Italie/migrants: un trafic très lucratif, selon l’OIM

The Blue Sky M cargo ship, carrying an estimated 900 migrants, is seen at the Gallipoli harbour, southern ItalyLes migrants en route pour l’Europe payent entre 1 000 et 2 000 dollars pour le voyage, qui rapporterait ainsi plus d’un million de dollars aux trafiquants exploitant un cargo tel le Blue Sky M, abandonné au large de l’Italie, a estimé vendredi l’Organisation internationale des migrations.

Selon un porte-parole de cette organisation basée à Genève, les trafiquants recourent depuis peu à de gros cargos pour transporter les migrants clandestinement en Europe, ce qui leur permet de faire « des économies d’échelle ».

Deux cargos ont été interceptés ces derniers jours par la marine italienne, remplis de migrants pour la plupart syriens.

« Des villes entières sont en train d’être évacuées en Syrie, ce qui représente des milliers de migrants chaque mois », a ajouté le porte-parole.

« Nous avons des informations selon lesquelles ces migrants payent entre 1 000 et 2 000 dollars par personne, ce qui signifie que ceux qui sont derrière un cargo tel que le Blue Sky M ont encaissé plus d’un million de dollars pour un seul voyage, de quoi payer l’équipage, son évacuation et sans doute des pots-de-vin qui pourraient être utiles pour une prochaine opération », a-t-il ajouté.

Près de 800 migrants ont été abandonnés par l’équipage du Blue Sky M, battant pavillon moldave, et sauvés mercredi par des garde-côtes italiens. Vendredi, c’est un cargo transportant 450 migrants qui a été secouru alors qu’il dérivait au large de la Calabre (sud de l’Italie).

L’Italie est confrontée depuis plusieurs années à un afflux croissant de clandestins qui tentent de gagner l’Europe par la Méditerranée au péril de leur vie, au rythme d’environ 400 arrivées par jour. Plus de la moitié sont des Syriens ou des Erythréens.

Source AFP 02/01/2015

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Paix et sécurité : à Dakar, Idriss Déby Itno se lâche sur la crise libyenne

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Le président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis près de 25 ans.

Les chefs d’État du Sénégal, du Mali, du Tchad, de la Mauritanie et le ministre français de la Défense ont clôturé mardi le Forum international sur la paix et la sécurité de Dakar par un panel au cours duquel Idriss Déby Itno a abordé longuement et très librement la crise libyenne.

On connaissait la vision d’Idriss Déby Itno sur les causes de la crise libyenne, mais on l’avait rarement entendu l’exposer ainsi en public. Lors du panel de clôture du Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, mardi 16 décembre, auquel participaient également les chefs d’État Macky Sall (Sénégal), Ibrahim Boubacar Keïta(Mali), Mohamed Ould Abdelaziz Mauritanie), ainsi que l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le président tchadien s’est épanché pendant plus 20 minutes avec une liberté de ton plus qu’étonnante, notamment vis-à-vis des partenaires occidentaux de l’Afrique.

« Les Occidentaux nous ont-ils consulté lorsqu’ils ont attaqué la Libye, ou qu’ils ont divisé le Soudan », a-t-il déclaré avant de se lancer dans une longue tirade. « La solution en Libye n’est pas entre nos mains. Elle est entre celles de l’Otan qui a créé ce désordre », a-t-il poursuivi. Il fallait accompagner la Libye après la chute de Mouammar Kadhafi. La situation actuelle en est la conséquence. Tout comme Boko Haram, l’avancée des jihadistes au Mali et la libre circulation des armes dans tout le Sahel. La Libye était du temps de Kadhafi le pays le plus armé d’Afrique. Ces armes sont aujourd’hui disséminées partout. »

« Feuille de route »

Après avoir dressé le diagnostic, Idriss déby précise les moyens qui, selon lui, sont de nature à remédier au mal. « Aucune armée africaine ne peut attaquer la Libye. L’Otan en a les moyens. Elle doit y aller, c’est sa responsabilité. C’est à nos amis occidentaux de trouver une solution pour la Libye et le peuple libyen. Nous pourrons ensuite les accompagner. »

Et de conclure, sous un tonnerre d’applaudissement: « L’Afrique n’est toujours pas capable de faire fonctionner sa propre organisation (l’Union africaine). Est-ce un problème d’argent ? Les richesses manquent-elles chez nous ? Non. Les dirigeants africains doivent rendre des comptes à leur société civile ».

Réponse un poil ironique du ministre français de la Défense au président tchadien, au pouvoir depuis près de 25 ans : « Je suis heureux de constater qu’une feuille de route pour les dix prochaines années a été tracée. Je ne peux que la partager. Je suis d’autant plus satisfait que, le Tchad assurant la présidence tournante du conseil de sécurité de l’ONU, nous sommes certains qu’elle sera mise en œuvre. »

Vincent Duhem

Source : Jeune Afrique 17/12/2014

Afrique : émergence dans l’insécurité ?

L'Afrique dans la géopolitique mondiale de 1945 à nos jours. source http://www.xaviermartin.fr/index.php?post/2010/12/28/L-Afrique-dans-la-g%C3%A9opolitique-mondiale-de-1945-%C3%A0-nos-jours

Par Pierre ABOMO*, le 2 décembre 2014

La croissance économique actuelle de l’Afrique s’apparente-t-elle à un leurre ? Tout se passe comme si l’amélioration des indicateurs économiques se suffisait à elle-même en dépit d’un manque de conscience géopolitique, de l’absence de sécurité, de démocratie véritable et de vision sociétale inclusive et transcendante.

AU COURS des 3 à 4 dernières années, l’Afrique a légèrement changé la perception que l’on avait d’elle au niveau international. Pendant de longues décennies l’Afrique a été décrite comme une terre d’espoir perdu, de misère et de calamités. Même si dans une certaine mesure cette perception n’était pas correcte, elle comportait néanmoins une part de vérité. Cependant, le discours ambiant aujourd’hui a radicalement changé. On parle de « temps de l’Afrique » [1], de « continent d’espérance » [2] avec à l’appui de nombreux superlatifs. Ce changement de discours est nourri par une embellie économique liée à de forts taux de croissance qui font envie à certaines parties du monde. Ainsi, l’Angola, le Nigeria, l’Ethiopie, le Tchad, le Mozambique et le Rwanda figuraient parmi les dix économies ayant obtenu les meilleurs taux de croissance dans le monde en 2012.

Toutefois, à côté de ces classements flatteurs, on a aussi une actualité peut reluisante qui met en évidence la hausse d’attentats terroristes, la percée des rebellions et des actes de défiance à l’Etat qui ruinent les vies et les libertés des africains. Du nord Mali au Sud Soudan, en passant par le Nigéria, le Cameroun, la Centrafrique, l’est de la République Démocratique du Congo, les actes de violences et la menace de l’insécurité sont devenus une hantise au quotidien pour les habitants de ces régions. On pourrait valablement soutenir que l’Afrique ne fait point exception à ce niveau, et que le terrorisme est une menace globale qui menace tous les Etats. Cependant, cette lecture habile du problème constitue une fuite en avant et tend à éluder un problème réel irrésolu depuis les indépendances africaines, à savoir l’échec dans la construction d’Etats capables de répondre à la première des libertés qu’est la sécurité, le manque de leadership visionnaire et prévoyant. Aussi, comme le souligne à juste titre Rick Rowden [3], la croissance économique actuelle de l’Afrique s’apparente à un leurre. C’est en quelque sorte un grand arbre qui cache une forêt (1) et qui éclipse à tort le préalable de la sécurité et la stabilité, véritable baromètres de l’affirmation étatique (2).

I. L’émergence économique actuelle, un arbre qui cache la forêt

Derrière les prouesses économiques de l’Afrique, on note aussi la persistance d’une instabilité chronique. Beaucoup d’Etats africains, y compris ceux occupant le podium du succès économique, sont encore incapables d’assurer la mission fondamentale autour de laquelle se structure l’Etat, en l’occurrence la sécurité et la préservation des citoyens contre la violence.

Prenant le cas du Nigéria, « épicentre de la violence maritime dans le Golfe de Guinée » [4], le pays est débordé sur son flanc nord par la secte islamiste Bokam Haram et sur son flanc sud par les pirates du Delta du Niger. Malgré de bons résultats économiques et de solides perspectives de croissance démographique et économique, il continue à présenter de nombreuses faiblesses structurelles au plan politique intérieur et sécuritaire. La mal gouvernance des ressources maritimes et pétrolières, l’absorption de la masse de jeunes ployant sous le joug du chômage et de la pauvreté, sont autant de défis structurels qui handicapent le Nigéria. Ainsi, « les 20 pour cent les plus pauvres ne touchent que 4 pour cent du revenu national, tandis que les 20 pour cent les plus riches en encaissent 53 pour cent ». [5] Cette jeunesse, selon l’attitude qui sera adoptée par les dirigeants pourra être une chance ou une véritable menace à la stabilité du pays.

On pourrait en dire autant sur d’autres champions de la croissance économique africaine des années récentes tels que l’Angola ou la Guinée équatoriale, où la stabilité politique n’est point garantie à moyen et long terme. Ceci non seulement en raison de la longévité au pouvoir de leur dirigeant et de l’absence d’un système de transition prévisible et démocratique, mais également à cause du modèle d’organisation politico-institutionnel quasi familial où une minorité de proches occupent les premières places de l’appareil gouvernemental et tirent les principaux bénéfices de la croissance économique. Très peu d’Etats africains on en effet pu objectiver une vision transcendantale de l’Etat qui privilégie la raison d’Etat et la construction d’institutions fortes et inclusives au détriment du népotisme, du clientélisme, de la corruption ou du favoritisme. Ce sont là des ingrédients qui alimentent l’instabilité et la menace permanente d’insécurité malgré le succès économique. Ainsi, une zone d’ombre demeure, une inquiétude persiste et amène à plus de réserve quant au concept largement répandu d’émergence de l’Afrique. De fait, l’incapacité actuelle des entités politiques africaines à créer des Etats véritables capables de répondre aux défis de la sécurité et de la stabilité politique de longue durée donnent malheureusement des raisons de tempérer cet élan d’optimisme, voire de douter du concept même d’émergence en Afrique.

II. L’émergence véritable de l’Afrique, une nécessité subordonnée au préalable de la stabilité politique et sécuritaire

Certes, l’Afrique a fait des progrès en terme de hausse de la scolarisation, baisse de la mortalité infantile, amélioration de l’IDH et expansion du champ démocratique…Elle connait par ailleurs une forte croissance démographique et une augmentation des investissements directs étrangers, et donc son intégration à l’économie mondiale. Mais pour autant, doit-on nécessairement y voir l’annonce d’un développement futur et la fin des empêchements dirimants qui amenuisent les chances d’éclosion du continent en tant que pôle autonome de croissance et de développement ? En effet, peut-on réellement parler d’émergence de l’Afrique en minorant la question de l’insécurité et l’instabilité politique latentes qui planent comme une épée de Damoclès sur la plupart des pays, y compris les champions de taux de croissance à deux chiffres ?

A l’observation, on note une sorte d’emballement médiatique, un empressement à dire autre chose sur l’Afrique que ce qui a toujours été dit et écrit. Cependant, au risque de faire de l’incantation, cette lecture du développement économique de l’Afrique à l’aune du seul facteur économique s’avère simpliste et insatisfaisante. Elle procède comme s’il suffisait de faire de la croissance économique pour s’affirmer comme un Etat, comme si l’histoire du développement économique des Etats s’apparentait à celle d’une entreprise où la réalisation d’un meilleur chiffre d’affaires, d’une bonne croissance d’une année à l’autre suffisait à pérenniser son modèle économique.

L’Etat c’est malheureusement [ou heureusement d’ailleurs] aussi, voire d’abord une collectivité humaine qui a besoin de sécurité et de stabilité politique. C’est une entité qui a besoin d’un territoire sécurisé, avec à sa tête des institutions stables et indépendantes, dont la survie ne dépend pas de la magnanimité ou de la bienveillance d’un seul homme, fut-ce-t-il fort et illuminé. L’Etat doit pouvoir survivre et transcender la vie éphémère de ses pères fondateurs. Et cette dimension transcendantale n’est accomplie que lorsque des institutions fortes et inclusives énoncent et assurent les conditions essentielles de stabilité politique, de sécurité, de développement économique et social. L’Etat c’est donc un phénomène social total qui va bien au-delà de l’affirmation économique. L’analyse de son succès ou de ses perspectives d’avenir doit procéder d’une démarche holistique qui intègre non seulement l’économique, mais préalablement le politique, le sécuritaire et le social. Or à s’en tenir à ces variables essentielles, on est bien loin du compte concernant l’Afrique.

En conclusion, le problème de l’Afrique n’est pas tant qu’elle ne réunit pas encore les conditions de l’affirmation étatique, mais bien qu’elle semble ne pas en avoir conscience, et se complait à l’autosatisfaction, sans que les bases essentielles de son développement soient posées. Elle semble mettre la charrue avant les bœufs et pense que la bataille essentielle qu’elle doit remporter est celle de l’amélioration de ses indicateurs macro-économiques. Tout se passe comme si l’amélioration des indicateurs économiques se suffisait à elle-même en dépit d’un manque de conscience géopolitique, de l’absence de sécurité, de démocratie véritable et de vision sociétale inclusive et transcendante. En réalité, il sera plus indiqué de parler d’émergence en Afrique une fois que le continent aura bravé cette première étape qui conditionne toutes les autres, à savoir la sécurité et la stabilité politique, couplée à la mise en place d’institutions et d’une vision de développement inclusive qui se moque des ethnies, des clans et des fanatismes religieux.

* Pierre Abomo. UNESCO, Consultant – Project Manager. Sciences Po Paris, Master en Affaires internationales (Conception et évaluation des politiques publiques & stratégies de développement économique et social ; Management interculturel et négociations internationales).

Copyright Décembre 2014-Abomo/Diploweb.com

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KENYA: La CPI abandonne les charges contre Uhuru Kenyatta

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Uhuru Kenyatta, le Président du Kenya vient de remporter une manche de sa confrontation contre la Cour Pénale Internationale (CPI) qui l’accusait de crime contre l’humanité.

Uhuru Kenyatta, le Président du Kenya vient de remporter une manche de sa confrontation contre la Cour Pénale Internationale (CPI) qui l’accusait de crime contre l’humanité. La Procureure de la Cour Pénale Internationale (CPI) a annoncé, vendredi 5 décembre 2014, l’abandon des charges contre le Président du Kenya, Uhuru Kenyatta. Ce dernier était accusé de crime contre l’humanité à la suite des violences post-électorales survenues dans les années 2007-2008 au Kenya.

Cette décision intervient deux jours après que les juges aient refusé de reporter indéfiniment le procès, comme le demandait la procureure. Il y a 4 ans, l’affaire fut le théâtre d’un puissant bras de fer politico judiciaire entre le Kenya et la CPI.

La Cour pénale internationale (CPI) vient d’écrire l’épilogue de l’affaire Kenyatta. Dans un courrier adressé aux juges vendredi matin, la procureure Fatou Bensouda a annoncé qu’elle retirait les charges portées contre le président kényan. Une décision qui intervient deux jours après que les juges aient lancé un ultimatum, lui donnant une semaine pour fournir des preuves solides contre le président kényan, ou à défaut, retirer les charges portées contre lui.

Depuis plus d’un an, la procureure explique ne pas avoir de preuves suffisantes pour ouvrir le procès. Mais « dans l’intérêt de la justice » et du procès équitable, les juges ont refusé de reporter indéfiniment les audiences. Une défaite pour l’accusation alourdie par le refus des juges de dénoncer le Kenya à l’Assemblée des Etats parties (AEP), une sorte de Parlement où siègent les 122 pays membres de la Cour. Depuis plusieurs mois, la procureure dénonce les obstructions de Nairobi à ses enquêtes.

Vérité impossible

Tout en reprochant au Kenya de faire obstruction, ruinant selon eux la possibilité d’établir la « vérité » sur les violences qui ont ensanglanté le pays fin 2007 et début 2008, les juges ont refusé de dénoncer l’absence de coopération de Nairobi à cette Assemblée. En filigrane, les magistrats critiquent la qualité de l’enquête menée par Fatou Bensouda depuis plus de quatre ans. Sur les six accusés ciblés, quatre ont déjà bénéficié d’un non-lieu, dont Uhuru Kenyatta. Seuls le vice-président kényan, William Ruto, et un animateur radio, Joshua Sang, sont aujourd’hui sur le banc des accusés.

Un débat sur la conduite du procureur

La procureure a annoncé sa décision à trois jours de l’ouverture, le 8 décembre, de l’Assemblée des Etats membres de la CPI qui se réunira à New York pour élire de nouveaux juges, voter le budget de la Cour et débattre. Mi-octobre, bien avant que les juges décident de ne pas reporter le procès Kenyatta, le Kenya lançait une nouvelle offensive diplomatique contre la Cour.

Les autorités kényanes demandaient une session spéciale sur «la conduite de la Cour et du bureau du procureur», auquel, parmi de nombreux griefs, il reprochait de maintenir ouverte l’affaire Kenyatta tout en reconnaissant ne pas avoir de dossier solide contre lui, d’appliquer des standards judiciaires moins élevés que ceux des tribunaux kényans, et de placer le Kenya en procès, alors que les accusés, président et vice-président, sont poursuivis par la Cour à titre individuel.

Pour finir, Nairobi prône ni plus ni moins qu’une révision du statut de la Cour devant permettre de sanctionner les manquements du procureur. En réponse, le président, le greffier et Fatou Bensouda ont demandé à l’Assemblée de ne pas ouvrir un tel débat, les alertant du risque d’ingérence dans les affaires judiciaires de la Cour.

Le chef de l’Etat ne sera pas blanchi

Seule courte victoire de la procureure dans cette affaire: les juges ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne prononceraient pas d’acquittement, comme le demandaient les avocats d’Uhuru Kenyatta. Une subtilité juridique qui laisse ouverte la possibilité, pour l’accusation, de lancer une nouvelle affaire contre le président du Kenya. La procureure sauve donc un peu sa mise : Uhuru Kenyatta ne sera pas innocenté. Fatou Bensouda aura choisi de ne pas conduire un procès perdu d’avance.

Auréolé de sa victoire contre la Cour, le président kényan pourrait gagner des points sur le plan intérieur et retrouver une marge de manœuvre diplomatique entachée par les poursuites de la CPI. Les grandes perdantes de cette affaire resteront donc les victimes des violences de 2007.

Source Nouvelle Africa 06/12/14

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Afrique, Kenya,

 

La France valide la dictature égyptienne

26 novembre 2014 François Hollande légitime le dictateur égyptien

Après une première étape en Italie en début de semaine, le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi a poursuivi sa tournée européenne et rencontré à Paris, 26 novembre, son homologue français. C’est la première fois depuis son arrivée au pouvoir et la destitution de Mohammed Morsi en juillet 2013 que le président égyptien est reçu avec les honneurs par François Hollande. Aucune annonce majeure à l’issue de cet entretien, mais une forme de légitimation internationale pour le président égyptien.

En mai dernier, le nouvel homme fort de l’Egypte recevait dans les urnes la légitimité politique qu’il recherchait depuis son arrivée au pouvoir à la faveur de la destitution contestée de Mohammed Morsi, premier président élu de l’ère post-Moubarak.

A présent, c’est sur la scène internationale qu’Abdel Fattah al-Sissi cherche à légitimer son autorité et c’était là le principal objectif de sa rencontre avec François Hollande. Ce dernier n’a pas déçu les attentes du président égyptien, en se contentant d’appeler de ses vœux « la poursuite de la transition démocratique » sans souffler mot de la question des droits de l’homme.

640311-supporters-of-former-egyptian-president-mursi-standing-trial-on-charges-of-violence-react-after-two-La veille, plusieurs associations de défense des droits humains avaient pourtant demandé au président français de mettre la question sur la table, et d’évoquer la répression meurtrière des Frères musulmans (au moins 14 000 morts, et plus de 15 000 arrestations) ainsi que les restrictions toujours croissantes des libertés fondamentales.

Coopération sécuritaire et contrats d’armement

En revanche, les deux hommes ont longuement évoqué la situation sécuritaire dans la région, abordant les dossiers syriens et israélo-palestiniens, et surtout la situation désastreuse de la Libye.

« Nous devons tout faire pour que l’État de droit soit rétabli et éviter que s’installe dans le sud-libyen un terrorisme qui menace l’ensemble de la région », a notamment déclaré M. Hollande, tandis que son homologue égyptien appelait à « soutenir les institutions, les autorités et l’armée nationale libyennes ».

Outre la coopération sécuritaire sur le dossier libyen, la France devrait répondre favorablement au souhait égyptien d’étoffer son équipement militaire. En témoigne la conclusion récente d’un accord entre l’Egypte et le constructeur naval français DCNS pour la livraison de quatre navires de guerre (un milliard d’euros) auxquels deux autres navires pourraient s’ajouter. Un contrat d’entretien pour les Mirage 2000 de l’aviation égyptienne est aussi évoqué ainsi qu’un autre contrat pour la sécurisation des frontières égyptiennes.

Retour à la normale « Vous n’avez rien à craindre en Egypte »

Outre ces contrats militaires, le président égyptien et son homologue français ont évoqué la possibilité d’étendre les investissements directs dont l’Egypte a besoin pour relancer son économie. Le président égyptien a insisté sur le retour des touristes occidentaux, lançant un appel inhabituel aux ressortissants français : « Vous n’avez rien à craindre en Egypte », a notamment déclaré Abdel Fattah Al-Sissi.

Sécurité, économie, tourisme : Abdel Fattah al-Sissi tient au fond le même discours, celui d’une volonté de retour à la normale, plus de trois ans après le printemps arabe. Aux yeux de nombreux activistes égyptiens, et des ONG de défense des droits de l’homme, ce retour à la normale va malheureusement de pair avec une restriction toujours croissante des libertés fondamentales et avec le silence coupable des pays occidentaux sur la question.

MOINS D’UNE SEMAINE APRES LA VISITE D’AL SISSI A L’ELYSEE

Un tribunal égyptien a condamné à mort, mardi 2 décembre, 188 personnes pour leur responsabilité dans la mort d’au moins 13 policiers, tués dans des affrontements avec les partisans du président déchu Mohamed Morsi.

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Chemin de la transition démocratique

Les condamnés étaient accusés d’avoir participé le 14 août 2013 à une attaque meurtrière visant le commissariat de Kerdassa, un village dans la banlieue du Caire, le jour même où les forces de sécurité dispersaient deux sit-in massifs organisés dans la capitale par les partisans de M. Morsi. Cette opération des forces de sécurité avait coûté la vie à au moins 700 personnes en un jour, faisant du 14 août la journée la plus sanglante de la répression contre les partisans de M. Morsi, qui a fait au moins 1 400 morts au total.

Payer ses convictions au prix de sa vie

Payer ses convictions au prix de sa vie

Répression des Pro-Morsi

Depuis la destitution et l’arrestation par l’armée de M. Morsi le 3 juillet 2013, les autorités égyptiennes sont régulièrement accusées d’utiliser la justice comme un outil de répression. Des centaines de pro-Morsi ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes. L’ONU avait qualifié ces procès de « sans précédent dans l’histoire récente ».

Les peines capitales prononcées mardi seront soumises, conformément à la loi égyptienne, à l’avis purement consultatif du mufti, le représentant de l’islam auprès des autorités. Elles seront ensuite confirmées ou commuées en peine de prison lors d’un verdict final, attendu pour le 24 janvier.
JMDH avec AFP et RFI
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