La nouvelle stratégie américaine en Afghanistan a un impact considérable sur le Pakistan

Les experts pakistanais ont indiqué mercredi à Islamabad que la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan, dans laquelle le président américain Barack Obama a annoncé l’envoi de 30.000 renforts et un calendrier de retrait, a de sérieuses implications sur le Pakistan.

L’expert des questions sécuritaires Humayun Qazi a confié à Xinhua qu’avec l’augmentation de l’effectif militaire en Afghanistan, les combattants talibans, pour avoir du repit, franchiront les frontières incontrôlables et poreuses afghanes vers les zones tribales pakistanaises où ils bénéficient des repaires depuis des années.

« Ceci pourrait conduire à une poursuite acharnée des Américains dans le territoire pakistanais créant des difficultés dans notre relations complexes avec l’Amérique », a indiqué Qazi, ajoutant que « les Etats-Unis augmenteront la pression sur le Pakistan pour qu’il fasse plus ». Il a déclaré que le Pakistan a déployé plus de 100.000 troupes dans les opérations de contre-insurrection à Swat et au Sud- Waziristan dans le nord-ouest et qu’il ne sera, par conséquent, pas capable d’accomplir cette mission.

Qazi, par ailleurs ancien ambassadeur de Pakistan en Afghanistan, a indiqué que les talibans pakistanais qui ont des liens avec ceux afghans augmenteront la pression sur le gouvernement et le public en envoyant plus de kamikazes et en faisant des attentats suicides sur le personnel de l’armée et de la police pakistanaises.

Avec un soutien international et national de moins en moins important, Qazi a estimé que l’administration Obama est sous pression pour contenir immédiatement l’insurrection et proposer une stratégie de retrait des troupes. Tout aussi significatif est le fait qu’Obama a l’obligation de tenir sa promesse électorale qui était de mettre un terme à la guerre en Afghanistan, a-t-il déclaré. L’ancien ambassadeur a affirmé que la politique annoncée est un renforcement des effectifs de l’armée, un mouvement politique et un partenariat durable avec le Pakistan allant au-delà de la fin de l’insurrection en Afghanistan.

En Afghanistan, selon lui, cela sous-entend des campagnes militaires plus agressives pour éliminer Al-Qaïda et désarmer les talibans. Cela impliquerait aussi une escalade considérable dans la guerre puisque l’armée doit produire des résultats dans 18 mois avant le début du retrait, ce qui conduit à la mort et à la destruction en raison des dégâts collatéraux.

Qazi a indiqué que l’objectif des Etats-Unis est passé de la contre-insurrection au contre-terrorisme. Qazi a également noté que la nouvelle stratégie d’Obama n’ouvre pas la porte à un « espace politique » conduisant finalement à la négociation avec les talibans, ce qu’il considère comme une étape cruciale pour briser la volonté politique des talibans.

Un expert de la défense a approuvé l’hypothèse de Qazi selon laquelle le nouveau plan a un impact important sur le Pakistan mais s’est dit ne pas être d’accord que l’accroissement des effectifs militaires en Afghanistan conduirait les militants vers le Pakistan. « Je ne crois pas. Je pense que cette mesure donnera juste 30. 000 autres cibles aux militants afghans, talibans et à ceux d’Al- Qaïda, » a confié à Xinhua Makhdoom Babar.

Babar, rédacteur en chef du journal pakistanais Daily Mail, a indiqué que l’envoi des renforts n’est pas une solution à la paix en Afghanistan. Il a déclaré que les Etats-Unis devraient proposer davantage de plans diplomatiques et économiques pour aborder le problème afghan. Il a estimé qu’ils devraient créer la stabilité en Afghanistan en y investissant, en créant des opportunités d’emploi pour la population afghane qui est avec les talibans à cause du chômage et de la pauvreté.

« D’abord tous les Américains devraient essayer d’améliorer leur image en Afghanistan pour montrer qu’ils ne sont pas de conquérants, qu’ils ne sont pas d’invahisseurs, qu’ils veulent juste la paix, qu’ils veulent que cette partie du monde ne soit plus une pépinière pour le terrorisme et le militantisme », a-t-il déclaré.

Xinhua

Obama mise gros en Afghanistan

Obama mise gros en Afghanistan

Le président américain Barack Obama a annoncé dans un discours le mardi soir sa décision de renforcer le contingent américain en Afghanistan de 30.000 soldats. Il a également appelé les alliés à envoyer plus de troupes. La nouvelle stratégie américaine ne suscite pas que des réactions positives parmi les commentateurs européens.

Revue de presse Extraits des publications suivantes : L’Est Républicain – France, Frankfurter Allgemeine Zeitung – Allemagne, De Volkskrant – Pays-Bas, Corriere del Ticino – Suisse

L’Est Républicain – France

Avec sa nouvelle stratégie, le président américain Barack Obama mise tout sur la même carte, écrit le quotidien L’Est Républicain : « Un aller pour Kaboul, mais avec un billet de retour en poche : c’est ce qu’a promis Barack Obama cette nuit aux 30.000 soldats qu’il envoie, en renfort, en Afghanistan. Encore faut-il trouver et former davantage de relais dans la population afghane, entraîner plus de policiers locaux, enrôler, sur place, suffisamment de combattants qui prennent en charge le destin de l’ancien royaume des aigles. Encore faut-il parvenir à sécuriser les villes, à contenir l’offensive des fondamentalistes. Et à éradiquer les derniers refuges d’Al Qaïda, à la frontière-passoire avec le Pakistan. La tâche est immense, et coûteuse. D’où l’autre versant du plan Obama : faire partager le fardeau à ses alliés, qui rechignent. » (02.12.2009)

» article intégral (lien externe, français)

Frankfurter Allgemeine Zeitung – Allemagne

Le président américain Barack Obama a besoin à tout prix d’un succès en Afghanistan, écrit le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung : « Car avec le renforcement des troupes, … Obama a associé la réussite de sa présidence au déroulement des événements en Afghanistan et dans le pays voisin, le Pakistan. Cette guerre qu’il a qualifiée de nécessaire pendant sa campagne électorale, est désormais devenue ‘sa’ guerre à part entière ; elle constitue l’un des deux ou trois thèmes qui domineront la politique américaine dans les années à venir. … Il n’y a aucune garantie que la stratégie du président soit payante. Mais les Américains viennent au moins d’entendre de sa bouche pourquoi ils ne doivent pas considérer l’affaire comme perdue, même après huit ans. … Le renforcement des troupes aura nécessairement des conséquences, parfois négatives. Mais un retrait précipité, et même le statu quo, auraient eu des conséquences autrement plus désastreuses. » (02.12.2009)


De Volkskrant – Pays-Bas

Dans le quotidien progressiste de gauche De Volkskrant, l’éditorialiste Bert Wagendorp se dit déçu par le projet du président américain Barack Obama d’envoyer des troupes supplémentaires dans l’Hindou Kouch : « Il est remarquable que le lauréat du prix Nobel de la paix n’envisage pas une stratégie autre que celle d’envoyer des troupes supplémentaires sur le lieu d’une guerre qui est considérée comme sans espoir par de plus en plus de personnes dans son propre pays. Et qui rappelle toujours plus le marasme du Vietnam. … Il est dommage qu’Obama se soit décidé pour un scénario sans issue. Mon esprit paysan me dit que sur le plan de la stratégie, il aurait été beaucoup plus intelligent d’investir les 100 milliards [de dollars] dans la lutte contre le terrorisme international. » (02.12.2009)

Corriere del Ticino – Suisse

L’envoi de soldats supplémentaires en Afghanistan ne doit servir qu’à assurer un second mandat au président américain Barack Obama, critique le quotidien conservateur et libéral Corriere del Ticino : « La limite stratégique du renforcement des troupes par Obama est associée à la fin programmée de l’engagement militaire avant le mois de janvier 2013 [la fin de son premier mandat]. … Une échéance qui confirme que le renforcement n’est en réalité que l’étape d’une ‘Exit Strategy’ [stratégie de sortie] – une notion que les talibans traduisent par retrait. Cela contribuera certainement à ne motiver ni les alliés ni les Afghans, si ceux-ci lorgnent du coin de l’œil la date de retrait au lieu de lutter pour la victoire. Mais cela incitera probablement les djihadistes à tenir jusqu’au retrait des Américains plutôt que de se rendre ou de négocier la paix. La stratégie d’Obama semble donc consister à se fixer des objectifs limités associés à des délais, destinés davantage à obtenir un second mandat présidentiel qu’à parvenir à un succès militaire en Afghanistan. » (02.12.2009)

Voir aussi : Rubrique politique internationale L’Otan met en garde les pays reticents,

Attentat de Karachi: les sénateurs PS demandent une mission d’information

Les sénateurs socialistes ont à nouveau demandé la création d’une mission d’information sur l’attentat de Karachi (Pakistan) contre un bus de la Direction des constructions navales qui a fait 14 morts le 8 mai 2002, a annoncé jeudi le groupe. Ils souhaitent une mission pour « étudier les conditions dans lesquelles a été conclu et exécuté le contrat signé par la France, le 21 septembre 1994, pour un montant de 826 millions d’euros, pour livrer et fabriquer trois sous-marins de type Agosta au Pakistan ».

Les sénateurs Didier Boulaud et Jean-Pierre Godefroy, au nom de leur groupe, indiquent n’avoir reçu aucune réponse à une première demande déjà formulée en juin. Ils soulignent que l’Assemblée nationale a créé une mission de ce type et « qu’il ne faudrait pas que le Sénat reste à l’écart d’un dossier qui a profondément commotionné l’opinion publique française ». »Il apparaît que ce contrat a été conclu dans des conditions +hors-normes+ tant sur le plan financier que sur le plan de l’assistance technique », ajoutent-ils.

Après avoir privilégié la piste d’islamistes radicaux dans l’attentat, les juges Yves Jannier et Marc Trévidic ont réorienté leur enquête vers un contentieux franco-pakistanais qui pourrait être lié « à un arrêt des versements de commissions » en 1996 de la France au Pakistan dans le cadre de ce contrat, selon les parties civiles.

HCR : 42 millions de personnes déracinées dans le monde

Le nombre de personnes déracinées de force en raison des conflits et des persécutions dans le monde atteignait 42 millions à la fin 2008 dans un contexte de net ralentissement des rapatriements et de conflits plus longs conduisant à des déplacements prolongés, selon le rapport annuel « Global Trends » du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) rendu public mardi. Ce chiffre comprend 16 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile et 26 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, précise le rapport. 80% des réfugiés dans le monde se trouvent dans les pays en voie de développement, de même que la grande majorité des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

Le nombre total de 42 millions de personnes déracinées à la fin 2008 représente une baisse d’environ 700.000 personnes par rapport à l’année précédente, mais les nouveaux déplacements en 2009 – qui ne figurent pas dans le rapport annuel – ont déjà plus que compensé cette diminution. « En 2009, nous avons déjà connu d’importants nouveaux déplacements, en particulier au Pakistan, au SriLanka et en Somalie », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres. « Si certains déplacements sont de courte durée, d’autres peuvent prendre des années voire des décennies avant être résolus. Nous continuons à faire face à plusieurs situations de déplacement interne de plus long terme dans des endroits comme la Colombie, l’Iraq, la République démocratique du Congo et la Somalie. Chacun de ces conflits a également produit des réfugiés qui fuient au-delà de leurs propres frontières ».

Environ 2 millions de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (« personnes déplacées ») ont été en mesure de rentrer chez eux en 2008, en diminution par rapport à l’année précédente. Le rapatriement de réfugiés (604 000) a baissé de 17% tandis que les retours de personnes déplacées (1,4 million) ont chuté de 34%. Cette baisse reflète en partie la détérioration des conditions sécuritaires, en particulier en Afghanistan et au Soudan.

Sur le nombre total de personnes déracinées, le HCR s’occupe de 25 millions, dont un nombre record de 14,4 millions de personnes déplacées – contre 13,7 millions en 2007 – et 10,5 millions de réfugiés. Les 4,7 millions de réfugiés restant sont des Palestiniens sous le mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.

Dans le cadre du processus récent de réforme humanitaire des Nations Unies, le HCR a été de plus en plus chargé d’apporter une aide aux personnes déplacées, ce qui s’ajoute à son mandat traditionnel de protection et d’assistance aux réfugiés ayant franchi des frontières internationales.

Depuis 2005, l’agence a vu le nombre de personnes déplacées dont elle a la charge plus que doubler. La Colombie accueille l’une des populations de personnes déplacées les plus importantes dans le monde, soit environ 3 millions selon les estimations. L’Iraq accueillait quelque 2,6 millions de personnes déplacées fin 2008 – dont 1,4 million ont été déplacées au cours des trois dernières années seulement. Il existe plus de 2 millions de personnes déplacées dans la région du Darfour au Soudan. Le regain des conflits armés dans l’est de la République démocratique du Congo et en Somalie l’année dernière a conduit à un déplacement total de respectivement 1,5 million et 1,3 million de personnes dans chacun des deux pays. Le Kenya a connu de nouveaux déplacements internes massifs au début de l’année, tandis que le conflit armé en Géorgie a contraint 135.000 personnes supplémentaires à fuir leur foyer.

D’autres augmentations dans les déplacements en 2008 ont eu lieu en Afghanistan, au Pakistan, au Sri Lanka et au Yémen. L’année dernière, la population de réfugiés relevant de la compétence du HCR a diminué pour la première fois depuis 2006 en raison des rapatriements librement consentis et de la révision à la baisse des estimations du nombre de réfugiés et de personnes dans des « situations similaires aux réfugiés » en Iraq et en Colombie.

Le nombre de réfugiés en 2008 s’élevait à 10,5 millions, contre 11,4 millions en 2007. Le nombre de demandeurs d’asile déposant une demande d’asile à titre individuel a cependant augmenté pour la seconde année pour atteindre 839 000, soit une augmentation de 28%. L’Afrique du Sud (207.000 personnes) a été le pays recevant le plus de demandes individuelles, suivi par les Etats-Unis (49.000, selon les estimations du HCR), la France (35.000) et le Soudan (35.100).

Les pays en voie de développement ont accueillis 80% de tous les réfugiés, ce qui souligne la charge disproportionnée assumée par ceux qui en ont le moins la capacité ainsi que le besoin de soutien international. Parmi les principaux pays d’accueil de réfugiés en 2008, on trouve le Pakistan (1,8
million), la Syrie (1,1 million), l’Iran (980.000), l’Allemagne (582.700), la Jordanie (500.400), le Tchad (330.500), la Tanzanie (321.900) et le Kenya (320.600). Les principaux pays d’origine étaient l’Afghanistan (2,8 millions) et l’Iraq (1,9 million), qui représentent à eux deux 45% de tous les réfugiés relevant de la responsabilité du HCR. Parmi les autres pays d’origine, on trouve la Somalie (561.000), le Soudan (419.000), la Colombie, qui inclut des personnes dans des situations similaires auxréfugiés (374.000) et la République démocratique du Congo (368.000).

Source TERRA

Pierre Lellouche, représentant spécial de la France ouvre le dialogue avec Pékin

Pierre Lellouche, représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan, s’est entretenu  à Pékin avec Wu Dawei, vice-ministre des Affaires étrangères, dans l’espoir de nouer un dialogue avec la Chine sur cette région.
Qualifiant ces discussions de « franches et directes », M. Lellouche a déclaré à l’AFP que Paris et Pékin se trouvaient « pour l’instant au début d’un processus prometteur de consultations stratégiques sur un sujet (…) qui est extrêmement sensible ».
Il n’a pas été plus précis sur la teneur des discussions, à l’heure où la France souhaiterait voir la Chine, allié traditionnel du Pakistan et puissance nucléaire, jouer un rôle actif dans la stabilisation de ce pays frontalier de l’Afghanistan.
« On a certainement la possibilité de coopérer sur la drogue », a seulement indiqué M. Lellouche, alors que la Chine est visiblement inquiète de voir le trafic de stupéfiants déborder sur son territoire et les capitaux de la drogue financer des réseaux terroristes.
Le représentant français s’est également félicité de ces discussions qui « témoignent plus généralement de l’amélioration des relations entre la France et la Chine », en référence à la brouille sur le Tibet de quatre mois entre les deux pays qui a été soldée seulement début avril.
S’entretenant lundi avec quelques journalistes, M. Lellouche avait estimé que « les Chinois sont d’accord sur le diagnostic » de gravité de la situation au Pakistan et en Afghanistan.
Il y a « une prise de conscience par la communauté internationale que cette affaire, autour de l’Afghanistan et du Pakistan, est devenue absolument fondamentale pour la paix du monde (…) l’épicentre de la paix se jouant dans cette zone », a-t-il dit.
Venu à Pékin « parler du Pakistan avec les Chinois », M. Lellouche a estimé  que ceux-ci, en raison de leurs liens historiques avec Islamabad et de leur poids international, « ne peuvent pas rester sur leurs positions attentistes » et a souhaité qu’ils deviennent « de plus grands contributeurs » à une sortie de crise.