Comme une parenté avec le grand tout

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« Mémoire du merveilleux » une installation évolutive par définition. Photo dr

Exposition. Jean-Luc Parant, un artiste archéologue de l’infini à découvrir au musée Paul-Valéry à Sète jusqu’au 28 février.

« On ne devrait prendre la parole que pour dire ce que personne n’a jamais dit, et on ne devrait ouvrir les yeux que pour voir ce que personne n’a jamais vu, afin de pouvoir garder intact l’espace où tout s’entend et où tout se voit, garder intactes la parole et la vue qui ne laisse aucune trace. » Ainsi s’exprime Jean-Luc Parant premier artiste invité du nouveau cycle, Une oeuvre une exposition, proposé par le musée Paul-Valéry à Sète. Il présente son installation monumentale et évolutive Mémoire du merveilleux exposée en 2012 par la galerie parisienne de Pierre-Alain-Challier et qui circule depuis.

Dans le hall du musée sétois, un amas de boules en cire à cacheter et filasse se répand sur le sol comme un glissement de terrain. Des animaux mammifères, poissons, reptiles et coquillages sont enchâssés dans les boules, certains comme les crocodiles, et les oiseaux semblent pouvoir se dégager. « On ne peut pas mettre un oiseau dans une boule », précise l’artiste comme si le reste de sa proposition découlait de l’évidence même. Il y a aussi un éléphanteau aussi intrigué qu’intriguant, libre de ses mouvements dans cette vision vertigineuse du monde. En se rapprochant on discerne une multitude de trous dans les boules qui sont comptés et chiffrés en romain. A partir de ces traces débusquées, on remonte le temps du langage. La somme des trous correspond au nombre de mots du texte écrit par le poète pour chaque boule.

Assemblage de signifiants

D’apparence, Jean-Luc Parant est un homme simple, un poète qui comme tout poète s’interroge sur son humaine condition. « J’écris des textes sur les yeux pour pouvoir entrer dans mes yeux et aller là où mon corps, ne va pas, où je ne suis jamais allé avec lui, où je ne me rappelle pas avoir été touchable. Pour aller là sur la page, dans ma tête, dans l’espace. » Jean-Luc Parant est aussi un plasticien qui fait des boules. « Je fais des boules pour pouvoir entrer dans mes mains et aller là où mes yeux ne vont pas, où je ne suis jamais allé avec eux, où je ne me rappelle pas avoir été visible. Pour aller là dans la matière, dans mon corps sur la terre (…) Dans l’idéal j’aurais aimé que tout soit noir. Je suis un impressionniste de la nuit. »

Le champ d’investigation de Jean-Luc Parant se constitue partiellement de son histoire personnelle. Il a logé dans les boules des choses invisibles comme des vêtements de sa femme et de ses enfants. Il est cependant perceptible que ce morceau d’histoire exposé à la vue du visiteur dépasse la dimension personnelle. Comme une invocation sortie du néant, il rejoint intuitivement les abîmes de la grande nuit. Aire transitionnelle assurant le passage entre représentation de choses et représentation de mots.

JMDH

Au Musée Paul-Valéry de Sète, jusqu’au 28 février.

Source : La Marseillaise 10/12/2015

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L’hommage de l’Opéra Comédie aux musiques interdites

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Concert. Sullman, Schulhoff, Smit, Weinberg, à l’opéra Comédie de Montpellier ce dimanche 15 novembre.

Dimanche à 15h l’Orchestre de Montpellier à la bonne idée de programmer un concert consacré aux musiques interdites. En prolongement du concert dirigé par Daniel Kawka, se tiendra une table ronde sur les compositeurs persécutés par le régime nazi dont la plupart sont morts en déportation. Professeur de musicologie à la fac de Montpellier, Yvan Nommick participera à cet événement. Il revient sur ce contexte douloureux de l’histoire de la musique.

Après les arts plastiques, le terme d’art dégénéré s’est étendu à la musique…

En effet, dans le contexte de la guerre, l’Allemagne nazie souhaitait purifier l’art des éléments étrangers à la race aryenne. Les nazis considéraient que l’art et la musique avaient été endommagés. Cela concernait beaucoup de musiciens juifs, mais aussi la musique tzigane ou le jazz, pratiqué par des musiciens noirs, donc à purifier.

entartete_musikSur quelle base se fondait cet interdit ?

Comme se fut le cas pour la peinture, sous la houlette de Ziegler, se tient en 1938 à Düsseldorf une exposition diffamatoire contre les musiciens « déviants ». On y développe également des éléments de polémique autour des musiques atonales, qui trouvent leur fondement dans le traité d’harmonie de Schoenberg. Les nazis vont jusqu’à considérer la musique atonale comme le produit de l’esprit juif. On n’avait jamais vu ça dans le monde artistique.

Quel type d’incidences a produit cette persécution chez les artistes en termes de solidarité et de production artistique ?

De nombreux artistes s’exilent aux Etats-Unis comme Kurt Weill ou Schoenberg. La confrontation culturelle contribue au modernisme de leur écriture tout en opérant une rupture musicale avec le passé. Pour les artistes qui sont restés, poursuivre sa pratique musicale devient très compliqué. A l’exception notoire du camp tchèque de Terezin, centre de triage où les nazis exploitent l’activité artistique à des fins de propagande. Une intense activité musicale y est mise en oeuvre avec la bénédiction des nazis qui encouragent les initiatives, laissant des choeurs, et des orchestres, se constituer. Responsable du planning des répétitions, Viktor Ullmann y compose même un opéra. Le camp se révélera être une antichambre de la mort, la plupart de ses occupants ont fini gazés à Auschwitz.

A d’autres moments de l’histoire on a vu les religions proscrire la musique, à quoi tiennent ces interdits ?

On touche ici à la théologie. Il fut un temps où les instruments et presque toutes les musiques étaient interdits dans les églises. Cette vaste question, nous ramène au rapport entre l’art et le pouvoir, qu’il soit religieux ou politique.

 

Recueilli par JMDH

Source :  La Marseillaise 14/11/2015

Voir aussi :  Rubrique Musique, rubrique Montpellier, rubrique Histoire,

L’AFP lance un nouveau mouvement de grève

afplogo

Dénonciation des accords, travailler plus pour gagner moins, la direction persiste:

 

GREVE DU PERSONNEL DE L’AFP DE LUNDI 9 NOVEMBRE À 14 HEURES JUSQU’A MARDI 10 14 HEURES

 

Les syndicats CGT toutes catégories, FO toutes catégories et CFE-CGC appellent à un mouvement de grève de 24 heures de lundi 9 novembre à 14 heures jusqu’à mardi 10 novembre à 14 heures.

 

Lors de la première réunion de négociation avec la direction après la suspension par la justice de la dénonciation des accords d’entreprise, la direction a maintenu sa volonté de faire table rase des acquis du personnel.

 

La direction a précisé aux organisations syndicales quelques-unes de ses intentions pour imposer au personnel de travailler plus pour gagner moins, comme la baisse, parfois considérable, des salaires d’embauche de plusieurs catégories de personnel.

 

Les syndicats ont réaffirmé qu’un nouvel accord ne pouvait pas être construit en sacrifiant les acquis sociaux du personnel: RTT, congés, horaires et conditions de travail, salaires, emploi, perspectives de carrière…

 

Les syndicats CGT toutes catégories, FO toutes catégories et CFE-CGC appellent en conséquence les personnels une nouvelle fois à la grève, apparemment le seul langage que comprend notre Pdg M. Hoog.

 

Seule la mobilisation de tous les salariés de l’AFP fera abandonner à la direction ses projets funestes.

 

Le 9 novembre 2015

CGT, FO et CFE-CGC de l’AFP

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Médias, Informer n’est pas un délit, N’abandonnez pas l’indépendance de l’AFP ! ,

Corps, déviance, décharge

leballetlargeDanse contemporaine. tauberbach d’Alain Platel ce soir et demain à Montpellier  Opéra Comédie.

Spectacle accueilli avec l’Opéra de Montpellier L-R et Humain trop humain CDN tauberbach s’inspire de la vie d’une femme schizophrène qui vit et travaille dans une décharge sauvage des bidonvilles de Rio qu’Alain Platel a découverte dans le documentaire Estamira de Marcos Prado.

À partir de ce personnage réel, il crée une œuvre splendide et déconcertante où il se confronte à deux de ses univers de prédilection, la musique de Bach et le monde des sourds. La gêne, le malaise mais aussi la dérision dans lesquels les interprètes plongent le spectateur créent un état singulier de perception qui repousse les limites étroites de ce qu’on appelle normalité. “La beauté qui m’attire est celle qui se niche dans des lieux qui ne cherchent pas à séduire mais qui sont des lieux de vie”, explique Alain Platel. “La marche du monde me rend profondément triste, mais j’adore la vie. Il y a comme une contradiction : ce constat pessimiste me pousse à travailler dans la joie”.

En continuant à explorer son langage de mouvement connu comme “la danse bâtarde”, Alain Platel livre une danse rituelle où la violence est à la fois jouée et vraie, telle une initiation au défoulement, un acte de transgression et de libération.

Il puise sans relâche à la source de la difformité, de la cacophonie et de la déviance, pour rendre invisibles les frontières que nous érigeons entre le beau et le laid, entre l’harmonieux et l’intolérable.

Resa :  0 800 600 740

Voir aussi  : Rubrique Agenda, rubrique Danse, rubrique Montpellier,

Expo au CRAC. S’inventer autrement avec Sylvie Blocher

Change the scenario (Conversation with Bruce Nauman), 2013. Photo dr

Change the scenario (Conversation with Bruce Nauman), 2013. Photo dr

Art contemporain. L’artiste effectue un va-et-vient constant entre les champs du personnel et du politique vernissage de l’expo ce soir au CRAC à Sète.

Le Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon à Sète présente une importante exposition monographique consacrée à l’artiste française Sylvie Blocher intitulée  S’inventer autrement .

Depuis le début des années 90, Sylvie Blocher développe un parcours international et ses oeuvres ont été présentées dans de prestigieuses institutions comme PS1, à New York ; le MAMBA à Buenos Aires ; le SFMOMA à San Francisco ; le MCA à Sydney… et plus récemment le MUDAM Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean, au Luxembourg.

C’est la première fois depuis son exposition en 1993 au Centre international d´art et du paysage de l´île de Vassivière que l’oeuvre de Sylvie Blocher fait l’objet d’une exposition personnelle d’envergure dans une institution française. L’exposition « S’inventer autrement », au Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, se déploie au fil d’une quinzaine d’installations vidéographiques récentes et d’un projet participatif, qui questionnent la construction des identités, l’altérité, la parole individuelle ou collective ou encore la porosité des frontières entre le masculin et le féminin.

En prologue à chacun des dispositifs vidéographiques, des séries de dessins réalisées quotidiennement par l’artiste pendant un an, sur les unes du journal Libération, mettent l’accent sur la façon dont l’artiste effectue un va-et-vient constant entre les champs du personnel et du politique.

A partir d’un appel à projet lancé dans la presse et sur une radio locale l’artiste a invité les habitants de Sète et de ses environs à participer à une oeuvre d’art produite par le CRAC Languedoc-Roussillon pour son exposition. « S’inventer Autrement. Au premier étage du CRAC sur un mur de 30 m de long recouvert de peinture verte de tableau d’école, je retranscris à la craie les paroles et les mots offerts par les participants , comme autant de cadeaux dédiés à l’artiste, au CRAC, à la ville, au monde, à l’inconnu, à la vie, à la poésie, à l’autre … »

Ce soir, vernissage à 18h30 au CRAC à Sète l’expo est visible jusqu’au 31 janvier 2016.

Source : La Marseillaise 23/10/2015

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