La croissance française trop « lente » en 2010 pour enrayer le chômage (OCDE)

 Après la récession en 2009, la France devrait enregistrer une « croissance lente » de 1,4% l’an prochain puis de 1,7% en 2011 qui ne sera pas suffisante pour empêcher le taux de chômage d’augmenter, prévoit l’OCDE dans ses dernières prévisions. Dans sa précédente estimation publiée fin juin, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques s’attendait à une baisse du produit intérieur brut (PIB) français de 3% en 2009 et ne tablait que sur une croissance de 0,2% en 2010.

La Commission européenne a publié début novembre des prévisions très proches de celles de l’OCDE, avec 1,2% de croissance en 2010 et 1,5% en 2011. De son côté, le gouvernement français conserve pour l’instant une prévision de croissance « prudente » de 0,75% pour l’an prochain mais mise sur une progression du PIB de 2,5% en 2011 et 2012.

D’après l’OCDE, la croissance française ne sera « pas suffisamment élevée pour stabiliser l’emploi et la hausse du taux de chômage pourrait bien ne pas s’achever avant le début de 2011 », pour dépasser 10% de la population active en France métropolitaine, contre 9,1% en 2009. « La suppression annoncée, et bienvenue, de la taxe professionnelle, quoique compensée en partie par l’introduction d’une taxe carbone, produira un effet de relance budgétaire supplémentaire de l’ordre de 0,6 point de PIB en 2010 », note l’OCDE.

L’organisation estime que le plan de relance de l’économie mis en place par le gouvernement français doit se poursuivre comme prévu l’an prochain pour ne pas pénaliser la reprise.
« Mais les pouvoirs publics devraient se garder d’amplifier ce soutien », insiste l’OCDE, qui juge que l’heure est plutôt à « une stratégie de sortie de crise pluriannuelle solide et crédible ».

L’OCDE constate en effet que les finances publiques de la France « ont payé un lourd tribut à la crise financière et à la récession », avec un déficit public qui va culminer en 2010 « aux alentours de 8,5% du PIB tandis que la dette publique devrait dépasser 90% du PIB », même en l’absence de grand emprunt.

L’organisation se montre d’ailleurs particulièrement sceptique sur cet emprunt voulu par le président Nicolas Sarkozy, dans la mesure où l’opération « interviendra trop tard pour contribuer à la reprise et rendra encore plus difficile l’indispensable assainissement des finances publiques ».

« Les projets potentiellement attractifs devraient être financés par des coupes dans des postes de dépenses moins productives, ou par une hausse de la fiscalité sur les successions et les biens immobiliers, comme cela est envisagé actuellement », estime l’OCDE. Des nouvelles réformes « seront nécessaires pour enrayer et inverser la tendance à l’augmentation de la dette publique à long terme », ajoute le rapport.

AFP

Obama première visite officielle en Chine

OFRWR-CHINE-HU-OBAMA-20091117La première visite officielle du président américain Barack Obama en Chine prend fin aujourd’hui, sans résultats concrets . Dans les discussions avec le chef d’Etat chinois Hu Jintao, les deux pays ne sont parvenus à s’entendre ni sur les questions économiques ni sur la protection du climat, critique la presse européenne. Extraits des publications suivantes:
La Repubblica – Italie, De Volkskrant – Pays-Bas, Financial Times Deutschland – Allemagne, Dnevnik – Slovénie, The Daily Telegraph – Royaume-Uni

La Repubblica – Italie

Le président américain Barack Obama a manqué l’objectif de son voyage en Chine, écrit le quotidien progressiste de gauche La Repubblica. Il aurait dû essayer de trouver une issue à la crise économique avec le président chinois Hu Jintao, mais les deux superpuissances s’accrochent à leurs intérêts nationaux : « Entre les deux superpuissances de l’économie mondiale, il n’y a pas d’accord sur une issue hors de la crise. Barack Obama et Hu Jintao ne trouvent pas l’équilibre de leurs intérêts respectifs. Les Etats-Unis n’acceptent pas de renoncer aux droits de douane … et la Chine ne cède pas à la pression pour réévaluer sa monnaie, le yuan. Le succès de l’ensemble de l’agenda dépendait de la sortie de cette impasse. Le président américain manque ainsi l’objectif principal de sa première longue visite en Asie et en Chine. Pékin et Washington, de l’économie, se replient sur la politique. … La construction fastidieuse du G2 continue. Mais la Chine émet un signal clair : le nouveau duo dirigeant apparaît comme une union par nécessité, mais non comme un couple. » (18.11.2009)

De Volkskrant – Pays-Bas

Le président américain Barack Obama a dû faire preuve de prudence à l’égard de ses hôtes lors de sa visite officielle en Chine, écrit le quotidien De Volkskrant : « L’attitude crispée des Chinois face à leur invité américain a de nouveau montré que les dirigeants à Pékin accordent beaucoup d’importance à leur système autoritaire. Cela a fait de la visite d’Obama un difficile exercice d’équilibriste. Les Etats-Unis doivent tenir compte des modifications des rapports de force dans le monde et reconnaître que de bonnes relations avec la Chine sont d’une importance décisive. … On ne peut pas exiger d’Obama qu’il aborde sur le champ toutes les questions – droits de l’homme, libertés politiques, Tibet, Ouïgours [minorité ethnique en Chine], Taiwan. Il convient de se montrer compréhensif à l’égard de la stratégie prudente qu’il adopte à présent. Mais si celle-ci donne trop peu de résultats, à long terme Obama n’aura pas d’autre choix que d’exiger plus clairement le respect des droits et des libertés qu’il considère, à juste titre, comme universels. » (18.11.2009)

Financial Times Deutschland – Allemagne

Même si les Etats-Unis et la Chine n’ont pas pu parvenir à un accord sur la protection du climat, il est important que les deux pays en parlent, estime le journal économique Financial Times Deutschland. Car la question de savoir « s’il est encore possible de limiter dans une mesure supportable le réchauffement climatique, ne sera pas résolue à Copenhague mais sera négociée entre la Chine et les Etats-Unis. Le fait que les chefs de gouvernement Hu Jintao et Barack Obama se soient, du moins sur le principe, déclarés favorables à un accord contractuel lors de leur sommet bipartite est donc un progrès. … Les Etats-Unis peuvent être tenus pour responsables de la majeure partie des gaz à effet de serre émis jusqu’à aujourd’hui, c’est pourquoi le monde attend naturellement avec impatience qu’ils s’entendent sur une loi nationale relative au climat. La plus grande partie de ces émissions de gaz proviendra cependant à l’avenir des pays émergents, notamment de la Chine. » (18.11.2009)

» article intégral (lien externe, allemand)

Dnevnik – Slovénie

Le chef d’Etat américain Barack Obama n’a certes conclu aucun accord, mais il a en revanche cherché le dialogue avec Pékin, écrit Andrej Mrevlje dans le quotidien Dnevnik : « Je suis prêt à croire qu’Obama a fait valoir ses meilleurs arguments dans sa discussion en tête-à-tête [avec le chef d’Etat chinois]. A Shanghaï, Obama a déclaré être intéressé par la vision qu’a la Chine d’un monde global. Si celle-ci existe, elle est imprégnée de nationalisme et de stricte discipline militaire. Obama n’a pas pu ignorer ces faits. Mais à la différence de la majorité des politiques avides de pouvoir, Obama n’est pas habitué à porter des coups mortels. Il préfère les discussions dans lesquelles il explique ses visions. Est-ce trop peu ? Peut-être. Pourtant, en plein Pékin, Obama a soudainement parlé des droits de l’homme, mentionné le dalaï-lama et a remis sur les rails un accord sur le changement climatique. » (18.11.2009)

The Daily Telegraph – Royaume-Uni

A l’occasion de la visite en Chine du président américain Barack Obama, le quotidien The Daily Telegraph estime qu’il ne peut y avoir qu’une entente économique entre les deux pays : « Les relations entre ces deux géants sont vouées à rester compliquées. Il n’y aura jamais de convergence d’esprit entre une dictature communiste repoussante qui offre régulièrement son soutien aux régimes les plus détestables de la planète, et un pays qui a longtemps été le fer de lance de la liberté politique. Cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas faire d’affaires avec succès. … L’intransigeance de la Chine concernant sa monnaie dévaluée a des répercussions bien plus grandes pour l’Occident que son approche des droits de l’homme. »

» article intégral (lien externe, anglais)

Eurotopic 18 11 09

Bourse Vingt propositions pour doper l’actionnariat individuel, peu prisé en France

Une quinzaine de personnalités du monde économique et financier ont remis vingt propositions au ministère de l’Economie pour augmenter le nombre des actionnaires individuels, peu nombreux en France et qui ont été très échaudés par la crise. Ces propositions visent à mieux faire connaître l’actionnariat auprès des jeunes, à valoriser le rôle de l’actionnaire individuel auprès des entreprises et à développer les instances de représentation des petits actionnaires. Après deux années difficiles, « il faut repartir en conquête », admet Yves Loichemol, de l’agence Euro RSG C&O à l’origine avec Actionaria, le Salon de la Bourse et des produits financiers, de cette initiative lancée avant l’ouverture du salon vendredi.

Les Bourses se rétablissent après avoir atteint un point bas en mars 2009 mais elles n’ont pas regagné tout le terrain perdu depuis le début de la crise à l’été 2007. La France comptait quelque 6,7 millions d’actionnaires individuels en 2007, selon une étude TNS Sofres. Les petits actionnaires détenaient en moyenne 6,7% du capital des entreprises cotées en France, contre 12,8% en Grande-Bretagne, 13,3% en Allemagne, 20,1% en Espagne et 26,6% en Italie. Parmi les freins à l’actionnariat individuel en France, Yves Loichemol cite la méconnaissance du rôle de l’action dans le développement d’une entreprise, le système de distribution (via le réseau bancaire la plupart du temps) et la structure du patrimoine des ménages, peu enclins à l’épargne en actions.

Constatant que les réseaux bancaires font peu la promotion des actions auprès de leurs clients, le comité de réflexion préconise la vente directe par les entreprises via un numéro de téléphone vert ou internet, procédure encore embryonnaire.
Il appelle aussi à une stabilisation de la fiscalité dans ce domaine et à la tenue des assemblées générales en soirée ou le samedi afin de favoriser la participation des actionnaires individuels qui travaillent. Le comité de réflexion comprend notamment des représentants d’associations de défense des actionnaires, du groupe boursier transatlantique NYSE Euronext, de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, ainsi que des économistes comme Jean-Hervé Lorenzi.

AFP

Jean Arthuis relève le coût « élevé » de la présidence française de l’UE

La présidence française de l’Union européenne a coûté « 151 millions d’euros », un « coût élevé » comparé au prix moyen des autres présidences, estimé « autour de 70 millions », affirme mardi dans La Tribune Jean Arthuis, président de la commission des Finances du Sénat.     Selon une enquête menée par la Cour des Comptes à la demande de la Commission des Finances, le coût de la présidence française « s’établit à 151 millions d’euros, ce qui est élevé », mais représente « 28 millions d’euros de moins que prévu », déclare le sénateur centriste.
La présidence française reste toutefois « dans le même ordre de prix que celles des grands pays », comme l’Allemagne en 2007. « La question est désormais de savoir s’il ne revient pas à l’Union européenne de prendre en charge ce type d’événement. Même remarque pour les sommets du G20 », ajoute-t-il.

La Cour des comptes relève que « certaines dépenses n’ont pas été intégrées: des crédits ont été pris en charge directement par l’Union, d’autres ont été assumés par des collectivités territoriales. Il faut donc ajouter une trentaine de millions qui ont été ainsi +sponsorisés+ », explique M. Arthuis. « Ce manque de transparence vient du fait que beaucoup d’événements ont été montés au dernier moment ». Certains « ont entraîné des dépenses importantes », comme l’organisation du sommet de l’Union pour la Méditerranée à Paris qui s’est soldée par « une facture de 15 millions d’euros », selon M. Arthuis.

Sur les 500 manifestations organisées, « toutes n’étaient pas indispensables » et « leur nombre n’a pas contribué au succès de la France, qui se juge sur deux ou trois événements, comme la gestion de la crise ou de la guerre en Géorgie », estime le sénateur de la Mayenne. « L’organisation globale (…) a été mieux coordonnée que dans le passé », avec notamment la création du secrétariat général de la présidence française de l’UE, dont le coût de fonctionnement, « très maîtrisé » n’a pas dépassé « 1,5 million d’euros », note également M. Arthuis.

Le conservatisme en politique

Les XXII es Rencontres de Pétrarque rediffusées sur France Culture abordent la question du conservatisme. Un statu quo qui s’applique bien à la politique française…

Les juillettistes ont manqué les XXII Rencontres de Pétrarque consacrées à la question « sommes-nous de plus en plus conservateur ? » Si le sujet les intéresse, ils peuvent se rattraper en écoutant France Culture qui rediffuse actuellement les enregistrements réalisés dans la Cours des Ursulines durant le Festival de Radio France. Nous revenons également cette semaine sur deux des débats abordés au cours de ces rencontres : Aujourd’hui le conservatisme en politique.

Messieurs les anglais tirez les premiers. Seul étranger autours de la table, le député travailliste Denis Mc Shane qui fut ministre aux affaires européennes dans le gouvernement Blair se lance. Avec un certain goût pour la provocation, il oppose « la révolutionnaire et libérale Margaret Thatcher au conservateur François Mitterrand. Oui, affirme le député britannique, la France est aujourd’hui le pays le plus conservateur d’Europe Chez vous, tout changement est refusé. La France ne bouge pas. Et quand le conservatisme ne marche pas, il fait naître des gens qui sont prêts à changer. » C’est ainsi que le travailliste s’explique l’avènement de Sarkozy. Au centre de son constat, les partis figés qui ne souhaitent pas le changement parce qu’ils sont incapables de changer leur propre fonctionnement. Silence, un troupeau d’éléphants passe sans bruit. Mc Shane poursuit. Tout en distinguant les conservateurs britanniques de leur homologues français, le social démocrate décomplexé prédit à la gauche française 15 ans de traversée du désert pour s’adapter au peuple. Vision cauchemardesque et pragmatique dont la clarté dérange ses co-conférenciers, mais qui oriente, dans le même temps, cette question du conservatisme vers la gauche.

Longue tirade d’Alain Finkielkraut qui observe de loin notre entrée dans un autre monde. « C’est le triomphe de la pensée calculante et la défaite de la pensée méditante. La culture s’engloutit dans le culturel». Le monde peut s’écrouler, Finkielkraut fera toujours du Finkielkraut. Reste que les néo conservateurs, Thatcher, Bush et Sarkozy, ne sont pas des conservateurs. Ils importent ou exportent un système idéologique et sont prêts à tout bousculer pour l’imposer. « Face à cette droite avide, les socialistes sont ils confiants dans leurs croyances ? » S’interroge Daniel Lindenberg « La défaite de Ségolène Royal est réelle. Elle n’est pas cosmique », précise l’historien des idées, la gauche immobiliste doit tirer les enseignements de cette droite qui pratique la guerre du mouvement. » pour Lindenberg, les lignes politiques bougent. Et en se réappropriant le culte de l’autorité et de la tradition, la gauche ne se projette pas dans l’avenir. Elle cède simplement à la tentation du repli.

Georges Frêche coiffe sa casquette d’historien pour rappeler que « La conservation et le progrès n’ont jamais été égaux. Le changement est bref et le conservatisme est long. » En France depuis deux siècles la vrai gauche n’a gouverné que onze petites années souligne le président de Région qui rejoint Mc Shane pour annoncer au PS son entrée dans un long purgatoire. « Ne tentons pas d’être absolument moderne. Mais efforçons-nous d’être contemporain.» recadre Antoine Compagnon qui enseigne la littérature au Collège de France.

La volonté de faire du passé table rase est un axe essentiel des politiques totalitaires. Il y a des libertés de la modernité qui reste à défendre et d’autre à contenir comme la liberté économique. Celle que l’anarchiste conservateur, Georges Orwell que personne ne cite, définissait comme « une liberté qui est le droit d’exploiter l’autre à son profit » Percutant non ?

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Débat politique Présidentielles 2007 victoire de  Sarkozy, Rubrique Essai Alain Badiou Organiser une critique de la démocratie,