La Chine traduit ses paroles en actes avec un cours du yuan en hausse

Conformément à ses engagements du week-end, la Chine a introduit une première dose de souplesse dans son système de taux de change, avec un cours pivot du yuan en nette hausse face au dollar mardi, à quelques jours de l’ouverture du sommet du G20.

La Banque centrale a fixé un cours pivot de 6,7980 yuans contre le dollar, après 6,8275 lundi –soit une hausse du yuan de 0,43%. Ce cours représente le seuil autour duquel la monnaie chinoise fluctue quotidiennement, dans une limite de plus ou moins 0,5% en ce qui concerne le dollar. Il est basé sur la moyenne des taux évalués par des teneurs de marché mais reste déterminé par la Banque centrale, qui a averti dimanche qu’elle continuerait de privilégier la stabilité de sa monnaie. La veille, l’institut avait aussi affirmé son intention de poursuivre la réforme de son taux de change et d’insuffler plus de souplesse au système.

 Pour les analystes, Pékin a assorti ses promesses de son premier geste concret mardi, sans pour autant lâcher la bride ni être prêt à une appréciation trop forte pour le bien-être de ses exportateurs. « La Chine a soutenu ses paroles par des actions et le président Hu (Jintao) va arriver à Toronto avec la preuve tangible que le pays est sérieux sur la question d’une souplesse accrue du taux de change », a commenté Brian Jackson de Royal Bank of Canada, qui prévoit des gains « limités » et néanmoins « significatifs » face au dollar dans les prochaines semaines.

Nombre d’analystes avaient estimé que les déclarations de la Banque centrale visaient à apaiser les critiques étrangères avant le sommet du G20 de Toronto (26 et 27 juin). Les partenaires commerciaux de la Chine, surtout les Etats-Unis, ont renouvelé leurs pressions ces derniers mois en faveur de l’appréciation du yuan. Ils fustigent sa sous-évaluation, estimant qu’elle baisse artificiellement le prix des exportations de la Chine et induit des déséquilibres dans l’économie mondiale.

Les annonces de la Banque centrale ont aussi été considérées comme le signe que le yuan allait de nouveau pouvoir s’apprécier face au dollar, après deux ans de stagnation. Cela a propulsé la monnaie chinoise sur le marché interbancaire lundi à son plus fort niveau contre le dollar depuis la réforme du sytème chinois de taux de change de juillet 2005, qui avait désarrimé le yuan du dollar pour l’adosser à un panier de devises.

« Nous nous attendons à des mouvements d’envergure, dans les deux sens, avec un déplacement global vers un yuan plus fort. Mais le G20 terminé, le rythme d’appréciation devrait se ralentir », a estimé Mark Williams, de Capital Economics dans une note. Mardi, sur le marché interbancaire, le yuan s’est tout d’abord encore renforcé avant de retomber à 6,82 contre le dollar, en raison, selon l’agence Dow Jones Newswires, d’une forte demande pour la monnaie américaine. L’agence fait état de spéculations selon lesquelles des banques chinoises, à l’origine de cette demande de dollars, auraient pu être encouragées par la Banque centrale, décidée à montrer qu’un taux de change plus souple veut dire des mouvements dans les deux sens.

Le fait est que le yuan profite depuis lundi de l’amplitude de la bande de fluctuation, après ses mouvements étriqués des deux dernières années, qui l’ont vu de facto re-chevillé au billet vert. Et en fixant mardi un cours pivot au niveau de la clôture la veille sur le marché interbancaire, « les autorités ont confirmé qu’elles avalisaient » les mouvements vers le haut de la bande de fluctuation, a souligné Mitul Kotecha, analyste de Crédit agricole à Hong Kong. « Mais il n’y aura pas de mouvement d’appréciation agressif d’ici à la fin de l’année ».

AFP

Obama première visite officielle en Chine

OFRWR-CHINE-HU-OBAMA-20091117La première visite officielle du président américain Barack Obama en Chine prend fin aujourd’hui, sans résultats concrets . Dans les discussions avec le chef d’Etat chinois Hu Jintao, les deux pays ne sont parvenus à s’entendre ni sur les questions économiques ni sur la protection du climat, critique la presse européenne. Extraits des publications suivantes:
La Repubblica – Italie, De Volkskrant – Pays-Bas, Financial Times Deutschland – Allemagne, Dnevnik – Slovénie, The Daily Telegraph – Royaume-Uni

La Repubblica – Italie

Le président américain Barack Obama a manqué l’objectif de son voyage en Chine, écrit le quotidien progressiste de gauche La Repubblica. Il aurait dû essayer de trouver une issue à la crise économique avec le président chinois Hu Jintao, mais les deux superpuissances s’accrochent à leurs intérêts nationaux : « Entre les deux superpuissances de l’économie mondiale, il n’y a pas d’accord sur une issue hors de la crise. Barack Obama et Hu Jintao ne trouvent pas l’équilibre de leurs intérêts respectifs. Les Etats-Unis n’acceptent pas de renoncer aux droits de douane … et la Chine ne cède pas à la pression pour réévaluer sa monnaie, le yuan. Le succès de l’ensemble de l’agenda dépendait de la sortie de cette impasse. Le président américain manque ainsi l’objectif principal de sa première longue visite en Asie et en Chine. Pékin et Washington, de l’économie, se replient sur la politique. … La construction fastidieuse du G2 continue. Mais la Chine émet un signal clair : le nouveau duo dirigeant apparaît comme une union par nécessité, mais non comme un couple. » (18.11.2009)

De Volkskrant – Pays-Bas

Le président américain Barack Obama a dû faire preuve de prudence à l’égard de ses hôtes lors de sa visite officielle en Chine, écrit le quotidien De Volkskrant : « L’attitude crispée des Chinois face à leur invité américain a de nouveau montré que les dirigeants à Pékin accordent beaucoup d’importance à leur système autoritaire. Cela a fait de la visite d’Obama un difficile exercice d’équilibriste. Les Etats-Unis doivent tenir compte des modifications des rapports de force dans le monde et reconnaître que de bonnes relations avec la Chine sont d’une importance décisive. … On ne peut pas exiger d’Obama qu’il aborde sur le champ toutes les questions – droits de l’homme, libertés politiques, Tibet, Ouïgours [minorité ethnique en Chine], Taiwan. Il convient de se montrer compréhensif à l’égard de la stratégie prudente qu’il adopte à présent. Mais si celle-ci donne trop peu de résultats, à long terme Obama n’aura pas d’autre choix que d’exiger plus clairement le respect des droits et des libertés qu’il considère, à juste titre, comme universels. » (18.11.2009)

Financial Times Deutschland – Allemagne

Même si les Etats-Unis et la Chine n’ont pas pu parvenir à un accord sur la protection du climat, il est important que les deux pays en parlent, estime le journal économique Financial Times Deutschland. Car la question de savoir « s’il est encore possible de limiter dans une mesure supportable le réchauffement climatique, ne sera pas résolue à Copenhague mais sera négociée entre la Chine et les Etats-Unis. Le fait que les chefs de gouvernement Hu Jintao et Barack Obama se soient, du moins sur le principe, déclarés favorables à un accord contractuel lors de leur sommet bipartite est donc un progrès. … Les Etats-Unis peuvent être tenus pour responsables de la majeure partie des gaz à effet de serre émis jusqu’à aujourd’hui, c’est pourquoi le monde attend naturellement avec impatience qu’ils s’entendent sur une loi nationale relative au climat. La plus grande partie de ces émissions de gaz proviendra cependant à l’avenir des pays émergents, notamment de la Chine. » (18.11.2009)

» article intégral (lien externe, allemand)

Dnevnik – Slovénie

Le chef d’Etat américain Barack Obama n’a certes conclu aucun accord, mais il a en revanche cherché le dialogue avec Pékin, écrit Andrej Mrevlje dans le quotidien Dnevnik : « Je suis prêt à croire qu’Obama a fait valoir ses meilleurs arguments dans sa discussion en tête-à-tête [avec le chef d’Etat chinois]. A Shanghaï, Obama a déclaré être intéressé par la vision qu’a la Chine d’un monde global. Si celle-ci existe, elle est imprégnée de nationalisme et de stricte discipline militaire. Obama n’a pas pu ignorer ces faits. Mais à la différence de la majorité des politiques avides de pouvoir, Obama n’est pas habitué à porter des coups mortels. Il préfère les discussions dans lesquelles il explique ses visions. Est-ce trop peu ? Peut-être. Pourtant, en plein Pékin, Obama a soudainement parlé des droits de l’homme, mentionné le dalaï-lama et a remis sur les rails un accord sur le changement climatique. » (18.11.2009)

The Daily Telegraph – Royaume-Uni

A l’occasion de la visite en Chine du président américain Barack Obama, le quotidien The Daily Telegraph estime qu’il ne peut y avoir qu’une entente économique entre les deux pays : « Les relations entre ces deux géants sont vouées à rester compliquées. Il n’y aura jamais de convergence d’esprit entre une dictature communiste repoussante qui offre régulièrement son soutien aux régimes les plus détestables de la planète, et un pays qui a longtemps été le fer de lance de la liberté politique. Cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas faire d’affaires avec succès. … L’intransigeance de la Chine concernant sa monnaie dévaluée a des répercussions bien plus grandes pour l’Occident que son approche des droits de l’homme. »

» article intégral (lien externe, anglais)

Eurotopic 18 11 09