Morin: Paris maintient ses bases militaires permanentes à Libreville et Dakar

Le ministre français de la Défense Hervé Morin a annoncé que la France allait maintenir ses deux bases militaires permanentes de Libreville et Dakar, sur la façade atlantique de l’Afrique.

« L’idée est que nous maintenions Libreville et Dakar », a déclaré M. Morin devant la presse, indiquant que « dans l’état actuel des choses, nos forces restent au Gabon ».
Selon le Livre blanc sur la Défense, signé du président Nicolas Sarkozy et publié au printemps 2008, la France devait réduire les implantations permanentes françaises en Afrique à « deux pôles (…), un pour chaque façade, atlantique et orientale ».

Un choix devait ainsi être opéré entre les bases de Libreville et Dakar. « J’ai toujours indiqué qu’il y aurait une (base permanente) sur l’océan Indien et une sur la façade atlantique avec un cas particulier qui serait le Gabon », a cependant assuré M. Morin mercredi.

« On avait toujours dit qu’on maintiendrait Libreville », a-t-il insisté. « Dans l’état actuel des choses, il est prévu que les forces (françaises) présentes au Gabon y restent », a poursuivi le ministre de la Défense.

Toutefois, a-t-il noté, « si le président de la République (Nicolas Sarkozy) dans un, deux ou trois ans estimait que ce n’était plus nécessaire de les maintenir et que les discussions avec les autorités politiques gabonaises faisaient qu’on peut les retirer, on verra bien… ».

La France compte un millier de militaires déployés au sein des Forces françaises au Gabon (FFG), pour la plupart à Libreville, en vertu d’accords de défense conclus le jour même de la proclamation d’indépendance de l’ancienne colonie française, le 17 août 1960.

Quelques dizaines d’entre eux avaient été déployés début septembre à Port-Gentil pour protéger le consulat de France incendié lors d’émeutes après l’élection controversée du nouveau président gabonais Ali Bongo.

Au Sénégal, les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV) comptent quelque 1.200 militaires présents au titre d’accords de défense datant de mars 1974. Dakar et Libreville figurent parmi les quatre bases militaires françaises permanentes en Afrique, avec Djibouti et La Réunion.

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« La seule voix légitime de la France, c’est le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et son secrétaire d’Etat Alain Joyandet. Qu’est-ce qu’on a dit depuis le début? Qu’on avait pas de candidat », a-t-on souligné à l’Elysée.

Rien ne peut laisser penser « qu’on s’est ingéré dans l’élection gabonaise », a-t-on ajouté de même source, en précisant que la France attendait désormais « que la procédure soit définitive pour reconnaître les autorités légitimes gabonaises ».

L’avocat d’origine libanaise « Robert Bourgi n’est pas le porte-parole, ni officiel ni officieux de la France », a-t-on aussi fait valoir à la présidence, en relevant qu’en raison de l’âge de Nicolas Sarkozy (54 ans), il avait « moins de rapports avec la famille Bongo que d’autres… »

Lundi matin sur RTL, Robert Bourgi, considéré comme le gardien des secrets de la « Françafrique », cet ensemble de relations opaques qui lient la France à ses anciennes colonies africaines, a lui aussi assuré que Nicolas Sarkozy n’avait pas privilégié Ali Bongo.

« La France n’avait pas de candidat au Gabon. Elle n’est intervenue ni avant le processus électoral, ni pendant, ni après », a-t-il dit. Le président français n’a reçu le fils du défunt Omar Bongo « qu’une seule fois en juin 2008 ». « C’était pendant le salon (aéronautique) du Bourget », alors qu’Ali Bongo était ministre de la Défense du Gabon.

Ali Bongo a été déclaré jeudi vainqueur du scrutin du 30 août, une proclamation qui a provoqué des violences, en particulier dans la deuxième ville du Gabon, Port-Gentil, où des intérêts français ont été pris pour cibles par des manifestants.

Robert Bourgi a concentré beaucoup des critiques contre Paris. Il s’était présenté lui-même peu avant l’élection comme « un ami très écouté » de Nicolas Sarkozy et avait ajouté, dans le journal Le Monde, qu’Ali Bongo était « le meilleur défenseur des intérêts français dans tous les domaines ».

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