Colloque.
La Drac a impulsé son second rendez-vous autour de la célébration du cinquantenaire du ministère de la Culture. Après le patrimoine monumental et avant la recherche archéologique des rivages méditerranéens (fin octobre à Arles), le colloque du théâtre de l’université Paul Valéry a permis aux acteurs du patrimoine, du livre, du cinéma et du spectacle vivant en région d’échanger sur l’évolution des politiques culturelles et de les confronter aux regards de leurs voisins européens.
Etat central
Sur le plateau, les acteurs français s’accordent sur le bien fondé du chemin parcouru cinquante ans après André Malraux. Le politologue Emmanuel Négrier pose la particularité d’un ministère qui « fait de la culture avec la politique et fait de la politique avec la culture ». Et les deux invités espagnol et germaniste expliquent comment l’impact de l’héritage historique lié au totalitarisme les a conduits à une certaine méfiance à l’égard de l’Etat. « Le système français reste une référence. Il a fait des émules à l’étranger », se félicite le directeur régional de la Drac Didier Deschamps. « En France, on observe une certaine permanence d’approche sur les grands axes de la politique culturelle française, souligne son homologue de la région Loraine Jean-Luc Bredel. Il n’y a pas de réelle fracture entre la politique culturelle de gauche et de droite. »
Décentralisation
La question de l’intervention publique dans le champ de la culture continue de se poser notamment à travers la montée en puissance des collectivités territoriales renforcée par les lois de décentralisation. « On a beaucoup progressé, indique le directeur de la culture du Conseil régional Fabrice Manuel, qui ne cache pas l’échec du transfert de l’enseignement artistique aux régions en 2004. « La spécificité de la Région est qu’elle se trouve à la croisée des volontés politiques, des acteurs culturels et des citoyens. Beaucoup aimeraient que l’on rejoue la partition de l’Etat. Ce ne pourra être le cas parce qu’à un moment, il y a un retour de la dimension politique. » Face aux nouveaux défis posés par l’industrie culturelle, les nouvelles attentes des usagers ou l’intrusion du numérique, « la Région a un rôle de coordination avec l’Etat, mais elle ne pourra pas tout assumer. » prévient Fabrice Manuel.
Microcosme
Un peu plus tôt, évoquant la préciosité d’une œuvre comme La princesse de Clèves lors d’un succinct mot d’accueil, la présidente de Paul-Valéry Anne Fraisse a subtilement souligné la conception culturelle du Président de la République et la place des femmes dans la vie culturelle mettant en exergue, leur sous-représentation à la tribune. Comme les oraisons funèbres, les commémorations se prêtent aux discours honorifiques et font taire la critique.
Le patrimoine apolitique
Les questions du public ayant trait au nouveau Conseil pour la création artistique, à l’abandon des associations d’éducation populaire, ou à l’enjeu d’accompagnement que représente une vraie prise en compte de la société civile, sont restées sans réponse. Sans doute trop politiques … Les parures de la culture française sont-elles immortelles ? Certainement au regard des crédits consommés par le patrimoine. Le pays est déjà un musée et le premier budget que vient de faire connaître Frédéric Mitterrand entend clairement favoriser le patrimoine historique.
Qu’en est-il du renouveau ? « La véritable école du commandement c’est la culture générale » disait De Gaulle. Encore une question : Au-delà de la gloire passée et des belles pierres, comment perçoit-on la culture française à l’étranger, après le coup de boule de Zidane et le « Casse-toi pauvre con ! » du Président de la République ?
Jean-Marie Dinh
Voir aussi : Rubrique Politique culturelle, Elections régionales 2010 l’enjeu culturel, rubrique lecture, les 14 travaux de Frédéric, Rapport pour avis du député Marcel Rogemont sur les crédits création; transmission des savoirs et démocratisation de la culture du Ministère de la Culture et de la Communication présenté au nom de la commission des affaires culturelles et de l’éducation sur le projet de loi (n° 1946). Il contient de nombreuses critiques et propositions afin d’améliorer la situation.