Les Etats-Unis accélèrent le déploiement de systèmes anti-missiles dans le Golfe afin de parer à une éventuelle attaque iranienne, rapporte samedi le New York Times. Le quotidien, qui cite des responsables militaires et de l’administration Obama, précise que Washington déploie des navires spécialisés au large des côtes iraniennes ainsi que des intercepteurs de missiles dans quatre pays : le Qatar, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït. Oman a également été approché, mais aucun missile anti-missile n’a encore été installé dans ce pays, indique le journal. Selon le NYT, les pays arabes sont de plus en plus enclins a accueillir des équipements de défense américains par crainte des ambitions et des capacités militaires de l’Iran. Notre premier objectif est de dissuader les Iraniens » de s’en prendre à leurs voisins, a déclaré un haut fonctionnaire cité par le journal. « Le deuxième est de rassurer les Etats arabes afin qu’ils ne se sentent pas obligés de se procurer eux-mêmes l’arme nucléaire. Mais il s’agit aussi en partie de calmer les Israéliens », a-t-il dit.
Ces préparatifs militaires visent à prévenir d’éventuelles représailles iraniennes qui suivraient un renforcement des sanctions internationales contre Téhéran. Ils pourraient aussi dissuader Israël de frapper militairement les installations nucléaires iraniennes. Le Sénat américain a adopté jeudi un projet de loi permettant au président Barack Obama de sanctionner les importations d’essence iraniennes pour obliger Téhéran à se conformer à ses obligations internationales concernant son programme nucléaire. L’Iran refuse depuis des mois une offre de l’Agence internationale de l’énergie atomique de faire enrichir son uranium à l’étranger. La communauté internationale soupçonne Téhéran de développer des capacités militaires sous couvert d’un programme nucléaire civil. Washington et cinq autres pays (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie) tentent de se mettre d’accord sur des sanctions accrues contre l’Iran, mais la Chine affirme vouloir poursuivre la négociation avec Téhéran.
La Chine est désormais sous « très forte pression » dans le processus d’imposition de nouvelles sanctions à l’Iran en raison de son programme nucléaire, a estimé vendredi à Paris la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. « Maintenant que nous nous éloignons de la voie du dialogue, qui n’a pas produit les résultats que d’aucuns espéraient, et que nous faisons avancer la piste des pressions et des sanctions, la Chine va être sous très forte pression pour reconnaître l’impact déstabilisateur qu’un Iran doté de l’arme nucléaire aurait dans le Golfe, d’où elle reçoit une part importante de ses fournitures en pétrole », a-t-elle lancé à l’issue d’un discours. Un Iran nucléarisé « déclenchera une course aux armements », et « Israël ressentira une menace sur son existence ». « Tout cela est incroyablement dangereux », a plaidé la chef de la diplomatie américaine, qui répondait à une question de son auditoire à l’Ecole militaire. S’adressant à la Chine, Hillary Clinton a dit « comprendre que pour vous aujourd’hui, il apparaît contre-productif de sanctionner un pays dont vous tirez une telle part des ressources naturelles dont a besoin votre économie en croissance ». « Mais réfléchissez aux implications à plus long terme », a-t-elle ajouté avec une fermeté de ton inédite sur le sujet. L’Iran est le troisième fournisseur de la Chine en pétrole.
Le groupe des Six (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) tente en vain de négocier avec le régime de Téhéran, soupçonné de vouloir développer des capacités militaires sous couvert d’un programme nucléaire civil. Après des mois d’impasse, les Six travaillent à définir de nouvelles sanctions, que Washington souhaite introduire dans une résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Le message publiquement adressé vendredi par Mme Clinton à la Chine, le seul membre du groupe encore réticent à de nouvelles sanctions, confirme que les Etats-Unis espèrent désormais aller le plus vite possible, et profiter de la présidence du Conseil de sécurité par la France en février pour présenter une résolution. Hillary Clinton a évoqué le sujet avec le président français Nicolas Sarkozy vendredi matin. Elle avait multiplié les démarches auprès de ses partenaires mercredi et jeudi à Londres, en marge des conférences sur le Yémen et l’Afghanistan, enregistrant au passage l’appui de la Russie. Yang Jiechi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a toutefois répété jeudi que Pékin préférait continuer d’explorer la voie du dialogue avec l’Iran.
La France et l’Union européenne ont le devoir de se doter d’une défense antimissile autonome face à la prolifération d’armes de destruction massive et de missiles balistiques, estiment en substance des députés dans une étude rendue publique mercredi. « Il serait irresponsable pour la France de (…) négliger, par souci immédiat des coûts financiers, cette prolifération balistique », écrivent les auteurs de ce document publié par les Cercles interparlementaires d’étude air-espace et naval de défense.
Christophe Guilloteau (UMP), Francis Hillmeyer (NC) et Gilbert Le Bris (PS) pointent une situation géopolitique brouillée par « de nombreuses organisations telles qu’al-Qaïda, des Etats instables aux pouvoirs illégitimes, une course aux armements et aux capacités NBC (nucléaires, biologiques et chimiques, ndlr), une recherche de moyens balistiques ».
« Inde, Chine, Pakistan, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Israël, Russie détiennent l’arme nucléaire ; peut-être la Corée du Nord, mais plus encore demain, dans des horizons de temps différents : l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Egypte, la Turquie, l’Algérie, le Brésil, voire le Japon », font-ils valoir.
Si « la dissuasion nucléaire demeure le meilleur outil pour prévenir l’utilisation de certaines menaces provenant d’Etats clairement identifiés », estiment les députés, la « défense antimissile prend tout son sens » dans ce contexte. Pour eux, il s’agit d’un « complément de la dissuasion » et non d’un nouveau « risque de course aux armements ». Il en va, ajoutent-ils, de « l’autonomie stratégique » de la France et de l’UE face aux Etats-Unis engagés dans une politique de « couverture globale ».
La France, relèvent-ils également, s’apprête à se doter d’une « capacité initiale de défense antimissile balistique de théâtre » et pourrait s’appuyer sur le missilier européen MBDA « concepteur et développeur des capacités françaises et européennes actuelles ». Si toutefois Paris et l’UE décidaient d’une politique « a minima », ajoutent-ils, il faudrait « veiller à maintenir (une) maîtrise technologique afin (…) d’éviter une vassalisation complète de notre pays et des Européens ».
Pour Gilbert Le Bris, interrogé par l’AFP, « il faudra bien que les Européens et les Français qui ont le leadership dans ce domaine aient quelque chose à dire » lors du prochain sommet de l’Otan, prévu fin 2010 ou début 2011 à Lisbonne, sauf à laisser « les Américains décider pour eux et leur demander de participer financièrement à leur programme ». « Il ne faut pas croire que ça coûte des milliards », assure-t-il aussi, parlant d’une « adaptation progressive de notre outil de défense d’un coût annuel de l’ordre de 200 à 250 millions d’euros sur dix ans qui pourrait être partagé avec des partenaires européens ».
Le Premier ministre israélien a donné son accord à la construction d’une barrière qui doit endiguer l’immigration clandestine. Plusieurs ONG s’étaient déjà inquiétées du sort réservé aux migrants africains dans la région.
La construction de nouveaux murs au Proche-Orient semble sans fin. On connaissait déjà les «barrières de sécurité» israéliennes, qui entaillent profondément la Cisjordanie et séparent l’État hébreu de la bande de Gaza. On apprenait en novembre la construction par l’Égypte d’une barrière souterraine en acier entre son territoire et l’enclave palestinienne gouvernée par le Hamas.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a approuvé dimanche la construction d’un nouveau mur, cette fois à la frontière égyptienne. «J’ai pris la décision de fermer la frontière sud d’Israël aux éléments infiltrés et aux terroristes. C’est une décision stratégique visant à préserver le caractère juif et démocratique d’Israël», a expliqué Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
Un responsable israélien, qui a requis l’anonymat, a précisé que trois barrières seront édifiées le long des 266 km de frontières entre les deux pays. L’une d’elles sera bâtie près de la ville méridionale d’Eilat, une autre à proximité de la bande de Gaza. Selon le journal israélien Haaretz, le coût du projet du ministère de la Défense, qui doit voir le jour d’ici 2012, avoisine les 280 millions d’euros. La BBCindique que l’Égypte ne devrait pas s’opposer à la construction des murs, dans la mesure où ils sont situés en territoire israélien.
«Meurtres illégaux» de migrants
Ces derniers doivent permettre de combattre l’immigration clandestine, en provenance majoritairement du Darfour. «Israël autorisera l’entrée de réfugiés en provenance de zones de conflit mais ne permettra pas que ses frontières soient utilisées pour inonder le pays de travailleurs illégaux», a ainsi déclaré Benjamin Netanyahu.
Le ministère de l’Intérieur israélien évalue à 300.000 le nombre de personnes en situation irrégulière sur son territoire. Au cours des cinq dernières années, 24.000 migrants seraient passés illégalement par la frontière méridionale, selon des chiffres cités par l’IRIN, un réseau d’information rattaché au bureau des affaires humanitaires de l’ONU.
Si Israël fustige régulièrement le manque de contrôle des autorités égyptiennes dans cette région désertique, plusieurs ONG ont critiqué le traitement qui y est réservé aux migrants africains. En septembre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé au Caire de «mettre fin immédiatement aux meurtres illégaux de migrants et demandeurs d’asile».
20 morts en 2009
28 personnes auraient été tuées par les tirs des policiers égyptiens en 2008, selon Amnesty International, et une vingtaine en 2009. Ce chiffre pourrait être «beaucoup plus élevé», d’après les témoignages de migrants érythréens, indiquant que de nombreux cadavres seraient abandonnés dans le désert.
Il y a quatre mois, HRW pointait également l’attitude des forces israéliennes, qui renvoient par la force certains migrants en Égypte, sans même examiner d’éventuelles demandes d’asile. «Cela viole la législation internationale», expliquait l’ONG.
Sylvain Mouillard (Libération)
A Rafah, la survie au bout du tunnel
Reportage
Tunnel à Rafah. Photo Reuter
Les centaines de galeries qui percent la frontière égyptienne permettent l’approvisionnement des Gazaouis, tout en minant l’économie locale
On se croirait dans une petite concession minière en Afrique, camouflée par une palissade en tôle et fermée par une porte cadenassée. Au centre, une tente abrite le trou, «l’œil» comme l’appellent les creuseurs. Une poulie électrique sert à remonter la marchandise sortie du boyau de 1,5 m de large. Le puits est étayé par des planches pour éviter un éboulement de terrain, très sablonneux et humide. La mer est à quelques centaines de mètres, l’Egypte aussi.
Depuis la fin de la guerre de janvier, les tunnels, qui servent à contourner le strict blocus imposé à la bande de Gaza par Israël après la prise de pouvoir du Hamas, en juin 2007, se sont multipliés. Il n’a fallu que quelques semaines pour remettre en service ceux détruits par les bombes surpuissantes larguées par les chasseurs israéliens. Plusieurs centaines d’autres ont été creusés, au point que l’on estime leur nombre à près d’un millier. Les treize kilomètres de frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte ressemblent à une immense termitière, où les entrées de tunnels sont alignées l’une après l’autre, au su et au vu de tous. La multiplication des points d’entrée et la chasse menée par la police égyptienne, de l’autre côté, oblige les tunneliers à creuser plus loin et plus profond : jusqu’à 800 m de long et plus de 20 m de profondeur. On estime que 10 000 personnes vivent du business des tunnels.
Moutons. Mohamed et Abdallah ont les yeux injectés de sang, la parole hésitante, comme s’ils étaient ivres. Ils sont probablement sous tramadol, la drogue préférée des tunneliers, un puissant antidouleur qui les aide à supporter des conditions de travail extrêmes. Ils disent avoir respectivement 18 et 20 ans mais en font trois ou quatre de moins. C’est aussi pour leur petite taille qu’ils ont été choisis.
Le nombre de tunnels a tant explosé que les salaires ont chuté à 100 shekels (18 euros) par jour, ce qui reste appréciable à Gaza, où le chômage frappe plus de la moitié de la population. Le prix de la tonne de marchandise transportée, quelle qu’elle soit, a plongé de 8 000 dollars à moins de 500 en un an. Tout, ou presque, passe : motos, frigos, téléviseurs, fiancées palestiniennes ou moutons égyptiens, et même des voitures découpées en six ou huit morceaux et remontées à Gaza par des garages spécialisés. Il paraît qu’un tunnel permettait de passer des véhicules entiers. Rumeur invérifiable et, de toute façon, ceux qui la colportent assurent qu’Israël l’a fait bombarder.
Israël, tout en protestant auprès de l’Egypte contre cette économie souterraine, laisse faire. Sauf lorsqu’il s’agit d’armes. Dans ce cas, Tsahal, informé par des collaborateurs qui placent de discrètes puces électroniques, envoie ses avions bombarder les entrées de tunnels suspects. Mais, en dehors de ce tabou, l’économie des tunnels arrange tout le monde. Israël peut ainsi maintenir son blocus de Gaza tant que le caporal Gilad Shalit reste prisonnier du Hamas, sans pour autant provoquer de crise humanitaire qui provoquerait un tollé international. L’Egypte laisse ses officiers et les tribus bédouines du coin faire de juteuses affaires, tout en disposant d’un moyen de pression sur le Hamas. Enfin, le parti islamiste peut continuer de dire à la population qu’il est assiégé, tout en évitant de graves pénuries qui le rendraient trop impopulaires…
«Made in Egypt». Mais le système est pervers, car sa première victime est l’économie gazaouie. Il suffit de faire un tour à la supérette Al-Nour, au centre de la ville de Gaza : «70% de mes produits sont made in Egypt. La qualité laisse à désirer, soupire Achraf, le gérant, comme à regret. Seuls les laitages, les produits pour bébé et les denrées de base, comme le thé, le sucre ou le riz, viennent d’Israël.»
Même les pâtes ont été bloquées à un moment donné, pour raisons de sécurité ! «Pendant l’opération « Plomb durci », Israël a détruit 300 usines et ateliers, se plaint Amr Hamad, de la chambre de commerce de Gaza. Cette destruction se poursuit aujourd’hui via les tunnels.» Les hommes d’affaires qui tiennent désormais le haut du pavé à Gaza sont ceux qui travaillent dans l’import-export. Des grossistes qui réalisent un coup en allant acheter des stocks quasi périmés en Egypte pour les écouler pendant le ramadan. La spéculation sur le ciment est devenue un sport national. Mais l’économie productive, elle, reste en rade. Rien n’entre : ni machines-outils ni acier nécessaire à une reconstruction à grande échelle. Pendant ce temps, l’usine locale de Pepsi est en plein naufrage. Privée de produits chimiques et de gaz par Israël, elle n’arrive pas à concurrencer ses avatars égyptiens. D’ailleurs, il n’est pas rare, dans les cafés et restaurants de Gaza, de trouver du sable sur les cannettes.
«Nous sommes dans une non-économie, résume l’économiste Omar Shaaban. C’est un circuit pervers où la communauté internationale paye des gens à ne rien faire – les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne censés ne pas obéir au Hamas – pour qu’ils dépensent tout cet argent en importations. Le lobby des tunneliers est devenu tellement fort qu’il pourrait un jour saboter la trêve pour éviter une réouverture des points de passage terrestre avec Israël.» Il suffirait de tirer quelques roquettes…
Le Hamas, pour sa part, encadre plus ou moins les tunnels : interdiction de faire travailler des enfants, interdit d’importer des armes (sauf pour le Hamas), de la drogue ou de l’alcool. Surtout, il faut livrer au mouvement islamiste une tonne de ciment par semaine et par tunnel. La taxe municipale d’ouverture d’un tunnel de 10 000 shekels a été supprimée, mais l’électricité reste payante.
Contrairement à ce qui est souvent dit, le Hamas ne taxe pas les biens importés. Le parti islamiste, moins affecté par le blocus israélien que la population, dispose de ses propres tunnels pour faire entrer des armes, et surtout de l’argent de ses généreux donateurs – en Iran ou dans le Golfe -, de préférence en euro, dont les coupures sont plus grosses et le poids plus léger.
Aigrefins. La richesse du mouvement est aussi le fruit de son quasi-monopole sur le métier de changeur de devises. Un métier en plein boom grâce aux tunnels où tout se paye en devises, les partenaires égyptiens refusant les shekels. Israël tente d’ailleurs discrètement d’affaiblir le Hamas en le privant de devises. L’économie des tunnels étant le seul investissement rentable dans la bande de Gaza, il connaît, lui aussi, ses aigrefins et ses spéculateurs. Ainsi, un certain El-Kurdi, un ancien vendeur de volailles du camp de réfugiés de Bureij, aurait réussi à lever 50 millions de dollars auprès de particuliers en les persuadant d’investir dans des tunnels en construction, leur promettant un rendement de plus de 20%. Quand la confiance s’est érodée, la bande de Gaza s’est découvert son Bernard Madoff. Depuis, il est au secret. On dit que même des cadres du Hamas s’étaient laissés convaincre…
Ce ne serait pas le cas si l’on en croit la presse israélienne qui faisait état, hier, d’un nouveau plan en ce sens, avec garanties, ce qui serait une première. Plus clairement et selon la même source, il s’agit d’un plan visant à régler en deux ans le conflit israélo-palestinien, assorti de garanties pour assurer son succès, a affirmé hier le quotidien israélien Maariv. On sait que question échéance, le Quartette international s’était engagé en 2003 pour la création d’un Etat palestinien en 2005. Une échéance qui n’a jamais été respectée. Quant au nouveau plan US qui n’a pas été confirmé officiellement, il prévoit que les négociations, d’une durée de deux ans au maximum, débutent dans les plus brefs délais et, pour s’assurer du succès de ces discussions, les Etats-Unis adresseraient des lettres de garanties aux Palestiniens dans lesquelles ils s’engageraient à faire respecter la date limite de deux ans. Israël demandera de son côté à Washington de confirmer l’engagement de l’ex-président américain, George W. Bush, stipulant qu’un accord de paix final sera basé sur des échanges territoriaux, ce qui permettrait à Israël de conserver ses grands blocs de colonies en Cisjordanie.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, s’est toutefois prononcé hier contre une date limite aux pourparlers de paix. « Il n’est pas possible de parvenir à un accord sur les frontières définitives en neuf mois et à un accord final en deux ans », a-t-il déclaré à l’issue d’une rencontre avec Tony Blair, l’envoyé spécial du fameux Quartette. Quant au Président palestinien, il s’est contenté hier de dire sa disponibilité à ouvrir des négociations de paix avec Israël, à la condition d’un gel de la colonisation juive dans les territoires palestiniens. « Il n’y a pas d’objection à un retour à la table des négociations ou à la tenue de réunions en principe », a déclaré Mahmoud Abbas à des journalistes à Charm El Cheikh, après un entretien avec le chef de l’Etat égyptien, Hosni Moubarak. La visite du Président palestinien en Egypte fait suite à celle du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, la semaine dernière. Le chef des renseignements égyptiens et le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, doivent se rendre le 8 janvier à Washington pour discuter du processus de paix avec des responsables américains. Le roi Abdallah II de Jordanie s’est également rendu à Charm El Cheikh, hier, pour s’entretenir avec M. Moubarak, selon l’agence officielle Mena. Les deux dirigeants doivent discuter « des efforts en vue de commencer des négociations de paix sérieuses et efficaces entre Israéliens et Palestiniens », a précisé le Palais royal à Amman. Difficile de dire que cette activité accompagne le projet américain, ce qui tendrait à confirmer au moins son existence. Selon le plan américain, le premier sujet sur la table des négociations serait celui des frontières entre Israël et un futur Etat palestinien. Il devrait être bouclé en neuf mois, soit durant la période de moratoire sur la colonisation juive dans les territoires palestiniens annoncée par le gouvernement israélien. Un Etat palestinien serait établi en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, sur la base de la ligne d’armistice en vigueur entre 1949 et 1967, mais des compensations sont prévues sur la base d’échanges territoriaux. Une fois ce premier dossier bouclé, les négociations aborderaient les autres questions liées au statut final : El Qods et le sort des réfugiés de 1948. Les discussions de paix entre les parties ont été suspendues, l’an dernier, dans la foulée de l’offensive israélienne contre la bande de Ghaza (27 décembre 2008-18 janvier 2009). Leur reprise achoppe sur la question de la colonisation israélienne. Les Palestiniens réclament un gel total des implantations avant de retourner à la table des négociations, mais Israël a rejeté cette demande jusque-là. Toujours est-il qu’il n’y a aucune confirmation de quoi que ce soit, l’activité diplomatique n’ayant jamais cessé quant à elle. Mais, sans le moindre impact. Tout juste, dira-t-on, pour entretenir l’espoir d’une solution négociée, mais également suffisant pour accentuer le désespoir des Palestiniens.