Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz effectuera mardi et mercredi sa première visite en France depuis son élection en juillet et son arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en août 2008, a-t-on appris jeudi à Nouakchott de source officielle. Selon cette source, il quittera Nouakchott lundi soir et s’entretiendra mardi avec son homologue français Nicolas Sarkozy. Parmi les sujets abordés, la coopération bilatérale entre Paris et son ancienne colonie, cible ces deux dernières années de plusieurs attaques d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon la même source.
L’ambassade de France à Nouakchott a été la cible le 8 août d’un attentat suicide attribuée à Aqmi qui avait fait trois blessés légers: deux gendarmes français et une Mauritanienne. Une rencontre récente à Nouakchott de responsables sécuritaires mauritaniens et français a permis la mise en place d’une « feuille de route » pour une coopération aux plans bilatéral et sous-régional, en collaboration avec le Niger et le Mali. Le chef d’état-major de l’armée française, le général Jean-Louis Georgelin, a effectué mi-octobre une visite de trois jours en Mauritanie durant laquelle il a notamment annoncé « des actions de formation qui seront entreprises en commun » au profit de l’armée mauritanienne.
L’opposition mauritanienne continue de réclamer une enquête sur l’élection présidentielle de juillet remportée dès le premier tour par M. Ould Abdel Aziz, en raison selon elle de « fraudes massives ». Le résultat du scrutin a cependant été reconnu par la communauté internationale.
La base française inaugurée mardi par Nicolas Sarkozy à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, pourra accueillir à terme jusqu’à 550 soldats français des trois armes (terre, air et mer), à moins de 250 km des côtes iraniennes, selon des sources militaires françaises.
Nouveau « point d’appui » pour les forces françaises dans le Golfe et le nord de l’Océan indien, elle s’inscrit dans « l’arc de crise » défini par le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale publié au printemps dernier.
Celui-ci s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’océan Indien, depuis la Mauritanie et la Somalie jusqu’au Proche-Orient, au golfe Arabo-Persique, à l’Afghanistan et au Pakistan.
Abou Dhabi complète un dispositif « prépositionné », au sud de l’océan Indien, à la Réunion et à Mayotte, à Djibouti, ainsi qu’en mer où des forces navales françaises assurent notamment des missions de lutte contre la piraterie.
Mais l’Implantation militaire française aux Emirats arabes unis (IMFEAU) vise aussi à développer la coopération militaire bilatérale, après le renouvellement mercredi de l’accord de défense conclu en 1995.
Il s’agit par ailleurs, précise le ministère français de la Défense, de concourir à « l’aguerrissement et l’entraînement des forces terrestres » aux « actions de combat en zone désertique et, à terme, en zone urbaine de type moyen-oriental ».
Comptant trois composantes -une base navale, une base aérienne et un « groupement terre »-, la base pourra compter à terme jusqu’à 550 militaires, permanents ou de passage, en escale, en formation et en exercice.
La base navale, qui s’étend sur 8 hectares dans le port de Mina Zayed, dispose d’un quai de 300 mètres de long susceptible d’accueillir l’ensemble des bâtiments français à l’exception du porte-avions Charles-de-Gaulle qui devra accoster à proximité immédiate, dans le port de commerce.
La « Base aérienne 104 », elle-même abritée par une base des Emirats située à une quarantaine de kilomètre d’Abou Dabi, a vocation à accueillir en permanence trois avions de combat Mirage 2000 ou Rafale mais pourra monter en puissance si nécessaire.
Quant au « Groupement terre », stationné sur le « Zayed military camp », à près de 50 km d’Abou Dabi, il dispose d’infrastructures d’accueil, de salles d’instruction de champs de manoeuvre et de tir…
Lors de l’inauguration de l’IMFEAU, trois navires de guerre français étaient présents: la frégate de défense aérienne Forbin, la frégate « furtive » Aconit et le « bâtiment de recherche électromagnétique » Dupuy de Lôme, les « grandes oreilles » de la Direction du renseignement militaire (DRM).
AFP 26 MAI 09
Morin: la France va retrouver son influence dans cette région « névralgique »
– La France, avec la nouvelle base française inaugurée à Abou Dhabi, « va retrouver toute sa place et toute son influence » dans la région « stratégique et névralgique » du Moyen-Orient, a déclaré mercredi le ministre de la Défense Hervé Morin devant l’Assemblée nationale.
Cette présence, a-t-il ajouté, « signifie l’engagement de la France dans cette région stratégique et névralgique ». Il s’agit de « faire en sorte que nous participions à la sécurité et à la stabilité » de la région et que la France y retrouve « toute sa place et toute son influence », a-t-il dit lors de la séance de questions au gouvernement.
« Cet accord de défense renouvelle notre engagement pour la sécurité et la stabilité de la région et en même temps garantit le dispositif juridique pour nos forces qui seront présentes ». « Nous avons une relation stratégique importante avec les Emirats, qui dépasse largement le seul cadre de la Défense », a-t-il souligné.
La base française inaugurée mardi par Nicolas Sarkozy pourra accueillir à terme jusqu’à 550 soldats français des trois armes (terre, air et mer), à moins de 250 km des côtes iraniennes. Nouveau « point d’appui » pour les forces françaises dans le Golfe et le nord de l’Océan indien, elle s’inscrit dans « l’arc de crise » défini par le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale publié au printemps dernier.
Celui-ci s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’océan Indien, depuis la Mauritanie et la Somalie jusqu’au Proche-Orient, au golfe Arabo-Persique, à l’Afghanistan et au Pakistan.
Abou Dhabi: Sarkozy « engage la France dans une voie périlleuse » (PCF)
Le Parti communiste français (PCF) a jugé mercredi que Nicolas Sarkozy, qui a inauguré mardi une base militaire permanente française à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, engageait les France « dans une voie périlleuse ».
Bayrou déplore l’ouverture d’une base militaire française à Abou Dhabi
François Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem), a déploré mercredi l’ouverture d’une base militaire française à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, au lendemain de son inauguration par Nicolas Sarkozy.
« L’ouverture d’une base à Abou Dhabi, dans une des zones les plus brûlantes du monde, avec accord de défense automatique, dans un dispositif américain, constitue un pas de plus, après le retour dans le commandement intégré de l’Otan », a jugé M. Bayrou devant la presse.
« Cela signifie que la France peut se trouver engagée dans un conflit sans l’avoir voulu », a estimé le président du MoDem, venu soutenir la liste de son parti aux européennes, dirigée par l’ex-Vert Jean-Luc Bennahmias.
« Ce changement stratégique considérable a-t-il été présenté aux Français? a-t-il été voté? Jamais. C’est typique de l’abus de pouvoir », a estimé M. Bayrou, auteur du livre « Abus de pouvoir », critique virulente du sarkozysme.
Même des intérêts commerciaux ne justifient selon lui pas une telle ouverture. « Le commerce des armes ne justifie pas tout », a-t-il estimé.
Revue-presse
La Voix du Nord (Olivier Berger)
« (…) C’est la première fois depuis cinquante ans et l’indépendance des anciennes colonies africaines que la France construit, à la demande et avec l’aide financière de l’hôte, une base militaire permanente hors du territoire national. L’initiative est en cohérence parfaite avec le Livre blanc de la Défense et de la Sécurité nationale, paru il y a un an. (…) (…) Pour ceux qui taxent Nicolas Sarkozy d’atlantisme compulsif, l’occasion est idéale de dénoncer une implantation s’inscrivant au beau milieu de la machine de guerre américaine. »
« En installant une base militaire permanente dans le Golfe arabo-persique, la France de Nicolas Sarkozy positionne notre pays dans une zone de guerre américaine, à côté des forces armées des Etats-Unis et en face de l’Iran », déplore le PCF dans un communiqué.
« C’est dans ce même esprit très atlantiste que les autorités françaises se sont engagées à renforcer leur engagement militaire direct dans les opérations de guerre de l’Otan en Afghanistan », poursuit-il.
« C’est ce que le président de la République appelle réintégrer +sa famille occidentale+. C’est une réintégration à hauts risques », selon le PCF pour qui « Nicolas Sarkozy engage la France dans une voie périlleuse ». « Par cette +normalisation+ pro-américaine, M. Sarkozy poursuit la politique qu’il commença avec George Bush, celle de la logique de force et de la priorité à l’intervention militaire ».
La France devait insister sur l’urgence » de faire progresser le processus de paix au Proche-Orient, lors de la première visite à Paris du nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, l’ultra-nationaliste Avigdor Lieberman.
Le responsable israélien, qui effectue cette semaine une tournée européenne, devait s’entretenir en fin d’après-midi avec son homologue français, Bernard Kouchner, et rencontrer le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, bras droit du président Nicolas Sarkozy. « Cette visite à la demande du ministre israélien va nous permettre d’écouter ce qu’il a à dire et de lui rappeler que pour la France il y a urgence à traiter du processus de paix » pour favoriser les modérés et marginaliser les radicaux, souligne un diplomate français.
« Nous souhaitons un accord (entre Israéliens et Palestiniens) avant la fin de l’année qui permette la fondation d’un Etat palestinien », a précisé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier. A Rome, Avigdor Lieberman a surtout évoqué, comme le président israélien Shimon Peres dans le même temps à Washington, la menace iranienne. « Le problème principal » dans la région est « l’Iran qui se nucléarise et qui est un facteur déstabilisant pour toute la région et le monde entier », a-t-il dit, en rappelant que toutes les tentatives de règlement entre Israéliens et Palestiniens avaient échoué depuis 16 ans.
La volonté de dialogue de Washington avec l’Iran représente une source de division entre Israël et les Etats-Unis où doit se rendre à la mi-mai le nouveau chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu. Ce dernier s’est déclaré en faveur d’une « nouvelle » approche de la paix avec les Palestiniens, incluant une reprise immédiate des pourparlers. Le vice-président américain Joe Biden a appelé Israël à stopper la colonisation des territoires occupés et les Arabes à mettre fin à l’isolement de l’Etat hébreu.
Entre la France et Israël, la « relation reste amicale », assure-t-on côté français. Mais les désaccords sont multiples et ont été renforcés par l’opération militaire israélienne à Gaza en début d’année, qualifiée d' »échec » à Paris. En dépit de la personnalité controversée d’Avigdor Lieberman, des discussions sont possibles dans plusieurs domaines, estime-t-on au ministère français des Affaires étrangères. Pour la France, « il est essentiel qu’Israël se prononce en faveur d’un Etat palestinien, fasse un geste à l’égard du Liban, gèle ses colonisations, discute avec la Syrie et rouvre les accès à Gaza », résume un diplomate. En revanche, aucun échange n’est possible sur les positions du ministre israélien en faveur d’un « Etat juif homogène » aux dépens des Arabes israéliens, précise-t-il.
La visite en France du responsable israélien a été dénoncée par plusieurs partis politiques de gauche français et faisait l’objet mardi après-midi d’une manifestation hostile de quelque 150 militants pro-palestiniens aux abords du ministère français des Affaires étrangères. « Recevoir Avigdor Lieberman revient à encourager le gouvernement israélien dans sa politique du pire », a affirmé Djamila Sonzogni, porte-parole du parti des Verts. « Cet homme est une insulte permanente au combat des progressistes et des pacifistes israéliens », a abondé le Parti communiste français.
Après la France, Avigdor Lieberman devait se rendre à Prague, présidente en exercice de l’Union européenne, puis à Berlin.
François Fillon a entamé une visite de travail en Tunisie avec la signature d’accords de coopération dont certains dans le but de décrocher à plus ou moins long terme de nouvelles parts d’une économie prospère, en évitant soigneusement la question des droits de l’Homme. Le Premier ministre français et son homologue tunisien Mohamed Ghannouchi se sont réjouis de « l’exemplarité » de la relation entre les deux pays. M. Fillon a a évoqué une « coopération gagnant-gagnant » en réponse à M. Ghannouchi qui célébrait une « concordance » totale « de vues et d’analyses ».
« Les échanges sont à un niveau historique », a même dit M. Fillon.
Pour concrétiser cette entente idyllique qui n’est pas sans ambitions commerciales pour Paris, les deux gouvernements ont paraphé plusieurs accords dont certains avaient été mis sur les rails lors de la visite du président Nicolas Sarkozy, il y a tout juste un an.
C’est le cas dans le nucléaire civil, la France espérant à terme obtenir la construction d’une centrale d’ici 2020. Paris a également des ambitions dans le domaine des transports, objet d’un autre accord-cadre, avec le projet d’extension du tramway à Tunis et l’équivalent du RER parisien.
En direction des PME tunisiennes qui participent à une croissance estimée à 3% cette année (4,5% selon des statistiques tunisiennes) malgré la crise, la France débloque une aide de 40 millions d’euros liée à l’obligation de se fournir auprès d’entreprises françaises.
M. Fillon, qui est accompagné d’une cinquantaine de chefs d’entreprise, a en revanche soigneusement évité la question des droits de l’Homme, au centre de critiques récurrentes d’organisations internationales et des opposants au régime de Zine El Abidine Ben Ali, dont des portraits géants ornent la capitale et qui brigue à l’automne un cinquième quinquennat consécutif.
M. Fillon n’en a pas dit un mot devant des étudiants tunisiens réunis à la Cité des Sciences qui avaient pour « recommandations officieuses », selon l’un d’entre eux, de ne pas en parler. En avril 2008, le président Nicolas Sarkozy s’était risqué sur ce terrain pour louer les « efforts » de la Tunisie, déclenchant une polémique.
En revanche, le Premier ministre n’a pas échappé à une question sur le nombre « trop réduit » de visas d’études accordés par la France à une jeunesse durement touchée par le chômage. M. Fillon s’en est défendu en avançant le chiffre de 7% d’augmentation en 2008 et a mis en avant la coopération très forte en matière d’enseignement supérieur et de formation professionnelle, qui représentent 60% de l’aide française, laquelle s’est traduite par un nouvel accord global de coopération.
Le chef du gouvernement a aussi insisté sur la stratégie française de « gestion maîtrisée des flux migratoires » qui a fait l’objet d’un accord de mise en oeuvre, un an après avoir été conclu par M. Sarkozy. Il prévoit 40 millions d’euros sur trois ans pour des projets de développement à destination des jeunes dans le but avoué de limiter l’immigration économique.
Par ailleurs, l’Agence française de développement (AFD) a signé trois conventions d’aide d’un montant de 80 millions d’euros dont 65 millions dédiés à la gestion de l’eau. M. Fillon sera reçu par M. Ben Ali avec qui il devrait évoquer des dossiers diplomatiques dont l’Union pour la Méditerranée (UMP), en panne depuis la crise de Gaza, et dans laquelle la Tunisie est très impliquée.
La réconciliation franco-chinoise scellée par une rencontre à Londres des présidents Nicolas Sarkozy et Hu Jintao a été accueillie avec prudence en Chine, où les commentateurs relèvent que le communiqué conjoint publié in extremis avant le G20 ne lève pas toutes les ambiguïtés. Près de quatre mois après l’entretien entre Sarkozy et le dalaï lama, qui avait provoqué la colère de Pékin, les deux pays ont réussi à trouver un terrain d’entente à l’issue de négociations ardues.
« On a l’impression que pour arriver à ce consensus, il a fallu parcourir un long chemin, il y a sûrement eu des discussions pénibles », juge Xing Hua, chercheur à l’Institut chinois des relations internationales à Pékin.
A propos du Tibet, ce communiqué souligne que « dans le respect du principe de non-ingérence, la France récuse tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit ». « Si ces principes sont mis en pratique, la Chine et la France pourront retrouver des relations qui étaient traditionnellement bonnes » depuis l’établissement des relations diplomatiques il y a 45 ans, dit Xing Hua.
Chaque mot du communiqué conjoint — qui souligne aussi l’attachement des deux capitales au « partenariat stratégique global » –, a sûrement été soigneusement pesé. Car si la France y manifeste son refus de soutenir l’indépendance du Tibet, rien n’est dit sur le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains, lequel plaide, depuis plusieurs années, pour une autonomie au sein de la Chine. « On doit se contenter pour le moment de ce résultat, des principes ont été réaffirmés, c’est une bonne nouvelle, on ne doit pas être excessivement exigeant », affirme Xing Hua.
Cependant, pour Ding Yifan, chercheur dans un centre de recherches dépendant du Conseil d’Etat (gouvernement), « la Chine doit rester extrêmement vigilante » sur la question tibétaine. Le dalaï lama se livre à ses activités en Occident depuis de nombreuses années. Il a une influence qui n’est pas négligeable et les pays occidentaux, notamment la France, ont des divergences compliquées depuis longtemps avec la Chine sur la question tibétaine », relève-t-il. Pour le chercheur Xing Hua, les deux pays doivent surtout reprendre le fil des discussions au plus haut niveau pour « réellement et solidement trouver des bases fortes pour leurs futures relations ».