Sarkozy à Kinshasa pour : « promouvoir la paix dans l’Afrique des Grands lacs »

M. Sarkozy est arrivé à Kinshasa pour une courte visite au cours de laquelle, il affiche sa volonté d’apporter sa pierre à la résolution du conflit qui ravage l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Il doit ensuite se rendre à Brazzaville et à Niamey, à l’occasion d’une mini-tournée africaine destinée à illustrer les liens rénovés qu’il veut instaurer avec le continent noir.

Il a été accueilli à l’aéroport de Kinshasa par le Premier ministre de RDC, Adolphe Muzito. Nicolas Sarkozy devait d’abord s’entretenir avec le président Joseph Kabila au Palais de la Nation avant de prononcer un discours devant les deux chambres du Parlement congolais réunies en Congrès.

L’essentiel du menu du court séjour de Nicolas Sarkozy sur la rive gauche du fleuve Congo doit être consacré à une très controversée proposition de paix française pour la région des Grands lacs.

En janvier, il avait esquissé les contours d’une « nouvelle approche » pour tenter de mettre un terme à la guerre qui ravage la province du Kivu (est) en suggérant un « partage des richesses » minières qui y regorgent entre la « grande » RDC et son « petit » voisin le Rwanda.

Ses propos ont suscité un tollé à Kinshasa, où le président français a été accusé de vouloir démembrer le territoire de l’ex-Zaïre au profit de l’ennemi rwandais qui a mené deux guerres sur son territoire depuis 1996 et soutenu activement des rébellions. Son idée d’une exploitation conjointe des ressources naturelles du Kivu a été abandonnée au profit d’une série de « projets concrets » qu’il doit préciser lors de sa visite.

Selon la présidence française, Nicolas Sarkozy, qui est escorté de chefs d’entreprises, doit également plaider pour un renforcement de la présence économique tricolore dans le plus grand pays francophone du monde, après la France.

Courte escale au Niger

M. Sarkozy mettra vendredi le cap sur le Niger. Un « stop » de quelques heures où il sera question de démocratie, à quelques mois de la fin prévue du dernier mandat du président Mamadou Tandja, mais surtout d’uranium.

Le numéro un mondial du nucléaire Areva vient de signer un contrat pour exploiter la mine géante d’Imouraren (nord). Pour casser l’image d’une France « prédatrice« , le chef de l’Etat participera, avec la PDG du groupe français Anne Lauvergeon, à une réunion de la section locale de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).

« L’idée est de montrer que, si la France a des intérêts économiques au Niger, ils bénéficient le plus possible au développement du pays et de sa population« , proclame l’Elysée.

Source : Jeune Afrique

Greenpeace demande à Sarkozy de revoir

sa position sur les forêts

Lors d’une visite en juillet 2007 au Gabon, Nicolas Sarkozy avait estimé, tout en assurant qu’il ne fallait pas « piller » la forêt africaine, que les forêts du bassin du fleuve Congo étaient « une ressource extraordinaire« .

Greenpeace « espère que la perception des forêts tropicales africaines par le président français a changé » car « cette déclaration choquante signifiait la poursuite par la France d’une politique tournée vers le soutien financier à l’exploitation industrielle des forêts tropicales et l’encouragement au pillage des ressources naturelles au détriment des populations forestières, de la biodiversité et du climat« .

L’ONG appelle ainsi la France à « passer d’une logique d’exploitation à une logique de protection des forêts » et attend qu' »elle devienne le champion de la protection des forêts africaines au sein des enceintes internationales sur les changements climatiques« .

Les forêts de la RDC sont « d’abord et avant tout un cadre de vie et un moyen de subsistance de millions de Congolais, une biodiversité irremplaçable, mais également un atout majeur pour le pays et la planète en matière de lutte contre les changements climatiques« , estime encore l’organisation.

Les forêts du bassin du Congo, rappelle Greenpeace, constituent le deuxième « poumon » de la planète après l’Amazonie.

Source : Greenpeace

Voir aussi : Rubrique Afrique Sarkozy au Gabon et au Rwanda, Sarkozy et la Françafrique

Affaires étrangères : le quai d’Orsay sort de ses murs

Montpellier est la première escale d’Eric Chevallier, conseiller spécial de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, qui entreprend une tournée dans les grandes villes de l’hexagone. Jeudi dernier, le diplomate a rencontré les médias locaux avant d’aller débattre avec les étudiants de la fac de droit.  » Le ministre souhaite donner aux Français une plus grande visibilité de la politique internationale française (…) car les enjeux concernent directement leur vie quotidienne. « 

L’idée semble d’autant plus heureuse qu’elle coïncide avec l’omniprésence du président de la République sur la scène internationale. On a vu comment, avec plus ou moins de réussite, Nicolas Sarkozy use du levier que lui offre la présidence du Conseil de l’Union européenne. La démarche n’est pas sans rappeler celle de son prédécesseur à l’Elysée qui,  au plus bas dans les sondages, avait trouvé l’occasion de redorer son blason en distillant quelque poncifs humanistes dans les conférences internationales.

Plus touche à tout qu’homme de conviction, Sarkozy souhaite absolument imprimer sa marque dans les affaires du monde. Le 13 juillet dernier, le projet d’Union méditerranéenne inauguré à Paris, a permis à 43 pays de figurer sur la photo. On peut cependant s’interroger sur cette initiative qualifiée de réussite par le représentant du quai d’Orsay, dès lors qu’ elle demeure vide d’idée et de moyen. Sarkozy peut se brûler les doigts, comme il l’a démontré avec la Chine aux JO, mais il peut aussi bénéficier de sa bonne réactivité comme dans la crise géorgienne.

De l’aveu d’Eric Chevallier, le plan mis en place dans l’urgence par la médiation européenne est imparfait mais il a le mérite d’exister.  » Nous avons procédé par étapes. Dans un premier temps, il fallait aboutir au cessez-le-feu. La seconde étape vient de débuter avec le déploiement d’observateurs internationaux. Les Russes ont annoncé qu’ils procéderaient au recul de leurs troupes. Nous allons voir s’ils tiennent leurs engagements. La troisième étape aura lieu à Genève où seront abordées les questions politiques comme celles de la sécurité ou de l’intégration des réfugiés.  » A un autre niveau, le diplomate juge moins importante l’entrée éventuelle de la Géorgie au sein de l’U.E que la présence de l’Europe dans cette région. Un jugement visant à nuancer l’atlantisme avéré et silencieux du président français sur les grands enjeux internationaux.

Les relations avec nos partenaires étasuniens sont qualifiées par Eric Chevallier de  » plus confortables, avec des points de désaccords…  » Désaccord peu probant sur le front afghan, où la France s’engage dans une guerre sans issue qui réduit moins le terrorisme qu’elle n’en aggrave les motivations.  » Nous ne nous sommes pas engagés sur un calendrier de retrait. Ce serait mentir aux gens, car on ne sait pas exactement quand on sera en mesure de se retirer. « 

Pas grand chose non plus sur le conflit israélo-palestinien, dont la résolution est un élément essentiel de lutte globale contre le terrorisme. Sur ce terrain la Françe figure comme remorque de la diplomatie américaine en désignant du doigt les vilains Iraniens. Bien qu’elles n’aient pas été abordées, il semble que, malgré l’agitation, les préoccupations d’ordre intérieure empiètent considérablement sur la détermination de notre politique étrangère.