La Maison de Heidelberg ouvre une grande fenêtre sur l’Allemagne du 25 septembre au 4 octobre. Evénement citoyen, cinéma, exposition, la ville sera à l’heure d’Outre-Rhin.
La semaine allemande organisée par la Maison de Heidelberg résonne cette année d’une manière toute particulière. En raison de l’actualité, notamment avec les élections législatives allemandes dont les résultats sont attendus le 27 septembre. Mais surtout à l’occasion du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin qui aura lieu le 9 novembre prochain*. Cet événement international a tout naturellement été choisi comme thème de ces journées par le Centre culturel allemand de Montpellier.
A cette occasion, la ville de Montpellier s’associera pleinement à sa ville jumelle et à la communauté franco- allemande pour revivre ce moment historique. Un vrai mur en pierre de dix mètres de long et de deux mètres de haut va voir le jour vendredi 25 septembre au milieu de l’esplanade. « Symbole de la division du monde pendant la guerre froide, symbole de la liberté d’expression dans nos démocraties, mais symbole aussi d’une révolution pacifique qui le fit tomber à la surprise générale. »
Le mur de Berlin sur l'Esplanade, œuvre éphémère de l'expression libre.
Une heureuse idée à vocation citoyenne qui invite les artistes, les Montpelliérains et tous ceux qui le souhaitent à utiliser ce mur pour s’exprimer. Tout le monde est convié à se retrouver au pied de l’ouvrage avec marteau et burin, le soir du 9 octobre pour fêter la destruction du cloisonnement politique en emportant un morceau du mur chez soi. L’action, à vocation pédagogique, est également soutenue par l’Académie de Montpellier. Etudiants et scolaires seront ainsi partie prenante de l’événement. Une occasion de découvrir ou d’approfondir l’Histoire et la réalité contemporaine de l’échange franco-allemand.
Plusieurs manifestations culturelles émailleront cette semaine à Montpellier. L’artiste Brigitte Kühlewind-Brennenstuhl, incarcérée pour tentative de fuite à l’Ouest est attendue à la Maison de Heidelberg dès jeudi 24 à 18h30 pour le vernissage de son exposition. Et aussi le Festival du cinéma allemand au Diagonal à partir du 23 septembre. Placées sous les meilleurs auspices, les premières semaines d’automne s’annoncent résolument franco-allemandes !
Jean-Marie Dinh
Rendez-vous avec la communauté allemande à la Maison de Heidelberg le 27 sept à partir de 17h30 pour découvrir les résultats des élections. Renseignements : 04 67 60 48 11.
Gunter Von Hagens : une nouvelle version de l’esthétique dans un soucis pédagogique selon l’artiste. Photo Getty
La Fabrique de Philosophie fête sa quinzième édition avec une rencontre exceptionnelle consacrée à l’art contemporain, ses acteurs, ses enjeux, ses controverses. La philosophe Carole Talon-Hugon et la sociologue Nathalie Heinich présentent ce soir au Musée Fabre leur dernier livre.
L’essai de la sociologue Nathalie Heinich, Faire voir : L’art à l’épreuve de ses médiations, nous introduit auprès des conservateurs de musées, commissaires d’expositions, experts, critiques d’art, enseignants, philosophes, juges des tribunaux… qui permettent aux œuvres d’intégrer véritablement le monde de l’art. Nathalie Heinich décortique le monde méconnu de la médiation en analysant les valeurs par lesquelles il se définit et les modes d’action qu’il met en œuvre.
Dans Morales de l’art, Carole Talon-Hugon se penche sur les rapports conflictuels entre l’art et la morale : un sujet d’actualité à l’heure où » la transgression éthique est incontestablement une ligne de force de l’art contemporain « . On pense à la polémique qui a fait jour autour des plastinisations de cadavres de l’artiste Von Hagens.
La philosophe prend du recul en réexaminant les configurations historico-conceptuelles qui posent des bases théoriques. Elle revient notamment sur trois grands schémas de pensée relatifs à cette question. Du premier siècle de la chrétienté au XVIIIème siècle, l’art se met au service de l’éthique. L’esthétique kantienne assimile le beau comme symbole de la moralité.
Le XIXème siècle voit l’art prendre son indépendance à l’égard de l’éthique. Un mouvement qui se poursuit durant le XXème, où l’esthétique s’inscrit dans différentes préoccupations. Heidegger désigne l’œuvre d’art comme une mise en œuvre d’un dévoilement de l’être tandis qu’Oscar Wilde situe l’art au-dessus de la morale.
Survenant comme la troisième étape de cette relation entre l’art et l’éthique, notre modernité se distingue par la transgression, les conflits et des formes ambiguës, souligne l’auteur : » Tel romancier accusé de pédophilie dit vouloir en faire la critique, tel plasticien accusé de cruauté envers les animaux répond avoir voulu militer pour leur défense… «
Un livre accessible et passionnant qui ouvre de vastes champs de réflexion. L’art est-il susceptible de remplir une tâche de régénération morale ? L’éthique est-elle habilitée à juger l’art quand celui-ci s’est déclaré une valeur en soi ? Dans la période de mutation que nous traversons, les territoires de l’art sont devenus trop flous pour répondre, laisse entendre Carole Talon-Hugon, qui voit dans l’art une place légitime pour le jugement moral. Quelque chose serait en train de bouger dans le conflit qui oppose art et éthique.
Jean-Marie Dinh
Ce soir à 19h30 au Musée Fabre conférence-débat avec Carole Talon-Hugon : pour Morales de l’art, éd PUF, et Nathalie Heinich pour : Faire voir : L’art à l’épreuve de ses médiations, éd Les impressions nouvelles.
Frederic Beigbeder invité du Forum Fnac à Montpellier. Crédit Photo DR
Dans Un Roman français, l’écrivain se confronte à son passé à la suite d’une garde-à-vue pour usage de stupéfiant sur la voie publique : Rencontre pour un nouvel interrogatoire…
Quelles priorités voyez-vous pour amorcer le retour des libertés individuelles : rendre facultatif le port de la ceinture à l’arrière ou légaliser la coke ?
« La seconde incontestablement : il faut légaliser. On voit bien que les pays qui disposent d’une législation plus cool sur ce sujet ne s’en sortent pas plus mal. La jeunesse n’est pas plus défoncée pour autant. The Economist vient de se pencher sur le sujet. Il dénonce l’hypocrisie de la prohibition… En France on ne pense qu’à remplir les prisons. C’est catastrophique, les gens qui ont commis des délits mineurs se retrouvent dans des conditions de détention sordides. Et cela ne résout pas le problème, bien au contraire. Ca brise les jeunes ou les transforme en vrais caïds. Il est temps de mener une réflexion sur le sujet.
Vous dites que l’on retrouve la mémoire en prison. Parviendrait-on à réduire le trou de la Sécu en mettant les malades d’Alzheimer en cabane ?
Non je ne pense pas. Je suis moi-même atteint d’une certaine forme d’amnésie involontaire que je m’emploie à soigner par l’écriture. Et puis, même pour rire, je ne dirai jamais qu’il faut mettre plus de monde en détention. Il y a un suicide par jour dans les prisons françaises donc je suis plutôt pour que l’on cesse d’utiliser la garde-à-vue à tort et à travers.
Vous comparez le métier de flic à celui de romancier en affirmant que dans les deux cas, on rapproche des choses qui n’ont aucun rapport. Voyez-vous d’autres points communs ?
Le principal est de ne pas croire au hasard. Les flics recoupent les informations et finissent par échafauder un scénario. Ils tentent de bâtir une histoire à partir d’un travail d’enquête. Pour moi, ce travail se rapproche de celui du romancier. Dans mon cas d’autobiographe, j’ai travaillé quelques scènes comme cela. Un petit garçon sur une plage avec son grand-père, un adulte en garde-à-vue… Il faut arriver à relier l’ensemble en faisant en sorte que chaque événement explique le suivant. J’ai été le détective privé de moi-même.
En 2002, on vous a vu battre la campagne avec Robert Hue, vous avez toujours son portable ?
Non ! Il n’a pas de portable, j’arrivais pas à… en tout cas il n’avait pas de portable à l’époque. Pour le joindre, il fallait appeler son directeur de cabinet.
Et lui, vous pensez qu’il a le vôtre ?
Euh… Je l’ai vu la semaine dernière et je crois bien qu’il l’avait.
Comment définiriez-vous votre rapport à la sincérité ?
Bah… Cela dépend des livres. Il y a des livres où je mens et des livres où je dis la vérité. Le dernier est celui où je mens le moins…
Votre fille vous fait-elle la morale ?
Oui. C’est marrant les choses se sont vraiment inversées. Je pense que le grand changement, c’est 68. Avant cette date les parents faisaient la morale aux enfants. Depuis c’est le contraire.
Après la sortie de votre livre, l’ambiance à table en famille s’est-elle améliorée ?
Oui, ce qui a surtout changé, c’est que l’on se parle. Avant on se contentait de sourire. C’est un des grands mérites de la littérature, ça décoince les bourgeois.
Laquelle des questions auxquels vous venez de répondre vous a semblé la plus sérieuse ?
Toutes, mais la plus étrange est celle sur Alzheimer. C’est celle que j’ai préférée parce que le vrai sujet de mon livre ce n’est pas ma garde-à-vue ou mon enfance, c’est cette question sur la mémoire. Qu’est-ce que ce mystère dans le cerveau humain qui fait que l’on se souvient d’une chose et pas d’une autre ? »
Gérard Vallès entre Limousin Poitou Charentes et Grand Sud
L’enjeu de rentrée de la chaîne publique répond moins à la présentation de nouvelles émissions qu’à la stratégie d’harmonisation portée par le directeur de France télévision Patrick de Carolis. C’est-à-dire appliquer à moyens constants, sur l’ensemble du groupe des chaînes publiques, une politique éditoriale visible et cohérente.
Gérard Vallès, le nouveau directeur de France 3 Sud (Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon), cumule déjà cette responsabilité avec la direction Limousin Poitou-Charentes. Bordeaux devrait s’y rattacher d’ici début janvier dans la perspective de regrouper les 13 pôles actuels en 4 groupes de gouvernance. » Ce projet éditorial est aussi un projet industriel, précise le super directeur. Comprenez concurrentiel : Nous entendons tenir la dragée haute à TFI et aux autres télés européennes. «
En théorie, les mesures d’audiences locales (30% sur la tranche 19h-20h contre 23% en moyenne nationale) devraient le permettre. Pour la nouvelle grille, les maîtres mots demeurent ouverture et proximité. Christian Detranchant, le rédacteur en chef du LR, explique la logique paradoxale qui fait que l’émission du matin consacrée à des documentaires locaux est remplacée par des productions en provenance de toutes les régions. » En allant chercher le bon exemple dans un autre coin du territoire lié à notre proximité, on décentralise en recentralisant. » De quoi donner du grain à moudre à ceux qui verraient là une simple mesure économique.
La grille 2009/2010 sera moins figée. Les régions qui font la force de la chaîne bénéficieront d’une meilleure flexibilité dans les cases de la programmation avec la PAE (prise d’antenne exceptionnelle). » Cela offre la capacité de bousculer notre ordonnancement, en fonction de l’événement « , commente Gérard Vallès.
Devant l’imminence de la convergence ordinateur-télé, France 3 entend aussi mettre les bouchées doubles pour satisfaire les internautes. Ils peuvent déjà découvrir une offre unique sur l’interface culture box qui permet de visionner en ligne tous les reportages culturels tournés en France avec des exclus web. Bref, France 3 poursuit sa révolution culturelle !
« (…) France Télécom a subi une transformation sans précédent. Elle est passée du statut d’administration en situation de monopole à celui de multinationale plongée dans une concurrence exacerbée. Elle a basculé d’une culture de service public à une culture de profit. Trop vite, sans accompagnement social adapté. Quand un salarié sur trois est frappé par les restructurations, ce ne sont pas seulement des milliers de métiers qu’on change, mais des habitudes de vie qu’on bouleverse, des repères qu’on bouscule, des souffrances qu’on occasionne. Il appartient au Pdg de France Télécom de réconcilier les salariés avec leur entreprise, de redonner un sens à ce qu’on appelle, qu’on avait fini par oublier, le capital humain. Après une période d’attentisme qui a pu s’apparenter à de l’indifférence, sinon un déni, il a semblé prendre la mesure du traumatisme, non sans avoir été convoqué par le ministre du Travail. Pour la première fois hier, il a reconnu officiellement le phénomène. Encore faudra-t-il s’attaquer aux causes et humaniser le management dans un contexte de crise anxiogène et une compétition économique qui, elle, ne changera pas. »
Source: Didier Louis, Le courrier Picard, 16 09 09
(…) Un suicide est toujours un accident intime, même lorsqu’il se répète à 23 reprises. Mais les cas extrêmes de France Télécom, après ceux de Peugeot et de Renault, sont si effrayants de banalité qu’ils ne peuvent être réduits à des erreurs de gestion. (…) Ce qui est en cause, c’est le glissement inexorable de tant d’entreprises, de toutes tailles et de toute nature, vers un fonctionnement de plus en plus déshumanisé. La compétition internationale, la concurrence, le développement, la crise, le combat pour la survie, parfois, ont eu bon dos. Toutes ces bonnes raisons ont justifié une rationalisation des méthodes faisant prévaloir des théories de la performance, jugées infaillibles, sur une organisation du travail reposant sur l’expérience, l’originalité, la personnalisation des approches, la dimension familiale des services. Le bonheur au travail ? Une vision romantique… »
« (…) La société de concurrence, par nature, implique l’élimination, hors du Loft, pour le symbole, mais aussi hors de l’économie réelle, cet autre cercle enchanté des vainqueurs. (…) C’est une culture globale qui est en cause, puisqu’on sait depuis Emile Durkheim que le suicide, tragédie intime, est aussi un phénomène social. Une culture créée par les forts, qui assimile l’économie à une forme de guerre, requérant la mobilisation générale, le patriotisme fervent et la sanction régulière des défaillances. Quand le management devient martial et l’entreprise une armée sans fusils, la métaphore se prolonge jusqu’au drame: chacun sait qu’à la guerre, il y a des morts. »
Source : Laurent Joffrin, Libération, 16 09 09
Dessin de Cardon Paru dans Le Canard Enchaîné
D’abord, il s’agit de drames personnels : un suicide, c’est forcément complexe et dû à la combinaison de plusieurs facteurs, non ? Ensuite, ce sont les médias qui exagèrent, car, c’est bien connu, les médias exagèrent toujours. D’ailleurs, comme le dit Olivier Barbelot DRH de France Télécom, lors d’une récente téléconférence avec les « manadgers » de l’entreprise : « C’est pas dramatique, j’ai vu pire que ça. Le nombre de suicides n’augmente pas : il y en aeu 28 en 2000 et 29 en 2002. » Tout va bien, donc : avec seulement 23 suicides en dix-huit mois, y a de la marge…
Source : Jean-Luc Porquet, Le Canard Enchaîné, 16 09 09
Didier Lombard, le PDG de France Télécom s’excuse !
Le PDG de France Télécom, Didier Lombard, s’est excusé mercredi des propos qu’il a tenu la veille évoquant une « mode du suicide » au sein de son entreprise.
« Hier , par erreur, j’ai utilisé le mot +mode+ qui était la traduction du mot « mood » (humeur ndlr) en anglais. Je m’excuse d’avoir fait ça », a déclaré M. Lombard sur RTL. « Je suis focalisé sur : arrêtez cette spirale infernale (du suicide) dans laquelle nous sommes », a-t-il ajouté.
Le PDG de France Telecom s’était engagé mardi à mettre un « point d’arrêt à cette mode du suicide qui évidemment choque tout le monde » lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec le ministre du Travail Xavier Darcos. Ses propos ont suscité une vive polémique alors que 23 salariés de France Télécom se sont suicidés ces 18 derniers mois.
Source : AFP 16 09 09
Il y a le dernier livre à la mode, le dernier film, le dernier chanteur, la dernière fringue… et les suicides à France Telecom. Une nouvelle mode, selon le très délicat PDG de l’entreprise (…) Bruno Gagne, syndicaliste CGT et salarié France Telecom à Montpellier, confirme : » Si aujourd’hui il y a une mode du suicide, c’est parce que les soldes du social sont entamées depuis longtemps. »
Source : Amélie Gourseau, L’Hérault du Jour, 17 09 09
Le changement de statut de la Poste rappelle quelques précédents
« Venant après l’affaire des suicides à France Télécom, le changement de statut de la Poste rappelle quelques précédents. France Télécom, puis GDF. « Y compris en cas d’augmentation de capital, l’Etat ne pourra pas descendre en dessous de 70% », promettait en 2004 Nicolas Sarkozy. Depuis la fusion avec Suez, la part de l’Etat n’atteint désormais plus que 35%. Fin du service public, place à l’actionnariat. Avec ses objectifs de rentabilité contradictoires à ceux du service public. Il y a des quartiers populaires où les bureaux seront supprimés, mais parce qu’ils ne sont pas rentables : les RMIstes qui viennent faire des retraits, ça ne rapporte pas… Même si les capitaux restaient 100% publics, ce serait l’Etat qui exigerait la rentabilité et des dividendes. De quoi montrer que les inquiétudes exprimées par les syndicats sont loin d’être illégitimes. »
Source : Jean-marcel Bouguereau La Republique des Pyrénées 22 09 09