Au lendemain du vote favorable du Sénat, les députés ont validé le texte qui met fin à cinquante-deux années de conflit armé.
L’accord de paix signé avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a été ratifié par le Congrès du pays andin. La Chambre des représentants l’a approuvé dans la soirée du mercredi 30 novembre, au lendemain du vote favorable du Sénat.
Les députés présents – 130 sur 166 – ont voté à l’unanimité ce texte qui met fin à cinquante-deux années de conflit armé. Il avait été modifié pour tenir compte des propositions de l’opposition, après le rejet du texte d’origine lors d’un référendum, le 2 octobre. Le président Juan Manuel Santos a immédiatement salué la ratification exprimant sa « gratitude au Congrès pour cet historique soutien à l’espérance de paix des Colombiens ».
L’accord, de quelque 300 pages, prévoit le désarmement des rebelles et leur transformation en parti politique. Il avait été signé le 24 novembre par le président Santos et le chef des FARC, Rodrigo Londoño, plus connu sous son nom de guerre « Timochenko ».
Critiques de l’opposition
Menée par l’ex-président de droite et actuel sénateur Alvaro Uribe, l’opposition reste opposée à ce texte comme à son mode de ratification. Les parlementaires du Centre démocratique (CD, droite), formation dirigée par M. Uribe, ont ainsi abandonné la Chambre au moment du vote, comme l’avaient fait leurs collègues du Sénat la veille.
Ils réclament une consultation populaire. « Nous pensons qu’un vote du Congrès ne peut pas se substituer à un référendum », a déclaré l’ancien chef de l’Etat. Il a par ailleurs qualifié de « pression abusive allant à l’encontre du système législatif » la précipitation avec laquelle le gouvernement veut faire approuver le texte.
Le sénateur, qui a notamment insisté sur la nécessité d’améliorer le pacte, a dénoncé l’« impunité totale » dont bénéficieront les guérilleros. Il s’est également élevé contre l’éligibilité politique des membres des FARC coupables de crimes graves avant qu’ils aient purgé leur peine.
Maintenant que le texte issu de près de quatre ans de pourparlers avec la plus ancienne et la plus importante guérilla de Colombie a été approuvé par les deux chambres, les parlementaires seront chargés de légiférer sur sa mise en application. Le conflit opposant Bogota aux FARC est le plus ancien d’Amérique latine ; il a fait au moins 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,8 millions de déplacés.
Dilma Rousseff a prêté serment samedi en tant que première présidente du Brésil devant le Congrès. Mme Rousseff, qui succède au président sortant Luiz Inacio Lula da Silva, a été investie par le président du Sénat José Sarney lors d’une cérémonie solennelle pour devenir la première femme à diriger le Brésil. Mme Rousseff a promis de maintenir, de défendre et de renforcer la constitution fédérale, de respecter les lois, de promouvoir le bien-être au peuple brésilien et de maintenir l’union, l’intégrité et l’indépendance du Brésil.
Plusieurs dirigeants étrangers, dont le président vénézuélien Hugo Chavez, le président colombien Juan Manuel Santos, le président uruguayen José Mujica, le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre portugais José Socrates ont assisté à l’investiture de Mme Rousseff.
Plus tard dans la journée, Mme Rousseff a reçu l’écharpe présidentielle des mains de Lula devant le palais de Planalto, lors d’une cérémonie qui a été suivi par des milliers de Brésiliens qui se sont réunis sur la place des Trois pouvoirs à côté du palais. Avec un taux d’approbation record de 87 %, Lula a quitté le pouvoir après deux mandats consécutifs de quatre ans, le maximum autorisé par la loi brésilienne.
Selon un sondage publié cette semaine, 64% des Brésiliens estiment que le Brésil s’est considérablement développé sous la direction de Lula.
Il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences de la publication de documents secrets par Wikileaks. Quelques réactions à chaud après la bombe diplomatique…
La France solidaire de l’administration us
François Baroin, porte-parole du gouvernement, considérant comme «une menace» la publication par WikiLeaks de documents secrets, a dit la France «très solidaire de l’administration américaine». «Nous sommes très solidaires de l’administration américaine sur la volonté d’éviter ce qui, non seulement porte atteinte à l’autorité des Etats, à la qualité de leurs services, mais met en danger des hommes et des femmes qui ont travaillé au service du pays», a déclaré Baroin sur Europe 1. Il a indiqué que le gouvernement français avait «été informé par les autorités américaines de la réalité de ces publications». «Il faut qu’on soit très attentifs et très solidaires au niveau des Etats pour lutter contre ce qui est une menace» contre «l’autorité et la souveraineté démocratique», a-t-il insisté.
Selon le ministre, s’il y avait un tel site en France qui révélait des secrets d’Etat, «il faudrait être intraitable», le «poursuivre». «Moi j’ai toujours pensé qu’une société transparente, c’était une société totalitaire», a dit le ministre. «La protection des Etats, c’est quelque chose de sérieux, c’est la protection des hommes, des femmes, des citoyens» qui est en jeu, a expliqué le porte-parole.
Bogota regrette les fuites
Le président colombien Juan Manuel Santos a regretté lundi la diffusion par le site WikiLeaks de 250.000 notes diplomatiques américaines et manifesté sa solidarité envers les Etats-Unis, face à ce qu’il considère un « risque énorme » pour sa sécurité.
« Le gouvernement de Colombie regrette la fuite de documents diplomatiques des Etats-Unis et se solidarise avec l’administration du président Barack Obama face à ce qu’il considère un énorme risque pour la sécurité du peuple américain et de ses fonctionnaires », a déclaré la présidence dans un communiqué. La Colombie, l’un des principaux alliés des Etats-Unis en Amérique latine, serait évoquée plus de 2.000 fois dans ces notes, selon la presse colombienne qui n’a toutefois pas à ce stade publié de documents la concernant.
Depuis l’an 2000, Bogota a reçu plus de six milliards de dollars d’aide américaine dans le cadre du Plan Colombie de lutte contre les guérillas d’extrême gauche et le trafic de cocaïne, dont elle a longtemps été le premier producteur mondial. Lundi l’ambassadeur des Etats-Unis en Colombie, Michael Mckinley, a affirmé pour sa part que les relations entre les deux pays resteraient étroites en dépit des fuites, tout en assurant que le contenu des éventuels rapports diffusés sur la Colombie n’était pas le résultat d’activités d’espionnage.
Chavez demande à Clinton de démissionner
Le président vénézuélien Hugo Chavez a appelé lundi la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton à démissionner au lendemain de la publication de notes diplomatiques confidentielles américaines par le site WikiLeaks.
« L »empire (américain) est mis à nu (…) Mme Clinton doit démissionner », a affirmé Hugo Chavez lors d’un discours retransmis par la chaîne de télévision VTV. « C’est le moins que vous puissiez faire: démissionner. Ainsi que les autres délinquants travaillant au département d’Etat », a ajouté le chef de file de la gauche radicale latino-américaine. « Quelqu’un devrait étudier l’équilibre mental de Mme Clinton », a suggéré Hugo Chavez faisant référence à un document relatif à l’état de santé mentale de la présidente argentine Cristina Kirchner. « Je crois que quelqu’un doit démissionner. Je ne dis pas que çà doit être le président (Barack) Obama », a-t-il ajouté. « Les Etats-Unis attaquent les gouvernements et leur manquent de respect, y compris ceux de leurs alliés », conclut le président vénézuélien qui a félicité WikiLeaks pour « son courage ».
Les contacts de l’Iran avec le renseignement canadien
Le renseignement canadien a eu des contacts en 2008 avec le ministère iranien du Renseignement et de la Sécurité, à la demande de ce dernier, qui a proposé son « aide » en Afghanistan concernant d’éventuels attentats, révèle lundi un document provenant des fuites de WikiLeaks.
Ce document, rendu public par le New York Times, rend compte d’une rencontre à Ottawa, le 2 juillet 2008, entre le chef du service canadien de renseignements CSIS, Jim Judd, et un conseiller du département d’Etat Eliot Cohen. Il révèle un épisode inédit, les relations entre Ottawa et Téhéran étant très fraîches depuis plusieurs années. M. Judd a indiqué à son interlocuteur que son service était « très, très préoccupé » par l’Iran. « Le CSIS a récemment parlé avec le ministère du Renseignement et de la Sécurité, après que cette agence eut demandé un canal de communication avec le Canada », a-t-il dit. « Les Iraniens ont accepté d’+aider+ (le Canada) sur des questions afghanes, y compris en partageant des informations sur des attentats potentiels », poursuit le câble diplomatique envoyé par l’ambassade américaine à Ottawa.
La Chine « prête à abandonner la Corée du Nord »
Cependant, a confié M. Judd, « nous n’avons pas compris ce qu’ils voulaient vraiment », car il est clair que « les Iraniens veulent saigner la FIAS (Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan, ISAF)… lentement ». Un responsable sud-coréen estime que la Chine est « prête à abandonner la Corée du Nord » et accepterait l’unification de la péninsule coréenne, selon un document officiel américain divulgué par le site WikiLeaks et publié lundi par le Guardian. Ce responsable, le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères Chun Yung-Woo, a fait cette déclaration à un ambassadeur des Etats-Unis, d’après le document cité par le quotidien britannique. Toujours selon ce document, M. Chun pense que les dirigeants du Parti communiste chinois « ne considèrent plus la Corée du Nord comme un allié utile ou fiable ». Le responsable sud-coréen estime aussi que la Chine « ne sera pas capable d’arrêter l’effondrement de la Corée du Nord après la mort de son leader Kim Jong-Il », indique la note citée par le Guardian.
Clinton s’excuse pour les fuites sur la Turquie
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a présenté ses excuses pour les fuites concernant la Turquie de notes diplomatiques américaines orchestrées par le site WikiLeaks, a annoncé lundi à Washington le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. « Mme Clinton s’est excusée auprès de la Turquie du fait qu’elle était citée dans ces notes confidentielles rendues publiques », a-t-il dit dans une déclaration à des journalistes à Washington après avoir rencontré son homologue américaine dans le cadre de sa visite de travail aux Etats-Unis.
Le ministre était cité par les chaînes de télévision turques. M. Davutoglu a affirmé que les câbles ne mettaient pas en cause les bons rapports entre son pays et les Etats-Unis. « Ces notes ne changent pas le regard que nous portons sur les Etats-Unis », a-t-il déclaré. Dans certains télégrammes diplomatiques rendus publics par WikiLeaks, Ahmet Davutoglu est qualifié d' »exceptionnellement dangereux » par un informateur des diplomates américains en poste à Ankara. Les télégrammes américains obtenus par WikiLeaks montrent la suspicion grandissante des Occidentaux à l’égard de la Turquie, pays membre de l’Otan mais dont le Premier ministre « hait Israël », selon les termes de diplomates américains. « Ces publications ne représentent pas seulement une attaque contre les intérêts diplomatiques américains. Elles représentent aussi une attaque contre la communauté internationale », a estimé Hillary Clinton au cours d’une brève conférence de presse après avoir rencontré le ministre turc.Au cours de cette conférence de presse, le chef de la diplomatie américaine a « condamné » la publication la veille par WikiLeaks de 250.000 documents confidentiels et a déclaré que les Etats-Unis « regrettaient vivement la divulgation d’informations destinées à être confidentielles ».
Les forces armées vénézuéliennes étaient en position samedi le long de la frontière avec la Colombie après le déploiement ordonné par le président Hugo Chavez, en pleine crise diplomatique entre les deux pays, Bogota accusant le Venezuela d’abriter des guérilleros des Farc. Mais, alors que la tension montait entre les deux voisins, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont proposé vendredi au président élu Juan Manuel Santos, qui succédera officiellement le 7 août à Alvaro Uribe, de dialoguer pour trouver une solution politique au conflit colombien. Vendredi, Hugo Chavez a annoncé le déploiement d’unités d’infanterie et d’aviation à la frontière avec la Colombie, sans néanmoins en préciser les effectifs. Chavez a accusé le président sortant Uribe, avec lequel il entretient depuis des années des relations houleuses, d’être «capable de n’importe quoi dans les jours qui lui restent» au pouvoir. «Cela est devenu une menace de guerre et nous ne voulons pas la guerre», a-t-il ajouté.
Uribe dément
Le gouvernement du président Alvaro Uribe a démenti samedi avoir l’intention de lancer une opération militaire contre le Venezuela. «La Colombie n’a jamais eu l’idée d’attaquer le peuple frère de la République bolivarienne du Venezuela, comme le prétend le président de ce pays, trompant manifestement sa propre patrie», a affirmé un communiqué lu par le porte-parole de la présidence. Ce dernier a précisé que Bogota continuerait à avoir recours «aux voies du droit international» pour empêcher le Venezuela d’héberger des guérilleros. Le président vénézuélien a également menacé de suspendre les livraisons de pétrole aux Etats-Unis si ces derniers soutenaient une attaque de la Colombie contre son pays. Lundi dernier, Chavez avait annulé une visite à Cuba, affirmant que le risque d’une attaque aérienne colombienne n’avait jamais été aussi important.
La Colombie a installé une base aérienne
De son côté, l’armée de l’air colombienne a annoncé vendredi l’installation d’une base aérienne à Yopal, dans l’est de la Colombie, destinée à la surveillance de la zone frontalière avec le Venezuela et au combat contre les rebelles colombiens dans la région. Ce déploiement de troupes survient une semaine après l’annonce par Caracas de la rupture de ses relations diplomatiques avec Bogota, en réponse aux accusations du gouvernement sortant qui affirme que le Venezuela héberge 1.500 guérilleros et des dizaines de camps rebelles colombiens. Une réunion extraordinaire des chefs de la diplomatie sud-américains, jeudi à Quito, n’avait pas permis de rapprocher les deux pays. Le 22 juillet, l’ambassadeur de Colombie auprès de l’Organisation des États américains (OEA), Luis Hoyos, avait présenté une série de «preuves» (images satellites, coordonnées GPS, photos) de la présence «active» de rebelles colombiens au Venezuela.
Vendredi, le président Chavez a réfuté les accusations de Bogota, affirmant que l’armée vénézuélienne avait inspecté, sans rien trouver, les sites mis en cause par les autorités colombiennes. En Colombie, la guérilla des Farc a ouvert la porte au dialogue, proposant «une fois de plus, de discuter» avec le nouveau gouvernement de Juan Manuel Santos, investi dans une semaine. «Nous sommes toujours attachés à la recherche de solutions politiques. Nous souhaitons que le gouvernement qui va prendre ses fonctions réfléchisse et cesse de mentir au pays», a déclaré Alfonso Cano, principal chef des Farc, dans une vidéo diffusée sur le blog de la revue Resistancia, présentée comme un organe de diffusion de la guérilla. Les Farc, qui sont actives sur près de 50% du territoire colombien, compteraient entre 7.500 et 10.000 combattants.
Selon des résultats portant sur 99,8% des bulletins dépouillés, Juan-Manuel Santos, candidat du parti social d’union nationale (Partido de la U), a obtenu 69% des suffrages avec neuf millions de voix. «Une fois de plus merci à Dieu, merci à la Colombie. Merci pour la confiance que neuf millions de Colombiens nous ont témoignée en dépit d’une pluie torrentielle et des matchs de football», a déclaré Juan-Manuel Santos devant des milliers de partisans rassemblés dans une salle de spectacles de Bogota.
Son rival, à qui il a rendu hommage en indiquant qu’il ne renonçerait pas à l’intégrer dans un «gouvernement d’unité nationale», l’ex-maire de Bogota Antanas Mockus, âgé comme lui de 58 ans, a pour sa part obtenu 27,5% des voix, avec quelque 3,5 millions de votes.
Juan-Manuel Santos, trois fois ministre (Commerce extérieur, Trésor et Défense) n’avait jamais auparavant eu de mandat électif. Il était cependant auréolé de victoires sur la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes), à commencer par le sauvetage le 2 juillet 2008 lors de l’opération militaire Jaque de 15 de ses plus précieux otages, dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt, qui fut l’une de ses collaboratrices lorsqu’il était ministre du Commerce extérieur. «Le temps des Farc est compté», a-t-il dit, provoquant les hourras de ses partisans. «Nous continuerons à les affronter avec toute la dureté et la fermeté», nécessaires, a-t-il promis en appelant la guérilla à libérer tous ses otages immédiatement, «de manière unilatérale».
DHuit ans après l’élection d’Alvaro Uribe, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) sont encore actives sur près de 50% de territoire, mais ne cernent plus les villes. Les forces de l’ordre – police et armée – ont elles vu leurs effectifs doubler, passant de 220 000 hommes à 425 000. Cette politique a permis à Tulio A, comme à beaucoup de Colombiens, de pouvoir à nouveau sortir de Bogota sans craindre les enlèvements.
«Pendant deux ans, je n’ai plus pu aller (dans ma finca, ndlr). Ils avaient la liste des propriétaires terriens et les enlevaient» sur la route, raconte-t-il. Et, puis, ajoute cet électeur de Juan-Manuel Santos, «Uribe est arrivé»: «maintenant je peux y aller et il n’y a plus ni guérilla ni paramilitaires».
Alvaro Uribe a rapidement félicité son successeur, lui disant par téléphone qu’il priait Dieu «pour qu’il offre tous les succès à vous et votre famille», selon la présidence. Son rival Antanas Mockus, qui avait un temps suscité une vague d’adhésions auprès de Colombiens en accord avec sa dénonciation des violations des droits de l’Homme, de la «culture du narcotrafic», de la corruption et la violence, a également reconnu sa victoire. «Je veux féliciter Santos, son parti et les personnes qui ont voté pour lui», a déclaré l’ex-maire de la capitale (1995-97 et 2001-2003). La Commission européenne, dans un communiqué signé de Jose Manuel Durao Barroso, son président, a également félicité le futur président colombien.
Le scrutin a cependant été entaché par une certaine violence, avec onze policiers et soldats tués dans différentes attaques dont les auteurs n’ont pas été identifié. Sept policiers ont notamment été tués dans le département Norte de Santander, situé à la frontière vénézuélienne, dans une embuscade menée à l’aide d’un engin explosif, selon la responsable de la sécurité de ce département, Margarita Silva.
AFP 20/06/10
Premier Tour
Santos le dauphin d’Uribe largement en tête au premier tour de la présidentielle en Colombie
Contre toute attente, l’ancien ministre de la Défense Juan-Manuel Santos obtient une très large avance au premier tour de la présidentielle en Colombie. Il recueille 46% des voix alors que son rival l’ex-maire de Bogota, Antanas Mokus, obtient un peu plus de 21% des suffrages. Un second tour est prévu pour le 20 juin prochain. Ces résultats quasi définitifs ont déjoué les sondages qui donnaient les deux candidats au coude-à-coude. Juan Manuel Santos a proposé de nommer un gouvernement d’union nationale s’il est élu le 20 juin.
Avec 46% des voix au premier tour du scrutin, Jean Manuel Santos se voit déjà installé dans le fauteuil présidentiel, le rêve de toute sa vie. En célébrant dimanche soir 30 mai, ce résultat inespéré, l’ex-ministre de la Défense s’est posé en continuateur de la politique sécuritaire d’Alvaro Uribe et en rassembleur. Juan Manuel Santos a appelé de ses vœux un gouvernement d’union nationale, en promettant de faire de l’emploi sa priorité. Juan Manuel Santos sait qu’il doit sa victoire à l’immense popularité d’Alvaro Uribe. Il va continuer à en jouer mais il veut aussi, et déjà, s’en démarquer un peu.
Du côté des Verts, la déception est à la taille de l’illusion qu’avait suscitée la percée d’Antanas Mockus dans les sondages. Mockus a appelé lui aussi à l’union, celle des forces anti-uribistes, du parti libéral à la gauche. Une façon de rappeler que 40% des électeurs colombiens veulent un changement, moins de corruption et plus de justice sociale. Le défi pour le parti Vert est désormais de se consolider comme une force d’opposition et, à terme, comme un parti gouvernemental crédible. Un défi immense.
Une semaine avant le scrutin tous les enquêteurs donnaient en effet au coude-à-coude Juan Manuel Santos et Antanas Mockus. L’écart entre les deux est de 25 points, on ne peut pas parler de marge d’erreur. Les sondages annonçaient également une participation record notamment de la jeunesse. Nouvelle méprise, l’abstention a comme d’habitude atteint 50% des voix. Et c’est le candidat Mockus qui a apparemment fait les frais de cette apathie électorale. Antanas Mockus est un universitaire assez excentrique qui a été deux fois maire de Bogota. Grâce à son image d’homme intègre, il a joué les outsiders dans la campagne. Son vrai parti est son programme politique.
Juan Manuel Santos, lui, a compté sur ce qu’on appelle ici, la machine électorale du parti uribiste et l’appui du président de la République qui est ouvertement intervenu dans la campagne électorale, ce que la Constitution interdit normalement. Juan Manuel Santos est assuré de remporter le deuxième tour. La question pour les Verts est de savoir si Antanas Mockus doit maintenir ou non sa candidature.
RFI 31/05/10
Second tour
Présidentielle en Colombie: les jeux sont quasiment faits
Deuxième tour aujourd’hui dimanche 20 juin de l’élection présidentielle en Colombie où Juan Manuel Santos, le dauphin du président sortant Alvaro Uribe, est donné favori. Toutefois, l’effervescence électorale semble être complètement retombée. Tant il est vrai que le deuxième tour des présidentielles ne passionne pas les Colombiens. L’ex-ministre de la Défense Juan Manuel Santos est sûr de l’emporter et le prof de maths Antanas Mockus est sûr de perdre. Ouverture des bureaux à 13h TU.
Fort de son avance inespérée au premier tour, Santos a réussi à rallier tous les grands partis et les petits candidats de droite autour d’un nouveau mot d’ordre, l’unité nationale.Le programme de Juan Manuel Santos est simple, il entend assurer la continuité de la politique menée par Alvaro Uribe. Priorité donc à la lutte contre la guérilla et à la pacification du pays, qui reste pour la majorité des électeurs colombiens un enjeu essentiel.
Du coup, du côté des Verts le coeur n’y est plus. Antanas Mockus, trop honnête pour un politique et très confus, n’a pas trouvé les mots pour ressusciter l’espoir phénoménal du premier tour quand les sondages le donnaient gagnant. Pourquoi aller voter si les jeux sont faits et qu’il y a du foot à la télé ? L’abstention qui touche traditionnellement 50% des électeurs en Colombie pourrait bien battre des records ce dimanche.
RFI 20/06/10
Les trois handicaps de Santos
Santos, pour imposer sa vision, doit surmonter trois handicaps.
En tant que ministre de la Défense du président Uribe, il a été le champion de la politique de sécurité. Or celle-ci a été un tel succès que la sécurité n’est plus aujourd’hui, pour les électeurs colombiens, l’obsession prioritaire qu’elle fut.
Il est peu crédible pour vraiment s’attaquer avec passion aux inégalités sociales et à la pauvreté, lesquelles demeurent, malgré plus de 7 milliards de dollars d’aides américaines versées à la Colombie au cours de la dernière décennie.Selon un rapport de l’ONU basé sur des chiffres de 2008 que cite le Washington Post dans son édition du 19 avril, 43% des Colombiens sont pauvres et 23% vivent dans une extrême pauvreté (à titre de comparaison, les chiffres du Brésil sont, respectivement, 26% et 7%).Santos, héritier d’une grande famille de l’élite sociale colombienne, fut ministre du commerce (1991-1994) et ministre de l’économie (2000-2002). Il est donc en partie responsable de cette situation et, contrairement à Uribe, qui faisait figure d’un homme anti-establisment, aimant les meetings dans des villages reculés, Santos apparaît plutôt comme un ami des puissants.Il n’a passemblé très à l’aise, par exemple, durant sa campagne électorale, au contact des pauvres.
Il est perçu comme l’héritier d’Uribe alors que le bilan de ce dernier est désormais réexaminé à l’aune des scandales de corruption et des massacres de l’armée.Santos a beau dire qu’il a puni les responsables militaires impliqués dans ces massacres de civils présentés comme des guérilleros (ce qu’on a appelé en Colombie « los falsos positivos »), et qu’il n’est pas Uribe, mais quelqu’un qui aura son propre style de gouvernement, son discours n’est pas très convaincant.