La 35e édition du festival débute ce mercredi 24 juin. Jusqu’au 9 juillet, le monde contemporain se croise pour dresser un état de la scène chorégraphique du local aux frontières lointaines.
Ouvert sur le territoire local avec une présence renforcée dans la Métropole et toujours foncièrement international, le Festival Montpellier danse qui débute aujourd’hui reçoit cette année des chorégraphes venant de treize pays différents : (Canada, Colombie, États-Unis, France, Italie, Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne, Espagne, Pays-Bas, Israël, Maroc, Turquie). Jean-Paul Montanari, le directeur du festival, maintient depuis les premiers pas de l’événement un état de veille sur le monde de la danse qui fait du festival un moment incontournable pour la scène chorégraphique.
Comme tous les grands rendez-vous de ce type, il est aussi question de porter à la lumière la vitalité des jeunes chorégraphes. A l’instar de la jeune marocaine Bouchra Ouizguen dont la recherche permanente pose l’épineux problème du corps et plus généralement de la place de la femme dans la société marocaine. Au contact de Matilde Monnier et de Boris Charmatz, la chorégraphe qui ne craint pas de déranger s’est confrontée aux pratiques d’écriture occidentales, et bénéficie depuis plusieurs années de la fenêtre que lui ouvre Montpellier Danse sur le monde.
Autre chorégraphe porteuse de renouveau, Phia Ménard sera cette année à l’affiche avec sa création Belle d’Hier. La pièce entend travailler sur la disparition d’un mythe, par sa transformation; en l’occurrence celui du prince charmant. De formation circassienne Phia Ménard participe à la rencontre et à la redéfinition des deux arts du mouvement que sont la danse et le cirque. Elle ouvre un champs émotionnel et poétique prometteur.
Fruit d’un savant dosage, la programmation offre également l’occasion de retrouver quelques grands noms de l’histoire chorégraphique. A commencer par le spectacle de ce soir, la création Extremalism du duo italo-hollandais Emio Greco et Pieter C.Scholten tout fraîchement nommés au Ballet national de Marseille. Autre duo de taille Israel Galvan et Akram Khan, présenteront leur création Torobaka où jouteront les influences du kathak indien et la virtuosité du flamenco. On attend aussi la présence des maîtres reconnus, Anne Teresa de Keersmaeker, Ohad Naharin, et Maguy Marin dont les oeuvres ont modifié le sens conféré au concept d’espace.
A l’heure où le Festival débute sa 35e édition, il paraît peu opportun de se questionner sur l’état de la danse contemporaine. Peut être parce que le chiffre 35 parle de lui-même et que cette interrogation sur la crise de l’expression chorégraphique paraît datée.
En vertu du rapport étroit qu’elle entretient avec la notion d’immanence, la danse contemporaine a toujours été un laboratoire d’actions nouvelles. La danse est par ailleurs un puissant stimulant de l’activité réceptrice, notamment dans les arts du spectacle vivant. Que l’on constate l’apport de la danse au théâtre, à la musique ou encore au cirque, pour apprécier les bienfaits transmis dans le rapport à l’espace au mouvement et au temps.
La danse se dessine dans un mouvement qui porte son propre tracé et situe la place du corps en modifiant l’espace. Il ne faut donc pas tenir à comprendre mais inventer un nouveau sens. A ce titre, la place que Montpellier danse accorde à la création demeure un critère incontournable avec 14 créations à découvrir.
Comme le ferait dire l’auteur Jérôme Ferrari à un de ses personnages, la danse contemporaine répond, à sa façon, au principe physique de l’incertitude.
Jean-Marie Dinh
Source La Marseillaise 24/06/2015