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Archives de catégorie : Espagne
Rester mesurés face à la menace du terrorisme
Si
Qu’apportent des mesures de sécurité renforcées comme les scanners corporels dans les aéroports, se demande Der Standard : « Même si l’on fait preuve de beaucoup de compréhension en faveur des mesures sécuritaires, il est intéressant de considérer les éléments dont ont été amputés nos droits personnels ces dernières années – et le mutisme croissant qui a gagné leurs défenseurs. En 1997, le flicage informatique et les mises sur écoute clandestines étaient encore considérés pratiquement comme des pratiques scandaleuses. Mais après les attentats du 11 septembre s’est progressivement imposée l’idée selon laquelle quelqu’un qui n’a rien à cacher n’a rien à craindre non plus. Qu’apporte cependant le renforcement des mesures de sécurité hormis d’absurdes collectes de données ? Dans le cas du terroriste nigérian intercepté : rien. Ses parents avaient prévenu les autorités, mais celles-ci cherchaient probablement une aiguille dans une botte de foin. » (08.01.2010)
La sécurité absolue n’existe pas face au terrorisme, même si l’on supprime tous les droits des citoyens, estime le quotidien conservateur El Mundo : « Si le monde démocratique se transformait en Etat Big-Brother de type orwellien, ce serait une victoire des fondamentalistes musulmans. C’est aux citoyens d’accepter le fait que ni la sécurité absolue ni le risque zéro ne peuvent exister. C’est ce qu’a montré l’expérience très critiquée menée par la police slovaque il y a quelques jours. Celle-ci avait dissimulé secrètement des explosifs dans la valise d’un de ses compatriotes qui avait pris l’avion pour Dublin, sans que ceux-ci ne soient détectés par les nombreux contrôles. Les Etats-Unis comme les Etats de l’UE doivent renforcer leurs mesures en vue de réduire les risques. La seule chose dont on est sûr, c’est qu’elles resteront insuffisantes tant qu’Al-Qaida ne sera pas complètement vaincu. » (08.01.2010)
La peur du terrorisme est irrationnelle et exagérée, estime Mehdi Hasan dans l’hebdomadaire New Statesman. Il serait préférable de garder la tête froide : « Il n’existe aucun scanner, aucune technologie, aucune mesure de sécurité qui nous protège complètement du terrorisme. Le problème du terrorisme ne peut pas non plus être résolu militairement. Ce dont nous avons besoin, c’est de patience, de persévérance et d’un sens de la perspective historique. Lors de mes rencontres avec les ministres et les fonctionnaires [dans le quartier du gouvernement] à Whiteall, je vois souvent des affiches de la Seconde Guerre mondiale derrière les portes, portant la devise : ‘Keep calm and carry on’ [Rester calme et continuer]. Nos dirigeants devraient se montrer suffisamment sages pour suivre ce conseil, peut-être même l’adopter comme résolution de nouvel an. Rester calme. Continuer. » (08.01.2010)
The Limits of control. Jarmush toujours un peu plus loin
Limits
Jean-Marie Dinh
Voir aussi : Rubrique Cinéma Jim jarmush et Iggy,
Un cinéma libéré qui ouvre toutes les portes
Un cinéma de la Méditerranée de cœur et de sang. Au-delà de la diversité des expressions, les films issus du rivage méditerranéen présentent la particularité de se nourrir de la réalité. Le premier week-end de cette 31e édition en a offert un exemple significatif. Agora, le film de Alejandro Amenabar, a ouvert le festival dans une veine humaniste. L’action se situe à Alexandrie au IVe siècle après J-C, à l’heure où la révolte des chrétiens va faire reculer pour plusieurs siècles le savoir de ce berceau culturel méditerranéen. Le péplum met en jeu la question du pouvoir tyrannique politique et religieux qui légitime le désordre et astreint au silence toute forme de liberté qui le contrarie.
Ailleurs, à une autre époque, le réalisateur Merzak Allouache qui a tourné en partie dans la région, suit dans son film Harragas (Les brûlés), le parcours dramatique d’hommes désespérés de leur pays qui décident de prendre la mer. Avec beaucoup d’humanité, le réalisateur met dans la même barque les candidats algériens à l’exil clandestin (qui ne sont pas seulement des réfugiés économiques). On se dit qu’à seize siècles d’écart, la puissance destructrice de l’ordre du moment est toujours aveugle à la démesure de l’individu qui veut devenir lui-même à travers sa quête de liberté et de savoir.
Il est encore question de «l’approche politique des problèmes de l’Homme et de son insertion dans la société» avec la rétrospective que le festival consacre à Elio Petri auteur de La classe ouvrière va au Paradis (Palme d’or, Cannes en 1972). Fils d’ouvrier, le réalisateur italien décédé en 1982 était représenté à Montpellier par sa femme Paola Petri qui se désole de la situation en Italie. «Les gens refusent de regarder la réalité. Ils sont obsédés par la télé qui est occupée quasi militairement par le président du Conseil.» Dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) qui démontre que la police est au-dessus des lois, on mesure à quel point le cinéma de Petri est d’actualité, pas seulement en Italie, et combien le Cinemed sait faire sortir les pépites de l’oubli.
Jean-marie Dinh
L’importante rétrospective Elio Petri propose 9 films et un documentaire (des films rares)
Quelle mise en perspective pour le modèle culturel français ?
Colloque.
La Drac a impulsé son second rendez-vous autour de la célébration du cinquantenaire du ministère de la Culture. Après le patrimoine monumental et avant la recherche archéologique des rivages méditerranéens (fin octobre à Arles), le colloque du théâtre de l’université Paul Valéry a permis aux acteurs du patrimoine, du livre, du cinéma et du spectacle vivant en région d’échanger sur l’évolution des politiques culturelles et de les confronter aux regards de leurs voisins européens.
Etat central
Sur le plateau, les acteurs français s’accordent sur le bien fondé du chemin parcouru cinquante ans après André Malraux. Le politologue Emmanuel Négrier pose la particularité d’un ministère qui « fait de la culture avec la politique et fait de la politique avec la culture ». Et les deux invités espagnol et germaniste expliquent comment l’impact de l’héritage historique lié au totalitarisme les a conduits à une certaine méfiance à l’égard de l’Etat. « Le système français reste une référence. Il a fait des émules à l’étranger », se félicite le directeur régional de la Drac Didier Deschamps. « En France, on observe une certaine permanence d’approche sur les grands axes de la politique culturelle française, souligne son homologue de la région Loraine Jean-Luc Bredel. Il n’y a pas de réelle fracture entre la politique culturelle de gauche et de droite. »
Décentralisation
La question de l’intervention publique dans le champ de la culture continue de se poser notamment à travers la montée en puissance des collectivités territoriales renforcée par les lois de décentralisation. « On a beaucoup progressé, indique le directeur de la culture du Conseil régional Fabrice Manuel, qui ne cache pas l’échec du transfert de l’enseignement artistique aux régions en 2004. « La spécificité de la Région est qu’elle se trouve à la croisée des volontés politiques, des acteurs culturels et des citoyens. Beaucoup aimeraient que l’on rejoue la partition de l’Etat. Ce ne pourra être le cas parce qu’à un moment, il y a un retour de la dimension politique. » Face aux nouveaux défis posés par l’industrie culturelle, les nouvelles attentes des usagers ou l’intrusion du numérique, « la Région a un rôle de coordination avec l’Etat, mais elle ne pourra pas tout assumer. » prévient Fabrice Manuel.
Microcosme
Un peu plus tôt, évoquant la préciosité d’une œuvre comme La princesse de Clèves lors d’un succinct mot d’accueil, la présidente de Paul-Valéry Anne Fraisse a subtilement souligné la conception culturelle du Président de la République et la place des femmes dans la vie culturelle mettant en exergue, leur sous-représentation à la tribune. Comme les oraisons funèbres, les commémorations se prêtent aux discours honorifiques et font taire la critique.
Le patrimoine apolitique
Les questions du public ayant trait au nouveau Conseil pour la création artistique, à l’abandon des associations d’éducation populaire, ou à l’enjeu d’accompagnement que représente une vraie prise en compte de la société civile, sont restées sans réponse. Sans doute trop politiques … Les parures de la culture française sont-elles immortelles ? Certainement au regard des crédits consommés par le patrimoine. Le pays est déjà un musée et le premier budget que vient de faire connaître Frédéric Mitterrand entend clairement favoriser le patrimoine historique.
Qu’en est-il du renouveau ? « La véritable école du commandement c’est la culture générale » disait De Gaulle. Encore une question : Au-delà de la gloire passée et des belles pierres, comment perçoit-on la culture française à l’étranger, après le coup de boule de Zidane et le « Casse-toi pauvre con ! » du Président de la République ?
Jean-Marie Dinh
Voir aussi : Rubrique Politique culturelle, Elections régionales 2010 l’enjeu culturel, rubrique lecture, les 14 travaux de Frédéric, Rapport pour avis du député Marcel Rogemont sur les crédits création; transmission des savoirs et démocratisation de la culture du Ministère de la Culture et de la Communication présenté au nom de la commission des affaires culturelles et de l’éducation sur le projet de loi (n° 1946). Il contient de nombreuses critiques et propositions afin d’améliorer la situation.