L’élection avec un seul candidat affaiblit l’Afghanistan

Hamid Karzai

Des observateurs ont indiqué que l’élection présidentielle en Afghanistan avec le président Hamid Karzai comme le seul candidat en lice affaiblirait le pays, après que l’adversaire de Karzai, Abdullah Abdullah, eut annoncé son retrait de la course dimanche. « L’Afghanistan aurait un gouvernement faible et inefficace si le deuxième tour de l’élection se tient avec un seul candidat », a affirmé à l’agence Xinhua l’analyste politique et activiste des droits de l’homme, Qasim Akhgar. Selon les résulats du vote du 20 août marqué par des fraudes, M. Abdullah a gagné 28% de voix, contre 54% pour le président sortant Karzai. Il a déclaré refuser de reconnaître ces résultats  à moins que les plaintes ne soient examinées. La Commission des plaintes de l’élection (ECC) a invalidé les résulats dans 210 bureaux de vote, sur un total de 27.000, et a accordé 50% de voix à Karazai. Elle a aussi exigé que la Commission électorale indépendante, organe chargée d’organiser les élections, de tenir un second tour le 7 novembre entre Karzai et Abdoullah.

Saluant cette position de l’ECC, M. Abdullah toutefois pose des conditions avant le deuxième vote, à savoir, la destitution du membre de la Commission électorale Azizullah Ludin et la suspension de trois ministres (Intérieur, Education et Frontrières) . Cette demande a été rejetée par le président Karzai, qui a déclaré que ces officiels n’avaient rien fait d’illégal. Pour M. Abdullah, « puisque la Commission électorale n’est pas un organe indépendant, nous ne pouvons pas nous attendra à des résultats justes ». Selon lui, il y aura davantage de fraudes dans le second tour que le premier. « J’ai donc décidé de ne pas y participer », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de ses partisans.

Un autre analyste, Wahid Mujda, a indiqué que la tenue d’une second tour avec un seul candidat semble plutôt un référendum qu’une élection. « Sans doute, si Karzai est le seul candidat en lice lors du second tour, la légitimité de son gouvernement serait mise en cause et les problèmes du pays, notamment celui de la sécurité, pourrait augmenter », a dit à l’agence Xinhua M. Mujda. Il a fait cette remarque en commentant la déclaration de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, selon laquelle le retrait de M. Abdullah ne rendrait pas illégitime le second tour de l’élection. Il a souligné que le soutien intérieur est crucial pour un gouvernement. « Il est essentiel que l’élection soit tenue entre deux candidats et le gagnant forme un gouvernement légitime », a indiqué l’analyste. Pour l’observateur local Nazari Pariani, si Karzai reste au pouvoir à travers une élection ayant un seul candidat, les problèmes de sécurité pourraient se multiplier, l’Afghanistan serait isolé et la contribution de la communauté internationale au processus de la reconstruction serait affectée.

Agence Xinhua

Afghanistan: Abdullah juge Karzaï illégitime et sa réélection illégale

Trois jours après s’être retiré du second tour de la présidentielle, Abdullah Abdullah a jugé mercredi illégitime et illégale la réélection de Hamid Karzaï à la tête de l’Afghanistan, au risque de prolonger la crise politique qui paralyse le pays depuis plus de deux mois. L’ancien ministre afghan des Affaires étrangères avait justifié son retrait par la crainte de voir se répéter les fraudes massives qui avaient entaché le premier tour. Mercredi, il a fustigé la réélection de M. Karzaï, décidée par la Commission indépendante électorale (IEC). « Cette décision n’a pas de base légale et un gouvernement qui prend le pouvoir sur la base d’une décision d’une telle commission ne peut pas avoir de légitimité« , a-t-il déclaré lors de sa première allocution publique depuis l’annonce du résultat.

L’IEC, chargée d’organiser le scrutin et proclamer les résultats, est au coeur du scandale qui a provoqué l’annulation pour fraude d’un quart des bulletins de vote du premier tour, très majoritairement favorables à M. Karzaï. M. Abdullah a réitéré ses accusations contre l’IEC, l’accusant d' »incompétence » et de « parti pris » en faveur de M. Karzaï, qui en a nommé le chef, Azizullah Ludin, un de ses anciens conseillers. La semaine dernière, M. Abdullah avait demandé le renvoi de M. Ludin, la suspension de trois ministres ayant fait campagne pour son adversaire et la fermeture des bureaux de vote « fantômes », qui n’avaient pas ouvert le 20 août mais avaient rendu des urnes pleines de bulletins. L’IEC comme M. Karzaï avaient rejeté ces demandes.

« C’est exactement la même commission qui a annoncé la nomination du président », a souligné M. Abdullah. « Un gouvernement qui arrive au pouvoir sans le soutien de la population ne peut pas combattre des phénomènes comme les menaces terroristes, le chômage, la pauvreté et des centaines d’autres problèmes ». En dénonçant l’illégitimité de M. Karzaï, il tourne le dos à l’appel lancé par la communauté internationale à un gouvernement d’union nationale.

Mardi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon avait demandé au président Karzaï de travailler avec tous les candidats à la présidentielle. Mais M. Abdullah, dont la campagne dynamique avait conforté le statut d’opposant numéro un, ne voit aucun intérêt à participer à une coalition avec son adversaire. « Un tel gouvernement, qui manque de légitimité, ne peut pas combattre la corruption« , a-t-il dit, alors qu’Hamid Karzaï avait promis mardi de s’attaquer à ce fléau, qui irrite de plus en plus les Occidentaux.

L’administration américaine discute avec l’équipe Karzaï un pacte censé garantir qu’elle s’attaquera de front à la corruption, a dit la Maison Blanche mardi. En dépit des conditions déplorables de sa réélection, le président, installé à la tête du pays fin 2001 par les puissances occidentales dont les troupes venaient de chasser les talibans du pouvoir, a reçu les félicitations de la communauté internationale, la Maison Blanche le considérant comme « le dirigeant légitime » du pays. L’imbroglio électoral afghan place toutefois Barack Obama devant un redoutable dilemme alors qu’il achève le réexamen de la stratégie afghane, avant de décider s’il accède à la demande du chef des forces internationales sur le terrain, le général Stanley McChrystal. Celui-ci réclamerait plus de 40.000 hommes supplémentaires, en plus des 100.000 soldats étrangers déjà sur place.

« La question des institutions est centrale dans la République »

Jean-Claude Milner « N'importe quelle règle ne vaut pas n'importe quelle autre »  Photo DR

C’est au philosophe, linguiste Jean-Claude Milner, ex directeur du Collège international de philosophie, grand lecteur de Marx, Freud, Lacan, Foucault…que revient la charge de la leçon inaugurale des XXIV ème Rencontres de Pétrarque à Montpellier organisées par France Culture en collaboration avec Le Monde sur le thème : Après la crise , quelle(s) révolution(s) ?

Que vous évoque cet intitulé ?

D’un certain point de vue, il me ramène à l’interrogation sur le mot révolution et au fait qu’autrefois, avant que ce mot désigne un total changement, dans le langage astronomique comme politique, il désignait le retour à un état antérieur. Et il me semble que dans le titre, les deux interprétations se laissent déchiffrer. Une des interprétations de la crise est quelle est financière et qu’il faut revenir au fondamentaux du capitalisme classique : C’est-à-dire fondé sur la production industrielle et non pas sur des produits sophistiqués totalement disjoints de la production de biens.

Le recours en force à l’Etat pour éponger les pertes bancaires pourrait contribuer à cette vision…

En nationalisant les pertes, on a retrouvé des procédures qui existaient de longue date. Lorsque Obama lance un plan pour soutenir les banques ou en nationalisant Général Motors il ne fait pas quelque chose sans précédent dans l’histoire américaine puisque cela ramène au New Deal et à la politique de Roosevelt.

Envisagez-vous cette notion de révolution comme une solution à l’impossible équation du capitalisme financier ?

Les solutions qui sont aujourd’hui présentées à cette équation impossible sont des retours au capitalisme classique. En revanche, si le centre du pouvoir bouge des Etats-Unis ou de l’Europe vers l’Inde et vers la Chine ce serait un déplacement sans précédent. Je ne vois pas de révolution sociale venant de l’Atlantique nord.

Inscrit au singulier, le mot crise sous-tend la rupture de l’équilibre mais il concerne plusieurs champs : financier, économique, politique, social, écologique…

Quand on emploie le mot au singulier, on évoque la crise financière qui a fait basculer un modèle de manière spectaculaire. Mais évidemment, cela débouche sur une crise économique. Et dans un certain nombre de pays, je pense notamment à la Chine, une crise économique se traduira par la famine. Un pays où des millions de gens sont frappés par la famine peut connaître des troubles extrêmement graves. Les grandes crises sociales dans l’histoire européenne sont liées à la famine qui ne menace pas aujourd’hui l’Occident.

Existe-t-il un risque de révolution sociale en Occident malgré l’affaiblissement historique du prolétariat et du syndicalisme ?

Objectivement, les pays occidentaux font de l’industrie sans ouvriers ou avec de moins en moins d’ouvriers. C’est un très grave problème. Je ne vois pas de révolution se profiler à l’horizon de ce point vue là. Je ne pense pas que nous verrons resurgir en France des grands bassins d’emploi industriel.

Reste que la crise des subprimes pose les limites et brise la mécanique du capitalisme financier qui a institutionnalisé le profit, la précarité, et l’endettement…

Oui, c’est pour cela qu’il faut observer de très prêt la manière dont le capitalisme industriel va se réunifier, s’il se réunifie. Il ne le fera pas sur des bases ouvrières comme précédemment. Un pays comme l’Allemagne ne renoncera pas à fonder son développement économique sur les machines outils. De la même manière les Etats-Unis vont jouer la carte du versant industriel de l’écologie.

Les scénarios de sortie de crise seront au cœur des Rencontres Pétrarque et notamment celui de la guerre comme issue possible ?

La guerre peut effectivement être envisagée à la condition quelle soit extrêmement circonscrite. Les deux guerres d’Irak sont à ce sujet deux exemples opposés de la manière dont une guerre peut être menée de telle façon qu’elle relance ou ne relance pas l’économie. La première guerre d’Irak était très circonscrite, la deuxième ne l’était pas. Et s’est traduite par un affaiblissement de l’économie américaine alors que la première a amené une consolidation. Maintenant je vois mal, même la Grande Bretagne qui est beaucoup plus active sur le plan militaire, utiliser la guerre comme moyen de relance économique. Elle n’en a pas la capacité.

Si la vision d’Obama en matière de politique étrangère ne semble pas belliqueuse, ce n’est pas le cas d’une partie de son entourage qui trouve des partisans au sein de l’UE ?

La logique d’Obama est une logique qui inclut la possibilité d’une intervention militaire circonscrite dans l’espace et dans le temps. La question qui se pose est de savoir si, étant donné ce qu’est l’Afghanistan, l’Iran voisin et le Pakistan, la possibilité d’une guerre limitée est vraiment ouverte. Est-ce vraiment possible ? Le discours du Caire d’Obama n’est pas un discours qui s’adresse à l’Islam dans son ensemble, mais à une partie qui accepterait un certain nombre de principes. Cela renvoi à une relation qui inclue la possibilité d’une guerre.

Quel regard portez-vous sur ce discours qui prône une autre vision du monde ?

Je l’ai trouvé très Rooseveltien. J’ai trouvé remarquable qu’il juge opportun de tendre la main au monde musulman. Les seuls pays pour lesquels il a été critique, ce sont les pays occidentaux. Obama considère que cela n’a pas de sens de tendre la main au européen parce qu’il les considère d’ores et déjà à l’intérieur de l’espace occidental. On ne tend pas la main à un pays occidental qui adopte sur la laïcité une vision qui n’est pas le point de vue régnant dans les pays anglo-saxons. C’est exactement la position qu’avait Roosevelt qui tendait la main à l’Union Soviétique mais pas aux pays européens.

L’ampleur de la secousse ouvre des opportunités politiques qui ne sont pas saisies. Où situez-vous les résistances aux nouveaux champs d’action possibles ?

J’accorde une place importante à la notion d’institution. Au cours des trente dernières années, je pense que la notion de régulation a été perçue comme la multiplication de règles avec des interactions de plus en plus difficiles à maîtriser. L’opacité de la réglementation européenne en est un bon exemple. Si on prend au sérieux la réglementation du capitalisme qui a été évoquée, pas seulement par les hommes politiques mais également des économistes, il faut se poser la question de ce qu’est une règle et de qui peut la définir.

Vous appelez à une reprise en main de la sphère politique ?

Grand ou petit un groupe ne peut définir la règle, cela doit être un pouvoir législatif et exécutif reconnu comme tel. N’importe quelle règle ne vaut pas n’importe quelle autre. Les règles ne doivent pas être très nombreuses. Elles doivent valoir non pas pour un petit nombre de circonstances mais retrouver un caractère assez général. Je pense qu’il peut y avoir sur ce point une véritable reconstruction. La question des institutions a été très longtemps centrale dans la vision de la République et de la démocratie et elle a peu à peu perdu de sa vivacité. Les gouvernements sont en mesure, s’ils le souhaitent, de baliser réglementairement le type d’inventivité que le capitalisme financier s’est autorisé.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Jean-Claude Milner a notamment publié Existe-t-il une vie intellectuelle en France (Verdier 2002) L’arrogance du présent (Grasset 2009)

Voir aussi : Rubrique livre, Mai 68 en surchauffe, Rubrique Philosophie Deleuze et les nouveaux philosophes, Rubrique Politique entretien Jean-Claude Milner, Michela Marzano, Daniel Bensaïd, Bernard Noël,

L’élégance engagée de Don Winslow

Don Winslow : « Je m

Ancien détective privé, Don Winslow figure parmi les grands auteurs de roman noir américain. Il était accueilli au FIRN pour la première fois cette année.

« Vous répondez au précepte « Ecrit à partir de ce que tu sais » et avez écrit un livre* de référence sur le monde de la drogue. D »où provenaient vos connaissances sur le sujet ?

J »ai grandi dans un quartier près de New York où il y avait énormément de drogue. Ca trafiquait et ça consommait partout. J »avais un ami proche qui se déplaçait tout le temps avec sa seringue. Plus tard, j »ai habité San Diego près du Mexique où les barons de la drogue utilisent les gangs de jeunes, de part et d »autre de la frontière, pour faire leur sale boulot. Le roman dont vous parlez, je l »ai écrit après que 19 hommes et femmes se soient fait massacrer pour une affaire de drogue dans un village près de chez moi.

Que vous évoque l »idée de frontière ?

Les frontières ne sont pas fixes. Lorsque vous avez d »un côté de la frontière une marchandise et que de l »autre côté de cette frontière, le prix de cette marchandise est multiplié par 100, le produit n »est plus la drogue mais la frontière qu »il faut traverser.

Vos personnages sont souvent borderline ?

Pour ce livre, un personnage principal ne pouvait à lui seul décrire l »univers complexe de la drogue. [Il montre une tasse de café sur la table]. C »est une banale tasse de café [la déplace au bord de la table en laissant une partie suspendue dans le vide]. Maintenant la situation est devenue intéressante…

On connaît les implications économiques et politiques du trafic de drogue, vous mettez aussi le doigt sur les implications sociales…

Plus j »ai exploré l »aspect social du phénomène, plus j »ai été attristé et plus ma colère à augmenté. J »ai même senti le poids de la responsabilité sur mes épaules. En tant que romancier, je devais parler de ce que je voyais. Ne le prenez pas pour vous, mais je crois qu »un romancier est plus à même d »approcher certaines réalités qu »un journaliste. Le journaliste rend compte au lecteur qui lit une information. L »écrivain travaille sur la pensée intérieure de son lecteur. Il rend compte d »une situation qui le pousse à une réflexion.

Vous avez été détective, quelle différence faites-vous entre votre ancien travail et celui casino autorizzati de l »auteur, lorsque vous cherchez votre matière première ?

Il y a beaucoup de points communs dans les méthodes de recherche. On interroge les gens, on consulte les déclarations dans les dossiers judiciaires, les interrogatoires de police. Avec l »expérience, on développe un détecteur de connerie qui provient le plus souvent du pouvoir légal.

Concernant les problèmes de drogue, l »arrivée d »Obama est-elle porteuse d »espoir  ?

J »ai rarement désiré une chose si forte en matière politique que la victoire d »Obama. L »assassinat de Kennedy m »a brisé le cœur. J »ai eu très peur pour Obama. C »est un type vraiment intelligent qui avance pas à pas. On observe un début de changement dans la politique de lutte antidrogue qui, pour l »instant, réduit l »aide aux victimes à la portion congrue. Obama a écrit sur le fait qu »il avait consommé lui-même de la drogue. Ce qui était il y a peu une chose impensable. Malgré l »image qu »il donne, Obama est un homme qui garde la tête froide. Il pratique sa politique comme s »il jouait aux échecs. Il calcule et finit par réussir. Les républicains tentent de le diaboliser mais ils paniquent devant sa tactique progressive.

Sur quoi travaillez-vous ?

Comme beaucoup d »écrivains, j »alterne dans mes sujets les phases de restriction d »espace avec celles d »élargissement. J »ai fini un livre sur le monde du surf et je voudrais m »attaquer à un sujet beaucoup plus vaste sur les changements du langage. J »expérimente et transporte cela dans le roman noir autour de la question des mots, de leur tempo, de ce que disent les silences. Je m »intéresse au vide. »

Recueilli par Jean-Marie Dinh

La griffe du chien éditions Fayard Noir


Barack Hussein Obama : discours du Caire

« Le moment est maintenant venu pour les Palestiniens de se concentrer sur ce qu’ils peuvent bâtir. L’Autorité palestinienne doit développer ses capacités de gouverner avec des institutions qui répondent aux besoins de son peuple. Hamas jouit du soutien de certains Palestiniens, mais il doit aussi reconnaitre ses responsabilités. Il doit jouer un rôle pour réaliser les aspirations des Palestiniens et unir le peuple palestinien. Hamas doit mettre fin à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit à l’existence d’Israël. En même temps, Israël doit reconnaître que tout comme le droit à l’existence d’Israël ne peut être nié, il en est de même pour la Palestine. Les États-Unis n’acceptent pas la légitimité de la continuation des colonies israéliennes. (Applaudissements) Ces constructions constituent une violation des accords passés et portent préjudice aux efforts de paix. Le moment est venu pour que ces colonies cessent. Israël doit aussi honorer ses obligations et assurer que les Palestiniens puissent vivre, travailler et développer leur société. Tout comme elle ravage les familles palestiniennes, la continuation de la crise humanitaire à Gaza ne sert pas à promouvoir la sécurité d’Israël, l’absence persistante de chances de réussite en Cisjordanie non plus. Des améliorations dans la vie de tous les jours du peuple palestinien doivent constituer une partie cruciale de la feuille de route pour la paix. »

Barack Obama, le Caire, 4 juin 2009

Je vous remercie. Bonjour à tous. C’est pour moi un honneur de me trouver dans cette ville intemporelle qu’est le Caire et d’être reçu par deux institutions remarquables. Depuis plus de mille ans, Al-Azhar est un haut lieu de transmission du savoir dans le monde musulman et, depuis plus d’un siècle, l’université du Caire est une source de progrès pour l’Égypte. Ensemble, vous représentez l’harmonie entre la tradition et le progrès. Je vous suis reconnaissant de votre hospitalité et de celle du peuple égyptien. Je suis fier aussi de vous transmettre la bonne volonté du peuple américain et une salutation de paix de la part des communautés musulmanes de mon pays : « Salamm aleïkoum ». (Applaudissements)

Notre rencontre survient à un moment de grande tension entre les États-Unis et les musulmans du monde entier – tension ancrée dans des forces historiques qui dépassent le cadre des débats actuels de politique générale. Les relations entre l’islam et l’Occident se caractérisent par des siècles de co-existence et de coopération, mais aussi par des conflits et des guerres de religion. Dans un passé relativement plus récent, les tensions ont été nourries par le colonialisme qui a privé beaucoup de musulmans de droits et de chances de réussir, ainsi que par une guerre froide qui s’est trop souvent déroulée par acteurs interposés, dans des pays à majorité musulmane et au mépris de leurs propres aspirations. En outre, les mutations de grande envergure qui sont nées de la modernité et de la mondialisation ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l’Occident un élément hostile aux traditions de l’islam.

Des extrémistes violents ont exploité ces tensions auprès d’une minorité de musulmans, qui pour être réduite n’en est pas moins puissante. Les attentats du 11 septembre 2001, conjugués à la poursuite des actions violentes engagées par ces extrémistes contre des civils, ont amené certains dans mon pays à juger l’islam inévitablement hostile non seulement à l’Amérique et aux pays occidentaux, mais aussi aux droits de l’homme. La peur et la méfiance se sont ainsi accentuées.

Tant que notre relation restera définie par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine et non la paix et qui encouragent le conflit au lieu de la coopération qui peut aider nos deux peuples à connaître la justice et la prospérité. C’est ce cycle de la méfiance et de la discorde qui doit être brisé.

Un nouveau départ

Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain.

Ce faisant, je reconnais que le changement ne se produira pas du jour au lendemain. Il y a eu beaucoup de publicité à propos de mon discours, mais aucun discours ne peut éradiquer des années de méfiance, et dans l’espace de cet après-midi, je n’ai pas la réponse non plus aux questions complexes qui nous ont menés au point où nous sommes maintenant. Mais je suis convaincu que pour aller de l’avant, nous devons dire ouvertement entre nous ce que nous recelons dans notre coeur et que trop souvent nous n’exprimons qu’à huis clos. Nous devons consentir un effort soutenu afin de nous mettre à l’écoute et d’apprendre les uns des autres ; de nous respecter mutuellement et de rechercher un terrain d’entente. Comme le dit le Saint Coran, « Crains Dieu et dis toujours la vérité ». (Applaudissements) C’est ce que je vais essayer de faire aujourd’hui – de dire la vérité de mon mieux, rendu humble par la tâche qui nous attend et ferme dans ma conviction que les intérêts que nous partageons parce que nous sommes des êtres humains sont beaucoup plus puissants que les forces qui nous séparent.

Cette conviction s’enracine en partie dans mon vécu. Je suis chrétien, mais mon père était issu d’une famille kényane qui compte des générations de musulmans. Enfant, j’ai passé plusieurs années en Indonésie où j’ai entendu l’appel à la prière (azan) à l’aube et au crépuscule. Jeune homme, j’ai travaillé dans des quartiers de Chicago où j’ai côtoyé beaucoup de gens qui trouvaient la dignité et la paix dans leur foi musulmane.

Féru d’histoire, je sais aussi la dette que la civilisation doit à l’islam. C’est l’islam – dans des lieux tels qu’Al-Azhar -, qui a brandi le flambeau du savoir pendant de nombreux siècles et ouvert la voie à la Renaissance et au Siècle des Lumières en Europe. C’est de l’innovation au sein des communautés musulmanes (Applaudissements) – c’est de l’innovation au sein des communautés musulmanes que nous viennent l’algèbre, le compas et les outils de navigation, notre maîtrise de l’écriture et de l’imprimerie, notre compréhension des mécanismes de propagation des maladies et des moyens de les guérir. La culture islamique nous a donné la majesté des arcs et l’élan des flèches de pierre vers le ciel, l’immortalité de la poésie et l’inspiration de la musique, l’élégance de la calligraphie et la sérénité des lieux de contemplation. Et tout au long de l’histoire, l’islam a donné la preuve, en mots et en actes, des possibilités de la tolérance religieuse et de l’égalité raciale. (Applaudissements)

Je sais aussi que l’islam a de tout temps fait partie de l’histoire de l’Amérique. C’est le Maroc qui fut le premier pays à reconnaître mon pays. En signant le traité de Tripoli en 1796, notre deuxième président, John Adams, nota ceci : « Les États-Unis n’ont aucun caractère hostile aux lois, à la religion ou la tranquillité des musulmans. »

Depuis notre fondation, les musulmans américains enrichissent les États-Unis. Ils ont combattu dans nos guerres, servi le gouvernement, pris la défense des droits civils, créé des entreprises, enseigné dans nos universités, brillé dans le domaine des sports, remporté des prix Nobel, construit notre plus haut immeuble et allumé le flambeau olympique. Et, récemment, le premier Américain musulman qui a été élu au Congrès a fait le serment de défendre notre Constitution sur le Coran que l’un de nos Pères fondateurs, Thomas Jefferson, conservait dans sa bibliothèque personnelle. (Applaudissements) J’ai donc connu l’islam sur trois continents avant de venir dans la région où il a été révélé pour la première fois. Cette expérience guide ma conviction que le partenariat entre l’Amérique et l’islam doit se fonder sur ce qu’est l’islam, et non sur ce qu’il n’est pas, et j’estime qu’il est de mon devoir de président des États-Unis de combattre les stéréotypes négatifs de l’islam où qu’ils se manifestent. (Applaudissements)

Or ce même principe doit s’appliquer à la façon dont l’Amérique est perçue par les musulmans. Tout comme les musulmans ne se résument pas à un stéréotype grossier, l’Amérique n’est pas le stéréotype grossier d’un empire qui n’a d’autre intérêt que le sien. Les États-Unis représentent l’une des plus grandes sources de progrès que le monde ait connues. Nous sommes nés d’une révolution contre un empire ; nous sommes fondés sur l’idéal de l’égalité de tous et nous avons versé de notre sang et combattu pendant des siècles pour donner un sens à ces mots – sur notre territoire et à travers le monde. Nous sommes façonnés par chaque culture, issus des quatre coins du monde et acquis à un concept simple : E pluribus unum : « De plusieurs peuples, un seul ».

Eh bien, qu’un Américain d’origine africaine et ayant pour nom Barack Hussein Obama ait pu être élu président a fait couler beaucoup d’encre. (Applaudissements)

Mais mon parcours n’est pas unique. Le rêve des chances de réussir ne s’est pas concrétisé pour tous en Amérique, mais cette promesse demeure pour tous ceux qui débarquent sur nos rivages – y compris les près de sept millions de musulmans américains qui vivent aujourd’hui dans notre pays et dont le revenu et le niveau d’éducation, disons-le, sont supérieurs à la moyenne. (Applaudissements) En outre, la liberté en Amérique est indissociable de celle de pratiquer sa religion. C’est pour cette raison que chaque État de notre union compte au moins une mosquée et qu’on en dénombre plus de mille deux cents sur notre territoire. C’est pour cette raison que le gouvernement des États-Unis a recours aux tribunaux pour protéger le droit des femmes et des filles à porter le hijab et pour punir ceux qui leur contesteraient ce droit. (Applaudissements)

Le doute n’est pas permis : l’islam fait bel et bien partie de l’Amérique. Et je suis convaincu que l’Amérique contient en elle la proposition vraie qu’indépendamment de notre race, de notre religion ou de notre condition sociale nous aspirons tous à la même chose – vivre dans la paix et la sécurité ; faire des études et travailler dans la dignité ; aimer notre famille, notre communauté et notre Dieu. C’est cela que nous avons en commun. C’est l’espoir de l’humanité tout entière.

Certes, notre tâche commence seulement quand nous avons pris conscience de notre humanité commune. Ce n’est pas par des paroles que nous pouvons répondre aux besoins de nos peuples. Nous ne pourrons les satisfaire qu’à condition d’agir avec audace dans les années à venir et de comprendre que nous nous heurtons à des défis communs et qu’en nous abstenant d’y faire face c’est à nous tous que nous faisons tort.

Car nous en avons fait récemment l’expérience : quand le système financier d’un pays particulier s’affaiblit, la prospérité est mise à mal partout. Quand une nouvelle grippe infecte un seul être humain, nous courons tous un risque. Quand un pays particulier tente de se doter d’une arme nucléaire, le risque d’attaque nucléaire augmente dans toutes les nations. Quand des extrémistes violents sévissent dans une certaine région de montagnes, les populations situées par-delà l’océan sont mises en danger. Et quand des innocents en Bosnie et au Darfour sont massacrés, c’est notre conscience collective qui est souillée. (Applaudissements)

Vivre ensemble dans le monde, voilà ce que cela signifie au vingt et unième siècle. C’est la responsabilité que nous avons les uns envers les autres en tant qu’êtres humains.

C’est une responsabilité difficile à assumer. Car l’histoire de l’humanité est trop souvent le récit de nations et de tribus – et admettons-le, de religions – qui s’asservissent en visant leur propre intérêt. Mais dans cette ère nouvelle, une telle attitude est auto-destructrice. Au vu de notre interdépendance, tout ordre mondial qui élève un pays ou un groupe d’individus au détriment d’un autre est inévitablement voué à l’échec. Quelle que soit notre opinion du passé, nous ne devons pas en être prisonniers. Nous devons régler nos problèmes par le biais du partenariat et partager nos progrès. (Applaudissements)

Il ne faut pas en conclure que nous devrions faire sembler d’ignorer les sources de tension. C’est l’inverse qui nous est suggéré : nous devons affronter carrément ces tensions. Dans cet esprit, permettez-moi de m’exprimer aussi clairement et aussi simplement que possible sur certaines questions précises auxquelles nous devons maintenant faire face ensemble.

La première est celle de l’extrémisme violent sous toutes ses formes.

À Ankara, j’ai fait clairement savoir que l’Amérique n’est pas – et ne sera jamais – en guerre contre l’islam. (Applaudissements)

En revanche, nous affronterons inlassablement les extrémistes violents qui font peser une menace grave sur notre sécurité. Parce que nous rejetons ce que rejettent les gens de toutes confessions : le meurtre d’hommes, de femmes et d’enfants innocents. Et il m’incombe d’abord, en tant que président, de protéger le peuple américain. La situation qui prévaut en Afghanistan illustre les objectifs de l’Amérique et la nécessité de collaborer tous ensemble. Voilà maintenant plus de sept ans, forts d’un large appui de la communauté internationale, les États-Unis ont donné la chasse à al-Qaïda et aux talibans. Nous avons agi de la sorte non par choix, mais par nécessité. Je suis conscient que d’aucuns mettent encore en question ou même justifient les événements du 11 Septembre. Mais soyons clairs : Al-Qaïda a tué près de trois mille personnes ce jour-là. Ses victimes étaient des hommes, des femmes et des enfants innocents, venus d’Amérique et de beaucoup d’autres pays, et qui n’avaient rien fait à personne. Mais al-Qaïda a choisi de les tuer sans merci, de revendiquer les attentats et il réaffirme aujourd’hui encore sa détermination à commettre d’autres meurtres à une échelle massive. Ce réseau a des membres dans de nombreux pays et il essaie d’élargir son rayon d’action. Il ne s’agit pas là d’opinions à débattre – ce sont des faits à combattre.

Afghanistan

Eh bien, ne vous y trompez pas : nous ne voulons pas laisser nos soldats en Afghanistan. Nous ne cherchons pas – nous ne cherchons pas à y établir des bases militaires. Il nous est douloureux pour l’Amérique de perdre ses jeunes gens et ses jeunes femmes. La poursuite de ce conflit s’avère coûteuse et politiquement difficile. Nous ne demanderions pas mieux que de rapatrier tous nos soldats, jusqu’au dernier, si nous avions l’assurance que l’Afghanistan et maintenant le Pakistan n’abritaient pas d’éléments extrémistes déterminés à tuer le plus grand nombre possible d’Américains. Mais ce n’est pas encore le cas.

C’est pourquoi nous oeuvrons en partenariat avec une coalition de 46 pays. Malgré les couts en cause, la volonté de l’Amérique ne va pas fléchir. Assurément, aucun d’entre nous ne doit tolérer ces éléments extrémistes. Ils ont fait des morts dans beaucoup de pays. Ils ont tué des gens de toutes religions – et surtout des musulmans. Leurs actions sont irréconciliables avec les droits de l’homme, le progrès des nations et l’islam. Le Saint Coran nous enseigne que quiconque tue un innocent tue l’humanité tout entière, (Applaudissements) et que quiconque sauve quelqu’un, sauve l’humanité tout entière. (Applaudissements)

La foi enracinée de plus d’un milliard d’habitants de la planète est tellement plus vaste que la haine étroite de quelques-uns. Quand il s’agit de combattre l’extrémisme violent, l’islam ne fait pas partie du problème – il constitue une partie importante de la marche vers la paix. Nous savons en outre que la puissance militaire ne va pas à elle seule résoudre les problèmes qui se posent en Afghanistan et au Pakistan. C’est pour cette raison que nous comptons investir 1,5 milliard de dollars par an, au cours des cinq prochaines années, dans la construction d’écoles et d’hôpitaux, de routes et d’entreprises, en partenariat avec les Pakistanais, ainsi que des centaines de millions de dollars pour venir en aide aux personnes déplacées. C’est pour cette raison encore que nous fournissons plus de 2,8 milliards de dollars aux Afghans afin de les aider à développer leur économie et à prodiguer les services dont la population a besoin.

Irak

Je voudrais aussi aborder le dossier de l’Irak.

Contrairement à la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak est le résultat d’un choix, lequel a provoqué des différences marquées dans mon pays et à travers le monde. Tout en étant convaincu que le peuple irakien a gagné au bout du compte à être libéré de la tyrannie de Saddam Hussein, je crois aussi que les événements en Irak ont rappelé à l’Amérique la nécessité de recourir à la diplomatie et de construire un consensus international pour résoudre ses problèmes à chaque fois que c’est possible. (Applaudissements) De fait, nous avons en mémoire les propos de Thomas Jefferson, qui disait ceci : « J’espère que notre sagesse grandira avec notre puissance et qu’elle nous enseignera que moins nous utiliserons cette dernière, plus elle fera de l’effet. »

Aujourd’hui, l’Amérique possède une double responsabilité : aider l’Irak à se forger un avenir meilleur et laisser l’Irak aux Irakiens. J’ai fait clairement savoir au peuple irakien (Applaudissements) que nous ne cherchons nullement à établir des bases en Irak ni à revendiquer son territoire ou ses ressources. La souveraineté de l’Irak appartient à l’Irak. C’est pour cette raison que j’ai ordonné le retrait de nos brigades de combat d’ici au mois d’août de l’année prochaine. C’est pour cette raison que nous allons honorer l’accord que nous avons conclu avec le gouvernement irakien, élu démocratiquement, concernant le retrait de nos troupes de combat des villes irakiennes d’ici au mois de juillet et de toutes nos troupes du territoire irakien d’ici à 2012. (Applaudissements) Nous aiderons l’Irak à former ses forces de sécurité et à développer son économie. Mais c’est en tant que partenaires, et jamais en tant que protecteurs, que nous apporterons notre appui à un Irak sécurisé et uni.

Enfin, tout comme l’Amérique ne tolérera jamais la violence des extrémistes, elle ne doit jamais altérer ni oublier ses principes. Les événements du 11 Septembre ont infligé un traumatisme considérable à notre pays. La peur et la colère qu’ils ont provoquées sont compréhensibles, mais dans certains cas ces sentiments nous ont conduits à agir de manière contraire à nos traditions et à nos idéaux. Nous prenons maintenant des mesures concrètes pour rectifier cette situation. J’ai interdit sans équivoque l’usage de la torture par les États-Unis et j’ai ordonné la fermeture de la prison à Guantanamo Bay d’ici au début de l’année prochaine. (Applaudissements)

L’Amérique va donc se défendre, dans le respect de la souveraineté des nations et de la primauté du droit. Et nous agirons en ce sens en partenariat avec les communautés musulmanes qui sont elles aussi menacées. Plus vite les extrémistes seront isolés et malvenus dans les communautés musulmanes, plus vite nous connaîtrons tous une sécurité accrue.

Conflit israélo-palestinien

La deuxième grande source de tension que nous devons aborder concerne la situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe.

Les liens solides qui unissent l’Amérique à Israël sont bien connus. Cette relation est immuable. Elle se fonde sur des liens culturels et historiques et sur la reconnaissance du fait que l’aspiration à un territoire juif est ancré dans un passé tragique indéniable.

À travers le monde, le peuple juif a été persécuté pendant des siècles et l’antisémitisme en Europe a atteint son paroxysme avec un holocauste sans précédent. Demain, je me rendrai à Buchenwald, qui faisait partie d’un réseau de camps où des Juifs étaient réduits à l’esclavage, torturés, abattus et envoyés aux chambres à gaz par le Troisième Reich.

Six millions de Juifs ont été tués – soit un nombre supérieur à celui de toute la population juive d’Israël aujourd’hui. Il est injustifié, ignorant et odieux de nier ce fait. Il est profondément injuste de menacer Israël de destruction, ou répéter de vils stéréotypes sur les Juifs et cela ne sert qu’à évoquer dans l’esprit des Israéliens cette page la plus douloureuse de leur passé et à empêcher de prendre racine la paix à laquelle ont droit les habitants de cette région.

Ceci dit, il est également indéniable que le peuple palestinien, qui regroupe des musulmans et des chrétiens, a souffert en quête d’un territoire. Depuis plus de soixante ans, il connaît la douleur de la dislocation. Beaucoup attendent dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, à Gaza et dans des terres voisines de connaître une vie de paix et de sécurité à laquelle ils n’ont jamais eu le droit de goûter. Ils subissent au quotidien les humiliations – grandes et petites – qui accompagnent l’occupation. Il n’est pas permis d’en douter : la situation du peuple palestinien est intolérable. L’Amérique ne tournera pas le dos à l’aspiration légitime du peuple palestinien à la dignité, aux chances de réussir et à un État à lui. (Applaudissements)

Depuis des dizaines d’années, une impasse persiste : deux peuples aux aspirations légitimes, chacun marqué par un passé douloureux qui rend un compromis insaisissable. Il est aisé de pointer un doigt accusateur : les Palestiniens peuvent attirer l’attention sur la dislocation consécutive à la fondation d’Israël, et les Israéliens peuvent dénoncer l’hostilité et les attaques dont le pays a de tout temps fait l’objet à l’intérieur même de ses frontières et par-delà. Mais si nous examinons ce conflit à travers le prisme de l’une ou de l’autre partie, nos oeillères nous cacheront la vérité : la seule résolution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux États, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité. C’est dans l’intérêt d’Israël, dans l’intérêt de la Palestine, dans l’intérêt de l’Amérique, dans l’intérêt du monde. C’est pourquoi je compte personnellement poursuivre un tel aboutissement avec toute la patience et le dévouement qu’exige cette tâche. (Applaudissements)

Les obligations qu’ont acceptées les parties en vertu de la Feuille de route sont claires. Pour que règne la paix, il est temps que les parties – et que nous tous -se montrent à la hauteur de leurs responsabilités.

Les Palestiniens doivent renoncer à la violence. La résistance sous forme de violence et de massacre n’aboutira pas. Les Noirs en Amérique ont souffert du fouet quand ils étaient esclaves et de l’humiliation de la ségrégation. Mais ce ne fut pas la violence qui leur a finalement permis d’obtenir l’égalité des droits dans son intégrité. Ce fut la persévérance ferme et pacifique pour les idéaux au coeur même de la création de l’Amérique. Cette même histoire peut être racontée par des peuples de l’Afrique du sud à l’Asie du sud ; de l’Europe de l’est à l’Indonésie. C’est une histoire avec une simple vérité : la violence ne mène nulle part. Lancer des roquettes contre des enfants israéliens endormis ou tuer des vieilles femmes dans un autobus, n’est pas un signe de courage ni de force. Ce n’est pas de cette manière que l’on revendique l’autorité morale ; c’est ainsi qu’on l’abdique.

Le moment est maintenant venu pour les Palestiniens de se concentrer sur ce qu’ils peuvent bâtir. L’Autorité palestinienne doit développer ses capacités de gouverner avec des institutions qui répondent aux besoins de son peuple. Hamas jouit du soutien de certains Palestiniens, mais il doit aussi reconnaitre ses responsabilités. Il doit jouer un rôle pour réaliser les aspirations des Palestiniens et unir le peuple palestinien. Hamas doit mettre fin à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit à l’existence d’Israël. En même temps, Israël doit reconnaître que tout comme le droit à l’existence d’Israël ne peut être nié, il en est de même pour la Palestine. Les États-Unis n’acceptent pas la légitimité de la continuation des colonies israéliennes. (Applaudissements) Ces constructions constituent une violation des accords passés et portent préjudice aux efforts de paix. Le moment est venu pour que ces colonies cessent. (Applaudissements)

Israël doit aussi honorer ses obligations et assurer que les Palestiniens puissent vivre, travailler et développer leur société. Tout comme elle ravage les familles palestiniennes, la continuation de la crise humanitaire à Gaza ne sert pas à promouvoir la sécurité d’Israël, l’absence persistante de chances de réussite en Cisjordanie non plus. Des améliorations dans la vie de tous les jours du peuple palestinien doivent constituer une partie cruciale de la feuille de route pour la paix.

Enfin, les États arabes doivent reconnaître que l’initiative arabe de paix a été un début important, mais non la fin de leurs responsabilités. Le conflit israélo-arabe ne devrait plus être utilisé pour distraire les populations des États arabes des autres problèmes. Il doit au contraire servir de raison pour aider les populations palestiniennes à développer les institutions qui permettront d’asseoir leur État ; à reconnaître la légitimité d’Israël ; et à opter pour le progrès au lieu de se polariser de manière autodestructive sur le passé.

L’Amérique alignera ses politiques avec ceux qui veulent la paix. Nous dirons en public ce que nous dirons en privé aux Israéliens, aux Palestiniens et aux Arabes. (Applaudissements)

Nous ne pouvons pas imposer la paix. Mais en privé, de nombreux Musulmans reconnaissent qu’Israël ne disparaitra pas ; de même, de nombreux Israéliens reconnaissent la nécessité d’un État palestinien. Le moment est venu de prendre une initiative, sur ce que tous savent être vrai.

Trop de larmes ont coulé. Trop de sang a été versé. Nous avons tous la responsabilité d’oeuvrer pour le jour où les mères d’Israéliens et de Palestiniens pourront voir leurs enfants grandir sans peur ; où la terre sainte de trois grandes religions sera ce lieu de paix que Dieu avait voulu ; où Jérusalem sera un lieu de résidence sur et permanent pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans et un lieu où tous les enfants d’Abraham pourront se côtoyer dans la paix comme dans l’histoire d’Israh, (Applaudissements), – comme dans l’histoire d’Israh, de Moïse, de Jésus et de Mohammed (que la paix soit avec eux) unis dans la prière. (Applaudissements)

Armement nucléaire

La troisième source de tension est nos intérêts en commun à l’égard des droits et des responsabilités des États concernant les armes nucléaires.

Cette question a constitué une source de tension entre les Etats-Unis et la République islamique d’Iran. Pendant de nombreuses années, l’Iran s’est défini en partie par son opposition à mon pays et il existe en effet un passé tumultueux entre nos deux pays. En pleine Guerre froide, les États-Unis ont joué un rôle dans le renversement d’un gouvernement iranien démocratiquement élu. Depuis la révolution islamique, l’Iran a joué un rôle dans la prise d’otages et dans des actes de violence à l’encontre des troupes et des civils américains. Cette histoire est bien connue. Plutôt que de rester emprisonné par le passé, j’ai dit clairement au peuple et aux dirigeants iraniens que mon pays est prêt à aller de l’avant. La question qui se pose maintenant n’est pas de savoir à quoi l’Iran s’oppose, mais plutôt quel est l’avenir qu’il souhaite bâtir.

Je comprends qu’il sera difficile de surmonter des décennies de méfiance, mais nous allons procéder avec courage, rectitude et fermeté. Il y aura de nombreux problèmes à examiner entre nos deux pays et nous sommes disposés à aller de l’avant sans conditions préalables, sur la base d’un respect mutuel. Mais il est clair pour tous ceux préoccupés par les armes nucléaires que nous sommes arrivés à un tournant décisif. Ce n’est pas simplement dans l’intérêt des États-Unis, c’est pour empêcher une course aux armes nucléaires susceptible d’entraîner cette région sur une voie extrêmement dangereuse .

Je comprends ceux qui protestent contre le fait que certains pays possèdent des armes que d’autres ne possèdent pas. Aucun État ne devrait décider et choisir qui sont les pays à avoir des armes nucléaires. C’est pourquoi je réaffirme fermement l’engagement de l’Amérique à vouloir un monde dans lequel aucun pays ne possède d’armes nucléaires. (Applaudissements) Et chaque pays, y compris l’Iran, devrait avoir le droit d’avoir accès à l’énergie nucléaire pacifique s’il respecte ses engagements dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire. Cet engagement est au coeur du Traité et il doit être pris par tous ceux qui y souscrivent pleinement. J’espère que tous les pays de la région pourront partager cet objectif.

Démocratie

Le quatrième point je vais aborder est la démocratie. (Applaudissements)

Je sais – je sais qu’il y a eu une polémique, au cours des récentes années, au sujet de la promotion de la démocratie et qu’une grande partie de cette controverse est liée à la guerre en Irak. Par conséquent, permettez-moi de le dire clairement : aucun système de gouvernement ne peut ou ne devrait être imposé par un pays à un autre.

Toutefois, cela ne diminue pas mon engagement à l’égard des gouvernements qui reflètent la volonté du peuple. Chaque nation donne naissance à ce principe de sa propre manière, en fonction des traditions de son propre peuple. L’Amérique ne prétend pas savoir ce qui est le mieux pour tout et chacun, tout comme nous ne voudrions pas prétendre décider des résultats d’une élection pacifique. Mais j’ai la ferme conviction que tous les peuples aspirent à certaines choses : la possibilité de s’exprimer et d’avoir une voix dans la façon dont ils sont gouvernés ; la confiance en l’État de droit et l’application équitable de la justice ; un gouvernement qui est transparent et qui ne vole pas ce qui appartient à son peuple ; la liberté de vivre selon leur choix. Il ne s’agit pas simplement d’idéaux américains, il s’agit des droits de l’homme et c’est pourquoi nous les encouragerons dans le monde entier. (Applaudissements)

C’est vrai, il n’y a pas de route directe pour honorer cette promesse. Mais une chose est claire, les gouvernements qui défendent ces droits sont à terme plus stables, meilleurs et plus en sécurité. La suppression des idées ne réussit jamais à les éliminer. L’Amérique respecte la liberté d’expression de tous ceux, dans le monde entier, qui sont pacifiques et respectueux de la loi, même si nous ne sommes pas d’accord avec eux. Nous accueillerons tous les gouvernements élus pacifiques – à condition qu’ils gouvernent en respectant toutes leurs populations.

Ce point est important car il y a ceux qui encouragent la démocratie uniquement lorsqu’ils ne sont pas au pouvoir ; et une fois au pouvoir ils sont sans scrupules dans la suppression des droits d’autrui. (Applaudissements) Quel que soit là où il prend forme, le gouvernement du peuple et par le peuple est le seul étalon par lequel on mesure tous ceux qui sont au pouvoir : il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition ; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis ; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. Sans ces ingrédients, les élections ne créent pas une vraie démocratie à elles seules.

Un membre du public : Barack Obama, on vous aime !

Liberté religieuse

Président Obama : Je vous remercie. (Applaudissements) Le cinquième point que nous allons aborder ensemble est celui de la liberté de religion.

L’Islam a une tradition de tolérance dont il est fier. Nous le constatons dans l’histoire de l’Andalousie et de Cordoue pendant l’Inquisition. Je l’ai constaté de première main pendant mon enfance en Indonésie, où des Chrétiens dévots pratiquaient ouvertement leur religion dans un pays à prépondérance musulmane. C’est cet esprit qu’il nous faut aujourd’hui. Les habitants de tous les pays doivent être libres de choisir et de vivre leur religion d’après leur conviction d’esprit, de coeur et d’âme. Cette tolérance est essentielle pour que la religion puisse s’épanouir, or elle est assaillie de plusieurs façons différentes.

Parmi certains musulmans, on constate que certains ont malheureusement tendance à mesurer leur propre croyance à l’aune du rejet des croyances d’autrui. Il faut soutenir la richesse de la diversité religieuse, que ce soit pour les Maronites au Liban ou les Coptes en Égypte. (Applaudissements)

Et pour être francs, il faut aussi mettre fin aux divergences entre les musulmans, car les divisions entre les sunnites et les chiites ont provoqué des violences tragiques, tout particulièrement en Irak.

La liberté de religion joue un rôle crucial pour permettre aux gens de vivre en harmonie. Nous devons toujours examiner les façons dont nous la protégeons. Aux États-Unis, par exemple, les musulmans ont plus de mal à s’acquitter de l’obligation religieuse de la zakat étant donné les règles relatives aux dons de bienfaisance. C’est pour cette raison que je suis résolu à oeuvrer avec les musulmans américains pour leur permettre de s’acquitter de la zakat.

De même, il importe que les pays occidentaux évitent d’empêcher les musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, par exemple, en dictant ce qu’une musulmane devrait porter. En un mot, nous ne pouvons pas déguiser l’hostilité envers la religion sous couvert de libéralisme.

De fait, la foi devrait nous unir. C’est pour cette raison que nous sommes en train de créer de nouveaux programmes de service communautaire en Amérique qui réunissent des chrétiens, des musulmans et des juifs. C’est également pour cette raison que nous nous réjouissons des initiatives telles que le dialogue interreligieux du roi Abdallah d’Arabie Saoudite et le leadership de la Turquie dans l’Alliance des civilisations. À travers le monde, nous pouvons transformer le dialogue en un service interreligieux de sorte que les ponts entre les êtres humains mènent à des actions en faveur de notre humanité commune, que ce soit pour lutter contre le paludisme en Afrique ou pour fournir des secours après une catastrophe naturelle.

Droit des femmes

La sixième question – la sixième question dont je veux parler porte sur les droits des femmes. (Applaudissements) Je sais – je sais, et vous pouvez le voir d’après ce public – que cette question suscite un sain débat. Je rejette l’opinion de certains selon laquelle une femme qui choisit de se couvrir la tête est d’une façon ou d’une autre moins égale, mais j’ai la conviction qu’une femme que l’on prive d’éducation est privée d’égalité. (Applaudissements) Et ce n’est pas une coïncidence si les pays dans lesquels les femmes reçoivent une bonne éducation connaissent bien plus probablement la prospérité.

Je tiens à préciser une chose : les questions relatives à l’égalité des femmes ne sont absolument pas un sujet qui concerne uniquement l’Islam. En Turquie, au Pakistan, au Bangladesh et en Indonésie, nous avons vu des pays à majorité musulmane élire une femme à leur tête, tandis que la lutte pour l’égalité des femmes continue dans beaucoup d’aspects de la vie américaine, et dans les pays du monde entier.

Je suis convaincu que nos filles peuvent offrir une contribution à la société tout aussi importante que nos fils (Applaudissements)et que notre prospérité commune sera favorisée si nous utilisons les talents de toute l’humanité, hommes et femmes. Je ne crois pas que les femmes doivent faire les mêmes choix que les hommes pour assurer leur égalité, et je respecte celles qui choisissent de suivre un rôle traditionnel. Mais cela devrait être leur choix. C’est pour cela que les États-Unis oeuvreront en partenariat avec tout pays à majorité musulmane pour améliorer l’alphabétisation des filles. Nous aiderons aussi les jeunes femmes à faire la transition de l’école au monde du travail par l’intermédiaire du microfinancement qui permet aux gens de réaliser leurs rêves. (Applaudissements)

Développement

Finalement, je veux parler de notre intérêt commun à favoriser le développement et les opportunités économiques.

Je sais que pour beaucoup, la mondialisation présente des aspects contradictoires. Internet et la télévision peuvent transmettre dans les foyers des connaissances et des informations, mais également une sexualité vulgaire et une violence gratuite. Le commerce peut s’accompagner de nouvelles richesses et opportunités, mais aussi de grands bouleversements et de changements au niveau communautaire. Dans tous les pays, y compris en Amérique, ce changement provoque la peur. La peur que la modernité signifie la perte du contrôle de nos choix économiques, de nos décisions politiques et, il s’agit d’un élément encore plus important, de notre identité, c’est-à-dire des choses qui nous attachent à notre communauté, notre famille et notre foi.

Mais je sais aussi qu’on ne peut pas empêcher le progrès humain. Le développement et la tradition ne sont pas nécessairement contradictoires. Des pays comme le Japon et la Corée du Sud ont connu une prodigieuse croissance économique tout en conservant leur culture distincte. Il en va de même pour les progrès remarquables au sein de pays à majorité musulmane, de Kuala Lumpur à Dubaï. Par le passé et de nos jours, les communautés musulmanes ont été à la pointe de l’innovation et de l’éducation.

Ceci est important car aucune stratégie de développement ne peut se fonder uniquement sur ce que produit la terre et elle ne peut être durable si les jeunes n’ont pas de travail. De nombreux pays du Golfe se sont énormément enrichis grâce au pétrole et certains commencent à concentrer leurs ressources sur le développement plus large. Mais nous devons tous garder à l’esprit que l’éducation et l’innovation seront la monnaie d’échange du 21e siècle. (Applaudissements) Dans trop de communautés musulmanes, le sous-investissement en ces domaines persiste. J’attire l’attention sur cette réalité dans mon propre pays. Et à la différence du passé pendant lequel l’Amérique se concentrait sur le pétrole et le gaz, s’agissant de cette partie du monde, nous chercherons désormais à agir dans des domaines plus variés. Dans le domaine de l’éducation, nous allons élargir les programmes d’échange et augmenter les bourses, comme celle qui a permis à mon père de venir en Amérique, (Applaudissements) tout en encourageant davantage d’Américains à étudier dans des communautés musulmanes. Nous offrirons à des étudiants musulmans prometteurs des stages aux États-Unis ; nous investirons dans l’enseignement en ligne destiné aux enseignants et aux enfants à travers le monde ; et nous créerons un nouveau réseau informatique qui permettra à un jeune du Kansas de communiquer instantanément avec un jeune du Caire.

Dans le domaine du développement économique, nous créerons un nouveau corps de volontaires des milieux d’affaires qui formeront des partenariats avec des homologues de pays à majorité musulmane. Je vais aussi accueillir un Sommet sur l’entrepreneuriat cette année pour trouver les moyens d’approfondir les liens entre les leaders du monde des affaires, les fondations et les entrepreneurs sociaux des États-Unis et des communautés musulmanes à travers le monde.

Dans le domaine des sciences et des technologies, nous établirons un nouveau fonds pour appuyer le développement technologique dans les pays à majorité musulmane et pour aider à concrétiser commercialement des idées pour qu’elles créent des emplois. Nous ouvrirons des centres d’excellence scientifiques en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, et nous nommerons de nouveaux émissaires pour les sciences chargés de collaborer à des programmes qui mettront au point de nouvelles sources d’énergie, créeront des emplois verts, numériseront les registres et archives, purifieront l’eau et produiront de nouvelles cultures. Dans le domaine de la santé au niveau mondial, j’annonce aujourd’hui une nouvelle initiative avec l’Organisation de la conférence islamique pour éradiquer la polio et nous intensifierons nos partenariats avec des communautés musulmanes pour améliorer la santé maternelle et infantile.

Tout cela doit être accompli en partenariat. Les Américains sont prêts à se joindre aux citoyens et gouvernements, aux organisations communautaires, aux dirigeants religieux et aux entreprises dans les communautés musulmanes du monde entier afin d’aider nos populations à améliorer leur vie.

Il ne sera pas facile de régler les questions dont je viens de parler. Mais nous avons la responsabilité de nous unir pour réaliser le monde auquel nous aspirons, un monde où les extrémistes ne menacent plus notre pays et où les soldats américains sont rentrés chez eux, un monde où les Palestiniens et les Israéliens vivent chacun en sécurité dans un État qui leur est propre et où l’énergie nucléaire est utilisée à des fins pacifiques, un monde où les gouvernements servent les intérêts de leurs citoyens et où les droits de tous les enfants de Dieu sont respectés. Tel est le monde auquel nous aspirons et nous n’y parviendrons qu’ensemble.

Je sais qu’un grand nombre de gens – musulmans et non musulmans – se demandent si nous arriverons vraiment à prendre ce nouveau départ. Certains veulent attiser les flammes de la division et entraver le progrès. Certains suggèrent que ça ne vaut pas la peine ; ils avancent qu’il y aura fatalement des désaccords et que les civilisations finissent toujours par s’affronter. Beaucoup plus ont tout simplement des doutes. Il y a tellement de peur, tellement de méfiance qui se sont accumulées avec les ans. Mais si nous choisissons de nous laisser enchaîner par le passé, nous n’irons jamais de l’avant. Je veux particulièrement le déclarer aux jeunes de toutes les fois et de tous les pays, plus que quiconque, vous avez la possibilité de ré-imaginer le monde, de refaire le monde.

Nous partageons tous cette planète pendant un court instant. À nous de décider si nous passons ce temps à nous concentrer sur ce qui nous sépare ou si nous nous engageons à faire ce qu’il faut – de façon soutenue – pour trouver un terrain d’entente, pour nous concentrer sur l’avenir que nous désirons pour nos enfants, et pour respecter la dignité de tous les êtres humains.

Tout ceci n’est pas simple. Il est plus facile de se lancer dans une guerre que de faire la paix. Il est plus facile de blamer autrui que de s’examiner soi-même ; il est plus facile de voir ce qui nous distingue, plutôt que ce que nous avons en commun. Mais il faut choisir le bon chemin, et non le plus facile. Il y a une règle essentielle qui sous-tend toutes les religions : celle de traiter les autres comme nous aimerions être traités.

Cette vérité transcende les nations et les peuples. C’est une croyance qui n’est pas nouvelle, qui n’est ni noire ni blanche ni basanée, qui n’est ni chrétienne ni musulmane ni juive. C’est une foi qui a animé le berceau de la civilisation et qui bat encore dans le coeur de milliards d’êtres humains. C’est la foi dans autrui et c’est ce qui m’a mené ici aujourd’hui.

Nous avons le pouvoir de construire le monde auquel nous aspirons, mais seulement si nous avons le courage de prendre un nouveau départ, en gardant à l’esprit ce qui a été écrit.

Le Saint Coran nous dit : ‘Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. »

Le Talmud nous dit : « Toute la Torah a pour objectif de promouvoir la paix. »

La Bible nous dit : « Bienheureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu. »

Les habitants du monde peuvent cohabiter en paix. Nous savons que telle est la vision de Dieu. C’est maintenant notre tâche sur cette Terre. Je vous remercie et que la paix de Dieu soit avec vous. Je vous remercie. Je vous remercie. (Applaudissements)

Barak Obama (Le Caire le 4 juin 2009)

Obama plus fin que Bush en Afghanistan

Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés le peut quand Obama le veut. Pour certifier sa volonté le président américain sort 8 millions de dollars de la poche des Etats-Unis. Le HCR investit lui  150 millions de dollars dans le maintien des Afghans au Pakistan jusqu’en 2012.
En novembre 2008, dans une conférence internationale organisée à Kaboul, le HCR recherchait des fonds pour continuer à les rapatrier.
Barak Obama est beaucoup plus intelligent que Bush. Il a compris qu’une grande partie des Afghans « volontaires » au retour  n’avaient d’autre possibilité que de travailler pour les taliban contre 5 dollars par jour en raison de la misère.
Que vont faire, la Grande-Bretagne et la France, qui continuent de toute évidence à vouloir expulser ensemble des Afghans par « charters » dès la fin de l’hiver afghan ?
Le changement de politique du HCR devra servir d’argument supplémentaire aux militants pour déposer des requêtes devant la Cour européenne des droits de l’homme  contre ces probables « charters » et aussi contre toute expulsion individuelle