L’Otan responsable des pertes civiles en Libye, selon un parlementaire américain

24/08/11

Un député américain a indiqué mardi que l’Otan doit être tenue pour responsable des pertes civiles en Libye, en accusant l’organisation de la poursuite « illégale » du changement de régime et des bombardements « imprudents » contre les civils.

Dennis Kucinich, un représentant démocrate de l’Etat de l’Ohio (nord), a indiqué dans un communiqué que puisque les rebelles libyens sont déjà entrés dans Tripoli, il est temps de « revoir le rôle curieux de l’Otan et le futur de l’interventionnisme américain ».

« Un règlement par voie de négociation a été délibérément évité pendant des mois, alors que l’Otan, en violation des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, a illégalement poursuivi le changement de régime », a souligné le représentant.

Selon lui, l’Otan « a bombardé les civils imprudemment au nom de sauver les civils ».

« Si les membres du régime de Kadhafi en sont tenus responsables, les hauts commandants de l’Otan doivent aussi assumer la reponsabilité des pertes civiles résultant des bombardements devant la Cour pénale internationale », a-t-il souligné.

« Sinon nous aurions assisté au triomphe d’un nouveau gangastérisme international. » a-t-il ajouté.

L’Otan a effectué des frappes aériennes contre les forces pro-Kadhafi, ce qui constitue une raison importante pour laquelle les forces de l’opposition ont pu renverser la situation et sont finalement entrées dans la capitale.

Mardi, un avion de l’Otan a bombardé le complexe de Bab al-Azizya, bastion de Mouammar Kadhafi à Tripoli, après que les rebelles eurent commencé à attaquer ce complexe fortifié.

 

L’OTAN n’enverra pas de troupes en Libye post-Kadhafi

23/08/11

L’OTAN n’enverra pas de soldats sur le terrain et ne jouera qu’un rôle de «soutien» à la demande en Libye post-Kadhafi, a affirmé mardi à Bruxelles la porte-parole de l’alliance militaire Oana Lungescu.

« Le rôle de leader dans la période post-Kadhafi en soutien au peuple libyen incombe aux Nations Unies et au Groupe de contact. L’ OTAN jouera un rôle de soutien (…) L’OTAN ne disposera pas de troupes sur le terrain », a déclaré la porte-parole lors d’un point de presse tenu au siège de l’OTAN, ajoutant que tout rôle éventuel de l’OTAN dans le pays d’Afrique du Nord ne se concrétiserait qu' » à la demande ».

Les ambassadeurs des pays membres de l’OTAN à Bruxelles devraient se réunir mardi après-midi pour discuter du rôle que l’ Alliance Atlantique pourrait jouer après la chute totale du régime de Kadhafi.

L’OTAN doit rester vigilante du fait de la résistance de membres des forces fidèles au colonel Kadhafi, a indiqué la porte- parole.

« Nous ne pouvons pas baisser notre garde (…) Notre mission n’ est pas encore terminée », a-t-elle déclaré.

Dans le même temps, le colonel Roland Lavoie, le porte-parole de la mission de l’OTAN en Libye, a affirmé que la situation à Tripoli demeurait « très dynamique et complexe », ajoutant que l’ alliance poursuivrait ses opérations militaires en Libye.

Il a également indiqué que l’OTAN ne savait pas où se cache le colonel Kadhafi, affirmant néanmoins que « ce n’est pas vraiment important ».

Xinhua

Les efforts de l’UA en Libye sont sabotés par l’opération militaire

Les efforts de l’Union africaine (UA) pour trouver une solution à la crise libyenne ont été sabotés par l’opération militaire de l’OTAN, a déclaré mardi le président sud-africain Jacob Zuma au Cap.

« Ceux qui ont la puissance de bombarder d’autres pays ont saboté les efforts et les initiatives de l’UA pour trouver une solution à la crise en Libye », a affirmé M. Zuma lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion avec le président ghanéen John Atta Mills en visite en Afrique du Sud.

« Nous aurions pu éviter beaucoup de pertes de vie en Libye », a ajouté M. Zuma.

M. Zuma a fait remarquer que des pays puissants avaient abusé la Résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies « pour des intérêts autres que la protection des civils et l’assistance au peuple libyen ».

Selon l’agence de presse sud-africaine SAPA, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA se réunirait et jeudi et vendredi à Addis Abeba pour examiner l’évolutions de la situation en Libye.

 

Voir aussi : Rubrique Afrique, Afrique du Sud, Les pays émergents se font entendre sur la Libye, Lybie, L’Otan responsable de pertes civiles,

Quand l’Otan tuait des civils en Europe pour lutter contre l’URSS

 

L’attentat de la gare de Bologne, 85 morts et plus de 200 blessés le 2 août 1980. Le 26 septembre suivant, 13 morts et 200 blessés à la fête de la bière de Munich. Les tueries du Brabant, 28 morts dans le sud de la Belgique entre 1982 et 1985.

Derrière ces crimes, se trouveraient l’Otan, les Etats-Unis et de hauts responsables politiques de plusieurs pays d’Europe, désireux de créer une « stratégie de la tension » pour lutter contre l’URSS.

On connaissait l’existence de ces armées secrètes depuis qu’en 1990, le président du conseil italien Giulio Andreotti avait révélé à la Chambre des députés ce qu’était le réseau Gladio. On savait qu’il faisait partie des réseaux Stay-behind, cellules dormantes crées par l’Otan dans plusieurs pays d’Europe, dont certains étaient officiellement neutres, comme la Suisse ou l’Autriche.

Ce qu’on ignorait, ce sont les liens très probables de ces réseaux avec des attentats terroristes. Parfois attribués à l’extrême-droite (dont des militants furent condamnés), parfois à l’extrême-gauche, parfois restés impunis. C’est ce que révèle le film « Le Scandale des armées secrètes de l’Otan », réalisé par le journaliste français Emmanuel Amara, qui s’appuie notamment sur les travaux de l’historien suisse Danièle Ganser.

Un sang-froid et une technique digne des services secrets

Au pic de la guerre froide, des groupes d’extrême-gauche contestent le capitalisme en jouant de la terreur, faisant plusieurs morts. La thèse de Danièle Ganser, qui est formellement invérifiable tant que l’Otan ne s’exprime pas ou que les archives restent classifiées, veut que l’organisation et la CIA aient choisi une « stratégie de la tension », à la fois pour décrédibiliser l’extrême-gauche et favoriser l’élection de majorités plus sécuritaires, donc de droite. En organisant des attentats meurtriers pour la population civile.

Cette thèse est invérifiable, mais elle est fortement étayée par de nombreux témoignages diffusés dans le film. Ainsi, ce policier et cette juge d’instruction belges qui racontent en quoi les tueurs (impunis) du Brabant étaient des gens dotés d’un sang-froid et d’une technique digne des services secrets.

On a aussi la surprise d’entendre le très sulfureux Licio Gelli, grand maître de la fameuse loge maçonnique P2. Mentor de Silvio Berlusconi, ce nonagénaire maintenu en résidence surveillée est la cheville ouvrière de la plupart des scandales des années de plomb italiennes.

Après les révélations d’Andreotti en 1990, trois pays ont décidé de lancer des enquêtes parlementaires sur les réseaux Stay-behind : l’Italie, la Suisse et la Belgique. C’est donc dans ces pays que les informations sont les plus nombreuses, ou plutôt les moins rares, tant le secret continue à voiler ce qu’on pourrait bien qualifier de terrorisme d’Etats.

1950-1990 : le scandale des armées secrètes de l’Otan d’Emmanuel Amara, diffusé dimanche 1er mai , sur France 5.

Voir aussi : Rubrique International, Otan, terrorisme, rubrique Médias,

BRICS: La voix des émergents se fait entendre sur la Libye

Jusque là, on les attendait sur un créneau économique. Réunis jeudi à Sanya sur l’île chinoise de Hainan, les Brics, sigle acronyme des grands pays émergents de la planète – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud- ont trouvé une voix commune pour exprimer leur opposition à l’intervention militaire en Libye. (A lire: Obama, Cameron et Sarkozy sortent du cadre de l’ONU)

Le président chinois Hu Jintao, ses homologues brésilien Dilma Rousseff, sud-africain Jacob Zuma, russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre indien Manmohan Singh ont envoyé un message clair à l’Occident  et à ses principaux ténors dont la France qui mènent l’offensive. Ils demandent dans leur communiqué final « qu’une solution négociée soit trouvée pour résoudre la crise en Libye ». Précisant que  « le recours à la force devait être évité », ils se prononcent pour une solution négociée et saluent les efforts de médiation de l’Union africaine (UA) conduite justement par le président sud-africain Jacob Zuma.

Nouvelle donne géopolitique

Cette prise de position unitaire, quoiqu’encore timide, n’en marque pas moins un tournant pouvant jeter les bases d’une alliance géopolitique d’un nouveau type. Notons quand même que cette unité stratégique a cruellement fait défaut lors des votes de sécurité de l’Onu que ce soit sur le Côte d’Ivoire que sur la Libye. Les Brics y ont conduit le débat en ordre dispersé. A l’exception de l’Afrique du Sud qui avait alors voté en faveur de la résolution 1973. Les quatre autres pays avaient préféré s’abstenir. Pourtant Moscou et Pékin, membres permanents du conseil de sécurité disposent d’un droit de veto qui, utilisé, aurait immédiatement contraint à l’abandon de la résolution. Pour Pékin c’était un premier écart dans sa politique diplomatique de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays étrangers.

« Ingérence militaire »

La violence des frappes de l’Otan, la perte des victimes civiles ont poussé en quelques jours les Brics à critiquer ouvertement l’attaque militaire et ses ambitions réelles. La Chine l’a officiellement fait savoir à Nicolas Sarkozy lors de son passage à Pékin fin mars. « Les expériences passées ont déjà montré que l’intervention humanitaire n’est qu’un prétexte pour une ingérence militaire dans les affaires intérieures d’une autre nation » écrivait dans le même temps, Tang Zhichao, un spécialiste de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, dans le Quotidien du peuple.

Moins d’une semaine après le vote de la résolution le 17 mars, les Brics appelaient à un cessez le feu. Sans être entendus. La déclaration de Sanya donne à cette demande une dimension plus solennelle. « Les résolutions du Conseil de sécurité devraient être appliquées (..) en accord avec leur lettre et leur esprit », relevait  Dimitri Medvedev à l’issue du Sommet . « Nous avons essentiellement une opération militaire. La résolution ne dit rien de cela », estimait-il précisant que « sur cette question, les pays du Brics sont totalement unis ». Selon une source diplomatique, tous les dirigeants ont été catégoriques. « Ils ont tous condamné les bombardements ».

(L’Humanité)

Voir aussi : Rubrique Politique Internationale, L’Afrique du sud rejoint les BRIC, rubrique Lybie,

OTAN: les divergences persistent sur le renforcement des moyens militaires en Libye

Au premier jour d’une réunion à Berlin, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN ont insisté jeudi sur leur objectif commun en Libye -la fin du régime de Moammar Kadhafi- tout en affichant leurs divergences sur le renforcement de la campagne militaire dans le pays, réclamé notamment par la France et la Grande-Bretagne.

Cette réunion s’est ouverte alors que Paris et Londres ont émis des critiques cette semaine sur l’implication de l’Alliance atlantique en Libye, jugée insuffisante. France et Grande-Bretagne ont également demandé aux Etats-Unis de s’impliquer davantage dans le conflit. Washington, pour sa part, affirme vouloir s’en tenir à un rôle de soutien aux opérations.

Le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a fait savoir que les ministres avaient approuvé une déclaration demandant le départ de Moammar Kadhafi et soulignant leur attachement à la mission de l’Alliance atlantique en Libye, malgré les récentes divisions. Ils ont en revanche rappelé les objectifs déclarés de la mission -la mise en place d’un embargo sur les armes, la protection des civils, et le retrait des forces de Kadhafi des villes tenues par les insurgés dans lesquelles elles sont entrées.

Anders Fogh Rasmussen a également estimé que l’OTAN avait besoin de nouveaux avions pour s’en prendre aux forces de Kadhafi, qui s’immiscent parmi les populations civiles. Le premier jour de réunion n’a toutefois débouché sur aucune engagement en ce sens de la part des pays membres.

« Pour éviter des pertes civiles, nous avons besoin d’équipements très sophistiqués, donc nous avons besoin d’un peu plus d’avions de combat de précision pour des missions sol-air », a-t-il déclaré. « Je n’ai pas eu d’engagement ou de promesse spécifique lors de cette réunion, mais j’ai entendu des indications qui m’ont donné bon espoir ».

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Rodham Clinton n’a pas dit si les Etats-Unis enverraient plus d’équipement militaire, mais a remarqué que le renversement de Kadhafi ne figurait pas dans le mandat opérationnel de l’OTAN. Elle a par ailleurs appelé les autres membres de l’OTAN à l’unité dans la campagne libyenne.

Les pays de l’Alliance atlantique « partagent le même objectif, qui est de voir la fin du régime Kadhafi en Libye », a-t-elle déclaré. « Nous devons également intensifier notre mission politique, diplomatique et économique pour faire pression sur Kadhafi, l’isoler et parvenir à son départ ».

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a lui aussi assuré que les pays membres de l’OTAN partageaient « en réalité le même objectif ». « Cet objectif est de permettre au peuple libyen de jouir des libertés démocratiques », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant: « la divergence, elle porte sur les moyens ».

« Nous nous retrouvons pour dire qu’il n’y aura pas une solution militaire au problème, il ne peut y avoir qu’une solution politique », a ajouté M. Juppé, rappelant que Paris souhaitait qu’un dialogue politique s’engage en Libye. Interrogé sur une éventuelle fourniture d’armes aux insurgés libyens, proposée par l’Italie, il a répondu: « la France n’est pas dans cette disposition d’esprit ».

L’Elysée estime que la résolution 1973 des Nations unies « n’interdit pas » d’armer les insurgés. Paris ne juge toutefois pas cette option « nécessaire » actuellement, car « les dirigeants du CNT (Conseil national de transition libyen, NDLR) n’éprouvent pas de difficultés particulières à trouver les armes dont ils ont besoin », selon l’Elysée.

La situation en Libye a parallèlement fait l’objet d’une réunion d’organisations régionales et internationales, et présidée jeudi au Caire par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Les participants y ont fixé trois objectifs: conclure et faire appliquer un cessez-le-feu, fournir une aide humanitaire aux civils, et engager un dialogue sur l’avenir politique de la Libye.

AP

Voir aussi : Rubrique Lybie, Déssaccord à l’Otan sur l’option militaire, La France et l’Italie premiers fournisseurs d’armes à Kadhafi, rubrique Otan,