Vu la situation actuelle, il s’avère difficile d’évaluer dans quel état sera le système éducatif après la suppression des 16 000 postes qui figurent dans les tablettes comptables 2011/2012 du gouvernement. Sur le terrain, le combat se poursuit pour réclamer des remplacements, maintenir des options, intégrer des élèves, ou refuser des suppressions de classe. Il est voué à s’intensifier et augure déjà d’une rentrée explosive.
En solidarité avec cette légitime indignation citoyenne, le Collectif éducation populaire et transformation populaire propose de prolonger l’action par une réflexion globale pour sortir l’école de la marchandisation. Après avoir rappelé les enjeux de l’école, le collectif envisage la rencontre et le débat comme des étapes préalables, permettant à tous les acteurs de l’école de poser les bases d’une co-construction coopérative.
C’est en mesurant le traitement infligé à l’école publique par le pouvoir en place, et en observant à quel point la déconstruction des valeurs républicaines s’est inscrite dans la structure même de l’Etat, que l’on mesure l’urgence. Le combat défensif pour les valeurs solidaires doit s’accompagner d’une réflexion plus globale. Il importe de remettre au centre du débat la place que nous voulons donner à l’école dans notre société.
Le collectif éducation populaire et transformation populaire soutient le rôle prépondérant que tient l’école dans la construction du vivre ensemble, à travers la capacité qu’elle a à transmettre les savoirs tout en éveillant les consciences des futurs citoyens.
La soirée sera scindée en trois parties avec une intervention du FRIT (Front de résistance et d’intervention théâtrale), un exposé du sociologue Jacques Broda sur l’enjeu de la démocratisation scolaire, et un espace réservé aux interventions de la salle.
Jean-Marie Dinh
le 17 juin à 17h15 entrée libre à IUFM. Rens : 06 21 31 27 33
Tribune de Sébastien Ledoux / Enseignant et chercheur
Les collégiens au 121e régiment.Image extraite du reportage France 3 Paris
Le stage en immersion à la caserne de Monthléry s’est révélé une expérimentation hasardeuse et à l’idéologie dangereuse.
Cela s’est passé durant la semaine du 2 au 6 mai, dans la caserne militaire du 121e régiment de Montlhéry. Dix collégiens venus de l’établissement de réinsertion scolaire (ERS) de Nanterre ont été aux ordres de l’armée pendant une semaine. Ce stage en immersion était présenté par l’inspecteur d’académie des Hauts-de-Seine comme une « expérimentation de coopération entre l’Education nationale et la Défense ».
Etaient concernés des élèves exclus définitivement de leur établissement au moins une fois, et pour lesquels l’Education nationale espérait, semble-t-il, qu’une telle expérience leur apprendrait à marcher « au pas cadencé » (formule extraite d’un document de l’inspection d’académie pour ce stage), en entonnant La Marseillaise comme un seul homme à la levée du drapeau tricolore tous les matins.
Car le principe d’une immersion a été respecté à la lettre : uniforme pour tout le monde, y compris pour le personnel présent sur le terrain (dont une psychologue scolaire ! ), réveil à 5h30 du matin, garde-à-vous, hymne national, travaux d’intérêt général, apprentissage du code du soldat, parcours d’obstacles, marche à pied…
Des sorties ont aussi été organisées, notamment la visite du musée de l’Armée aux Invalides et le ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. L’opération de com tourne au cauchemar pour les autorités. Non, ce n’est pas un mauvais rêve. Nous sommes en France et cela se passe en 2011. On imagine la suite.
Ce fut une semaine émaillée d’incidents, d’altercations entre les élèves eux-mêmes, entre les élèves et les gradés. Insultes, coups, menaces. « C’était très difficilement gérable », reconnait même un gradé dans Le Parisien. Ainsi, la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe a été suivie seulement par trois élèves, les huit autres en ont été exclus, les gradés et le personnel de l’Education nationale craignant un incident… Dès le deuxième jour de stage, une journaliste de télévision qui devait tourner un reportage toute la semaine sur cette expérience s’est vue refuser la possibilité de rentrer dans la caserne.
Un tel fiasco n’avait apparemment pas été prévu ni par l’armée, ni par l’Education nationale qui avaient donné au départ l’autorisation de filmer largement pour mettre ainsi en avant un projet académique innovant. La journaliste n’a pu revenir que le vendredi, et les élèves ont alors toujours été « accompagnés » lors de leur interview ce jour-là.
Absence de réflexion et sirènes idéologiques inquiétantes
Cette « expérimentation » consternante réalisée par des fonctionnaires de l’école républicaine nous dit plusieurs choses. D’abord, l’absence de réflexion de certains responsables de l’Education nationale s’agissant des problématiques concernant les élèves en voie de déscolarisation. Au point de se bercer de douces illusions, espérant qu’un tel cadre proposé redonnerait, comme par magie, aux adolescents concernés le goût de l’effort et le sens de la discipline. Ensuite, derrière cette naïveté qui révèle un vide conceptuel sur les notions d’apprentissage et de politiques éducatives, pointent des sirènes idéologiques particulièrement inquiétantes.
Ce stage en immersion dans une caserne militaire marque la volonté de faire adhérer spécifiquement ces élèves à la nation française dont l’armée serait le dépositaire, et dont eux, issus de l’immigration, seraient dépourvus. Le parcours chaotique de la semaine de stage révélerait alors immanquablement le caractère définitivement inassimilable de ces catégories de population « pas comme nous », et qui ne « nous » veulent pas.
Les sites d’extrême droite réjouis par l’échec de l’opération
De multiples sites d’extrême droite (Fdesouche.com, Defrancisation.com entre autres) et le Front national lui-même (sur le site de la Fédération départementale de l’Essonne) ne s’y sont pas trompés en reprenant immédiatement l’article du Parisien (6 mai) qui évoquait ce stage, comme nouvelle preuve du bien fondé de leur position. Le titre « Réinsertion de la racaille : échec total » du site Françaisdefrance apparait comme un condensé de ces points de vue.
Cet événement nous montre également que les discours entendus sur les immigrés, les « jeunes des cités » et sur l’identité nationale depuis plusieurs années au sein même du pouvoir ont des effets concrets sur des politiques publiques que mènent certains agents de l’Etat sur le terrain. Les dépositaires de cet ordre du discours ne sont pas seulement des responsables académiques censés répondre aux attentes du pouvoir pour traiter ces exclus du système scolaire.
Le fait que différents agents de l’Education nationale se soient pris au « jeu » en enfilant un uniforme pendant toute la semaine face à leurs élèves n’est pas l’élément le moins troublant de cette confusion des genres.
Des réminiscences du colonialisme à la française
Les héritages de la France coloniale résident aussi dans cette intention partagée de confier ces jeunes, rebelles à l’autorité, par des soldats. Le revêtement de l’uniforme, on l’a dit, mais également les marches à pied, la mise au garde à vous, le réveil matinal, tout cela participe d’une volonté de domestiquer ces « corps-frontières », comme le définit la sociologue Nacira Guénif-Souilamas, que l’on enferme.
L’exercice de coercition n’a pu aller à terme, les soldats ne pouvant appliquer les sanctions habituelles, et en premier lieu, les séries de pompes… Mais nous sommes bien là face à une catégorisation ethno-raciale mis en œuvre dans le fonctionnement ordinaire d’un organisme public.
Ce référent ethno-racial, implicite au sein de l’Education nationale – explicite sur les sites d’extrême droite précités –, est mobilisé par ses agents pour naturaliser leurs difficultés professionnelles. Un tel stage aboutissant à un échec permet d’ailleurs de justifier le discours déculpabilisant mettant en avant le fait qu’il n’y a rien à faire avec « eux ».
Même en situation d’échec, ces jeunes sont confiés à l’école
Pour finir, envoyer ces collégiens vivre une semaine « à la dure » dans une caserne, revient à les engager eux-mêmes dans un processus de désinstitutionalisation dont ils n’ont évidemment pas besoin. Quelles que soient les fautes commises qui leur ont valu une ou plusieurs exclusions de leur établissement scolaire, ils restent des élèves dont l’institution scolaire a encore la charge.
L’école renonce à sa mission dès lors qu’elle décide – même provisoirement – de ne plus s’adresser à l’enfant comme élève, mais comme personne portant un uniforme militaire et enfermé dans une caserne. L’organisation d’un tel stage participe du processus de disqualification dont ces élèves sont l’objet dans notre société, processus dont l’Education Nationale apparait aussi comme l’un des principaux acteurs.
Les cérémonies de commémoration des victimes de l’accident nucléaire de Tchernobyl ont débuté ce mardi en Ukraine. Il y a 25 ans, le réacteur numéro quatre de la centrale nucléaire soviétique explosait pendant un exercice de sécurité.
Un manque d’informations
L’ampleur de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl est toujours passée sous silence, écrivent les députés européens Daniel Cohn-Bendit et Monica Frassoni dans une lettre ouverte publiée par le quotidien de centre-gauche La Repubblica : « Les gouvernements de l’ex-URSS, la Biélorussie, l’Ukraine et la Russie, ne sont pas parvenus à surmonter les problèmes considérables engendrés par l’accident de Tchernobyl. L’une des raisons principales de cet échec est le manque d’informations objectives sur les effets des radiations radioactives sur la santé. Pendant des années, la publication d’études scientifiques sur le rôle de la radioactivité dans l’apparition de maladies entraînant des handicaps ou même la mort a été bloquée par les autorités locales. … La censure s’explique en outre par l’accord secret entre le lobby nucléaire et le régime autocratique biélorusse. »
Le mouvement du Nid favorable à la pénalisation des clients.
A l’heure où la mission parlementaire d’information sur la prostitution affiche l’ambitieuse volonté « d’en finir avec le mythe du plus vieux métier du monde », Le mouvement du Nid se dit globalement favorable aux mesures préconisées par le rapport rendu la semaine dernière. Celui-ci se prononce notamment en faveur d’une pénalisation des clients. Entretien avec le responsable départemental du mouvement du Nid, Jean Bevelacqua, qui accueillait hier à la salle des Rencontres de l’Hôtel de ville la pièce « Au bout de la nuit ». Un témoignage qui démonte l’engrenage du consentement.
« Comment avez-vous reçu le rapport de la mission parlementaire présidé par la socialiste Danielle Bousquet ?
Nous sommes globalement favorables aux propositions de la commission. Ce rapport compte une trentaine de propositions dont la pénalisation de la clientèle. Nous regrettons en revanche que la commission ne se soit pas prononcée pour l’abrogation du délit de racolage que nous considérons comme une forme de double peine.
Pourquoi la pénalisation des clients vous semble un moyen adapté pour lutter contre la prostitution qui elle même reste légale ?
Nous ne sommes pas des prohibitionnistes. Les personnes qui se prostituent partagent de notre point de vue une condition de victimes. Et notre expérience de terrain démontre, quoique l’on en dise, que dans une très grande majorité des cas, on ne choisit pas de vendre son corps. Les proxénètes et les clients impulsent de fait une forme de violence à autrui. Dès lors qu’il ne s’agit pas d’une relation librement consentie, il s’agit bien d’une effraction corporelle à caractère sexuel. Même si le client n’en a pas toujours conscience. Quand j’étais jeune, j’étais dans la marine et j’ai fréquenté des prostituées. C’est plus tard que j’ai pris conscience et réalisé le caractère violent que j’ai pu faire subir. Parallèlement à la pénalisation, il faut mener de fortes campagnes de sensibilisation.
Les données locales soulignent à la fois un rajeunissement et une massification de la clientèle régionale. Comment l’expliquez-vous ?
En terme d’éducation, c’est réellement une catastrophe. Personne ne parle vraiment de relations sexuelles. La pornographie est devenue la norme sexuelle. Ici les jeunes vont dans les bordels catalans pour demander ce qu’ils n’oseraient pas demander aux filles qu’ils fréquentent. Quand on leur demande ce qu’ils cherchent, les critères qui ressortent sont le fait de ne pas s’engager, les pratiques sexuelles particulières, la multiplicité de choix notamment ethnique et le fait d’avoir accès à des filles que leurs conditions sociales ne permettent pas. Ce qui est significatif à bien des égards.
Quelle est votre position vis-à-vis du Syndicat du travail sexuel (Strass) qui qualifie les propositions parlementaires de dangereuses et moralistes et revendique un statut de travailleur indépendant du sexe ouvrant des droits sociaux ?
Nous ne condamnons pas la liberté de choix, mais il faut savoir que le Strass représente environ 200 personnes alors que la prostitution concerne 20 000 dans l’hexagone. Un pays ne peut pas être réglementé à partir d’une revendication individuelle dont le choix propose par ailleurs une vision ultra-libérale du problème. En matière de prostitution, la politique française reste néanmoins très frileuse et hypocrite avec un comité national d’éthique qui interdit de vendre son sang mais refuse de se prononcer quand on vend sa bouche, son anus, et son vagin ».
Le 82e congrès de l’UNEF qui s’achève à Montpellier s’est conclu par l’élection de son président en la personne d’Emmanuel Zemmour de la tendance Majorité nationale. Celui-ci succède à Jean-Baptiste Prévos étudiant en Normal sup réélu en avril 2009. Âgé de 23 ans, Emmanuel Zemmour est étudiants à l’ENS (école normale supérieur) en master 1 économie. Il est adhérent à l’UNEF depuis quatre ans et membre du bureau national depuis deux ans où il a d’abord été en charge des questions universitaires avant d’être élu vice-président de l’Unef le 30 janvier dernier.
Seule candidat en lice pour prendre la tête du premier syndicat étudiant (L’UNEF dit compter 31.000 adhérents sur 2,2 millions d’étudiants au total, contre 30.000 en 2009), le nouveau président avait ouvert le congrès de Montpellier en marquant son attachement à imposer les aspirations des jeunes dans le débat public. « En refusant de nous écouter le gouvernement enfonce de plus en plus le pays dans la crise démocratique. »
Après avoir débattu du statut social de la jeunesse, des perspectives d’avenir syndicale et des moyens pour y parvenir, les 900 délégués étudiants ont approuvé les orientations du syndicat. La tendance Majorité national remporte 81,79% des voix, la tendance pour un UNEF unitaire et démocratique regroupe 11,78% des votes exprimés et la tendance refondation syndicale 6,43%. Elu à la proportionnelle, le nouveau bureau national a désigné sans surprise Luc Zémmour qui accède à la présidence pour deux ans.
Ce congrès est l’occasion d’affirmer que l’UNEF est une force de proposition mais aussi, et surtout, un moyen d’agir notamment sur l’emploi des jeunes. « Il faut tordre le coup à l’idée qui veut que les jeunes soient inemployables. Les entreprises raffolent des jeunes quand il s’agit de remplacer un CDI par un contrat précaire. Nous ne réclamons pas un statut dérogatoire comme les gouvernements successifs nous l’ont proposé. Nous réclamons le droit commun, un CDI pour tous avec une rémunération à la hauteur de nos qualifications. » a martelé le président en ouverture du Congrès. Vie étudiante, rénovation du diplôme de la licence, suivi critique de la loi LRU sur l’autonomie des universités, grand emprunt, les chantiers qui attendent M. Zemmour sont désormais nombreux.
Surtout, un an avant l’élection présidentielle. « Avec Emmanuel, c’est le changement dans la continuité », assure son prédécesseur Jean-Baptiste Prévost.