Une ITV imaginaire de Jeff Bezos le sorcier d’Amazon

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Une interview fictive avec son ennemi préféré.
Il a fait du patron d’Amazon sa bête noire, le fléau des petits éditeurs et autres libraires. Tous les mois, dans la newsletter de sa maison d’édition, Sam Jordison, écrivain et journaliste britannique, se paye Jeff Bezos dans des chroniques satiriques complète-

J’ai réussi à obtenir une interview imaginaire assez exclusive avec Jeff Bezos, PDG d’Amazon et mec vraiment trop sympa ! C’est génial, non ? Tellement génial qu’en fait on n’a pas besoin d’en dire plus, on va passer directement à la transcription.

Sam Jordison, Codirecteur de Galley Beggar Press

Bon, écoute, Jeff , ça fait super plaisir que tu sois là.

Jeff Bezos, PDG d’Amazon :

Mais ouais, grave. C’est pas comme si j’avais du boulot, quoi. ( R i r e s .)

Comme je suis éditeur, je me dis que tu dois savoir qu’en fait je bosse déjà pour toi, d’une certaine façon, donc c’est clair que je ne vais pas te poser de questions embarrassantes. Comment se portent tes actions, ces temps-ci ?

Ben, tu sais, l’histoire du prix des actions d’Amazon, c’est un truc intéressant. Il y a longtemps, les gens disaient que ça valait 30 dollars, et là, bah… T’as qu’à bien regarder notre catalogue, et tu vas voir que l’équipe qui gère l’équipement électronique fait du très bon boulot.

Ah oui, et avec le Kindle, comment ça se passe ?

On en est à la septième version, et franchement c’est une vraie tuerie. Et moi, les tueries, ça me connaît.

Et les autres produits ?

C’est le feu avec la Fire TV ! On n’arrête pas d’en fabriquer. Amazon Echo, on a réussi à garder le secret en assassinant des journalistes et en prenant en otage les enfants de tous les mecs qui bossaient dessus. Ça, c’était ouf ! Je les enregistrais quand ils chialaient, et après j’écoutais ça en conduisant. Mais le mieux, ç’a été les exécutions. On a buté un mec des médias en lui plantant un shuriken dans l’œil, comme dans un fi lm de kung-fu,mais avec des meilleurs eff ets spéciaux et, tu sais, en odorama et tout le bordel. Après, un de mes tueurs lui a découpé le sommet du crâne, comme une citrouille, et là j’ai bouffé un peu de son cerveau. Ça avait le goût du pâté de campagne, et je me suis senti revivre. Pendant une seconde. Après, la sensation de vide est revenue.

 

Et le téléphone ? Amazon Fire ? Ça a quand même pas trop marché, non ? T’as eu l’impression de t’être planté ?

Mon job, en tant que patron d’Amazon, c’est d’encourager les gens à oser, c’est ça qui nous sauve. (Non, pas chauve. Et pas de vannes là-dessus, si tu veux pas te retrouver à devoir t’écraser les doigts à coups de marteau et à me dire merci, en plus.) Donc, oser, c’est ça qui nous sauve. Ça arrive qu’on se plante. Mais c’est comme le mécontentement divin, et ça peut être très utile. Surtout si t’es un éditeur. Tu dois bien te planter. Et on t’aidera, en plus. Faut prendre des paris risqués. J’ai gagné des milliards de dollars grâce à des plantages d’Amazon.com. Ça vaut le coup, parce que les gens, on s’en fout. Les entreprises qui ont peur de l’échec, la seule chose qu’il leur reste à faire, c’est de prier pour qu’un miracle arrive avant que je leur tombe dessus et que je me fasse un masque d’Halloween avec ce qui leur reste de tronche.

Maintenant, tu peux me dire comment ça va chez Amazon, en général ? Les bénéfices. Est-ce qu’Amazon.com peut vraiment gagner de l’argent ?

Mon âme est aussi noire et sans fin que les confins de l’Univers.

Mais genre, y a pas mal de PDG qui aimeraient bien savoir comment tu te débrouilles. Le cours de tes actions est superélevé, et pourtant tu ne fais jamais de bénéfices.

Quand j’ouvre les yeux, les images sont toujours là. Que des cadavres, partout. Dans mon cerveau, c’est comme un clip de Fields of the Nephilim [groupe de rock gothique britannique dont le style vestimentaire – pantalons en cuir, longs manteaux, chapeaux de cow-boys – est très reconnaissable], sauf qu’il n’y a plus de musique, que les membres du groupe ont perdu leurs chapeaux et qu’ils sont tous pendus avec des cordes à piano.

Non mais je sais, c’est un sujet qui fâche, n’empêche que beaucoup de lecteurs se posent des questions sur toute cette histoire d’évasion fiscale…

Dis donc, je croyais que t’allais être sympa avec moi. Tu trouves que t’es sympa, là ?

cette histoire entre toi et le Luxembourg, là où t’as ton siège en Europe. T’as prévu que ta société paie ses impôts comme tout le monde, un de ces quatre ?

Quand les innocents auront versé tant de sang que les océans seront aussi rouges que le soleil. Écoute, on a du fric, c’est déjà pas mal, et franchement, tu devrais plutôt te dire que vous avez de la chance de nous avoir.

Tes projets d’avenir, c’est quoi ?

Je veux manger des cerveaux. Ah, on va être un peu limite niveau temps.

Normal, t’es éditeur. ( Rires.)

Très drôle, Jeff . Si tu crois que j’ai pas compris ce que t’as fait là. Ta gueule, savoure. Malheureusement, c’est le moment où Jeff a dû nous quitter, parce qu’il tenait absolument à aller noyer une portée de chiots. Mais j’espère avoir l’occasion de m’entretenir de nouveau avec lui prochainement.

Source Galley Beggar Press Norwich Publié le 28 juin 2017

Courrier international —   1394 du 20 au 26 juillet 2017

Apple joue à Big Brother

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Un torse de femme nu en couverture et voilà un livre refusé

Au moins ne reprochera-t-on pas à Amazon de fauter par excès de zèle : c’est une fois de plus Apple qui se fait prendre au jeu de la pudibonderie. La couverture d’un ouvrage a été jugée choquante par le revendeur américain, et voilà que le livre de Bénédicte Martin, publié aux Editions des Equateurs se retrouve interdit de séjour dans la librairie numérique.  La couverture présente en effet un buste de femme nue prolongée par une lame de couteau. Tranchant, et d’autant plus que le livre ne doit sortir que le 20 mars : censure par anticipation, sacré cadeau.

L’éditeur a été alerté par son diffuseur numérique, Interforum, du refus d’Apple, strictement motivé par ladite couverture. « Apple ne censure pas le livre en raison de son contenu, par ailleurs un récit littéraire et poétique sur la féminité, mais le censure juste parce qu’il y a une femme aux seins nus sur la couverture. C’est à la fois absurde et grave. Un exemple affligeant des excès de la pudibonderie américaine », enrage Olivier Frebourg, cité par l’AFP.

Et d’ajouter : « Et vous pouvez diffuser les oeuvres les plus hard sur Apple du moment que vous avez une couverture neutre. »

Bien entendu, il refuse catégoriquement de modifier sa couverture, et accuse Apple de jouer « à Big Brother ». Selon lui, la liberté de création, associée à la couverture qu’a réalisée le maquettiste Stéphane Rozencwajg, est menacée par le comportement de la firme. Et d’interpeller dans la foulée pouvoirs publics et instances de l’édition pour qu’elles réagissent. Il demande en effet « à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, ainsi qu’au Syndicat national de l’édition, et à la Commission européenne de réagir et de prendre position sur cette question fondamentale de la liberté d’expression ».

Il y a à boire et à manger, dans cette affaire. Les histoires de censure chez Apple, il suffit de taper dans une poubelle pour en faire sortir une centaine. Bien entendu, la censure n’est pas acceptable, il ne reste malheureusement qu’à pousser des cris d’orfraie pour se faire entendre. Et faire prendre conscience du problème.

Dans la série des célèbres censure d’Apple, on peut évoquer :

Etc., ad nauseam.

Sauf qu’après tout, travailler avec un revendeur implique d’accepter ses conditions de commercialisation. Et la firme est connue pour être particulièrement frileuse : plutôt que de risquer le procès d’un client mécontent, la société a toujours pris le parti de sanctionner en amont, et tant pis pour la liberté d’expression, de création et le reste. De ce point de vue, strictement juridique, on fait la somme des dépenses liées à une procédure, et on conclut chez Apple qu’il est préférable de censurer. Comportement de bêtise crasse, certes, et qui n’est pas sans conséquence.

S’autocensurer, ou lutter contre un moulin à vents ?

Que la firme censure sur le territoire américain, c’est stupide, mais qu’ils interviennent en France, avec les approches américaines, cela vire à l’absurde. Sauf que c’est ainsi. Vincent Montagne, président du Syndicat des éditeurs nous le signalait, à l’époque de la censure Lucky Luke :  «Notre métier, c’est de servir des lecteurs et de provoquer la rencontre avec des auteurs. Par conséquent, le support est toujours second par rapport à la création éditoriale. Pour que cela fonctionne bien, il faut que l’accès à la création éditoriale vers les tablettes ne passe pas par un guichet unique ni un opérateur unique. »

Le problème, donc, c’est que certains opérateurs commencent à anticiper les réactions d’Apple, et à censurer au préalable les éditeurs qu’ils distribuent, voire, pour le créateur, s’autocensurer. Ce fut le cas avec un comics, en avril 2013, où l’on voyait une fellation administrée par un homme. ComiXology, le distributeur de ce titre, avait préféré censurer par avance, plutôt que de soumettre à Apple, et de se faire censurer…

« En tant que partenaire d’Apple, nous avons l’obligation de respecter ses politiques pour les applications et les livres proposés dans les applications. En s’appuyant sur notre compréhension de ces conditions d’utilisations, nous avons considéré que SAGA #12 ne pourrait pas être disponible dans notre application, aussi avons-nous décidé de ne pas la diffuser ce jour », avait clairement expliqué David Steinberg, PDG de comiXology.

Visiblement la lecture de BD sur les écrans d’iPad séduit le lecteur nomade. Seulement, il y a un bémol : ces impitoyables détecteurs de tétons et autres parties dénudées qui condamnent certains titres adultes à être bannis de l’Apple Store sans que la mesure de censure ne soit toujours justifiée. L’an passée, ils n’étaient pas moins de 59 albums à avoir ainsi été écartés de la boutique en ligne d’Apple.

Évoquant la politique d’Apple en novembre dernier, Eric Stephenson, éditeur chez Image Comics, regrettait également : « Leurs normes sont un peu vagues, vraiment. J’ai l’impression qu’ils n’ont pas beaucoup pensé la façon dont ils traitent les contenus pour adultes, ou pire, qu’il y a un ordre du jour visant à positionner Apple comme une forme d’arbitre moral pour des choses comme la bande dessinée. »

L’exercice de la pire des censures : économique

« Ce qui est scandaleux, c’est qu’ils jugent sur la couverture, de prime abord », précise l’éditeur. « Si encore c’était un ouvrage au contenu érotique, on pourrait le comprendre, mais c’est une oeuvre strictement littéraire. Toute forme de censure est condamnable, mais ici, c’est une censure économique qui s’applique. Apple représente 20 % du chiffre d’affaires numérique, et c’est un acteur majeur sur le marché. Son poids économique implique que l’on ne peut pas s’en passer. Mais on ne peut pas laisser faire non plus ! »

Olivier Frébourg a pleinement conscience de n’être pas le premier frappé par cette traque aux éléments qui dérangent. « Mais enfin, sur Facebook, sur internet généralement, les enfants sont bien plus exposés à des choses violentes, ou ayant un contenu sexuel. Et ils ne viennent certainement pas sur l’iBookstore pour voir des couvertures avec une femme à demi nue. »

Le diffuseur-distributeur, Interforum, ne peut que constater : « Apple a une politique éditoriale, et décide de ce qui peut être commercialisé, et ce qui ne peut pas l’être. » Il ne s’agit pas de résignation, simplement, la firme impose ses décisions. « Soit on accepte, soit on fait sans eux : ils ne laissent pas d’alternative », constate-t-on. Et d’ajouter : « Leur regard sur les oeuvres s’exerce d’ailleurs autant sur les couvertures que les contenus, et parfois, sur les deux. »

Au niveau européen, on se souviendra de l’intervention du député danois, Morten Løkkegaard, alors vice-président de la Commission européenne pour la Culture et l’Éducation. « C’est une société qui est entièrement contrôlée depuis la Californie », et à ce titre, aucun représentant dans les différents pays du globe n’est en mesure de négocier quoi que ce soit. Et c’est bien entendu la liberté d’expression qui est mise à mal.

Source ActuaLitté, 16/03/2014

Voir aussi : Rubrique Livres, Edition, rubrique Internet, rubrique UE, rubrique Société,

Amazon se met les libraires et écrivains américains à dos avec son appli espionne

« Achetez chez Amazon, et votre ami perd son emploi » (New York Times)

C’est l’offre commerciale de trop. Amazon, le géant américain de la vente en ligne, s’est violemment aliéné libraires, écrivains et une partie du public en proposant une offre promotionnelle aux dépens des librairies « brick and mortar », c’est-à-dire physiques, menacées de mort.

Amazon propose aux usagers d’aller dans les librairies munies d’un téléphone portable et d’une application spéciale, de scanner les prix des produits mis en vente, et de vérifier si l’offre d’Amazon est moins chère. Les consommateurs peuvent ainsi gagner des bons d’achat correspondant à 5% du prix, à hauteur de 5 dollars.

Dans le New York Times, l’écrivain Richard Russo publie une longue tribune intitulée « la logique de la jungle d’Amazon », dans laquelle il se dit écoeuré par cette concurrence déloyale du géant en ligne vis-à-vis du tissus de librairies qui « font partie de la culture américaine ».
« capitalisme de la terre brûlée »

L’auteur du « Déclin de l’empire Whiting » (Quai Voltaire) raconte qu’il a commencé à mobiliser les grands noms de la littérature américaine contre l’initiative d’Amazon, rapportant la réaction de Dennis Lehane (Mystic River), qui parle de « capitalisme de la terre brûlée ».

Amazon doit aussi faire face à une campagne de boycottage lancée par des réseaux de libraires indépendants aux Etats-Unis, outrés par cette initiative d’envoyer les consommateurs espionner dans leurs magasins pour mieux les attirer sur son site.

Ils sont d’autant plus inquiets qu’une étude réalisée en octobre révélait que 24% des personnes qui avaient acheté un livre en ligne l’avaient d’abord vu dans une librairie « physique ». Celles-ci seraient dont progressivement transformées en vitrines des productions des éditeurs, alors qu’une part croissantes des passages à l’acte d’achat part vers les vendeurs en ligne, dont la politique de prix est plus attrayante en raison du volume et de leurs structure de coûts différente.

Politique commerciale agressive

Amazon a plusieurs fois par le passé fait face à des menaces de boycottage, notamment en Californie lorsqu’il a voulu se soustraire au paiement de taxes. Mais elles n’ont jamais « mordu » sur son pouvoir d’attraction auprès des consommateurs attirés par son efficacité, sa politique de prix et son offre, et plus seulement de biens culturels puisqu’Amazon vend désormais tout ce qui peut se vendre, y compris des chaussures.

La politique commerciale agressive d’Amazon se ressent également dans le lancement du Kindle Fire, sa tablette concurrente de l’Ipad d’Apple, dont le prix de vente est inférieur à son coût de production, mais qui est destiné à installer solidement Amazon sur ce marché croissant, pour vendre ensuite massivement ses contenus, films, jeux vidéo, livres…

Mais même aux Etats-Unis, l’agressivité dont fait preuve Amazon avec ce qui apparait à beaucoup comme une concurrence déloyale vis-à-vis des libraires passe mal. Elle ne nuira peut-être pas au chiffre d’affaires de la société, mais assurément à son image.

Pierre Aski (Rue 89)

Voir aussi : Rubrique Edition, Prix du livre unique et taxe aveugle, Rubrique Livre, Beigbeder: prince de l’irrévérence,

Prix du livre unique et taxe aveugle

Un point un trait, librairie à Lodève. Photo Sylvie Goussopoulos

De façon fortuite, la  célébration des 30 ans du prix du livre unique programmée hier à la Médiathèque Emile Zola par Languedoc-Roussillon livre et lecture (LR2L) tombe de concert avec l’effet dévastateur pour la chaîne du livre du nouveau plan de rigueur Fillon. « Une augmentation du prix du livre est la pire chose à faire dans un moment où le livre est fragilisé par de nouvelles pratiques, l’arrivée du livre numérique et un pouvoir d’achat en baisse », s’inquiète la structure régionale qui accompagne les différents acteurs de la chaîne du livre. « Cette situation appelle à s’unir autour du livre pour que cette mesure soit retirée, s’alarme l’élue régionale à la culture Josiane Collerais. On est devant un choix de société, celui de la conception que l’on a du livre et de la culture et au-delà de celle de l’humain. »

Cette mesure devrait se traduire par un surcoût de 60M d’euros, estime le Syndicat national de l’édition (SNE) qui a demandé mardi un rendez-vous d’urgence avec le Premier ministre. Evidemment, aucun des acteurs  économiques concernés, ne voit avec bienveillance le relèvement du taux de TVA qui devrait passer de 5,5 à 7% sur tous les produits culturels, mais concernant les libraires indépendants, dont beaucoup ont déjà la tête sous l’eau, cette mesure va précipiter l’hécatombe.

Les libraires menacés

Hier, l’ex-président de LR2L, Bernard Pingaud*, dont le travail auprès de Jacques Lang sur la politique publique du livre a joué un rôle déterminant dans l’adoption du prix unique du livre en 1981, s’est félicité de l’action menée par l’actuelle équipe de la structure régionale. L’écrivain et compagnon de route de Michel Butor a également souligné : « Le problème nouveau et fondamental pour les libraires que représente la vente de livres en ligne. »

Si les développements autour de l’iPod ont relancé un marché du disque moribond (pas concerné par la hausse en raison d’un taux déjà maximal), le développement irrémédiable des ventes de livres en ligne risque en effet de porter un coup fatal aux libraires dans les prochaines années. Aux Etats-Unis, le site de vente Amazon est déjà en situation de quasi monopole pour le livre numérique avec 60% à 70% du marché. Il lorgne désormais avidement sur l’Europe.

Face à cette offensive peu amicale, les acteurs de la chaîne du livre demeurent dispersés. Certains éditeurs qui veulent être absolument dans la course pratiquent des remises aux opérateurs qui pénalisent le réseau des libraires. Ceux-ci peinent à faire front commun comme en témoignent les difficultés pour rendre vraiment opérationnel le portail des libraires indépendants. Dans ce contexte tendu, l’augmentation du taux de TVA pour les livres, décidé par le gouvernement, s’inscrit à l’opposé de l’action publique nécessaire au soutien au secteur. A son échelle, LR2L engage une action dont la philosophie est de développer du lien avec les librairies indépendantes. Ce sera  le cas avec l’exposition itinérante de la photographe Sylvie Goussopoulos  qui présente le portrait de 30 libraires de la région mis en relation avec les textes de 30 auteurs choisis sur le territoire.

Dans une ville qui compte beaucoup de lecteurs comme Montpellier, on recensait plus de 30 librairies indépendantes, il y à 25 ans. Aujourd’hui, elles ne sont que 13 et nombre de leurs propriétaires connaissent des difficultés quotidiennes pour maintenir leurs activités. La mobilisation pour la diversité culturelle et celle de ses acteurs reste plus que jamais à l’ordre du jour.

Jean-Marie Dinh

*Dernier ouvrage paru : L’horloge de verre, Acte sud 2011

Voir aussi : Rubrique Livre, rubrique Edition, On line, Sauvez la librairie : ouvrez une librairie,