le problème de la gauche… c’est le peuple

peuple-des-pauvresLe problème de la gauche… c’est le peuple. Au lendemain d’un succès spectaculaire, symétrique d’une déculottée historique de la droite républicaine, l’opposition doit aussi prendre en compte cette amère évidence : si elle domine le «pays légal», il existe, hors les murs, une masse de citoyens qui, sous des formes diverses, disparates, confuses, sont entrés en dissidence. Ces citoyens se recrutent pour l’essentiel dans les classes populaires. Et dimanche, comme chacun a pu le remarquer, ils étaient majoritaires. Ainsi la démocratie française, qui présente toutes les apparences de la solidité, vote en fait sur un volcan. La crise endémique qui mine la vie politique française, en dépit d’une élection présidentielle 2007 marquée par une très forte participation, réapparaît à la faveur d’un scrutin local. Le problème se pose à Nicolas Sarkozy, qui avait réussi à rétablir, à droite en tout cas, une certaine confiance dans l’action politique. Mais il heurte tout autant la gauche, qui a trop souvent cru conjurer cette désaffection populaire en la qualifiant de «populiste», mot creux qui a surtout pour fonction de rassurer le bobo. La clé de la présidentielle prochaine se trouve dans la reconquête des classes populaires. Pour la réussir, il faudra trouver, en matière sociale, bien sûr – c’est la priorité – mais aussi dans le domaine de la sécurité et de l’immigration, des projets justes et efficaces. Même sans le dire, le peuple vient de l’exiger.

Laurent Joffrin Libération 16 03 10

La faiblesse de Sarkozy menace l’Europe

L’UMP, le parti conservateur au gouvernement du président français Nicolas Sarkozy, a perdu le premier tour des élections régionales. Le quotidien conservateur Corriere della Sera revient sur la faible participation électorale et sur les faiblesses de Sarkozy : « Dans une Europe qui est amenée à placer de nouveau tous ses espoirs de croissance dans l’axe franco-allemand, l’idée d’avoir en France et en Allemagne des dirigeants fragilisés n’est pas faite pour rassurer. Bien au contraire, l’UE d’aujourd’hui aurait absolument besoin de pouvoirs solides et forts à Paris et à Berlin, peu importe que ceux-ci soient de centre-droit ou de centre-gauche. Pour cela, le lent épuisement que les régionales françaises semblent annoncer à Paris, dans l’attente d’autres confirmations continentales, représente le pire scénario pour la France, mais aussi pour l’Europe. »

C orriere della Sera (Italie)

Vague de suicide chez France Telecom

Revue de presse


« (…) France Télécom a subi une transformation sans précédent. Elle est passée du statut d’administration en situation de monopole à celui de multinationale plongée dans une concurrence exacerbée. Elle a basculé d’une culture de service public à une culture de profit. Trop vite, sans accompagnement social adapté. Quand un salarié sur trois est frappé par les restructurations, ce ne sont pas seulement des milliers de métiers qu’on change, mais des habitudes de vie qu’on bouleverse, des repères qu’on bouscule, des souffrances qu’on occasionne. Il appartient au Pdg de France Télécom de réconcilier les salariés avec leur entreprise, de redonner un sens à ce qu’on appelle, qu’on avait fini par oublier, le capital humain. Après une période d’attentisme qui a pu s’apparenter à de l’indifférence, sinon  un déni, il a semblé prendre la mesure du traumatisme, non sans avoir été convoqué par le ministre du Travail. Pour la première fois hier, il a reconnu officiellement le phénomène. Encore faudra-t-il s’attaquer aux causes et humaniser le management dans un contexte de crise anxiogène et une compétition économique qui, elle, ne changera pas. »

Source: Didier Louis, Le courrier Picard, 16 09 09

(…) Un suicide est toujours un accident intime, même lorsqu’il se répète à 23 reprises. Mais les cas extrêmes de France Télécom, après ceux de Peugeot et de Renault, sont si effrayants de banalité qu’ils ne peuvent être réduits à des erreurs de gestion. (…) Ce qui est en cause, c’est le glissement inexorable de tant d’entreprises, de toutes tailles et de toute nature, vers un fonctionnement de plus en plus déshumanisé. La compétition internationale, la   concurrence, le développement, la crise, le combat pour la survie, parfois, ont eu bon dos. Toutes ces bonnes raisons ont justifié une rationalisation des méthodes faisant prévaloir des théories de la performance, jugées infaillibles, sur une organisation du travail reposant sur l’expérience, l’originalité, la personnalisation des approches, la dimension familiale des services. Le bonheur au travail ? Une vision romantique… »

Source : Olivier Picard, Dernières Nouvelles d’Alsace, 16 09 09

« (…) La société de concurrence, par nature, implique l’élimination, hors du Loft, pour le symbole, mais aussi hors de l’économie réelle, cet autre cercle enchanté des vainqueurs. (…) C’est une culture globale qui est en cause, puisqu’on sait depuis Emile Durkheim que le suicide, tragédie intime, est aussi un phénomène social. Une culture créée par les forts, qui assimile l’économie à une forme de guerre, requérant la mobilisation générale, le patriotisme fervent et la sanction régulière des défaillances. Quand le management devient martial et l’entreprise une armée sans fusils, la métaphore se prolonge jusqu’au drame: chacun sait qu’à la guerre, il y a des morts. »

Source : Laurent Joffrin, Libération, 16 09 09

Dessin de Cardon Paru dans Le Canard Enchaîné

Dessin de Cardon Paru dans Le Canard Enchaîné

D’abord, il s’agit de drames personnels : un suicide, c’est forcément complexe et dû à la combinaison de plusieurs facteurs, non ? Ensuite, ce sont les médias qui exagèrent, car, c’est bien connu, les médias exagèrent toujours. D’ailleurs, comme le dit Olivier Barbelot DRH de France Télécom, lors d’une récente téléconférence avec les « manadgers » de l’entreprise : « C’est pas dramatique, j’ai vu pire que ça. Le nombre de suicides n’augmente pas : il y en aeu 28  en 2000 et 29 en 2002. » Tout va bien, donc : avec seulement 23 suicides en dix-huit mois, y  a de la marge…

Source : Jean-Luc Porquet, Le Canard Enchaîné,  16 09 09

Didier Lombard, le PDG de France Télécom s’excuse !

Le PDG de France Télécom, Didier Lombard, s’est excusé mercredi des propos qu’il a tenu la veille évoquant une « mode du suicide » au sein de son entreprise.
« Hier , par erreur, j’ai utilisé le mot +mode+ qui était la traduction du mot « mood » (humeur ndlr) en anglais. Je m’excuse d’avoir fait ça », a déclaré M. Lombard sur RTL. « Je suis focalisé sur : arrêtez cette spirale infernale (du suicide) dans laquelle nous sommes », a-t-il ajouté.

Le PDG de France Telecom s’était engagé mardi à mettre un « point d’arrêt à cette mode du suicide qui évidemment choque tout le monde » lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec le ministre du Travail Xavier Darcos.     Ses propos ont suscité une vive polémique alors que 23 salariés de France Télécom se sont suicidés ces 18 derniers mois.

Source : AFP 16 09 09

Il y a le dernier livre à la mode, le dernier film, le dernier chanteur, la dernière fringue… et les suicides à France Telecom. Une nouvelle mode, selon le très délicat PDG de l’entreprise (…) Bruno Gagne, syndicaliste CGT  et salarié France Telecom à Montpellier, confirme :  » Si aujourd’hui il y a une mode du suicide, c’est parce que les soldes du social sont entamées depuis longtemps. »

Source : Amélie Gourseau, L’Hérault du Jour, 17 09 09

Le changement de statut de la Poste rappelle quelques précédents

« Venant après l’affaire des suicides à France Télécom, le changement de statut de la Poste rappelle quelques précédents. France Télécom, puis GDF. « Y compris en cas d’augmentation de capital, l’Etat ne pourra pas descendre en dessous de 70% », promettait en 2004 Nicolas Sarkozy. Depuis la fusion avec Suez, la part de l’Etat n’atteint désormais plus que 35%. Fin du service public, place à l’actionnariat. Avec ses objectifs de rentabilité contradictoires à ceux du service public. Il y a des quartiers populaires où les bureaux seront supprimés, mais parce qu’ils ne sont pas rentables : les RMIstes qui viennent faire des retraits, ça ne rapporte pas… Même si les capitaux restaient 100% publics, ce serait l’Etat qui exigerait la rentabilité et des dividendes. De quoi montrer que les inquiétudes exprimées par les syndicats sont loin d’être illégitimes. »

Source :  Jean-marcel Bouguereau La Republique des Pyrénées 22 09 09

Voir aussi : Rubrique Livre L’entreprise