Suivi Fukushima juillet 2011: Il est plus important de limiter les radiations que l’information

L’ingénieur nucléaire américain Arnie Gundersen fait le point sur la contamination radioactive détectée autour de Fukushima et partout dans le Japon.

Les Réacteurs

Emanations radioactives visibles la nuit. Les réacteurs 1, 2, 3 et 4 continuent de relâcher des émissions radioactives. Nous ne les voyons pas durant la journée à cause de la chaleur et de l’humidité. Cependant, durant la nuit, vous pouvez les observer sur les images de la webcam. Les nuages blancs sont de la vapeur qui contiennent des particules et qui s’échappent des réacteurs. Certaines personnes m’ont écrit pour me demander s’il ne s’agissait pas de l’imminence d’une explosion ou d’incendies. Mais il s’agit bien de la vapeur radioactive qui s’échappent des réacteurs .

La plus grande partie des radiations a été relâchée durant les mois de mars et avril 2011. Actuellement, les radiations qui s’échappent sont bien moins importantes que durant les deux premiers mois. Durant les six premières semaines,  95 % des radiations se sont échappées de Fukushima. Cependant, Fukushima va relâcher des radiations pendant encore beaucoup de temps. Les Japonais sont en train de construire de larges tentes qui devraient recouvrir les réacteurs. La première tente est en construction et elle va recouvrir le Réacteur 1. Il en ira de même avec les Réacteurs 2, 3 et 4. Dès septembre, l’objectif de ces tentes est de récupérer la vapeur radioactive et de la traiter.

De plus en plus, l’opérateur doit faire face aux liquides contaminés qui s’infiltrent dans le sous-sol et qui se trouvent sur le site. Mais dans le futur immédiat, il n’y a aucune solution  pour les éliminer.

10 ans pour commencer à extraire le combustible Nucléaire !

Les Japonais annoncent qu’il faudra en tout cas 10 ans pour commencer à extraire le combustible nucléaire.  Actuellement il n’y a aucune technologie qui permet d’enlever ce combustible qui se trouve au fond des bacs de rétentions sous les réacteurs. Le combustible a percé la jupe des réacteurs et se trouve dans les bacs de rétentions. Aux États-Unis, à Three Miles Island, le combustible se trouvait dans le réacteur. Ici, il se trouve sur le sol, sous les réacteurs. Cette situation est totalement nouvelle. Il va falloir ramasser ce combustible liquide hautement radioactif et ce processus pourra durer 10 à 20 ans.

La Contamination Nucléaire

Pour moi, ce qui m’inquiète le plus, ce sont les informations qui proviennent du site. Certains de mes amis biologistes, qui ont travaillé à Tchernobyl, sont allés au Japon pour faire des tests scientifiques. Ils avaient imaginé et anticipé que la situation n’allait pas être bonne. Cette semaine, j’ai reçu un appel téléphonique qui me disait que la situation est vraiment, vraiment mauvaise. Ce sont des scientifiques qui ont l’habitude des radiations. Les conditions qu’ils ont trouvées à Fukushima sont bien pires que ce qu »ils avaient imaginé.

Il y a des évidences qui corroborent leurs recherches. Par exemples, les champignons, à plus de 60 km de la Centrale, contiennent des taux bien supérieurs aux limites fixées par les Japonais. Détail intéressant, ces champignons ont été cultivés à l’intérieur. Comment les champignons cultivés à l’intérieur peuvent-ils dépasser les limites légales de radiations extérieures fixées par le gouvernement?

Un autre exemple vient de la contamination du bétail dans la Préfecture de Fukushima. Tout avait débuté avec 8 vaches, ensuite 40 vaches et maintenant plus de 100 et je suis sûr qu’il va y en avoir encore plus dans le future. Un point intéressant est que les vaches ont été élevées entre 60 et 90 km de la Centrale. Elles montrent des taux de Césium bien au-delà de ce qui peut être approuvé pour la consommation. Quand ces vaches ont été commercialisées, le gouvernement japonais n’avait pas fait de test sur la viande.

La question la plus importante est: comment est-ce que ces vaches ont été contaminées?

Il se trouve que les vaches sont nourries avec du foin de riz. Ce foin, récolté au-delà de 60 km, a été apporté aux paysans qui se trouvaient dans la Préfecture de Fukushima. Cette paille a été contaminée à 500’000 Becquerels par kg. Il s’agit d’une contamination au Césium. Le césium a une demi-vie de 30 ans. Dans 30 ans, la contamination sera toujours de 250’000 Becquerels par kg et dans 60 ans 125’000 Becquerels par kg.

Cela c’est passé à plus de 65 km. Vous vous rappelez que la Commission nucléaire avait demandé une évacuation au-delà de 80 km. Cette situation indique que la NRC avait raison. Le gouvernement japonais aurait dû évacuer sa population à plus de 80 km au lieu des 20 km actuels.

La radiation a dépassé les frontières de la préfecture de Fukushima, mais le Gouvernement ne semble se soucier que des taux dans cette préfecture.

Black Rain – Les Pluies Noires

La dernière chose dont je voudrai parler aujourd’hui est ce qui se passe au-delà de 80 km. Il est très clair qu’avec les mesures radioactives et la paille qui ont été découvertes et relevées qu’il y a des endroits, même au-delà de 80 km qui sont autant contaminés qu’à Tchernobyl.

A Tokyo, j’ai ici une lettre d’un habitant qui a fait analyser le sol d’une cours pour jeux d’enfants. Les résultats montrent qu’il y a 53’000 becquerels par kg à cet endroit. Cette personne était tellement préoccupée qu’elle a été voir le maire de Kashiwa City qui lui a répondu de ne pas s’inquiéter. Nous avons un citoyen qui a payé une étude et qui l’a présentée aux autorités et qui ne peut aller nulle part avec ce gouvernement.

Il y a une autre information qui vient de National Cancer Center Hospital East. Elle se trouve sur leur site internet. Ce document montre que 11 jours après l’accident (mars 24), le niveau de radioactivité à l’extérieur du bâtiment était 30 fois plus élevé qu’à l’intérieur. Il y a eu une déposition sur le sol d’éléments radioactifs. Il s’agit d’un hôpital spécialisé et ils savent comment mesurer la radioactivité.

Le dernier rapport que je veux vous montrer provient d’un e-mail. Chaque jour je reçois un e-mail d’un éminent physicien, le Dr. Saji, ex secrétaire de la Commission de la sécurité nucléaire. Il y a deux jours, il m’a écrit ceci à propos du foin contaminé : Je crois que cela est dû au stockage de la paille à l’air libre lors du passage du panache, et particulièrement durant la première semaine de la «Pluie Noire ». (Black Rain).

« Black Rain »  « Pluie Noire » n’est pas un terme que le Dr. Saji utilise légèrement. Cependant, c’est ce qu’il s’est passé au Japon. Ce que Dr. Sagi mentionne, se sont des nuages de particules radioactives qui ont déposé un peu partout de la radioactivité dans le nord du Japon.

Au lieu de limiter l’information, Il est plus important de limiter les radiations.

Les japonais sont des personnes pleines de ressources et la victoire de l’équipe féminine de foot le montre. Mais ils ont le droit de connaître l’importance du problème auquel ils font face dans le but de faire face de manière correcte. Au lieu de limiter l’information, Il est plus important de limiter les radiations.

Traduit du  site officiel du Dr. Arnie Gundersen:

par Laurent Horvath pour le site 2000 Watts.Org

 

A suivre : La veille de Laurent Horvath l’ économiste spécialisé, fondateur du site 2000watts.org sur lequel il décrypte en continu la catastrophe nucléaire de Fukushima et la course-poursuite des «ouvriers kamikazes» pour éviter le pire. Fukushima fil de l’information

Voir aussi :  Rubrique Japon, Fukishima information et désinformation, Une légende à réinventer, L’accident nucléaire, Multiplication par 90 en trois jour du niveau de césium radioactif, Politique internationale, Fillon et Sarkozy misent sur l’aide de tokyo pour défendre le nucléair civil, rubrique Economie, Nucléair civil:  tour du monde des nouvelles puissances, Rubrique Santé, Manifeste pour l’indépendance de l’OMS, On Line «Areva au cœur du réacteur de Fukushima»

Fukushima : la Criirad dénonce des « carences graves » dans la gestion

La Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) a dénoncé, mercredi, à Lyon, au retour d’une mission sur place « les carences graves » des autorités japonaises dans la gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima le 11 mars. « Comment la gestion peut-elle être aussi déplorable, vingt-cinq ans après Tchernobyl ? » s’est interrogé lors d’une conférence de presse Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et membre de la Commission, qui a mené une campagne de mesures et de prélèvements au Japon courant mai.

D’après lui, « la population n’a pas été évacuée sur un périmètre suffisant », il n’a pas été distribué de pastilles d’iode rapidement « alors qu’il faut les ingérer trois heures avant l’exposition » et aucun plan de distribution n’existe à ce jour en cas de nouveaux rejets massifs, enfin, on laisse les habitants consommer des aliments contaminés, a-t-il assuré.

« On fait au Japon ce qu’on a fait à Tchernobyl »

« Bien au-delà de la zone interdite de 20 km autour de la centrale, il y a des doses de radioactivité qui induisent des risques de cancer inacceptables », a-t-il poursuivi, et « on tolère sur place un taux de risque de cancer vingt fois supérieur à celui communément admis ».

« On constate sur le terrain que les autorités comme les industriels sont dépassés », a renchéri le scientifique. Selon lui, il faudrait « évacuer ou décontaminer les terrains » sur un périmètre de plusieurs dizaines de kilomètres autour de la centrale.

Roland Desbordes, président de l’organisation, s’inquiète lui « qu’on relève les taux » des radiations admissibles après chaque accident : « Pour des raisons économiques, on fait au Japon ce qu’on a fait à Tchernobyl, on n’évacue pas » des populations « qui vivent dans des zones très contaminées » car leur indemnisation coûterait trop cher.

AFP

Voir aussi :  Rubrique Japon, Fukushima désinformation, Comment vivre après Fukushima ?, Une légende à réinventer, L’accident nucléaire, On Line, Adieu Japon, Fukushima de mal en pisÇa va bien aller

Fukushima, de mal en pis

 

Malaise au sommet de l’Etat japonais. Les effets de la catastrophe de Fukushima sont «plus graves que prévu et plus importants qu’annoncé». C’est l’une des conclusions alarmantes tirées en toute discrétion, la semaine passée, par un panel de professeurs et de scientifiques de la prestigieuse université de Tokyo, consulté par la commission nucléaire du Parlement et par un comité interministériel. Pour l’un de ces scientifiques, soucieux d’anonymat, il y a pire : «On ment aux Japonais. Les données du ministère de l’Education, des Sciences et de la Technologie [qui annonce les relevés de radiations autour de Fukushima, ndlr], qui sont reprises chaque jour par les médias de notre pays, semblent incorrectes. Les relevés de nombreux scientifiques et laboratoires indépendants diffèrent quasi systématiquement des siens. Y a-t-il manipulation des chiffres ?»

Ce week-end, dans le quartier de Shinjuku, à Tokyo, tandis que les autorités annonçaient une mesure de 0,064 microsieverts de l’heure, le compteur Geiger de Libération indiquait entre 0,16 et 0,23 microsievert de l’heure, selon les rues du quartier – des résultats ne posant pas de danger. Critiquant «l’autisme du pouvoir» et «les incapacités de Tepco [l’exploitant des réacteurs de Fukushima, ndlr]», un scientifique a quitté une réunion en larmes. Un autre a démissionné. Des éléments troublants corroborent l’idée qu’en haut lieu, dans les ministères, des hauts fonctionnaires cachent des faits et couvrent les intérêts du lobby nucléaire et du géant Tepco.

En annonçant la venue d’une vingtaine d’enquêteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), du 24 mai au 2 juin, le porte-parole du gouvernement nippon, Yukio Edano, a d’ailleurs gaffé avant-hier, en reconnaissant que le Japon faisait «tout son possible pour garantir la transparence» de l’information. Reconnaissant ainsi une certaine opacité…

Tétanisés. L’objectif est clair : éviter toute panique excessive des populations résidant autour des réacteurs. Soumis psychologiquement à rude épreuve depuis le 11 mars, des Japonais feignent d’y vivre normalement mais sont en vérité tétanisés. «Le problème est que les rejets radioactifs dans l’air, dans le sol et l’eau continuent. Or, plus ils se poursuivent, plus les rejets volatiles de césium menacent la santé des populations. Des centaines de milliers de personnes sont concernées dans un rayon de 100 kilomètres autour des réacteurs», assure-t-on à l’université de Tokyo. Quant aux risques posés par la contamination de la chaîne alimentaire, ils sont confirmés «dans un rayon de 300 kilomètres».

La semaine passée, les producteurs de thé de Kanagawa (à 270 km au sud de Fukushima) ont annoncé que leurs plantations étaient «contaminées» et impropres à la consommation. Pour Atsushi Kasai, un ancien membre de l’Institut de recherche de l’énergie atomique du Japon, «la catastrophe de Fukushima est plus grave que celle de Tchernobyl car cette fois, personne ne peut prédire comment la situation va évoluer». «Elle est aussi plus sérieuse, renchérit un expert, faisant allusion au million de personnes vivant à Sendai, à 80 km au nord des réacteurs. Or, nous constatons, ces jours-ci, de nouveaux dépôts de césium. Idéalement, pour un souci de santé publique, il faudrait pouvoir évacuer les enfants et les jeunes femmes de Sendai.»

Au même moment, Tepco, qui vient d’annoncer qu’il faudra encore «six à huit mois» pour sécuriser ses réacteurs, est une fois de plus montré du doigt pour sa gestion calamiteuse de la crise. «Le gouvernement et Tepco sont moins intéressés par le souci de protéger les gens que par celui de préserver le monopole de l’industrie nucléaire», dénonce le mensuel Sentaku, qui constate qu’on cherche à faire payer la facture au public. Tepco a en effet accepté six conditions menant à sa quasi-nationalisation. Les milieux d’affaires nippons et le Keidanren (le cercle du patronat) – dont le PDG de Tepco, Masataka Shimizu, est l’un des responsables – essaient quant à eux d’éviter la descente aux enfers du géant électrique.

Rescousse. Après avoir dévissé de 2 100 yens (18 euros) à 292 après le 11 mars, l’action Tepco vaut à peine 500 yens aujourd’hui. L’Etat nippon a décidé malgré tout de voler à sa rescousse, alors que ses avoirs sont estimés à 60 milliards d’euros. Surprenant ? A peine. Ils sont en effet détenus par les grandes compagnies d’assurance et institutions financières – privées ou publiques – du pays . Le premier financier de Tepco, la Banque de développement du Japon (propriété de l’Etat à 100%) lui a prêté, à ce jour, 300 milliards de yens. Après le 11 mars, les banques Sumitomo et Mitsui lui ont versé des lignes de crédit de 600 milliards de yens. Le capital de Tepco est détenu par 600 000 actionnaires, parmi lesquels de nombreux fonds de pension. 20% de ses avoirs sont détenus par des investisseurs étrangers. Jusqu’aux Etats-Unis, où certains se mordent les doigts d’avoir investi dans ce géant synonyme de fiasco.

Michel Temman (Libération)

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Comment vivre après Fukushima

Deux mois après le tsunami et l’accident nucléaire, l’écrivain japonais Akira Mizubayashi analyse les conséquences du désastre dans son pays et dénonce l’incurie des autorités. Après le tremblement de terre.

Le Nouvel Observateur – Comment avez-vous vécu le séisme et le tsunami du 11 mars, et, les jours suivants, l’accident nucléaire de Fukushima ?

Akira Mizubayashi – Dans un premier temps, j’ai vécu le désastre sismique loin du Japon. En effet, je venais de partir de l’aéroport de Narita de Tokyo quand le tremblement de terre s’est produit. A la suite de la publication d’«Une langue venue d’ailleurs», on m’avait proposé de faire une conférence et de participer à des rencontres en France. Ce que j’avais accepté avec joie.

Mais cette perspective joviale s’est brusquement assombrie. J’ai passé quinze jours à Paris, loin de ma famille, dans une angoisse croissante. Ce qui m’a préoccupé, c’était la différence de ton et de contenu entre les sources d’information françaises et japonaises. Je me suis souvent demandé pourquoi, du côté japonais, on ne parlait pas tellement de ce qui bouleversait si profondément l’opinion française.

Je suis rentré à Tokyo le 28 mars et, là, j’ai commencé à vivre mon deuxième temps de l’après-11 mars. Je me suis donc retrouvé, sans hiatus, dans le quotidien des Tokyoïtes, plongés dans la peur d’un monstre invisible: une ville plus sombre le soir en raison des lumières éteintes ou faiblement allumées, une ville où les bouteilles d’eau minérale avaient disparu, une ville où une angoisse sous-jacente semblait cohabiter avec l’habituel calme des gens qui vaquaient à leurs affaires.

J’ai vite compris qu’on ne pouvait pas se contenter du journal télévisé ni des grands quotidiens. J’ai repéré des pages d’internet qui présentent analyses et réflexions de spécialistes indépendants de l’opérateur Tepco et des autorités gouvernementales et nucléaires. Des amis proches et ma famille m’avaient mis en garde contre la présence médiatique, surexposée, de certains experts pronucléaires qui, malgré le déclenchement de la crise, prônaient honteusement, paraît-il, la fiabilité et la sûreté absolue des centrales japonaises. Aujourd’hui, ma journée est ponctuée de plongées dans des sources d’informations sélectionnées sur la situation évolutive de Fukushima.

Comment ont réagi les Japonais à ce désastre? On a pu parler de fatalisme, de résignation, mais aussi de sagesse, de civisme et de dignité. Comment définiriez-vous leurs réactions?

Le fait est là, même dans ces circonstances d’une extrême gravité, les populations ont su garder leur sang-froid: calme, discipline, pas de panique ni de pillage. Bien des observateurs occidentaux n’ont pas caché leur admiration. Comment comprendre cette attitude japonaise? La tâche n’est pas aisée. Seuls, peut-être, les historiens, soucieux de saisir l’histoire profonde des mentalités, peuvent y répondre. Je dirais pour ma part, très modestement, que les comportements remarqués des Japonais tiennent au fait que les rapports entre l’individu et la communauté ne sont pas articulés ici de la même manière qu’en Occident.

Schématiquement, dans la société française, l’individu précède la communauté. Anthropologiquement parlant, c’est l’inverse qui est vrai dans n’importe quel pays. Quand on naît, on arrive toujours dans un monde déjà constitué. Mais justement, dans le cas de la société occidentale, et en particulier dans le cadre de la culture politique de type républicain comme la France, tout se passe comme si, métaphysiquement parlant, l’individu précédait la communauté. Ce sont les individus réunis, appelés citoyens, qui fondent et incarnent la communauté politique pour leur bien collectif. Le prix à payer, c’est la fréquence relativement élevée des situations conflictuelles provoquées précisément par les affirmations individuelles des uns et des autres.

En revanche, au Japon, c’est peut-être le contraire qui est vrai. Le propre de l’imaginaire politique japonais se caractérise par la prévalence d’un sentiment d’appartenance à une communauté de destins ethniquement homogène, perçue comme telle. Ce ne sont pas les individus qui fondent et incarnent la communauté; au contraire, c’est la communauté qui les fait exister en tant que tels. Au Japon, il y a un être ensemble qui ne se confond pas avec celui de la société occidentale.

Cela tient très certainement au fait que les Japonais, contrairement aux Occidentaux, n’ont pas fait l’expérience historique d’un démantèlement de communautés traditionnelles. La Révolution française a démantelé d’une manière exemplaire les structures communautaires de la société d’ordres; la loi Le Chapelier de 1791, interdisant toute association, tout groupement d’hommes, a permis de générer une société d’individus. A-t-on prêté suffisamment d’attention au fait que la liberté d’association, qui devient essentielle plus tard dans les régimes démocratiques, ne figure pas dans la «Déclaration des droits de l’homme et du citoyen»?

Ici, au Japon, nous n’avons pas connu une telle expérience d’engendrement d’hommes individuels. Dans ces conditions, les vertus individuelles ne peuvent pas être les mêmes: soumission à l’autorité, discrétion, évitement des occasions de se faire remarquer, souci de ne pas s’affirmer, souhait de ne pas déranger les autres, etc. Cet effacement de soi, la face cachée de la cohésion sociale, est doté d’une étonnante efficacité pour le meilleur et pour le pire. L’envers de la cohésion, qui apparaît aujourd’hui comme une «leçon» dans un monde tout à l’ego, d’un désenchantement extrême, fut le déferlement du redoutable militarisme nippon des années 1940.

Quoi qu’il en soit, le «calme» et la «discipline», qui font l’objet d’un éloge de la part des observateurs occidentaux, ne sont absolument pas le résultat d’un civisme quelconque, «civisme» étant un concept lié à celui de «contrat social» présupposant la fondation d’une cité, d’une res publica voulue par les individus autonomes pour assurer leur sécurité commune…

Les médias étrangers ont souligné le manque, au Japon, de transparence et d’information sur la catastrophe et ses conséquences. Pensez-vous que les diverses autorités japonaises ont été à la hauteur de l’événement?

Non, je ne le pense pas. Je crois au contraire que les pouvoirs publics ne se sont pas comportés et ne se comportent toujours pas d’une manière suffisamment limpide et honnête vis-à-vis des citoyens. Je disais tout à l’heure que j’avais été choqué à Paris par la réserve des médias japonais quant à la façon d’appréhender la crise nucléaire de Fukushima.

Je constate aujourd’hui que les experts invités sur le plateau de la télévision nationale sont toujours les mêmes, c’est-à-dire ceux qui sont engagés depuis toujours dans la politique nucléaire nipponne propulsée, dit-on, par les autorités gouvernementales, les compagnies d’électricité comme Tepco et les chercheurs universitaires pronucléaires.

On sait maintenant, grâce à des publications courageuses, que les compagnies d’électricité et celles qui gravitent autour d’elles dépensent une somme proprement astronomique pour la promotion publicitaire du nucléaire: la liste noire des notables (vedettes du show-biz, athlètes, intellectuels médiatiques…) gagnés à leur cause est très longue. On sait que Tepco, en plaçant ses hommes dans le milieu politique et ailleurs, en finançant des recherches universitaires, exerce une influence occulte, massive et tentaculaire. On sait que certains hauts fonctionnaires chargés du nucléaire, lorsqu’ils ont pris leur retraite, se retrouvent conseillers auprès de Tepco.

Dans ces conditions, on comprend que des forces obscures agissent pour amoindrir, autant que faire se peut, la responsabilité de Tepco et des instances gouvernementales. Tout se passe en effet comme si les autorités concernées voulaient minimiser les événements de Fukushima. Un seul exemple : l’accident n’a été réévalué au niveau 7 que le 12 avril, mais selon certains chercheurs antinucléaires confirmés, comme Hiroaki Koide, de l’université de Kyoto, on le savait dès la première semaine après le déclenchement de la crise.

Qu’est-ce qui a changé, au fil des centaines de répliques sismiques, dans la vie quotidienne à Tokyo, où vous habitez ?

Rien, sinon la nature de la peur. A chaque réplique forte, on pense désormais inévitablement à la centrale endommagée de Fukushima et à bien d’autres qui parsèment le pays, en particulier à celle de Hamaoka, qui se trouve seulement à 180 kilomètres de Tokyo et qui est construite, paraît-il, sur une grande faille sismique…

Pourquoi a-t-on pu faire une chose aussi insensée ? Je navigue entre le normal et le monstrueux. A l’université, où tout a repris comme si de rien n’était, je vois des étudiantes follement gaies; mais une grande angoisse s’empare de moi quand, le soir, je regarde la réalité en face à travers quelques sources d’information fables qui évoquent la possibilité non écartée du pire des scénarios…

Depuis Hiroshima et Nagasaki, le Japon a un rapport unique au monde avec le traumatisme nucléaire. Après Fukushima, la société japonaise va-t-elle repenser sa relation au danger nucléaire ?

J’espère que le Japon va saisir cette occasion tragique pour s’engager enfin dans une voie qui lui permette de revoir de fond en comble sa politique énergétique. N’est-ce pas un devoir non seulement vis-à-vis des victimes du feu atomique, mais encore pour les générations à venir de toute l’humanité? Comme le dit Kenzaburô Oé, prix Nobel de littérature, les Japonais n’ont pas le droit de penser l’énergie nucléaire «en termes de productivité industrielle» («le Monde» du 17 mars). Il faut revenir à ce point de départ. La catastrophe de Fukushima a montré au monde entier le caractère irrémédiable et non maîtrisable du processus lorsque survient un accident nucléaire. Il faut en tirer la leçon pour s’orienter vers des sources d’énergie renouvelables, pour arrêter de faire du nucléaire civil et militaire un enjeu économique et mercantile.

Le Japon vit aujourd’hui avec deux risques majeurs: un risque sismique permanent et un risque invisible de contamination radioactive. Comment vit-on ainsi ?

Le risque sismique, on le connaît depuis la nuit des temps. On s’y fait, on est obligé de s’y faire. En revanche, le risque de contamination radioactive, c’est quelque chose qui revient entièrement à l’homme. Il faut bien distinguer les deux, car certains discours officiels ont l’air de faire croire que le drame actuel de Fukushima est dû au séisme et au tsunami dont on ne pouvait prévoir la puissance destructrice. Position scandaleuse que j’ai du mal à accepter.

A cela j’ajouterai le fait, absolument inadmissible, qu’en matière de radioactivité les autorités gouvernementales augmentent arbitrairement le seuil de tolérance: les enfants de Fukushima devront désormais subir jusqu’à 20 millisieverts alors que, selon la loi, c’est la limite supérieure pour les techniciens spécialisés dans le traitement du nucléaire.

Où en est-on de la situation des victimes, des sans-abri et des réfugiés? Comment le Japon leur manifeste-t-il sa solidarité ?

Il y a un élan de solidarité spontanée. Des collectes d’argent se font partout. Il faut en effet penser aux gens du Nord qui, plus d’un mois après le séisme, errent toujours dans les décombres; il faut penser à ceux qui ont dû partir de leur ville ou de leur village contaminés pour ne plus y retourner avant longtemps… La ville de Tokyo, je vous l’ai dit, est moins illuminée. On baisse les lumières. On dirait que la nuit est plus profonde alors que les jours rallongent. Une douce familiarité s’installe entre la nuit et les hommes. C’est bien ainsi.

Cette épreuve inouïe est l’occasion pour bien des gens de se rendre compte du superflu et de l’inutile qui encombrent notre vie, sinon de s’en dépouiller avec courage. Cela dit, je dois dire que je perçois, çà et là, des signes qui indiquent le retour inquiétant d’un certain discours identitaire soulignant l’union et l’homogénéité de la communauté nationale placée sous le signe du drapeau japonais, qui, semble-t-il, a nettement augmenté sa visibilité.

Quelle est pour vous la signification de ce désastre? Est-ce un tournant historique pour le Japon ? Qu’est-ce qui va changer ?

C’est un tournant historique. La reconstruction du pays doit nécessairement passer par une remise en question du modèle politique, qui a ses racines profondes dans la formation historique de l’articulation spécifique de l’individuel et du communautaire, étant entendu que c’est cette articulation même qui engendre simultanément la «discipline» des sinistrés et l’incompétence flagrante des hommes au pouvoir. Mais je ne suis pas sûr que les citoyens de ce pays soient prêts à prendre en main leur avenir dans ce sens-là. Au fort de la crise de Fukushima, la réélection de l’actuel gouverneur de Tokyo, chef de file des pronucléaires, est passée comme une lettre à la poste.

Propos recueillis parFrançois Armanet et Gilles Anqueti

(Le Nouvel Observateur)

Akira Mizubayashi
Né en 1952, Akira Mizubayashi est écrivain, traducteur et professeur de français à l’université à Tokyo. Il vient d’écrire en français et de publier chez Gallimard «Une langue venue d’ailleurs», un superbe essai où il dit son amour de la langue française. (DR)

Voir aussi :  Rubrique Japon, Fukushima désinformation, rubrique Littérature Asie,

 

Fukushima information et désinformation

Tel qu’annoncé la semaine passée par le Japon, Fukushima a été classé au niveau 7, le plus haut échelon de l’échelle en terme de gravité des accidents nucléaires civils. Les gens qui suivaient la situation de proche en étaient déjà conscients depuis des semaines, mais il aura fallu un mois aux autorités japonaises pour révéler au public ce qu’il savait depuis un mois.

En effet, les autorités japonaises ont été contraintes d’expliquer pourquoi il leur a fallu un mois pour rendre public les rejets à grande échelle de matières radioactives à la mi-Mars, provenant de la centrale nucléaire de Fukushima. Lorsque le gouvernement a annoncé le 12 avril qu’il avait relevé le niveau de la gravité de l’accident dans le complexe nucléaire de Fukushima Daiichi à 7, le pire à l’échelle internationale, le Japon a fondé cette décision en grande partie sur des modèles informatiques montrant les lourdes émissions d’iode radioactif et le césium entre le 14 et le 16 mars, peu de temps après le séisme d’une magnitude de 9,0 et du tsunami qui a rendu les systèmes refroidissement d’urgence de l’usine inopérants. Ce retard de près d’un mois avant de reconnaitre publiquement l’importance de ces émissions est un nouvel exemple de données et d’analyses portant à confusion, ce qui a mis les autorités sur la défensive quant à savoir si elles ont retardé ou bloqué la diffusion de l’information pour ne pas alarmer le public. Seiji Shiroya, un commissaire de la Commission de la sûreté nucléaire du Japon, un groupe indépendant qui supervise l’industrie nucléaire du pays, a suggéré une raison d’ordre public pour avoir gardé le silence. « Certains étrangers ont fui le pays même s’il semblait y avoir que peu de risque, dit-il. Si nous avions immédiatement décidé d’annoncer que la situation était de niveau 7, nous pourrions pu déclencher une réaction de panique». Les émissions de particules radioactives ont atteint un sommet après les explosions d’hydrogène dans trois des réacteurs de Fukushima. (Seattle Times/New York Times)

La majorité des Japonais ne font pas confiance à ce que leur gouvernement et Tepco leur racontent concernant la situation à Fukushima, et avec raison. D’autant plus que le gouvernement du Japon vient officiellement d’émettre une ordonnance aux sociétés de télécommunications ainsi qu’aux webmestres de censurer les rapports qui contredisent les communiqués de presse de l’État selon lesquels la catastrophe nucléaire de Fukushima est terminée. La nation a officiellement donné l’ordre aux sociétés de télécommunications et aux webmestres de supprimer le contenu des sites Internet qui contrent la position officielle du gouvernement que la catastrophe est sous contrôle et qu’il n’y a plus de menace provenant des radiations.

Le gouvernement affirme que les dommages causés par les tremblements de terre et par l’accident nucléaire sont amplifiés par les rumeurs irresponsables, et qu’ils doivent prendre des mesures pour le bien du public. L’équipe du projet a commencé à envoyer des « lettres de requête » à des organisations comme les compagnies de téléphone, fournisseurs d’accès à l’Internet, chaînes de télévision par câble, ainsi qu’à d’autres, exigeant d’eux qu’ils « prennent les mesures appropriées, basées sur les lignes directrices, en réponse à des informations illégales ». Les mesures comprennent d’effacer toutes les informations provenant de sites Internet que les autorités jugent nuisibles au moral et à l’ordre public. (Asia Pacific Journal)

La Commission de la sûreté nucléaire du Japon a publié seulement deux simulations par ordinateur des estimations de la dispersion de substances radioactives depuis l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi, alors que plus de 2000 d’entre elles ont été réalisées, selon les déclarations de sources proches de ce dossier.

The Christian Science Monitor notait récemment que Iouli Andreev, un spécialiste russe dans le domaine des accidents nucléaires, qui en tant que directeur de l’agence de nettoyage Soviet Spetsatom ayant contribué il y a 25 ans aux efforts pour nettoyer Tchernobyl, a également accusé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’être trop près des entreprises. « Il ne s’agit que d’une fausse organisation parce que chaque organisation qui dépend de l’industrie nucléaire – et l’AIEA dépend de l’industrie nucléaire – ne peut pas fonctionner correctement. »

En fait, les gens de l’AIEA n’ont même pas eu le courage d’entrer sur les lieux de Fukushima pour se rendre compte de la situation et les grands patrons de Tepco se défilent sans cesse. À la fin de cette vidéo, on peut voir des images normalement dissimulées des braves travailleurs de Tepco qui sont envoyés à leur mort en différé, à bord d’un autobus, en route pour aller réparer les dégâts à Fukushima. Tout cela pendant que le grand patron de Tepco disparait en se plaignant de stress et d’être sous énorme pression, et que les gens de l’industrie de l’énergie nucléaire nous chantent qu’elle est propre et sécuritaire, comme ce fût le cas dernièrement encore, de la part du directeur de General Electric Jeffrey Immelt qui était en visite au Japon, suite à la déconfiture des réacteurs Mark-1 que GE a construits. Eux, ils engrangent des milliards de dollars en profits avec cette industrie nucléaire, mais lorsque ça tourne au vinaigre, ils ne vont jamais régler leurs désastres eux-mêmes. Bien sûr que non. Ils envoient de pauvres petits travailleurs qui ont un courage et une dignité qu’ils n’auront jamais. Des travailleurs ayant décidé de sacrifier leurs vies pour tenter d’éviter le pire. Pourquoi ne pas forcer ces patrons, ces gens du gouvernement et du lobby de l’industrie nucléaire aller constater les dégâts et les nettoyer eux-mêmes?

Et que dire de la dépendance de General Electric à l’égard des relations publiques pour couvrir leurs dégâts? De 1990 à 2005, General Electric a dépensé plus de $122 millions en relations publiques, lobbying et efforts juridiques « pour lutter contre les demandes de nettoyer trois sites contaminés aux biphényles polychlorés (BPC) » rapporte O’Dwyer’s. Les trois sites sont « une bande de 320 kilomètres de la rivière Hudson, Housatonic (Pittsfield, MA) et un centre de transformateurs (Rome, GA) ».

Bien que ce soit difficile à imaginer, Tepco avait prévu de construire deux réacteurs supplémentaires sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, les n° 7 et 8 et en avait fait la demande officielle les jours suivant le début de la crise le 11 mars 2011. Les réacteurs de la centrale devaient entrer en opération en 2016 et 2017. Le président Masataka Shimizu a annoncé lundi que la société avait annulé leur plan de construire deux nouveaux réacteurs à sa centrale de Fukushima Daiichi, dans le nord du Japon. Ce n’est que la première fois depuis le 11 mars que la compagnie reconnait qu’elle abandonnera définitivement son projet de construire de nouveaux réacteurs. Shimizu a déclaré dans son témoignage devant le Parlement qu’il serait difficile de justifier la poursuite du projet d’ajouter ces deux réacteurs suite au tremblement de terre et le tsunami qui ont frappé la centrale. Il a dit que Tepco présentera bientôt un nouveau plan au gouvernement, sans les nouvelles unités.

Lorsque c’est rendu que même Fox News accuse le gouvernement japonais d’agir de manière plus secrète que la CIA, c’est tout dire! Et cela se poursuit de plus belle: le Secrétaire général du gouvernement, Yukio Edano, a présenté ses excuses au public à propos des déclarations faites aux médias concernant les zones  autour de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi qui seraient inhabitables à long terme. Un conseiller du Cabinet, Kenichi Matsumoto, a déclaré aux journalistes hier que le Premier ministre a fait remarquer que des zones autour de la centrale nucléaire seraient inhabitables pendant une longue période. Plus tard, il est revenu sur ses commentaires et le Premier ministre a lui aussi nié avoir fait une telle déclaration. Mais les rapports ont mis en colère les dirigeants locaux, dont le gouverneur de Fukushima. Edano a déclaré qu’il est regrettable que les rapports aient suscité des inquiétudes pour les résidents ayant évacué la zone autour de la centrale nucléaire. (NHK)

C’est le langage orwellien: Kan déclare quelque chose qui est approximativement vrai, mais il est forcé de se rétracter!

Une chose semble assez claire pour certains, comme le géant bancaire Morgan Stanley, cependant: c’est que la situation au Japon est assez sérieuse pour partir de là, même si cela signifie de perdre beaucoup d’argent. Morgan Stanley a simplement décidé de plier bagage et de faire défaut sur la dette qu’il possédait pour un édifice situé à Tokyo. Morgan Stanley a remis les clés le 15 avril, sans tapage médiatique. Pourtant, il s’agit du plus important défaut de paiement de l’histoire du Japon: 3,3 milliards de dollars. Le bon sens nous dicte qu’ils savent quelque chose que nous ne savons pas, ou ils peuvent lire les signes. Tokyo reçoit une quantité importante de retombées nucléaires provenant de la fusion nucléaire de Fukushima. Ils ont décidé de quitter leurs investissements là-bas.

Mais pour le reste de la population, autant au Japon qu’ailleurs, une seule phrase résonne partout: « Il n’y a aucun risque pour la santé et la sécurité humaine ».

François Marginean (Les 7 du Québec)

 

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