens d’accepter le fait que ni la sécurité absolue ni le risque zéro ne peuvent exister. C’est ce qu’a montré l’expérience très critiquée menée par la police slovaque il y a quelques jours. Celle-ci avait dissimulé secrètement des explosifs dans la valise d’un de ses compatriotes qui avait pris l’avion pour Dublin, sans que ceux-ci ne soient détectés par les nombreux contrôles. Les Etats-Unis comme les Etats de l’UE doivent renforcer leurs mesures en vue de réduire les risques. La seule chose dont on est sûr, c’est qu’elles resteront insuffisantes tant qu’Al-Qaida ne sera pas complètement vaincu. » (08.01.2010)


New Statesman – Royaume-Uni

La peur du terrorisme est irrationnelle et exagérée, estime Mehdi Hasan dans l’hebdomadaire New Statesman. Il serait préférable de garder la tête froide : « Il n’existe aucun scanner, aucune technologie, aucune mesure de sécurité qui nous protège complètement du terrorisme. Le problème du terrorisme ne peut pas non plus être résolu militairement. Ce dont nous avons besoin, c’est de patience, de persévérance et d’un sens de la perspective historique. Lors de mes rencontres avec les ministres et les fonctionnaires [dans le quartier du gouvernement] à Whiteall, je vois souvent des affiches de la Seconde Guerre mondiale derrière les portes, portant la devise : ‘Keep calm and carry on’ [Rester calme et continuer]. Nos dirigeants devraient se montrer suffisamment sages pour suivre ce conseil, peut-être même l’adopter comme résolution de nouvel an. Rester calme. Continuer. » (08.01.2010)

Processus de paix au Proche-orient : Un plan US avec garanties…

Ce ne serait pas le cas si l’on en croit la presse israélienne qui faisait état, hier, d’un nouveau plan en ce sens, avec garanties, ce qui serait une première. Plus clairement et selon la même source, il s’agit d’un plan visant à régler en deux ans le conflit israélo-palestinien, assorti de garanties pour assurer son succès, a affirmé hier le quotidien israélien Maariv. On sait que question échéance, le Quartette international s’était engagé en 2003 pour la création d’un Etat palestinien en 2005. Une échéance qui n’a jamais été respectée. Quant au nouveau plan US qui n’a pas été confirmé officiellement, il prévoit que les négociations, d’une durée de deux ans au maximum, débutent dans les plus brefs délais et, pour s’assurer du succès de ces discussions, les Etats-Unis adresseraient des lettres de garanties aux Palestiniens dans lesquelles ils s’engageraient à faire respecter la date limite de deux ans. Israël demandera de son côté à Washington de confirmer l’engagement de l’ex-président américain, George W. Bush, stipulant qu’un accord de paix final sera basé sur des échanges territoriaux, ce qui permettrait à Israël de conserver ses grands blocs de colonies en Cisjordanie.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, s’est toutefois prononcé hier contre une date limite aux pourparlers de paix. « Il n’est pas possible de parvenir à un accord sur les frontières définitives en neuf mois et à un accord final en deux ans », a-t-il déclaré à l’issue d’une rencontre avec Tony Blair, l’envoyé spécial du fameux Quartette. Quant au Président palestinien, il s’est contenté hier de dire sa disponibilité à ouvrir des négociations de paix avec Israël, à la condition d’un gel de la colonisation juive dans les territoires palestiniens. « Il n’y a pas d’objection à un retour à la table des négociations ou à la tenue de réunions en principe », a déclaré Mahmoud Abbas à des journalistes à Charm El Cheikh, après un entretien avec le chef de l’Etat égyptien, Hosni Moubarak. La visite du Président palestinien en Egypte fait suite à celle du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, la semaine dernière. Le chef des renseignements égyptiens et le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, doivent se rendre le 8 janvier à Washington pour discuter du processus de paix avec des responsables américains. Le roi Abdallah II de Jordanie s’est également rendu à Charm El Cheikh, hier, pour s’entretenir avec M. Moubarak, selon l’agence officielle Mena. Les deux dirigeants doivent discuter « des efforts en vue de commencer des négociations de paix sérieuses et efficaces entre Israéliens et Palestiniens », a précisé le Palais royal à Amman. Difficile de dire que cette activité accompagne le projet américain, ce qui tendrait à confirmer au moins son existence. Selon le plan américain, le premier sujet sur la table des négociations serait celui des frontières entre Israël et un futur Etat palestinien. Il devrait être bouclé en neuf mois, soit durant la période de moratoire sur la colonisation juive dans les territoires palestiniens annoncée par le gouvernement israélien. Un Etat palestinien serait établi en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, sur la base de la ligne d’armistice en vigueur entre 1949 et 1967, mais des compensations sont prévues sur la base d’échanges territoriaux. Une fois ce premier dossier bouclé, les négociations aborderaient les autres questions liées au statut final : El Qods et le sort des réfugiés de 1948. Les discussions de paix entre les parties ont été suspendues, l’an dernier, dans la foulée de l’offensive israélienne contre la bande de Ghaza (27 décembre 2008-18 janvier 2009). Leur reprise achoppe sur la question de la colonisation israélienne. Les Palestiniens réclament un gel total des implantations avant de retourner à la table des négociations, mais Israël a rejeté cette demande jusque-là. Toujours est-il qu’il n’y a aucune confirmation de quoi que ce soit, l’activité diplomatique n’ayant jamais cessé quant à elle. Mais, sans le moindre impact. Tout juste, dira-t-on, pour entretenir l’espoir d’une solution négociée, mais également suffisant pour accentuer le désespoir des Palestiniens.

El Watan (Algérie)

Voir aussi : rubrique politique internationale Netanyahu torpille toute initiatives de paix

Le rejet du gouvernement de Karzaï n’est pas un hasard

Quelques semaines avant la conférence sur l’Afghanistan de Londres, le pays est toujours dépourvu de véritable gouvernement : le Parlement a rejeté deux tiers des candidats présentés par le président Hamid Karzaï. Ce n’est pas un hasard si Karzaï est victime de la vengeance des députés deux semaines avant son examen international, estime le quotidien progressiste de gauche Frankfurter Rundschau : « Une personne sur deux figurant sur la liste gouvernementale a rendu de grands services à Karzaï lors de la campagne électorale. A l’instar du chef local de Herat, Ismail Khan, qui devait en récompense rester ministre de l’Energie, mais qui a été recalé en compagnie de 16 autres candidats. … Le Parlement entre dans une pause hivernale de 45 jours à partir du 5 janvier. Alors que les députés remettaient Karzaï à sa place, ils sont en même temps restés fidèles à l’échéancier électoral de l’Afghanistan. Malgré tous les doutes des Etats de l’OTAN, des élections législatives doivent avoir lieu le 22 mai. Le coût de ces élections est estimé à plus de 30 millions d’euros, et on ne sait pas encore vraiment qui va financer cette somme. »

Frankfurter Rundschau (Allemagne)

Axel Odelberg : le 11 septembre début d’une nouvelle ère

 

Axel Odelberg

Les attaques terroriste du 11 septembre 2001 supplantent de plus en plus des évènements historiques majeurs comme la fin de la Seconde Guerre mondiale ou la chute du mur de Berlin, estime l’écrivain Axel Odelberg dans le quotidien Svenska Dagbladet : « Le 11 septembre marque de plus en plus nettement le début d’une nouvelle ère. En Afghanistan et en Irak ont lieu actuellement deux guerres qui ont un lien direct avec l’attaque terroriste. Le conflit entre Israël et les Palestiniens, où il a toujours été question de terre et de biens, a pris dans les deux camps les traits de l’extrémisme religieux. … Le 11 septembre a empoisonné l’atmosphère et créé un sentiment de défiance générale à l’égard des musulmans, et ce non seulement parmi les xénophobes notoires, mais aussi parmi des individus tout à fait normaux, ouverts et xénophiles. … Dans les années 1970, les Brigades rouges et Baader-Meinhof ont tenté de créer une situation révolutionnaire en instillant la défiance envers l’Etat démocratique. Ils ont échoué. Osama Ben Laden a connu un succès bien plus important. La défiance envers le monde musulman croît, et par la même, celle des musulmans envers le reste du monde. L’effondrement des tours du World Trade Center fait de plus en plus d’ombre à la chute du mur de Berlin. »

Svenska Dagbladet – ( Suède)