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Le parquet national financier demande le renvoi de François Pérol devant le tribunal correctionnel
Selon les informations du Monde, le parquet national financier (PNF) demande le renvoi de François Pérol devant le tribunal correctionnel pour « prise illégale d’intérêts ». Le réquisitoire définitif, un document de quelque 70 pages, a été signé vendredi 7 novembre. Après en avoir été informées par le juge, les parties auront un mois pour faire leurs observations. Ce délai écoulé, le juge, à qui revient le dernier mot, rendra son ordonnance. Si Roger Le Loire suit l’avis du parquet, l’ex-conseiller économique de Nicolas Sarkozy à l’Elysée devra répondre des faits de « prise illégale d’intérêts » qui l’ont conduit en mars 2009 à la tête du groupe Banque populaire-Caisses d’épargne (BPCE), dont il préside toujours le directoire. François Pérol encourt une peine de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
La nomination de celui qui était alors secrétaire général adjoint de l’Elysée à la tête du groupe BPCE, fusion des Caisses d’épargne et des Banques populaires, avait provoqué une vive polémique, au cœur de l’hiver 2009. Puisque le conseiller économique de Nicolas Sarkozy avait œuvré au rapprochement des deux groupes, sa nomination imposée par la présidence de la République était contraire à toutes les règles de déontologie et des lois contre le « pantouflage » – pratique qui consiste pour un haut fonctionnaire à aller travailler dans le privé. Anticor, l’association de lutte contre la corruption, l’Association des contribuables et SUD-Caisses d’épargne avaient aussitôt déposé plainte. Un juge d’instruction était nommé.
L’affaire, emblématique de ce qu’ont pu être les pratiques du pouvoir sous la présidence Sarkozy au mépris de toutes les règles d’éthique, éclate au moment où sévit dans le monde la plus grave crise financière depuis 1929. Le 21 février 2009, le chef de l’Etat annonce aux patrons des banques mutualistes qu’il est prêt à renflouer les Caisses d’épargne et Banques populaires de 5 milliards d’euros, à une condition : c’est son conseiller économique, François Pérol, qui dirigera le groupe né de la fusion des deux groupes.
Le projet de fusion entièrement piloté depuis l’Elysée
Ce choix est contraire aux textes sur le pantouflage et de prévention des conflits d’intérêts, mais cela ne semble pas perturber l’Élysée. En France, la loi interdit à un fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu’il a surveillée ou conseillée dans les trois ans précédant son passage du public au privé.
Or, le conseiller de Nicolas Sarkozy n’a-t-il justement pas travaillé à la création du puissant groupe dont il prend la présidence ? L’ex-collaborateur du chef de l’Etat s’est toujours défendu de s’être taillé un poste à sa mesure. D’ailleurs, il n’était « pas candidat à ces fonctions », a-t-il expliqué au juge d’instruction. C’est le président qui « lui a soumis l’idée ». Lui a « pris cela comme une mission ».
N’en déplaise à M. Pérol, le projet « Sequana », du nom de code donné à la fusion programmée des Caisses d’épargne avec les Banques populaires, est entièrement piloté depuis l’Elysée. Toutes les réunions se tiennent rue du Faubourg Saint-Honoré. Et quand Nicolas Sarkozy reçoit le directeur du Trésor, le gouverneur de la Banque de France, le cabinet de la ministre des finances, l’autorité de tutelle des banques, il lit scrupuleusement les notes rédigées par François Pérol.
Le collaborateur du président connaît le sujet sur le bout des doigts. Conseiller économique de Francis Mer à Bercy en 2003, c’est lui qui aide Charles Milhaud à s’imposer à la tête des Caisses d’épargne, la banque de marché de la Caisse des dépôts, cette institution dont il n’a jamais admis l’utilité. En 2006, devenu banquier d’affaires chez Rothschild & Cie, il participe à la création de la banque Natixis, commune aux Caisses d’épargne et aux Banques populaires.
« C’est Pérol qui anime les débats »
Au juge, François Pérol assure n’avoir joué qu’un rôle d’« information » auprès du président. En réalité, de nombreux témoignages montrent un homme qui pilote, coordonne, anime les réunions. « C’est Pérol qui anime les débats », explique Alain Lemaire, le numéro deux des Caisses d’épargne. « François Pérol était le seul compétent en matière d’affaires économiques et financières », complète François Sureau, l’avocat du patron de l’Ecureuil.
Le choix du nouveau patron retenu, encore fallait-il obtenir l’aval de la commission de déontologie. Une formalité, pense l’Elysée. Le mépris de la présidence de la République pour le travail des membres de la commission et le non-respect de la procédure a créé quelques remous à l’époque. Les mensonges de l’Elysée ont entraîné la démission de deux membres de la commission de déontologie.
Lors d’un déplacement à Rome, où il assistait à un sommet franco-italien, Nicolas Sarkozy avait brandi une lettre à la presse et assuré avoir le feu vert des sages. « La commission de déontologie a donné son point de vue (…). Il sera rendu public et vous verrez qu’une fois de plus, c’est la différence entre une polémique et un problème, de problème il n’y en a pas », lâche t-il alors, bravache.
« Raccourci »
Sauf qu’il n’en était rien. La commission ne s’était pas réunie. Claude Guéant s’était contenté d’appeler Olivier Fouquet, le président de la commission, pour s’informer de la marche à suivre et connaître les délais d’instruction des dossiers. Olivier Fouquet demandait quinze jours pour rendre un avis. Inconcevable pour l’Elysée qui avait prévu d’annoncer la nomination de François Pérol deux jours plus tard.
La lettre qu’Olivier Fouquet avait envoyée à Claude Guéant pour lui détailler la procédure avait été considérée comme un accord. « Vous savez bien que ce n’est pas un avis ! », a lâché, furieux, Olivier Fouquet, à Claude Guéant, après la sortie du président de la République. Le secrétaire général de l’Elysée admettra « un raccourci » du chef de l’Etat.
Lire l’enquête : La Commission se rebiffe
Protégé par son immunité présidentielle, Nicolas Sarkozy n’a pas été inquiété dans cette affaire. Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, et supérieur de François Pérol, qui « ignorait tout du fonctionnement de la commission », selon Olivier Fouquet, mais s’est bien gardé de le connaître, aurait pu l’être. Mais le juge Roger Le Loire n’a pas retenu sa responsabilité dans cette affaire. Le parquet national financier s’en est tenu à l’esprit de l’enquête du juge.
Emeline Cazi
Le Monde.fr | 07.11.2014
Voir aussi : Actualité France, Rubrique Politique Affaires, On line. L’affaire Pérol, une plongée dans le système Sarkozy à l’Elysée, La Commission se rebiffe,
La charge de Rufin contre un Quai d’Orsay
On les disait amis, ils semblent désormais sérieusement brouillés. L’écrivain Jean-Christophe Rufin, ex-ambassadeur de la France au Sénégal, se livre à une charge sévère contre Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Décrivant dans un entretien au «Monde» un Quai d’Orsay «complètement marginalisé et sinistré», des diplomates dans le «désarroi le plus total», Rufin regrette que le co-fondateur de Médecins sans frontières se laisse dicter sa politique africaine par Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, et des «réseaux de lobbying».
Le fond de l’affaire n’est pas nouveau. L’impuissance de l’ancien french doctor aux Affaires étrangères a déjà été décrite, notamment par Libération. Kouchner lui-même a reconnu qu’il devait s’accommoder d’influences parfois contraires. Mais Jean-Christophe Rufin, nommé à Dakar en 2007 par Nicolas Sarkozy, et débarqué fin juin sur insistance du président Abdoulaye Wade, détaille par le menu cette diplomatie si paradoxale: «D’un côté, il y a un Quai d’Orsay qui sert de vitrine à la fois « people » et morale, et, de l’autre, une realpolitik faite par derrière et par d’autres.»
Kouchner devrait «savoir partir»
Invité de RTL ce matin, l’auteur de «Katiba» a évoqué «une politique africaine indiscutablement en crise». Selon lui, «le Quai d’Orsay ne pèse plus rien dans les affaires africaines». Celles-ci sont gérées par Claude Guéant. «Très influent», l’ancien préfet «agit d’autant plus librement qu’il n’en répond ni devant l’Assemblée ni devant le gouvernement». «Il dépend du seul président de la République, dont j’ignore s’il est complètement informé des initiatives de son collaborateur», s’inquiète Rufin.
L’ancien président d’Action contre la faim s’en prend aussi aux «intermédiaires officieux qui ont été remis en selle depuis trois ans». «Les réseaux se sont reconstitués», explique-t-il à RTL, «on a quelque chose de très opaque». «Absolument pas représentatifs de l’intérêt général», ces lobbyistes «sont payés» pour faire valoir leur point de vue. Construits «à l’inverse des réseaux Foccart», ces «visiteurs du soir» font inévitablement penser à l’avocat Robert Bourgi, conseiller de plusieurs chefs d’Etat africains.
Et Rufin, qui craint que la France ne perde une «chance historique» de rompre avec la “Françafrique – engagement de Nicolas Sarkozy en 2007 -, d’enfoncer le clou: «Obligé d’avaliser beaucoup de décisions (…) à contrecœur», Kouchner devrait «savoir partir».
«On n’est jamais trahi que par les siens»
Le ministre a d’abord répondu par l’ironie aux critiques de l’ancien ambassadeur, jugeant que ce dernier «boudait» et qu’il avait su «s’alimenter à la bonne source» pour écrire son dernier livre. Puis, interrogé à l’Assemblée nationale ce mardi, il s’est fait plus offensif: «J’espère – on n’est jamais trahi que par les siens – que cet homme ne s’étouffera pas de haine.»
«Nous sommes fiers de la politique qui a été menée, aussi bien pour la Guinée qui vient de voter pour la première fois depuis 59 ans, pour le Rwanda (avec lequel la France a repris depuis six mois des relations diplomatiques)», a rétorqué le ministre. «Nous sommes fiers de ce que nous avons fait après les coups d’Etat en Mauritanie, au Niger, ou à Madagascar», a-t-il ajouté.
Mais les temps sont décidément compliqués pour Bernard Kouchner, puisque deux de ses prédécesseurs, Hubert Védrine et Alain Juppé, viennent de publier dans «Le Monde» une tribune dénonçant «l’affaiblissement sans précédent (des) réseaux diplomatiques et culturels de la France».
Libération
Voir aussi : Rubrique Rwanda Sarkozy en mission de réconciliation,
Frais de sauvetage: y a t-il des bons et des mauvais otages?
Le
Des «motifs légitimes» qui ne disent justement pas leur nom. C’est ce que dénoncent les opposants au projet de loi. Philipe Ribeiro, le directeur général de Médecins sans frontières (MSF) dénonce «la catégorisation des victimes; légitmes et illégitimes».
Si Bernard Kouchner, à l’initiative du projet de loi se veut rassurant en affirmant que les humanitaires et les journalistes ne sont pas concernés, qu’en est-il pour un pigiste ou pour un volontaire humanitaire contraints de partir à l’étranger à titre personnel? Quid des chercheurs ou des hommes d’affaires?
«La loi vise les agences de voyages»
Le fondateur de Médecins sans frontières a lui-même reconnu que le texte était mal rédigé, selon le député socialiste Hervé Féron joint par Libé.fr. Ce dernier, soutenu par des ONG et le député UMP, Robert Lecou, avait d’ailleurs déposé un amendement excluant de cette mesure «les journalistes professionnels, occasionnels et leurs collaborateurs, les travailleurs humanitaires, les volontaires et les chercheurs». L’amendement a été rejeté.
Seuls les touristes paieront assure Bernard Kouchner pour qui l’idée d’établir une liste des personnes concernées serait «réductrice et ne pourrait pas couvrir toutes les situations professionelles. La loi vise les agences de voyages et les touristes», insiste-t-il.
Mais les propos rassurants du ministre ne convainc pas les sceptiques. A l’Assemblée, le député Vert Noël Mamère a jugé l’article de loi «très maladroit» et susceptible d’entraîner des «interprétations malheureuses». Hervé Féron, joint dénonce quant à lui «une remise en cause de la liberté de la presse».
Vers une «privatisation de la protection»
Certains, comme le directeur général de MSF voient surtout dans ce texte «un risque de privatisation de la protection». C’est aussi l’avis de Frédéric Gallois, directeur d’une société française de «sûreté stratégique» qui décrit «l’émergence des assurances enlèvement-rançon auxquelles souscrivent confidentiellement de plus en plus de grandes sociétés» pour leur collaborateurs à l’étranger. «On se dirige vers un mécanisme privé pervers car ce type d’assurances – très coûteuses – ne peuvent être évidemment prises par des gens modestes», regrette-t-il.
D’autres voix s’élèvent pour dénoncer le projet de loi. L’ex-otage Jean-Louis Normandin s’est déclaré «choqué et révolté». Chloé Lemaçon, dont le mari a été tué par un commando français venu les libérer d’une prise d’otages de pirates somaliens en avril 2009, se demande «comment sera déterminé la légitimité à être là ou pas et qui va décider de la zone à risques».
Cette loi a est débattue alors que deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, sont retenus en otage depuis plus de six mois en Afghanistan. Qualifiés d’«imprudents» par l’Etat français, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, avait ajouté qu‘«ils n’avaient rien à faire là». Alors l’état-major des armées affirmait en février que les opérations de recherches avaient déjà coûté plus de 10 millions d’euros. Pour le Syndicat national des journalistes (SNJ), si une telle facture devait être acquittée par une rédaction, cela metterait en péril la liberté d’informer.
Pauline André (Libération)
Voir aussi : Document Communiqué du SNJ CGT
Paix au Proche-Orient: une « urgence », dit la France à Avigdor Lieberman
France-Israël Proche-Orient diplomatie
La
Le responsable israélien, qui effectue cette semaine une tournée européenne, devait s’entretenir en fin d’après-midi avec son homologue français, Bernard Kouchner, et rencontrer le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, bras droit du président Nicolas Sarkozy. « Cette visite à la demande du ministre israélien va nous permettre d’écouter ce qu’il a à dire et de lui rappeler que pour la France il y a urgence à traiter du processus de paix » pour favoriser les modérés et marginaliser les radicaux, souligne un diplomate français.
« Nous souhaitons un accord (entre Israéliens et Palestiniens) avant la fin de l’année qui permette la fondation d’un Etat palestinien », a précisé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier. A Rome, Avigdor Lieberman a surtout évoqué, comme le président israélien Shimon Peres dans le même temps à Washington, la menace iranienne. « Le problème principal » dans la région est « l’Iran qui se nucléarise et qui est un facteur déstabilisant pour toute la région et le monde entier », a-t-il dit, en rappelant que toutes les tentatives de règlement entre Israéliens et Palestiniens avaient échoué depuis 16 ans.
La volonté de dialogue de Washington avec l’Iran représente une source de division entre Israël et les Etats-Unis où doit se rendre à la mi-mai le nouveau chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu. Ce dernier s’est déclaré en faveur d’une « nouvelle » approche de la paix avec les Palestiniens, incluant une reprise immédiate des pourparlers. Le vice-président américain Joe Biden a appelé Israël à stopper la colonisation des territoires occupés et les Arabes à mettre fin à l’isolement de l’Etat hébreu.
Entre la France et Israël, la « relation reste amicale », assure-t-on côté français. Mais les désaccords sont multiples et ont été renforcés par l’opération militaire israélienne à Gaza en début d’année, qualifiée d' »échec » à Paris. En dépit de la personnalité controversée d’Avigdor Lieberman, des discussions sont possibles dans plusieurs domaines, estime-t-on au ministère français des Affaires étrangères. Pour la France, « il est essentiel qu’Israël se prononce en faveur d’un Etat palestinien, fasse un geste à l’égard du Liban, gèle ses colonisations, discute avec la Syrie et rouvre les accès à Gaza », résume un diplomate. En revanche, aucun échange n’est possible sur les positions du ministre israélien en faveur d’un « Etat juif homogène » aux dépens des Arabes israéliens, précise-t-il.
La visite en France du responsable israélien a été dénoncée par plusieurs partis politiques de gauche français et faisait l’objet mardi après-midi d’une manifestation hostile de quelque 150 militants pro-palestiniens aux abords du ministère français des Affaires étrangères. « Recevoir Avigdor Lieberman revient à encourager le gouvernement israélien dans sa politique du pire », a affirmé Djamila Sonzogni, porte-parole du parti des Verts. « Cet homme est une insulte permanente au combat des progressistes et des pacifistes israéliens », a abondé le Parti communiste français.
Après la France, Avigdor Lieberman devait se rendre à Prague, présidente en exercice de l’Union européenne, puis à Berlin.