Arab new sound. Sur les chemins de traverse

Orange Blossom

Arabesques Montpellier

Soirée Arabesques, vendredi à l’Amphi d’O qui s’offrait selon l’appellation souvent galvauldée, de faire entendre les nouveaux sons de la scène arabe. Un triple plateau avec le groupe de Casablanca N3RDistan qui chauffe la scène alternant les rythmes entre planant et le rap dur. Le groupe, dont les paroles prônent la liberté et dénoncent l’injustice, donne dans un répertoire très large, un peu trop. Les morceaux s’enchaînent avec de curieuses transitions et une synergie musicale qui mériterait d’être renforcée. Le meilleur surgit dans les morceaux les plus déjantés mais l’ensemble reste un peu déroutant pour se laisser vraiment emporter.

La part two de la soirée, s’avère  plus convaincante avec le retour du groupe nantais Orange Blossom, autour de la chanteuse égyptienne Hend Ahmed dont la voix nous ennivre sur le troisième album. Avec un set live très bien rodé, Orange Blossom démontre qu’il n’est pas un groupe de studio. Autour de Hend Ahmed, le duo mélodique se compose d’un violonceliste punk qui ne tient pas en place, et d’un guitariste un peu approximatif qui semble tout droit sorti de Las Vegas Parano.

Côté rythmique le duo très complémentaire batterie percussion s’avère redoutable. Ca bastone à mort sur des compos ciselées entre rock world et Electro et quand le percu tunisien Imed Alibi rejoint le plateau pour en remettre une couche,  on ne répond plus de rien…

On conclut avec Mashrou’Leila groupe de rock alternatif de Beyrouth qui pratique une musique saturée mais tout en retenue avec un côté provoc minimaliste. Une source originale, pour les bonnes oreilles, sans doute pour échapper à la cynique réalité.

JMDH      

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Alsarrah et Nass el Ghwane

 

Alsarrah l’étoile montante entre Brooklyn et l’Afrique de l’Est.

Alsarrah l’étoile montante entre Brooklyn et l’Afrique de l’Est.

Arabesques. Un double plateau qui conjugue la musique nubienne, le Jazz et la généreuse énergie marocaine.

Arabesques se poursuit avec une floraison de propositions qui font dialoguer les arts du monde arabe.

Une judicieuse rencontre musicale aura lieu samedi 23 mai à l’Amphi d’O avec Alsarah, qualifiée comme « the new star of Nubian pop » par « The Guardian ». Elle vient tout droit de Brooklyn, et puise sa force musicale de son pays natal, le Soudan. Elle s’honore d’ un parcours musical très complet en tant qu’auteur-compositeur et interprète, mais aussi ethnomusicologue. Un parcours qu’elle complète aujourd’hui avec le groupe « The Nubatones ».

Largement influencé par la musique nubienne des années 1960 et 1970, la formation nous propose un son jazzy, très percussif et festif, véritablement contagieux. C’est un premier album que nous offre le groupe entre tradition et renouveau. Alsarah qualifie sa musique de « rétro-pop de l’Afrique de l’Est ».

On ne présente plus le groupe marocain Nass El Ghiwane né à Casa dans les années 70. Leur répertoire est puisé dans le creuset de la culture et la poésie marocaine, mais aussi dans des textes soufis issus de grande figures religieuses. Grâce à leurs paroles engagées et poétiques reflétant les malaises de la jeunesse marocaine de l’époque et à leurs rythmes puissants, joués à l’aide d’instruments traditionnels, Ils ont révolutionné la musique marocaine et maghrébine.

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Le cœur battant d’Arabesques est ouvert

urlFestival. Musique, danse, conte, opéra, expos, action scolaire, débats… Pour ses dix ans, la manifestation montpelliéraine s’impose comme une vitrine des arts du monde arabe tout en restant populaire.

La dixième édition d’Arabesques est ouverte. Fidèle à l’esprit de la première heure, le festival met au centre de l’espace public toutes les expressions artistiques du monde arabe. Jusqu’au 24 mai vont se succéder à Montpellier des trésors de culture en provenance des quatre coins de l’hexagone et de la Méditerranée dans un esprit d’ouverture, d’échange et de rencontres.

Ce dixième anniversaire devrait donner l’occasion  de mesurer le chemin parcouru. « L’idée du festival nous est venue au retour d’une tournée dans le monde arabe où nous avions été frappés par la différence des expressions artistiques », se souvient le directeur de la manifestation, Habib Dechraoui. « L’acte de naissance du festival est issu de la richesse de cette éblouissante diversité. »

Qu’ils interprètent une tradition séculaire ou qu’ils présentent des créations contemporaines, tous les artistes invités par le festival ont toujours fait preuve d’une virtuosité et d’une richesse culturelle insoupçonnables dans un esprit éminemment populaire. La volonté d’accessibilité, comme la volonté de partage pour ambition, constituent assurément les lignes de force d’Arabesques. N’oublions pas que ce festival qui accueille les plus grandes stars du monde est géré par l’Association Uni’sons, dont le siège social est abrité dans le quartier oublié de Montpellier les Hauts de Massane.

Cela fait 15 ans que cette association s’implique avec une exigence sans commune mesure dans l’action culturelle. « On est là pour unir, casser les clichés et donner de l’amour, affirme Habib Dechraoui, Au départ on est allé chercher les femmes qui vivaient enfermées chez elles dans les tours pour discuter dans les écoles des questions d’éducation. Aujourd’hui elles viennent au festival et elles font venir leur mari. Quand je vois des femmes en djellaba danser avec des femmes en jeans, je suis content. A travers l’expression artistique et culturelle, on retrouve cette confrontation partout dans le monde sans qu’aucune partie du corps social ne soit stigmatisée. »

La quatrième pyramide

Cette année, la diva Oum Kalsoum est à l’honneur avec une grande exposition montée en partenariat avec l’Institut du Monde Arabe qui sera visible sur plusieurs lieux en ville. L’hôtel Mercure Centre accueille le volet photographique de l’expo. A la médiathèque Jules-Verne de St-Jean-de-Vedas, on découvre la partie liée à sa discographie. Au théâtre Jean-Claude Carrière du Domaine D’O, à Montpellier, il est question de l’héritage d’Oum Kalsoum. Enfin on retrouvera les costumes de la grande dame dans le hall de l’Opéra Comédie.

Deux concerts s’y tiendront dimanche et lundi  avec la présence exceptionnelle de l’Opéra du Caire qui maintient l’héritage en perpétuant le répertoire Oum Kalsoum tous les 1er jeudis du mois dans la capitale égyptienne. « Lors de ces concerts, Oum Kalsoum suspendait littéralement le temps dans l’ensemble du monde arabe. Tout le monde s’arrêtait pour l’écouter à la radio, explique Habib Dechraoui. Proche de Nasser, féministe de la première heure, Oum Kalsoum a incarné l’unité du monde arabe. Les plus grands poètes du monde arabe lui faisaient parvenir leurs textes. » Une table ronde animée par le journaliste Rabah Mezouane lui sera consacrée.

Que l’on soit athés, musulmans ou chrétiens, d’ici ou de là-bas, chacun peut profiter de ce grand festival. L’heure de la maturité donne l’occasion de saluer les choix politiques et culturels qui président à la pérennité de cette manifestation.

 JMDH

Jusqu’au 24 mai, Arabesques œuvre pour la mémoire et fait vibrer les aspirations artistiques d’aujourd’hui. photos dr

Source : La Marseillaise 14/.05/2015

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Festival Voix de la Méditerranée. Plume poétique sous le plomb de l’austérité

downloadFestival. A Lodève, la mobilisation pour les Voix de la Méditerranée ne désarme pas. La voilure de l’événement devrait se réduire avec l’espoir que le vent vienne.

Rarement une ville de moins de 10 000 habitants aura fait une telle place à la poésie. Cette fenêtre ouverte sur les cultures méditerranéennes dans l’esprit d’un vivre ensemble participatif semble avoir atteint ses objectifs auprès des citoyens comme au sein des différentes appartenances culturelles présentes sur le territoire.

Depuis mi-janvier, date à laquelle la Communauté de communes du Lodèvois-Larzac préconisait un gel de l’organisation, les qualités du festival sont à l’origine d’une mobilisation pour le maintien des Voix de la Méditerranée sur ce territoire. Lancée par l’association Voix amies de la Méditerranée, la pétition de soutien à cet événement singulier a recueilli à ce jour 6 000 signatures.

« L’équipe du festival travaillait depuis plusieurs mois sur le prochain festival, explique la présidente de l’association Danielle Poletti, alors nous nous sommes invités au Conseil communautaire pour en savoir plus et nous avons appris que les élus travaillaient à un projet culturel de substitution. Les poètes coûtent trop cher… »

Les menaces se confirment dans un communiqué daté du 3 février de ladite Communauté de communes : « Oui, la situation est difficile. Oui, les Voix telles que nous les avons connues, n’existeront plus. »

Mais il en faut plus pour désarmer les amis du festival qui organisent des marches dans la ville. « Le festival dispose d’une véritable identité. Durant la manifestation les gens ouvrent leur cour, hébergent des poètes chez eux. Grâce à cet événement des écrivains et des artistes sont venus s’installer aux alentours de Lodève. On est sur une vraie dynamique y compris économique », défend Danielle Poletti.

« En annonçant une subvention de 70 000 euros le président André Vezinhet prend une position de principe pour maintenir une ambition culturelle de qualité sur cette partie du territoire, souligne le vice-président du Conseil général, en charge de la culture Jacques Atlan. Nous souhaitons que le festival se poursuive mais notre contribution sera-t-elle suffisante ? »

Cela, c’est encore difficile de le dire. La Communauté de communes Lodévois et Larzac appuie globalement sa décision sur la baisse des dotations de l’Etat estimée à 1,9 million d’euros sur 3 ans. Durement frappée par les restrictions budgétaires, elle juge indispensable de faire 400 000 euros d’économie en 2015.

« J’ai engagé une démarche auprès de l’Etat et des parlementaires sur cette question car j’estime que nous sommes anormalement impactés par les réductions budgétaires qui passe de 1 million à 150 000 euros, indique la présidente et maire de Lodève Marie-Christine Bousquet :

 » Notre politique culturelle reste un objectif prioritaire mais nous sommes contraints de faire des choix. Dans ce cadre, je me dois de privilégier la dimension structurelle avec la rénovation du Musée de Lodève et la construction d’une médiathèque qui bénéficieront à la population toute l’année. Notre contribution au festival sera réduite. Elle passe cette année de 260 000 à 100 000 euros. Ce qui permettra de maintenir la manifestation mais sous une forme plus modeste. »

On le dit sans odeur il est souvent dévastateur…

JMDH

Source L’Hérault du Jour : 14/02/2015

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Angoulême 2015: «L’arabe du futur» de Sattouf obtient le Fauve d’or du meilleur album

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Tout à Charlie, l’ambiance n’était pas vraiment à la remise de prix au Festival international d’Angoulême, ce dimanche après-midi. Mais les phylactères ne s’arrêtant jamais, elle a finalement eu lieu, avec en ouverture un discours de Fleur Pellerin. Sans surprise, la ministre de la Culture a annoncé qu’il fallait se battre pour la culture, la BD, la liberté d’expression, le dessin de presse, les gens, la vie et les Lumières, mais elle s’est bien gardée de prendre position sur la question de la réforme inquiétante des retraites des auteurs.

La remise des prix a consacré une nouvelle fois Riad Sattouf. Déja récompensé en 2010, il a obtenu le Fauve d’or du meilleur album pour l’Arabe du futur, tome 1 (Allary Editions). Le réalisateur et dessinateur de Charlie Hebdo, notamment, y raconte sa jeunesse, en Libye, en Syrie et en France. Comme toujours avec Riad Sattouf, c’est extrêmement bien raconté, actuel, et souvent drôle. A travers la figure de son père, professeur, il se demande, en creux, qu’est-ce qui a échoué pour que la construction optimiste de «l’arabe du futur» se termine, 35 ans plus tard, en guerres sanglantes.

Pour le jury d’Angoulême, c’est un choix sans risque, porté par l’actualité nationale et internationale, ainsi que par la personnalité médiatique et sympathique de l’auteur. Il y avait, peut-être, dans la sélection, des albums plus intrigants, perturbants, changeant notre manière de voir la BD, comme Panthère de Brech Evens, Calavera de Charles Burns, ou évidemment, Building Stories de Chris Ware. Le récit à tiroirs et multisupports a reçu le prix «Spécial du jury», aka «c’est toi qui méritait le Fauve d’or mais c’est vraiment un peu trop bizarre et compliqué ton truc».

Les vieux fourneaux, Dargaud

Les vieux fourneaux, Dargaud

Le prix du Public a été décerné aux Vieux fourneaux (Dargaud) de Wilfrid Lupano et Paul Caueet, l’histoire amusante et attachante d’un trio de septuagénaires qui se lance dans un dernier road trip sur fond de lutte des classes et vieilles blessures intimes. Très émus, Bastien Vivès, Balak et Mickaël Sanlaville ont reçu le prix de la série pour Lastman.

A signaler, la chouette revue sociale et utopiste Dérive urbaine qui a reçu le prix de la Bd alternative.

Jeudi avait déjà été remis le Grand Prix à Otomo, le créateur d’Akira, ainsi que des prix découvertes pour des jeunes auteurs. Un Grand Prix spécial a été décerné à Charlie Hebdo pour l’ensemble de son œuvre, et, dimanche, dans la foulée, le premier prix de la liberté d’expression a été remis aux dessinateurs assassinés. Le dessinateur Blutch, venu sur scène récupérer le prix, a rappelé que «nous la bourgeoisie éclairée, on a beau marcher en chœur, il s’est passé quelque chose de grave. Le mal est fait. Je m’excuse mes chers collègues, mais il n’y a pas de paradis. Vous êtes tous seuls. Il n’y a que ce que vous faites, que ce que vous dites.»

Quentin Girard

Toutes les récompenses sur le site officiel du festival.  

Source Libération 1/02/2015

Voir aussi : Rubrique Livres, BDEdition, rubrique Festival, Tardi en colère contre le festival d’Angouleme , Angoulême couronne l’Américain Bill Watterson,