Jérusalem. Mot d’ordre commun contre la provocation

L’erreur de Trump a produit un mouvement de solidarité. Photo JMDI

La déclaration du président des Etats-Unis sur Jérusalem a soulevé une vague d’indignation à travers le monde. Mobilisé dimanche sur la Place de La Comédie à Montpellier, le Collectif 34 Palestine s’est joint au concert d’indignation.

« ?L’absence de rationalité que l’on prête au président américain n’empêche pas que sa démarche s’inscrive dans une certaine logique? », faisait valoir hier à Montpellier un ancien militant de la cause palestinienne ayant répondu à l’appel du Collectif 34 Palestine. Un propos qu’il est aisé de constater dans les faits. En trois semaines, le gouvernement des Etats-Unis a attaqué le peuple palestinien sur trois fronts. Le 18 novembre, l’administration du président des Etats-Unis a annoncé sa décision de fermer le bureau diplomatique de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington. Le 5 décembre, le Congrès des Etats-Unis a voté à l’unanimité l’adoption de la loi Taylor Force, qui vise à bloquer, de 2018 à 2024, l’aide apportée à l’Autorité palestinienne, à moins que cette dernière ne cesse de verser des prestations aux familles de militants palestiniens morts au combat ou inculpés. Mais c’est le troisième affront, le 6 décembre, qui risque de s’avérer le plus dévastateur pour les initiatives de paix. Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis reconnaissaient officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël en provoquant une onde de choc dont la structure ondulatoire devient très apériodique.

«?Jérusalem est et restera éternellement la capitale de l’Etat de Palestine?», a affirmé le président palestinien Mahmoud Abbas suivi par les leaders musulmans qui appellent, le président Turc Erdogan en tête, le monde à reconnaître Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine. Pour les 350 millions d’Arabes et les 1,5 milliard de musulmans dans le monde, la ville sainte constitue une question primordiale.

Trump avec les purs et durs

Même si elle n’a pas déclenché la spirale de violence redoutée, les violences suscitées par la décision américaine, ont causé la mort de huit palestiniens depuis le 6 décembre. Dont quatre décès et des centaines de blessés ce vendredi dans la bande de Gaza où l’armée israélienne a tiré à balles réelles sur les manifestants. Pour l’ancien militant montpelliérain qui précise que son accent américain n’a aucune importance?: «?Trump a pactisé avec les tenants du sionisme pur et dur, ceux qui iront jusqu’au bout...?» Une version corroborée par le New York Times qui avance que le président américain aurait décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël après un dîner à la Maison-Blanche avec le milliardaire Sheldon Adelson, magnat des casinos de Las Vegas et principal financier du Parti républicain.

Solution attendue de l’extérieur

«?Après l’annonce du 6 décembre, le message est clair, explique le militant montpelliérain, on impose aux palestiniens la version israélienne de Netanyahou et de ses alliés d’extrême droite.?» Pour ce militant avisé du conflit israélo-palestinien la mobilisation significative du peuple israélien qui a réuni des centaines de milliers de manifestants à Tel Aviv pour demander la démission du chef de gouvernement n’est pas en mesure de faire basculer la balance. «?A travers le monde, tous les observateurs s’accordent à reconnaître que la solution viendra de l’extérieur.?»

Loin de servir les intérêts de son pays, la conversion du président américain à la vision israélienne exclut les Etats-Unis de l’histoire du Moyen-Orient et ouvre le champ à l’UE. «?L’erreur de Trump produit un grand mouvement de solidarité à travers le monde, souligne Isabelle Boissora la présidente du Collectif 34 Palestine, La France a manifestement une carte à jouer. Face à Netanyahou, Mr Macron et ses formules diplomatiques est apparu un peu tiède?».

JMDH

Source La Marseillaise 18/12/2017

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Une mort miroir du processus de déshumanisation

L'un des bulldozers ne s'est pas arrêté. Photo DR

Cinéma . Simone Bitton réalise une enquête cinématographique sur la mort de Rachel à Rafah.

A propos de son film Rachel que l’on peut voir sur les écrans depuis hier, l’invitée du Diagonal, Simone Bitton, cite Mahmoud Darwich :  » Le chemin vers la maison est plus important que la maison.  » Dans la bouche du poète palestinien, la phrase s’applique à la démarche artistique, une vision partagée par la réalisatrice. Et une réflexion qui résonne doublement dans son dernier film, une enquête cinématographique retraçant les circonstances de la mort d’une Américaine de 23 ans à Rafah au sud de la Bande de Gaza. Rachel est morte écrasée par un bulldozer israélien le 16 mars 2003. Elle se trouvait avec d’autres jeunes militants pacifiques sur le chemin d’une maison palestinienne. Simone Bitton fait habilement circuler la parole autour de ce drame que les services d’information de Tsahal nomment un incident.

Ayant nécessité trois ans de travail, le film est très documenté. La réalisatrice a notamment mis la main sur des documents audiovisuel de l’armée israélienne, recueilli des témoignages d’officiers impliqués, de jeunes appelés qui confient s’être amusés à tirer régulièrement sur les maisons des Palestiniens. Rachel ne s’inscrit pas pour autant dans la lignée des enquêtes télévisée. Sans vouloir imposer une thèse, le film pose des questions de fond.  » Le crime intentionnel dont mon film parle, ce n’est pas la mort de Rachel Corrie. C’est la destruction volontaire de quartiers entiers, avec le risque assumé de tuer des gens restés à l’intérieur de leurs maisons ou tentant de les défendre. « 

Ce qui produit l’émotion, c’est l’extrême distance entre la dimension politique et institutionnelle de la situation (l’occupation de la Palestine par Israël et les actes de l’armée d’occupation) et l’absence de dimension politique de la vie et de la mort de la population civile. Dans le film, une camarade de Rachel mentionne la mort d’un Palestinien tué le même jour que son amie par une balle anonyme au moment où il sortait fumer une cigarette devant chez lui. Une mort dont personne ne se soucie, précise-t-elle. La population palestinienne parle de l’accueil chaleureux qu’elle réservait aux jeunes militants internationaux. De la vie qu’ils partageaient au quotidien. On pénètre ainsi dans une autre dimension. Celle de l’engagement d’une jeunesse et de l’espoir que cela peut susciter.  » Ce voyage est la meilleure chose que j’ai faite dans ma vie  » écrit Rachel à ses parents.

Mon film relate  » un épisode tragique qui renvoie à une tragédie beaucoup plus large. Gaza n’est pas seulement le tombeau de Rachel Corrie et des centaines de civils qui sont régulièrement assassinés : c’est un tombeau universel où l’humanisme tout entier est en train de sombrer. « 

Jean-Marie Dinh

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