Sarkozy vante le nucléaire civil comme « ciment d’une nouvelle solidarité internationale »

carte_nuage_nucleaire_japonNicolas Sarkozy a résolument plaidé pour le développement du nucléaire civil dans le monde, souhaitant qu’il devienne « le ciment d’une nouvelle solidarité internationale » et que la France y joue un rôle moteur, lors de la conférence internationale organisée lundi à l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, à Paris.

« La France veut coopérer avec tous les pays qui souhaitent le nucléaire civil », a déclaré le chef de l’Etat, inaugurant la conférence. « La population mondiale croît et s’enrichit. Nous aurons besoin de 40% d’énergie en plus d’ici 2030 », a-t-il expliqué. « La solution n’est pas dans les idéologies de la décroissance ou du repli« , a argumenté M. Sarkozy, montrant du doigt « des idéologies égoïstes qui veulent maintenir les pauvres dans la pauvreté ».

La priorité va à la « lutte contre le réchauffement climatique », a assuré le président. « Il faut le nucléaire civil et il faut les énergie renouvelables, il faut les deux », a-t-il estimé, rappelant que « 80% de la croissance de la consommation électrique d’ici 2030 viendra de pays non membres de l’OCDE: il faut donc que le nucléaire s’implante dans de nouveaux pays« . Dans ce contexte, a-t-il dit, « le nucléaire civil peut être aux yeux de la France le ciment d’une nouvelle solidarité internationale ». Dressant la liste des « points essentiels » à ses yeux, M. Sarkozy a d’abord évoqué le financement du nucléaire civil dans le monde: « je ne comprends pas et je n’accepte pas l’ostracisme du nucléaire dans les financements internationaux », a-t-il affirmé, y voyant « matière à scandale ». Les institutions financières internationales -notamment la Banque mondiale- doivent à son avis s’engager « résolument » dans le financement de l’énergie nucléaire civile.

Toutefois, a-t-il souligné, « il ne peut pas y avoir de développement du nucléaire civil sans engagement de la transparence ». En matière de « sûreté nucléaire », le président a donc souhaité « qu’un organe indépendant sous l’égide de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique, dépendant de l’ONU) établisse sur des bases scientifiques et techniques incontestables une grille d’analyse internationale », ainsi que la mise en place d’un classement des réacteurs proposés sur le marché « selon le critère de la sûreté ».

Nicolas Sarkozy a insisté sur le « respect de la non-prolifération » de l’armement nucléaire, mettant en exergue « la décision volontaire prise en 2003 par la Libye » dans ce domaine -laquelle Libye n’a pas répondu à l’invitation à la conférence de lundi. « Je propose donc que nous suspendions notre coopération nucléaire avec les pays qui ne respectent pas leurs obligations », a-t-il déclaré. « La France sera intraitable à l’encontre de ceux qui violent les règles de sécurité collectives« , a averti le président français.

Le chef de l’Etat a annoncé la création d’un « Institut international de l’énergie nucléaire » à Saclay (Essonne) et Cadarache (Bouches-du-Rhône), dans le cadre « d’un réseau international de centres d’excellence spécialisés en cours de constitution ». Il a aussi évoqué le thème de la « sécurité de l’approvisionnement en combustibles », en proposant la « création d’une banque du combustible à l’AIEA ».

Enfin, en ce qui concerne la « gestion des combustibles usés et des déchets ultimes », M. Sarkozy a prôné « le recyclage », sur le modèle de la France. « Il me semble que c’est la voie la plus prometteuse pour l’avenir », a-t-il estimé. « C’est pourquoi la France veut continuer à coopérer avec de nombreux pays en mettant ses installations de retraitement et de recyclage au service de tous ceux qui n’en ont pas. » Dans la foulée du président français, le président de la commission européenne José Manuel Barroso a mis en exergue le cas de pays comme l’Iran ou la Corée du Nord, « dont les activités nucléaires présentent des risques de sécurité pour la communauté mondiale ».

« Tout pays a le droit d’accéder au nucléaire civil. Les traités internationaux le précisent bien. Mais pour l’Europe, le respect des normes de sûreté, de sécurité et de non-prolifération les plus strictes n’est pas négociable », a-t-il à son tour insisté. Par ailleurs, M. Barroso a incité le reste du monde à s’aligner sur l’Union européenne, qui depuis juin 2009 a adopté « un cadre communautaire pour la sûreté des installations nucléaires ». Cette décision donne « une force juridique contraignante aux principales normes internationales de sûreté nucléaire, notamment celles de l’AIEA » a-t-il souligné.

AP 09/03/10

Fillon mise sur l’aide de Tokyo pour défendre le nucléaire civil au G8

Le Premier ministre français François Fillon a plaidé , au deuxième jour de sa visite au Japon, pour que les deux pays soutiennent ensemble au G8 la cause du nucléaire civil, seule voie selon lui pour répondre aux besoins d’énergie des pays émergents.

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La France et le Japon doivent être « les porte-parole au niveau mondial d’une utilisation raisonnée de l’énergie nucléaire« , a-t-il lancé en visitant à Rokkasho (nord) un centre de retraitement inspiré de celui de La Hague (ouest de la France). Le ministre de l’Economie japonais, Akira Amari, qui l’accompagnait, a affirmé que cette déclaration était « un message extrêmement important » sur les « défis difficiles » que sont l’énergie et le climat, les deux dossiers-phare du prochain sommet du G8, sur l’île japonaise de Hokkaido.

La réunion aura lieu du 7 au 9 juillet, et M. Fillon a « espéré »  que Paris et Tokyo sauront proposer d’ici là aux autres membres du G8 « une action commune » en faveur du nucléaire civil. Les deux pays multiplient depuis plus de trois décennies les coopérations industrielles dans le domaine nucléaire. Dans une nouvelle déclaration écrite vendredi, ils affirment partager « la même vision du rôle prépondérant qu’aura l’énergie nucléaire pour la prospérité et le développement durable au XXIe siècle ».

Un thème que M. Fillon a développé  à Rokkasho, un site né d’une association entre Japan Nuclear Fuel et le français Areva. Refuser aux pays émergents l’accès au nucléaire civil, a-t-il lancé à la presse, serait « une faute politique » provoquant « l’instabilité à terme du monde« . « Si on n’est pas capable de trouver, grâce à la science, le moyen d’apporter à ces habitants l’énergie dont ils ont besoin pour leur développement, alors nous nous préparons des jours extrêmement sombres« , a-t-il encore prévenu.

La France a signé ces derniers mois des accords de coopération nucléaire civile avec l’Algérie, la Libye et les Emirats arabes unis. Ceux-ci sont vus comme une première étape avant l’étude de centrales nucléaires.  Areva a, pour sa part, conclu un accord avec Mitsubishi Heavy Industries pour développer un réacteur nucléaire adapté aux pays émergents. Le chef du gouvernement français a également insisté au Japon sur l’intérêt du nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Si l’on prend en compte la totalité des centrales nucléaires européennes, l’économie de rejet de CO2 dans l’atmosphère, c’est l’équivalent de la totalité du parc automobile européen », a-t-il encore souligné.

M. Fillon est le premier dirigeant français à se rendre officiellement le Japon depuis Jacques Chirac en mars 2005. Il sera suivi en juillet par le président Nicolas Sarkozy, qui fera une brève étape à Tokyo sur la route du G8.Ces deux visites successives, a-t-on confié de source française, sont utiles pour « rassurer » le gouvernement japonais, « inquiet » de l’intérêt croissant porté par la France et les Européens en général à l’éternel rival chinois.

AFP : 12/04./08 –

Voir aussi : Rubrique Economie Nucléair civil:  tour du monde des nouvelles puissances, rubrique Santé Manifeste pour l’indépendance de l’OMS, rubrique Japon L’accident nucléaire,

Le Japon croûle sous une dette monstrueuse

Il croûle sous une des dettes les plus élevées du monde, emprunte plus qu’il ne gagne et refuse d’envisager de nouvelles sources de revenus: ce qui, pour un particulier, mènerait à la saisie et l’interdiction bancaire n’attire à l’Etat japonais que des sermons vite oubliés.

Alors que la situation budgétaire de la Grèce, du Mexique ou de Dubaï agitent ces dernières semaines les marchés mondiaux, le Japon, malgré des finances publiques dans un état tout aussi désastreux sur le papier, ne semble inquiéter ni les investisseurs, ni les agences de notation.

Pour la première fois depuis 1946, le Japon va émettre plus de dette qu’il ne percevra d’impôts lors de l’année budgétaire 2009-2010, qui s’achève fin mars. Selon l’OCDE, qui admoneste régulièrement Tokyo à ce sujet, son déficit budgétaire dépassera les 10% du produit intérieur brut l’an prochain. Sa dette publique flambera à 204% du PIB: en la matière, seul le Zimbabwe fait pire.

A l’origine du problème: les plans de relance mis en oeuvre à répétition depuis les années 1990, ainsi qu’un système fiscal peu lucratif pour l’Etat, avec notamment une taxe sur la consommation exceptionnellement basse pour un pays développé (5%). De plus, le nouveau gouvernement de centre-gauche de Yukio Hatoyama s’est engagé à n’augmenter aucun impôt avant 2013.

« Si nous étions le Botswana, on verrait immédiatement que nous prenons l’eau. Mais le Japon est comme le Titanic: notre économie est tellement grosse que personne ne s’aperçoit que nous coulons », déplore Noriko Hama, économiste à la Doshisha Business School de Kyoto.

N’importe où ailleurs, pareille situation budgétaire « mènerait droit à une annulation forcée de la dette ou même à l’instauration d’un Etat fasciste », poursuit-elle. Mais pas au Japon, dont la dette continue de jouir du troisième ou quatrième meilleur score possible chez les agences de notation.

« Le montant de la dette, en soi, ne dit pas tout concernant les qualités du Japon en tant que débiteur », justifie James McCormack, analyste chez Fitch.

« Des taux d’intérêt très bas permettent à l’Etat de contracter une dette exceptionnellement lourde, tout en déboursant des intérêts identiques à ceux que doivent payer d’autres pays dont l’endettement est moindre », explique-t-il.

M. McCormack met également en avant « l’énorme stock d’épargne » des Japonais, dans lequel le gouvernement a encore bien de la marge pour puiser.

Autre facteur positif: la dette nippone est, à plus de 93%, détenue par des investisseurs japonais. Dans un pays en proie à une déflation record et où la Bourse a chuté de près de 75% en 20 ans, des bons du Trésor au rendement de l’ordre de 1,3% continuent d’offrir un taux d’intérêt réel intéressant.

Cette quasi-absence de dette en devises rend improbable un scénario de crise du type Mexique ou Argentine. « Il est toujours possible de monétiser une dette en monnaie locale », rappelle Hervé Lievore, stratège chez AXA.

La monétisation consiste à faire tourner la planche à billets pour acheter les nouveaux bons du Trésor. Une pratique dangereuse, génératrice d’hyperinflation et que la Banque du Japon a exclue, mais qui, en dernier recours, reste toujours préférable à la faillite de l’Etat.

« Le seul rayon de soleil, dans cet affreux problème de la dette, est qu’elle est entièrement détenue à l’intérieur du pays et donc beaucoup plus gérable », notait le secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria, de passage fin novembre au Japon. « La question est: quand cela va-t-il commencer à inquiéter les marchés? Eh bien, nous ne voulons pas le savoir, car alors il sera trop tard ».

Afp

La croissance française trop « lente » en 2010 pour enrayer le chômage (OCDE)

 Après la récession en 2009, la France devrait enregistrer une « croissance lente » de 1,4% l’an prochain puis de 1,7% en 2011 qui ne sera pas suffisante pour empêcher le taux de chômage d’augmenter, prévoit l’OCDE dans ses dernières prévisions. Dans sa précédente estimation publiée fin juin, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques s’attendait à une baisse du produit intérieur brut (PIB) français de 3% en 2009 et ne tablait que sur une croissance de 0,2% en 2010.

La Commission européenne a publié début novembre des prévisions très proches de celles de l’OCDE, avec 1,2% de croissance en 2010 et 1,5% en 2011. De son côté, le gouvernement français conserve pour l’instant une prévision de croissance « prudente » de 0,75% pour l’an prochain mais mise sur une progression du PIB de 2,5% en 2011 et 2012.

D’après l’OCDE, la croissance française ne sera « pas suffisamment élevée pour stabiliser l’emploi et la hausse du taux de chômage pourrait bien ne pas s’achever avant le début de 2011 », pour dépasser 10% de la population active en France métropolitaine, contre 9,1% en 2009. « La suppression annoncée, et bienvenue, de la taxe professionnelle, quoique compensée en partie par l’introduction d’une taxe carbone, produira un effet de relance budgétaire supplémentaire de l’ordre de 0,6 point de PIB en 2010 », note l’OCDE.

L’organisation estime que le plan de relance de l’économie mis en place par le gouvernement français doit se poursuivre comme prévu l’an prochain pour ne pas pénaliser la reprise.
« Mais les pouvoirs publics devraient se garder d’amplifier ce soutien », insiste l’OCDE, qui juge que l’heure est plutôt à « une stratégie de sortie de crise pluriannuelle solide et crédible ».

L’OCDE constate en effet que les finances publiques de la France « ont payé un lourd tribut à la crise financière et à la récession », avec un déficit public qui va culminer en 2010 « aux alentours de 8,5% du PIB tandis que la dette publique devrait dépasser 90% du PIB », même en l’absence de grand emprunt.

L’organisation se montre d’ailleurs particulièrement sceptique sur cet emprunt voulu par le président Nicolas Sarkozy, dans la mesure où l’opération « interviendra trop tard pour contribuer à la reprise et rendra encore plus difficile l’indispensable assainissement des finances publiques ».

« Les projets potentiellement attractifs devraient être financés par des coupes dans des postes de dépenses moins productives, ou par une hausse de la fiscalité sur les successions et les biens immobiliers, comme cela est envisagé actuellement », estime l’OCDE. Des nouvelles réformes « seront nécessaires pour enrayer et inverser la tendance à l’augmentation de la dette publique à long terme », ajoute le rapport.

AFP