Aubry organise un happening féministe contre Frêche

Martine Aubry. Photo Rosereau

Martine Aubry. Photo Rosereau

Lundi 8 mars, la direction du Parti socialiste fera d’une pierre deux coups. Elle célèbrera la Journée de la femme et en fera une journée anti-Frêche. Martine Aubry a finalement choisi cette date pour se rendre à Montpellier afin de soutenir Hélène Mandroux. La première secrétaire ne sera pas seule. L’accompagnera un aréopage de grandes figures féminines du PS : Elisabeth Guigou, Marylise Lebranchu, Adeline Hazan et Aurélie Filippetti, notamment, sont annoncées. En tout, la délégation devrait compter une quinzaine de « pétroleuses » comme dit en souriant l’une des participantes. Point de meeting à l’horizon mais une conférence de presse suivie d’une réunion sen compagnie de femmes de la région ayant décidé de soutenir la maire de Montpellier ». En début d’après-midi chacune repartira vers ses terres, Martine Aubry ayant aussi tenu à participer aux réjouissances liées à la journée de la femme organisées à Lille.

Choisir le féminisme comme angle de tir contre Georges Frêche ; a priori, le positionnement ne manque pas d’habileté. Les « pétroleuses » socialistes venues défier le beauf’ divers-gauche ; l’effet de contraste est tentant. Les mauvaises langues diront que l’argument portera davantage hors Languedoc-Roussillon qu’au sein de la sphère d’influence de Georges Frêche. Et ajouteront, que c’est bien l’effet escompté. En tout cas, les organisateurs-organisatrices de ce happening anti-Frêche découvriront avec intérêt le dernier entretien accordé par le président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, paru dans la livraison de Voici datée du 27 février. Toujours aussi « bon client » pour les médias, Frêche joue sa partition habituelle. Morceaux choisis : « je suis fils unique, c’est pourquoi j’ai besoin d’amour. J’ai été élevé par des femmes (…) : j’aurais du devenir soit homosexuel, soit macho. Je suis devenu macho ». « En m’attaquant, Martine Aubry m’a transformée en icône (…). Elle m’a donnée une aura nationale dont je n’aurais jamais osé rêver (…). Même si elle va tenter encore un coup fourré, je vais me charger de sa réputation après les régionales ». Conclusion de cet entretien : « en fait, le seul regret de ma vie est de chanter faux. Sinon, j’aurais fait carrière dans le lyrique ou dans l’opérette ».

 

Hélène Mandroux

Hélène Mandroux

Sur le terrain, les choses sont moins folkloriques et plus tendues. Les anti-Frêche se plaignent de recevoir des mails nominatifs injurieux et dénoncent le chantage aux subventions exercé à l’encontre de responsables associatifs, contraints de signer des appels publics en faveur du président sortant. Maigre consolation ; un sondage paru la semaine passée accorde 9% à Hélène Mandroux contre 6% la semaine précédente. Dans les rangs Frêchistes, on se compare aux hérétiques Albigeois et l’on dénonce « l’épuration » menée par la rue de Solferino. Chacun des 59 candidats présents sur les listes pro-Frêche a reçu un courte missive lui rappelant l’article 11.19 des statuts du PS concernant « les membres du parti candidats à un poste électif pour lequel les instances du parti ont investi un autre candidat ». « Tu as pris la responsabilité de t’exclure toi-même du Parti socialiste. Tu ne peux donc plus t’en prévaloir, ni utiliser ses logos ou emblèmes » conclut la lettre qui prie le camarade de croire « en l’expression des sentiments distingués » des trois signataires. Qui sont Christophe Borgel, secrétaire national aux élections, Pascale Boistard, secrétaire nationale à l’organisation et Alain Fontanel, secrétaire national à l’animation et au développement des fédérations.

Jean-Michel Normand Le Monde

Voir aussi : Rubrique Politique locale :  Frêche et le serment du Jeu de paumeDémocratie de quartier , Mandroux et le village Gaulois, Le problème frêche : copie à revoir ! ,

 

A quoi joue Gérard Collomb ?

Gérard Collomb était mardi à Montpelier pour soutenir son « ami de vingt ans » Georges Frêche

Dans la course aux élections régionales. Le sénateur-maire de Lyon a pris, une fois de plus, le contre-pied des positions du parti, qui, non content d’avoir exclu le président du conseil régional du Languedoc Roussillon, vient de mettre à pied pour deux ans les 59 colistiers socialistes de Georges Frêche. Et si le parti socialiste joue les pères fouettard, Gérard Collomb préfère lui la voltige. Et ce n’est pas la première fois. Depuis sa sortie d’Octobre 2009 sur le débauchage proposé par Nicolas Sarkozy, Gérard Collomb multiplie les attitudes équivoques auprès de sa propre famille politique. Une posture trop grossière pour être sincèrement naïve.

«Il faudrait que la gauche me déçoive beaucoup pour que j’en vienne à accepter les propositions de Nicolas Sarkozy». Une réponse en forme d’avertissement. Gérard Collomb, invité du plateau de la Matinale le 28 Octobre 2009, laisse peu de place à la tiédeur, quand Caroline Roux, son interlocutrice, évoque, malicieuse, les tentatives de débauchage dont a été l’objet le sénateur-maire de Lyon par l’Élysée. Et de la déception à la dissidence, il n’y a qu’un pas. Un pas franchi, et allègrement par Gérard Collomb, depuis sa réponse sybilline devant les caméras de Canal+.

Cela a commencé par le contre-pied pris par le maire de Lyon suite à la défection surprise de Vincent Peillon pour le débat de Mots Croisés sur France 2, face à Éric Besson, sur la question de l’identité nationale. «J’y serais allé» assurait-il le 18 Janvier, se positionnant déjà à l’inverse du bureau national du PS et de Martine Aubry. Et Gérard Collomb de persister, et signer, lorsqu’il se rend au dîner annuel du CRIF où le ministre de l’immigration est l’invité d’honneur. Jean-Jack Queyranne avait refusé de s’y rendre. Une occasion trop belle pour le sénateur-maire de Lyon de faire voir à nouveau sa différence. Besson et Collomb, socialistes contrariés, chantre de l’ouverture à la Sarkozy pour l’un et poil à gratter du parti pour l’autre, se promettent même un débat ultérieur autour du thème tellement polémique de l’identité nationale.  Alors que penser aujourd’hui du soutien de Gérard Collomb à Georges Frêche ?

S’il nous est vendu comme un soutien du coeur, sa portée est sans doute plus politique qu’il n’y paraît.  Car au jeu des inventaires, cette dernière transgression de Collomb a une saveur plus offensive. Soutenir Georges Frêche, c’est très clairement faire acte de défiance auprès de la direction du parti socialiste. De là à ce que Collomb devienne un nouveau symbole de l’ouverture pour la majorité présidentielle, il y a loin de la coupe aux lèvres. Alors Collomb prépare-t-il réellement le terrain à Dominique Strauss-Kahn, comme le laissent entendre les commentateurs de la politique locale. C’est probable, connaissant l’amitié liant les deux hommes. Mais il reste encore des zones où la maire de Lyon joue double-jeu.

En effet, Gérard Collomb est chargé d’une partie du projet économique du Parti Socialiste pour les Présidentielles de 2010. Il s’agit plus précisément du volet innovation et recherche de la convention nationale du PS sur l’économie. Alors pourquoi s’impliquer dans le futur proche du parti, sur c’est pour piétiner, dès que l’occasion s’en présente, la doctrine et les positions du bureau national ? Une position ambivalente qui donne à réflechir. Et quand Gérard Collomb assure être venu à Montpellier «pour l’apaisement», on l’entend sans doute d’une autre oreille rue de Solférino. Joint ce mercredi matin, le service communication du PS n’a pas souhaité donner suite à notre demande d’interview.  Il faudra pourtant, le moment venu, savoir pour qui roule réellement le maire de Lyon. Sans pour autant jouer les Cassandre, tout laisse à penser que Martine Aubry n’aura pas forcément un allié entre Saône et Rhône dans la course aux élections présidentielles.

Lyon Mag

Voir aussi : Rubrique politique

Médias, banlieue et représentations

emeutebanlieueLa focalisation des médias sur les faits divers violents impose une représentation alarmiste aux conséquences répressives.

Quelles images avons-nous de la banlieue ? Comment vit-on dans ces quartiers difficiles, que s’y passe-t-il ? La série de reportages sur le quartier La Mosson, diffusée prochainement sur France Culture, apporte des éléments de réponse . Par la nature du travail et le temps consacré à l’enquête, c’est aussi une exception qui confirme la règle.

L’approche habituelle de la banlieue relayée par les médias prend le plus souvent des raccourcis pour désigner ces espaces comme un environnement de violence et de délinquance. A partir de faits spectaculaires, courses poursuites, voitures qui flambent… une représentation alarmiste de la jeunesse populaire s’est imposée dans les médias et dans le champ politique.

Le sujet n’est pas nouveau, dans les années 80 l’institutionnalisation du « problème des banlieues » a donné lieu à des politiques conduites dans plusieurs directions, notamment dans l’insertion professionnelle des jeunes, la réhabilitation des quartiers d’habitat dégradé et la prévention de la délinquance. Mais l’objectif de départ n’a pas été atteint. Sur fond de crise, la dégradation du cadre bâti se poursuit, la situation socio-économique des populations ne cesse de se dégrader… Et la prévention de la délinquance a été remplacée par le contrat local de sécurité qui impose sa problématique. Alors que les populations s’enfoncent dans la précarité, les pouvoirs publics instaurent la lutte contre l’insécurité, principalement contre la petite délinquance dans les quartiers pauvres. Tandis que parallèlement, la justice des mineurs s’oriente vers plus de répression.

Sur ce sujet, les discours gouvernementaux et journalistiques s’emboîtent bien souvent. Les reportages produisent une vision dramatisée et les débats glissent de la question de la laïcité à celle de l’immigration érigée en problème d’ordre national. Dans Les médias & la banlieue* la sociologue Julie Sedel s’intéresse au poids particulièrement important des médias sur la vision du monde social qu’ils donnent des plus démunis, sans omettre de signaler que le travail journalistique en banlieue est révélateur des transformations des logiques de production de l’information.

Jean-Marie Dinh

Les médias &la Banlieue, Ina Bdl éditions, 2009

Voir aussi : Rubrique Montpellier Rubrique Politique locale Petit Bard Pergola rénovation urbaine, Rubrique Médias, entretien avec Florence Aubenas , entretien avec Stéphane Bonnefoi Justice Les rois du Petit bard, Délinquance en col Blanc

Tramway Montpellier. De la faillite annoncée à l’os de crapaud

tramway-3Quartier Laissac. Ligne 3 du Tram : les travaux débutent les commerçants s’inquiètent.

Au centre-ville, rue du Faubourg-de-la-Saunerie, la modification du tracé de la ligne 3 est accueillie de manière mitigée par les commerçants. « C’est une bonne chose, explique le gérant de l’enseigne Nicolas, cela va étendre la dynamique commerciale du centre. Les six mois de travaux qui vont nous affecter déboucheront sur une amélioration. Nous avons obtenu une pause de quinze jours durant la meilleure période de l’année en décembre 2010. » Dans le salon de coiffure d’en face, on appréhende la période des travaux. « Nous traversons déjà une période difficile. Franchement, je ne sais pas si je survivrai aux travaux. Il ne ressort rien de bien précis des réunions d’information, ni sur la durée des travaux, ni sur le dédommagement qui se fera à la fin. Je suis très inquiète. »

Lors des réunions préparatoires, les commerçants du quartier se sont pourtant prononcés à une large majorité en faveur de l’arrivée du Tram. « Dans le quartier, beaucoup de commerçants ne sont pas loin de la retraite, explique le bijoutier d’à côté. Ils sont pour le Tram parce que cela peut valoriser le prix du fond de commerce, mais les gens plus jeunes qui doivent encore travailler voient les choses autrement. Il faut avoir une trésorerie en béton pour tenir. Je pense que je vais devoir quitter le quartier. » La situation paraît encore plus complexe pour les deux jeunes gérants de Lenkcafé, place St Denis. « Avec L’Agglo, les plans du Tram changent tous les jours. On a appris lundi la suppression de notre terrasse. Pour nous, c’est un vrai coup de massue. On fait plus de 80% de notre chiffre avec la terrasse. On sort du chômage. On a de gros crédits. On a acheté en novembre 2008 en fonction du tracé. Les travaux devaient commencer en octobre, ce qui nous permettait de constituer une réserve de trésorerie. Là, on nous casse d’un coup. On a lancé une pétition. On demande à être pris en considération. » Le gérant du débit de tabac voit, lui, les choses avec humour : « Le problème c’est les fouilles, si jamais ils trouvent un os de crapaud, les mecs se mettent dans le trou et là c’est fini. »

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Montpellier, Transport en Flêche, rubrique Actualité Locale, rubrique Politique locale , Démocratie de quartier, Un petit dernier avant les régionales, Un îlot de soleil sous un ciel menaçant

Conseil d’Agglo Montpellier. Un petit dernier avant les régionales

Quatre vingt dix dossiers passent à l’unanimité en deux coups de cuillères à pot.
democratie-locale1Contraste saisissant vendredi soir entre l’ambiance extérieure, surchauffée par les Gardiens de la Gardiole venus devant l’Hôtel d’Agglo manifester leur opposition au projet de la décharge de Fabrègue, et l’ambiance feutrée et sans souci de l’hémicycle. Visiblement outré, Cyril Meunier a tenu à exprimer publiquement son indignation d’avoir été « copieusement insulté » par les manifestants en colère. Pour tout dire, en l’absence de Georges Frêche, cette réaction zolaesque a bien été le seul attrait de cette séance uniforme. C’est en l’absence du président que l’on mesure l’inquiétante routine de la garnison. Dans ce désert des Tartares, l’auto-conviction décalée du maire de Lattes donnant du « Mais que fait la police pour protéger les élus de la République ? » interroge sur l’état de la démocratie locale. Il y eut bien l’ovation générale à l’annonce des nominations de Marie-Christine Chase et François Delacroix, tous deux élevés au rang de Chevaliers de la légion d’honneur. Mais l’habileté dans les louanges dressés par le vice président Jean-Pierre Moure, n’était pas vraiment au rendez-vous. Pour le reste, à savoir les dossiers concernant les contrats relatifs à la troisième ligne de tramway et les conventions diverses de gestion pour l’assainissement et eau ou le développement urbain, la délibération du Conseil s’est résumée à : « Tout le monde est d’accord, pas d’opposition, pas d’abstention, adopté à l’unanimité. »

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique politique locale Agglo Jusqu’ici ça va , Gestion des déchets Rubrique, Montpellier Rubrique citoyenneté