Asli Erdogan, l’une des voix les plus importantes de la littérature turque contemporaine, a été arrêtée à son domicile dans la nuit du 16 au 17 août.
Romancière et nouvelliste, Asli Erdogan (dont le patronyme, courant en Turquie, n’a pas de lien avec le président du pays) est également une intellectuelle engagée, membre de la rédaction de Özgün Güden, un quotidien soutenant les revendications des Kurdes, et dont la 8ème cour criminelle d’Istanbul a ordonné le 16 août, la fermeture et l’arrestation de ses collaborateurs.
Mise en garde à vue au Bureau de lutte contre le terrorisme de la Sécurité turque, puis transférée à l’hôpital, certainement à la suite d’un malaise, Asli Erdogan a été déférée au tribunal le 19 août sur la base de trois chefs d’accusation : « propagande en faveur d’une organisation terroriste », « appartenance à une organisation terroriste », « incitation au désordre ».
À ce jour, Asli Erdogan a quitté la garde à vue et a été placée en détention dans la prison stambouliote pour femmes, Barkirköy.
« En ce qui concerne les écrivains, on s’interroge encore plus : pourquoi s’en prendre à ces voix sincères et talentueuses qui font honneur à la culture turque d’aujourd’hui ? Cela ne rapportera rien, c’est un mauvais calcul et une publicité désastreuse pour un pays qui se plaint toujours de souffrir d’’une image négative. Et puis, méfiez vous des femmes fragiles ! Asli Erdogan ne l’est qu’en apparence et ce n’est pas demain qu’elle cessera de porter un regard critique sur le monde. » commente dans Le Monde diplomatique Timour Muhidine, enseignant à l’INALCO, directeur de la collection “Lettres turques” chez Actes Sud.
Lundi, un tribunal d’Istanbul a rejeté la demande formulée par la pétition, a indiqué à l’AFP Cihat Duman, l’un de ses avocats, précisant qu’ils allaient faire appel de cette décision auprès de la Cour constitutionnelle.
Dans l’après-midi, quelques dizaines de personnes – dont des journalistes, écrivains et associations de défense des droits de la femme – se sont rassemblées devant la prison pour femmes de Bakirköy à Istanbul où est détenue Asli Erdogan.
L’écrivaine y a été déférée pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste », « appartenance à une organisation terroriste » et « incitation au désordre ».
« Elle a besoin du soutien des écrivains internationaux et d’une mobilisation de la société civile », a déclaré à l’AFP Erol Önderoglu, représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie. « Il faut continuer à faire pression », a-t-il ajouté,dénonçant un « climat d’arbitraire » créé par l’état d’urgence en Turquie.
Contacté par l’AFP, le porte-parole de la présidence n’a pas souhaité s’exprimer sur le dossier.
Ainsi, il est élu à 81,53%. Je ne m’attendais pas à autre chose. Je ne m’attendais pas à mieux, ni à pire.
Mais je n’avais pas prévu que ce régime allait nous faire boire le calice jusqu’à la lie avec la scène du Président, paralytique, aphasique, poussé vers l’isoloir sur un chariot tel une vulgaire Samsonite.
Je crois que ni la Roumanie de Ceausescu, ni l’Union soviétique de Brejnev, ni l’Ouganda de Idi Amin Dada n’auraient osé une mise en scène aussi macabre. Même les pires goulags avaient le sens de la pudeur.
A Alger, quand le roi est nu, on ne le soustrait pas aux regards de la foule, on ne le drape pas, non, au contraire, on l’exhibe nu au balcon, et on lui fait croire que la foule muette est en délire au spectacle de ses attributs au vent.
Beaucoup d’analystes pensent que l’acharnement du régime d’Alger à jouer la carte de Boutef contre vents et marées vient du fait que le personnage représente une sorte de clé de voûte du système, et que, sans lui, tout volerait en éclats. Ce qui est faux.
Justement parce qu’il ne représente rien
C’est ignorer la mentalité du régime. Le régime tient à Boutef justement parce qu’il ne représente rien, parce qu’il ne pèse rien, parce qu’il ne contrôle rien. Parce qu’il ne peut plus rien dire, rien faire.
Le calcul cynique consiste à dire qu’ils peuvent tenir le pays avec un tétraplégique, avec un trisomique ou même avec la chèvre de Monsieur Seguin.
Le drame de ce pays c’est d’être tombé depuis 1962 aux mains d’une bande « d’anciens maquisards » du FLN qui sont persuadés, convaincus, que l’Algérie est leur butin de guerre, que le pays est une prise de guerre arrachée de force des mains de la France et qui représente depuis leur bien propre, leur propriété privée et exclusive.
Le bail est en leur nom. Et toute tentative d’y changer l’ordre des choses est perçue par eux comme une violation de domicile.
Leur pouvoir ne se discute pas, au nom de la « révolution de 1954 », ils ont tous les droits.
L’Algérie se résume à un derrick
A leurs yeux, l’Algérie se résume à un derrick ; le reste, le peuple, les gens, la jeunesse, les femmes, sont superflus. D’où cette façon de leur faire la nique avec un candidat impotent. Et cela résume toute l’idéologie et la devise même du régime algérien qui tient en une phrase : « Et si tu n’es pas content, frappe ta tête contre le mur. »
Beaucoup aussi assurent que le candidat unique a ramené la paix aux pays et pacifié les âmes. C’est presque la légende dorée ! Il était une fois un pays à feu à sang et, par un grand matin, tombe par miracle du ciel Boutef. Tel Gabriel, l’archange venu de Genève arrête aussitôt le bras armé des islamistes les empêchant d’égorger des millions d’Isaac ou d’Ismaël ! ! !
Depuis, tout le peuple lui voue une reconnaissance infinie. La bonne blague !
L’homme en fait a débarqué en Algérie au moment où le terrorisme s’essoufflait et il a promis la « concorde civile » en effaçant du tableau 200 000 morts, comme une vulgaire faute d’orthographe, sans procès, sans travail de mémoire, sans introspection, sans question.
Pourquoi ce pays s’est-il transformé durant dix années en immense charnier ? Quelle haines, quels désespoirs ont été insufflés à ces jeunes pour qu’ils en viennent à s’égorger les uns les autres comme des moutons ? Pourquoi des milliers de jeunes ont-ils préféré mettre le feu à leur terre plutôt que d’y vivre ?
La question reste posée et le poids de tous ces cadavres n’est pas prêt de disparaître de la mémoire des vivants. Bien sûr, les islamistes n’ont pas réussi à prendre par les armes le pouvoir, mais le régime, pour faire la paix avec eux, leur donné en pâture toute la société.
L’Algérie d’aujourd’hui ressemble à une immense mosquée
L’Algérie d’aujourd’hui ressemble à une immense mosquée peuplée de 36 millions d’individus qui n’ont pas d’autre horizon, d’autre pensée, d’autre chair, d’autre loisir, d’autre respiration que la religion.
Désormais les islamistes n’ont que faire du palais d’Al Mouradia, puisqu’ils squattent le moindre neurone de chaque citoyen.
Je disais que l’Algérie souffre d’une calamité historique, le FLN. Il en est une autre qui est à l’origine de tous ses malheurs : le pétrole.
Manne tombée du ciel, le pétrole, loin de contribuer au développement du pays, en creuse la tombe. Pour l’instant, il permet à ce peuple de consommer ce qu’il veut sans produire quoi que ce soit, de vivre sans travailler, en somme.
L’Algérien importe 100% de ce qu’il consomme, depuis sa baguette importée de Biélorussie à sa barquette de carottes râpées, importée de Nouvelle Zélande.
Chômeurs ou Chinois ?
Avec l’argent du pétrole, Boutef a fait descendre les islamistes du maquis, tout comme il a rempli les chantiers de Chinois. Depuis, des millions de chômeurs algériens, regardent comme des vaches, passer les trains bourrés de milliers de Chinois qui construisent à coups de milliards de dollars des autoroutes qui tombent en ruine en un clin d’œil.
Sans compter la très grande mosquée, rêvée par Boutef, qui coûtera deux milliards de dollars et accueillera 80 000 fidèles d’un coup. Dans un pays où il ne subsiste aucun théâtre, aucune salle de cinéma, où les librairies sont transformées en fast-food où l’on vous propose désormais le must de la gastronomie algérienne : la pizza à la mayonnaise et le couscous frites.
En soixante années de pouvoir absolu, le FLN a réussi à ;
transformer la mer qui baigne les côtes algériennes en décharge publique ;
à faire de ses villes, Constantine, Alger, Annaba ou Oran et toutes les autres, d’immenses bidonvilles, hérissés de paraboles rouillées et de linge en lambeaux ;
à écraser, un à un, et au bulldozer tous les orangers de la Mitidja pour les remplacer par des HLM qui tombent en poussière avant d’être inaugurés et des carcasses en tuiles à neuf trous qui s’écrouleront au premier courant d’air ;
à transformer le Sahara en mouroir et en coupe-gorge ;
à réduire les femmes en ombres d’elles-mêmes, périmées avant que de naître, voilées au premier jour, violées si elles oublient de se coucher avec le soleil.
Le FLN a aussi réussi à ramener l’avenir du pays aux dimensions d’un tapis de prière, à ne laisser aux jeunes comme unique horizon et avenir que le ventre des requins bleus.
Et comme tous les experts s’accordent à dire que les réserves du pays en pétrole vont tarir dans vingt ans, c’est-à-dire demain, on se demande alors que feront alors les 50 millions d’Algériens avec le cadavre de ce pays qu’ils auront eu en héritage. Trouveront-ils alors assez de pierres et de sable pour calmer leur faim ?
* Mohamed Kacimi : Ecrivain, a collaboré au magazine Actuel, et à France Culture. Anime avec Françoise Allaire l’association Ecritures du Monde dont le but est de mette en place des chantiers de théâtre dans les régions sensibles du monde et de diffuser les théâtres étrangers en France. Derniers ouvrages parus: L’Orient après l’amour, Actes Sud, 2009; La Confession d’Abraham, Gallimard Folio 2012
Keigo Higashino connaît un succès considérable au Japon
Publié pour la première fois au Japon en 1998, le roman La prophétie de l’abeille semble porté par la préscience du désastre à venir de Fukushima qui comme l’indique les récents aveux de la société Tepco, ne sont pas près de conjurer la malédiction que le Japon entretient avec le nucléaire. Tous les aiguilleurs du ciel le savent, le scénario d’une attaque des centrales nucléaires par le ciel est loin d’être improbable. Le roman de Keigo Higashino est une course contre la montre doublée d’une enquête passionnante qui plonge le lecteur dans le milieu du monde nucléaire nippon. A partir d’un acte humain isolé et par conséquent difficilement prévisible, l’auteur qui n’a pas négligé le travail de documentation dévoile toute les conséquences de la problématique. Du danger imminent à la solidarité et l’engagement citoyen en passant par la gestion technique, médiatique et politique de la situation, l’intrigue s’avère pleine de rebondissements. Le livre laisse paraître le profond traumatisme d’un peuple qui n’a pas choisi. Sans tomber dans le pamphlet activiste, le regard visionnaire de l’auteur japonais Keigo Higashino, nous invite à une vraie réflexion sur la menace de l’énergie nucléaire. Un peu comme un ultime avertissement…
JMDH
Source : L’Hérault du Jour La Marseillaise 12/08/2013
Noir de l’été. La prophétie de l’Abeille
Un matin d’été, la voiture de l’ingénieur Yuhara pénètre dans le complexe de Nishiki Heavy Industries. C’est aujourd’hui que l’hélicoptère sur lequel il travaille depuis des années doit être livré à son commanditaire, l’Agence de défense du Japon. Sa femme et son fils l’accompagnent pour assister à la démonstration de vol. Yuhara se rend dans son bureau tandis que sa famille l’attend à la cafétéria en compagnie de l’épouse d’un collègue et de son petit garçon. Les deux enfants vont jouer dehors et réussissent à se glisser dans le hangar où se trouve l’hélicoptère, et même à bord de l’appareil. L’un des deux est encore dedans lorsque celui-ci se met à bouger. Bientôt, sous les yeux terrifiés de son compagnon de jeu, l’hélicoptère prend son envol. D’abord stupéfaits, les ingénieurs comprennent bientôt que l’appareil a été manipulé à distance. Moins d’une heure plus tard, l’hélicoptère s’immobilise au-dessus d’un réacteur nucléaire. Les autorités reçoivent un message signé de « l’Abeille du ciel » : l’appareil, chargé d’explosifs, s’écrasera sur le réacteur quand il aura épuisé son carburant si toutes les centrales du Japon ne sont pas mises immédiatement hors d’état de fonctionner…
Keigo Higashino La prophétie de l’abeille Actes-Sud 2013.
D’où vient la hausse rapide de la radioactivité à Fukushima ?
Le Monde
Que se passe-t-il vraiment à Fukushima ? Mercredi 10 juillet, la compagnie Tepco, l’exploitant de la centrale nucléaire japonaise ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, a annoncé avoir mesuré la veille, dans un forage situé entre les réacteurs et le bord de mer, une nouvelle augmentation des taux de césium radioactif dans la nappe phréatique. Ils atteignaient 22 000 becquerels par litre d’eau (Bq/l) pour le césium 137 et 11 000 Bq/l pour le césium 134. Le 8 juillet, ces niveaux étaient de 18 000 et 9 000 Bq/l, soit respectivement… 86 et 99 fois plus que les taux relevés trois jours auparavant.
Infographie Le Monde
Le 5 juillet, Tepco avait déjà signalé, au même endroit, un taux astronomique de 900 000 Bq/l d’un autre radioélément, le strontium 90. L’électricien avait alors indiqué que le point de prélèvement se situait sur le passage d’une canalisation où s’étaient déversées de grandes quantités d’eau contaminée en avril 2011, un mois après la catastrophe.
Cette explication n’est pas nécessairement celle de la récente et brusque montée des teneurs en césium. Celle-ci pourrait être le résultat de la lente migration souterraine, via la nappe phréatique, de produits de fission arrachés aux cœurs fondus des réacteurs sinistrés, dans les jours ou les semaines qui ont suivi l’accident. C’est l’une des hypothèses, « plausible mais non certaine », que formule Thierry Charles, directeur général adjoint de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Un cocktail de plus de 300 radionucléide
On l’a su plus tard, les cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima (les tranches 4 à 6 étaient à l’arrêt) ont fondu en totalité ou en partie dès les premières heures du sinistre, et le corium (magma brûlant de matière fissile et de gaines métalliques), après avoir percé les cuves des réacteurs, s’est répandu au fond des enceintes de confinement, où il s’est agrégé au béton. Ce corium contenait – et contient toujours – un cocktail de plus de 300 radionucléides formant les produits de fission, c’est-à-dire les cendres de la réaction nucléaire. Parmi eux, des éléments solubles dans l’eau, comme les césium 134 et 137.
Or, depuis deux ans, les trois réacteurs ont été noyés sous un déluge d’eau. Pour les refroidir, Tepco y injecte toujours, en continu, 5 m3 d’eau douce par heure et par réacteur. Soit, quotidiennement, plusieurs centaines de tonnes d’eau qui s’écoulent dans les sous-sols des bâtiments, les galeries et les tranchées du site nucléaire, où la hauteur de l’eau atteint, en permanence, plusieurs mètres. Cette masse liquide contaminée est normalement pompée puis traitée afin d’en extraire les éléments radioactifs – mais pas tous –, avant d’être réinjectée dans le circuit de refroidissement.
Pour compliquer encore la situation, la centrale est située sur une nappe phréatique qui, au contact des bâtiments contenant les eaux contaminées, a pu se charger elle aussi en radionucléides. C’est précisément pour contrôler l’état radiologique de cette nappe souterraine que Tepco a creusé, en front de mer, des puits de prélèvement. Et c’est dans l’un de ces forages qu’a été mesurée une hausse brutale des teneurs en césium 134 et 137.
Selon le scénario avancé par l’IRSN, ces deux produits de fission, qui perdent la moitié de leur radioactivité au bout de respectivement deux et trente ans, seraient passés dans la nappe phréatique – et avec eux sans doute d’autres radioéléments – pour rejoindre, au bout de deux ans, le bord de côte, à une centaine de mètres des réacteurs. Si tel est le cas, estime Thierry Charles, on pourrait encore assister à une montée du niveau de radioactivité au niveau des forages, suivie d’un plateau puis d’une baisse, la gestion actuelle des niveaux d’eau dans les sous-sols des bâtiments visant à minimiser les transferts de radioactivité vers la nappe. Mais, ajoute-t-il, « sur une durée impossible à prévoir ».
Une paroi enterrée étanche entre la centrale et l’océan
Le risque principal est celui d’une nouvelle contamination radioactive de l’océan, dont la pollution causée par l’accident a été, au fil des mois, dispersée par les courants. « Nous ne sommes pas pour le moment en mesure de dire si l’eau contaminée s’écoule ou non dans la mer », a admis, mardi, Tepco. L’exploitant a entrepris d’installer, entre le site nucléaire et l’océan, une paroi enterrée étanche. Mais elle ne sera pas achevée avant mi-2014. Dans l’immédiat, il s’efforce, en injectant dans la terre des produits chimiques agissant comme un ciment, d’empêcher les écoulements vers la mer.
En tout état de cause, les dernières semaines confirment la difficulté de Tepco à résoudre le casse-tête de l’évacuation des eaux radioactives. « L’état de la centrale est globalement stabilisé, mais tout reste à faire, commente Thierry Charles. Le gros problème est désormais la gestion des eaux contaminées. »
Ce n’est pas le seul défi que doit relever l’électricien japonais. Il lui faut aussi vider les piscines d’entreposage des combustibles, situées dans les parties supérieures des bâtiments des réacteurs gravement endommagées. A commencer par celle du réacteur 4, dont l’état est le plus critique. Il faudra ensuite retirer les combustibles fondus des réacteurs eux-mêmes. Quant au démantèlement complet, il exigera une quarantaine d’années.
Pierre Le Hir
Source Le Monde 10/07/2013
Fukushima : hausse phénoménale du taux de césium radioactif
Le Monde AFP
Photo : Reuters Kyodo
Le gérant de la centrale accidentée de Fukushima a annoncé mardi 9 juillet avoir constaté une multiplication par 90 en trois jours du niveau de césium radioactif dans un puits de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer. Cette énième mauvaise découverte suscite de nouvelles interrogations sur la propagation de l’eau souterraine contaminée.
Selon les prélèvements effectués le 8 juillet, l’eau souterraine en un point situé à environ 25 mètres de la mer contenait 9 000 becquerels de césium 134 par litre et 18 000 becquerels de césium 137, contre respectivement 99 becquerels/litre et 210 becquerels/litre trois jours auparavant. Le facteur de multiplication dans ce court laps de temps est de 91 fois dans le premier cas et 86 fois dans le second.
« Nous ne sommes pour le moment pas en mesure de dire si l’eau contaminée s’écoule ou non dans la mer », a déclaré Tepco à la presse. Le groupe promet toutefois de renforcer les contrôles et de prendre des dispositions pour empêcher de contaminer davantage l’océan Pacifique voisin.
Le 5 juillet, Tepco avait déjà découvert au même endroit un niveau phénoménal d’autres éléments radioactifs, en l’occurrence une quantité de strontium 90 et d’autres éléments produisant des rayons bêta, de 900 000 becquerels/litre. Le 8 juillet, le niveau de ces substances était à peu près identique, 890 000 becquerels/litre, soit plusieurs milliers de fois le plafond admis pour l’eau de mer.
Tepco avait expliqué que le point de prélèvement se situe là où passe un tuyau et où s’étaient déversées de grandes quantités d’eau contaminée le mois suivant la catastrophe nucléaire, soit en avril 2011. Cela n’explique toutefois pas l’augmentation soudaine des quantités de césium.
La centrale Fukushima Daiichi a été ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l’archipel. Du combustible a fondu dans trois des six réacteurs du site, d’où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour.
Le Monde.fr avec AFP | 09.07.2013
Fukushima: des éléments radioactifs à nouveau découverts
De très fortes doses d’éléments radioactifs toxiques ont de nouveau été détectés dans les eaux souterraines accumulées au pied de la centrale nucléaire de Fukushima accidentée en mars 2011, selon un communiqué publié samedi par l’opérateur Tepco.
Selon Tokyo Electric Power Co (Tepco), les analyses ont permis d’établir la présence de tritium à des doses dix fois plus élevées que le taux limite admis.
« Selon les échantillons analysés le 5 juillet (…) nous avons détecté un niveau record de 600.000 becquerels par litre » de tritium, dix fois supérieurs aux recommandations gouvernementales de 60.000 becquerels par litre, a indiqué Tepco.
« Nous poursuivons nos efforts pour empêcher que la pollution prenne de l’ampleur (…) et allons renforcer tout le processus de contrôle », a de nouveau promis l’opérateur.
Fin juin, Tecpo avait annoncé avoir mesuré un niveau de 3.000 becquerels par litre pour les éléments radioactifs produisant des rayons béta, comme le strontium 90, dans le liquide extrait d’un nouveau point de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer. A ce moment-là, il avait constaté la présence de tritium à un niveau huit fois supérieur à la dose autorisée.
Ces substances radioactives s’étaient échappées des réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi, ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l’archipel. Et elles avaient ensuite polluées les eaux souterraines.
Ces eaux s’écoulent normalement dans la mer, ce qui signifie que les deux substances toxiques pourraient polluer l’océan, et affecter la vie aquatique puis les produits de la mer consommés par les populations.
Cependant, un responsable de Tecpco avait affirmé le mois dernier qu’il n’avait pas été constaté de hausses anormales de ces substances dans l’eau de mer, après analyses, la compagnie estimant que l’eau souterraine a été largement contenue par les bases en béton et armatures en acier.
Ces révélations sont les dernières d’une série d’incidents à la centrale de Fukushima, plus de deux ans après la pire catastrophe nucléaire que le monde a connue en une génération.
Fin juin, le gouvernement japonais et Tepco, s’étaient entendus sur un nouvel échéancier de démantèlement du site ravagé, programme qui prévoit une accélération du retrait du combustible fondu des réacteurs 1 à 3, même si cette opération cruciale ne devrait pas débuter avant 2020.
Une centaine de milliers de personnes avaient dû quitter leur domicile et environ 19.000 personnes ont été tuées par la catastrophe naturelle, mais il n’y a aucune statistique officielle sur les décès directement liés aux radiations nucléaires émanant de la centrale.
La coupure de l’alimentation électrique provoquée par la déferlante avait engendré un arrêt des systèmes de refroidissement du combustible qui avait fondu dans trois des six réacteurs du site, d’où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour.
Edward W. Said nous offre une analyse documentée et subtile de l’affrontement, à la fin du XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle, entre la société palestinienne, occultée par l’idéologie dominante en Europe, et le mouvement sioniste, considéré comme une partie intégrante de l’entreprise coloniale européenne. Il dresse ensuite un tableau de la Palestine et des Palestiniens avant et après la guerre de 1967, et souligne la cristallisation, face à la discrimination, à l’occupation et à la dispersion, d’une forte conscience nationale incarnée par l’OLP. La dernière partie du livre est consacrée à une étude attentive des accords de Camp David, conclus sous l’égide des Etats-Unis entre Israël et l’Egypte, et de leurs conséquences au Proche-Orient.
L’édition augmentée de 1992 traduite chez Actes Sud prend en outre en considération les principaux événements survenus jusqu’alors : l’invasion du Liban en 1982, la première intifada en 1987, la guerre du Golfe en 1991 et le déclenchement du « processus de paix » avec la Conférence de Madrid.
Informer l’opinion américaine et occidentale sur la «réalité du traumatisme collectif national» du peuple palestinien. Permettre la compréhension d’une «situation pas très bien connue et certainement incorrectement appréhendée». Faire prendre conscience que la question de Palestine a été ignorée par les Sionistes et les Américains alors qu’elle constitue une «part concrète et importante de l’histoire». Mettre en lumière le fait que la question juive en Europe chrétienne s’est résolue par la colonisation des terres palestiniennes par les Sionistes, contraignant les Palestiniens musulmans et chrétiens à quitter leur patrie pour devenir des réfugiés. Faire de la question de Palestine «un objet de discussion et de compréhension» afin de la sortir du gouffre de l’Histoire et de l’état d’isolement dans laquelle elle a été confinée.
Tels sont quelques uns des objectifs qui ont incité Edward W. Said à publier, en 1979, La Question de Palestine. Réédité en 1992, cet ouvrage vient d’être publié en langue française aux Éditions Actes Sud.