Martine Aubry a souligné mercredi que le PS n’entérinait pas mais avait décidé « de prendre acte » de la candidature de Georges Frêche aux régionales en Languedoc-Roussillon, estimant qu’il faut maintenant « tout faire pour que cette région reste à gauche ». « Nous n’entérinons pas sa candidature, réellement cette candidature nous a posé un certain nombre de questions », a déclaré la première secrétaire du Parti socialiste sur France Inter.
Le président sortant de la région avait été exclu du PS en 2007 après des propos controversés sur des harkis et la proportion de Noirs dans l’équipe de France de football. Mme Aubry a toutefois estimé que « le bilan de Georges Frêche et de son équipe est un très bon bilan dans la région ». Devant l’impossiblité de bâtir une autre liste de rassemblement à gauche dès le premier tour, « nous avons donc décidé hier (mardi) soir de prendre acte du choix des militants mais de ne pas donner l’investiture nationale à Georges Frêche », a-t-elle indiqué.
« Il aurait fallu » que les partenaires de gauche du PS « acceptent que nous soyons dans une liste unique dès le 1er tour, ils nous avaient dit le souhaiter, ils ne l’ont pas voulu, je le regrette. Maintenant il faut tout faire pour que cette région reste à gauche et pour battre cette droite dont je rappelle qu’elle a fait alliance avec l’extrême droite il y a encore peu de temps », a déclaré la numéro un socialiste.
René Koering, compositeur, surintendant de la musique à Montpellier et directeur du festival de Radio France depuis 25 ans est aussi un homme loufoque, exigeant et sensible.
Quels ont été les grands moments et ceux plus inattendus de cette édition ?
» La surprise vient du concert de la place de l’Europe où il y a eu beaucoup de monde. J’ai trouvé très sympa que les gens viennent avec leur bouteille de rouge leur marijuana, et se roulent des joints. Le vrai public potentiel c’est celui là. Ce sont des gens qui ne s’embarrassent pas de canons sociaux. Moi cela m’a fait plaisir de faire ce programme de tubes parce que je passe mon temps à faire ou à produire des œuvres que personne ne connaît. Ce n’est pas un hasard que ces œuvres soient tellement plébiscitées même si elles sont considérées comme des scies musicales. J’ai beaucoup apprécié le duo Boris Berezovsky et Brigitte Engerer qui ont fait un concert extraordinaire. J’ai aussi aimé l’opéra de Bellini. Question fréquentation, on est à 142 000 personnes soit presque 10 000 spectateurs de plus.
La décentralisation régionale progresse mais semble difficile et lente ?
Il y a eu beaucoup de concerts en région. On est autour de 17 000 personnes. C’est bien. Mais la région il faut la démarrer à la manivelle ce qui est normal parce qu’il y a des choses qui se tiennent pour la première fois. L’année prochaine les gens seront plus en attente. C’est un énorme travail parce que beaucoup de gens pensent en région que la culture n’est pas nécessaire à la vie. Ils pensent que c’est plus important d’avoir un kilomètre d’autoroute que d’avoir un orchestre. Beethoven disait l’homme honnête va à pied.
Grâce à la gratuité, la crise ignore le festival ?
Nous avons proposé 180 manifestations gratuites. Les sources de financement font de ce festival un service public. Je ne vois donc aucune raison d’en faire une affaire. Quand les gens sont dans une situation moins confortable, je pense qu’ils sont moins enclins à chercher le bonheur que le divertissement. Dans l’état actuel de la France, les gens cherchent un médicament pour l’âme et pas juste pour les zygomatiques. Cela dit, j’adore l’humour. Si je ne ris pas dix fois par jour je suis malheureux.
Vous pleurez aussi de temps en temps ?
Je n’ai pas tendance à pleurer. Mais j’ai remarqué des choses extraordinaires. Par exemple, l’opéra Friederike que nous avons donné en clôture est une ânerie sentimentale à un point… Mais comme je suis très sentimental, chaque fois que la fin arrive, j’ai la gorge serrée. Je suis relativement facilement ému. Pleurer c’est d’autres douleurs. Je ne pleure pas par émotion, je pleure quand cela me prend vraiment dans mon âme. La mort d’un ami ça me tue. Sinon j’aime être dans une ambiance où l’on rit. C’est important. Le reste, l’autorité tout ça, c’est un peu grotesque. Parfois l’imbécillité de certains journalistes me fait beaucoup rire. Je me dis mais comment il arrive à être aussi con. En même temps, je comprends que c’est comme si j’écrivais un article sur l’exploitation des gaz carboniques dans la fabrication de je ne sais quoi. Les gens diraient il est complètement con, il ne connaît rien !
Que pensez-vous de la presse critique ?
Il y a 150 ans c’était des gens comme Berlioz, Schumann… qui écrivaient dans les journaux. Maintenant se sont des gens dont la culture musicale se constitue à partir du disque. Des gens qui se font une opinion sur la valeur marchande de ce que l’on leur amène. Pour pouvoir lire un texte il faut être musicien. Où alors il faut dire moi je pense que. Mais pas dire c’est comme ça. Sempé a fait un dessin que j’aime beaucoup. On voit une salle de spectacle. Il y a 500 personnes qui sont debout, qui crient qui applaudissent à tout rompre. Tout en blanc comme ça avec juste le détour au milieu, on voit un petit personnage tout noir qui fait la gueule et il y a marqué : le critique. (rire)
Après un quart de siècle de pilotage, quel regard portez-vous sur le festival?
Un quart de siècle ! ne dites pas ça… Pour moi rien n’a changé, le premier festival est le même que celui d’aujourd’hui. Je fais des programmations pour des gens qui aiment la musique, si possible, et qui ne connaissent pas ce que je fais. C’est drôle parce que certains disent : il faudrait que le programme de Koering évolue. Alors qu’ils ne leur viendrait pas à l’idée que le programme d’Orange qui fait Carmen, la Traviata, et Aïda depuis 150 ans, évolue. Comment voulez-vous que ma programmation évolue, je ne vois pas en quoi.
L’explorateur, explore…
Il y a un tel réservoir dans l’histoire de la musique que l’on est très loin d’avoir entendu ce qui est beau. La beauté ce n’est pas forcément les chefs d’œuvre. Evoluer ça ne veut rien dire, par contre, lorsque je fêterai le cinquantième anniversaire du festival, j’aurai fait peut-être 150 opéras inconnus. Actuellement j’en suis à 78.
Comment travaillez-vous en matière de recherche ?
Il faut chercher dans les bibliothèques, faire des copies. Il y a en a qui ne veulent pas les donner. Et avant cela, il faut les trouver. On téléphone à des tas de gens. C’est compliqué. Là, je suis sur une œuvre que je veux absolument faire, je n’ai que le piano chant, et je ne trouve pas l’œuvre elle-même. Sur mon piano, il y a actuellement une centaine d’œuvres en attente. Elles sont là, il faut que je les regarde. Je les classe : urgent, pas tout de suite et puis jamais. Mais même le jamais je le regarde. Sur ces cent-là, il y en a une quarantaine que je ferai.
A l’heure où les politiques culturelles posent questions, quel avenir pour le festival ?
Je ne vois pas un avenir autre que l’état politique actuel. Je ne préfère pas l’imaginer. Et de toute façon je n’en ferais pas partie. Je n’ai jamais calculé la longévité de quoi que ce soit sur un état politique. Quand j’ai créé le festival en 85 avec Georges Frêche, en 86, j’ai lu dans le journal que c’était la dernière édition. On a vu le résultat. Le reste ce sont des bavardages de gens qui sont impatients de prendre le pouvoir, d’être des patrons et de pouvoir rater ce que d’autres ont réussi.
Votre succession à la tête de l’orchestre et de l’opéra a été confiée à Jean-Paul Scarpitta
J’ai proposé aux responsables politiques Jean-Paul Scarpitta qui est une personne que j’aime beaucoup, et qui bénéficie, grâce à son talent de metteur en scène, d’une vraie reconnaissance du public de l’opéra. Cela a été accepté. Je garde le festival mais j’avais envie d’arrêter cela me permettra de m’atteler à d’autres propositions. Je reste en tant que conseiller musical pour faciliter la passation. J’entends profiter un peu des 80 ans qui me restent à vivre « .
L’évolution budgétaire de la communauté d’agglomération de Montpellier se poursuit. Avec 833 M€, le budget primitif 2006 de l’Agglo voté vendredi affiche une forte hausse. Boostée par la seconde ligne du tramway, la section investissement fait un bond de près de 45% par rapport à 2005.
EN dépit du désengagement de l’Etat, l’agglomération de Montpellier poursuit sur sa lancée volontariste. Elle s’appuie sur la stabilité de sa situation financière pour asseoir la politique des grands projets engagés dès 2004. Transport, gestion des déchets, assainissement, lutte contre les inondations et prévention des risques, les enjeux fixés pour l’intercommunalité nécessitent des investissements d’une envergure sans précédent. Cela dans un contexte économique qui conformément aux orientations libérales du gouvernement fait exploser les déficits publics et met l’Etat dans une situation proche du dépôt de bilan.
Toutes tendances politiques confondues, les maires de France n’ont pas manqué de le souligner, 2006 s’annonce comme une année noire pour les collectivités locales. Au désengagement massif des subventions d’Etat qui se répercute indistinctement sur l’ensemble de la société, se greffent les effets de la réforme sur la fiscalité locale qui ajoutent des inégalités aux inégalités territoriales. Avec le plafonnement de la taxe professionnelle à 3,5% de la valeur ajoutée, le gouvernement dote les entreprises d’un bouclier fiscal et se décharge une fois de plus sur les budgets locaux. Il met par ailleurs l’intercommunalité en péril en la privant de sa seule base fiscale dynamique sans aucune compensation.
Dans ce contexte extrêmement inquiétant l’orientation budgétaire de l’Agglo opte pour l’emprunt au détriment de l’impôt. Coté contribuables, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères et la redevance assainissement reste inchangées. L’augmentation du taux de taxe professionnelle se limite à 1,03%, très en dessous du niveau de l’inflation. Le budget d’investissement de l’Agglo devient le plus important de toutes les collectivités de la région. Avec 691€ par habitant les dépenses d’équipement sont 5 fois plus élevées que la moyenne nationale. La poursuite de cet ambitieux projet a été votée par l’ensemble des groupes politiques. Le recours à l’emprunt s’élève à 395 M€ sur trente ans. La vice présidente de la commission finance de Montpellier, Eva Beccaria est apparue bien isolée en rappelant à l’assemblée que la pression durable qui pèse sur les collectivités et par ricochet sur les impôts du contribuable, impliquait de gérer l’avenir. Aujourd’hui tout repose sur les larges épaules du capitaine se rassure-t-on dans le grand bateau de l’Agglo.
Le conseil régional de Languedoc-Roussillon était en pleine discussion sur son budget, mercredi 30 novembre, lorsque Georges Frêche a pris la parole. Le président socialiste de la région a l’habitude de faire connaître ses avis, iconoclastes ou brutaux, sur à peu près tous les sujets. Cette fois, revenant sur le débat parlementaire de la veille qui avait opposé les socialistes à l’UMP sur » le rôle positif de la colonisation française » , M. Frêche a lancé : » Il est juste de reconnaître le rôle positif de la présence française en Algérie. » Puis il a développé : » La colonisation, je veux bien qu’on la condamne. Mais on s’acharne sur rien du tout. Si je suis d’accord pour stigmatiser les gros colons, je salue le très bon boulot des instituteurs en Afrique du Nord. » Qualifiant de » gugusses du PS qui font une opération politicienne » les parlementaires montés au créneau pour faire abroger l’article de loi, M. Frêche a dû faire face au » grand malaise » de ses amis socialistes. Et a essuyé une bronca des élus communistes et Verts réclamant une suspension de séance.
Profitant de l’interruption, M. Frêche entonna alors à tue-tête, du haut de son perchoir régional, le chant colonial C’est nous les Africains qui revenons de loin, repris en chœur par quelques élus du Front national. A la fin du couplet, le leader régional du FN, Jean-Claude Martinez, applaudit : » Bravo Frêche ! Et s’ils te virent, tu sais que tu as toujours une bonne soupe de côté au FN. «
Au déjeuner, M. Frêche a pris à partie le porte-parole du groupe communiste, Jean-Louis Bousquet : » Tu as eu raison de réagir comme cela. A ta place, j’aurais fait pareil. Mais moi, tu comprends, je ne suis pas à Nantes [comme le président du groupe PS de l’Assemblée nationale, le député et maire Jean-Marc Ayrault], où il n’y a pas l’ombre d’un rapatrié. Ici, à Montpellier, c’est eux qui font les élections. »