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C’est une évidence pour tous les Montpelliérain(e)s que Jean-Paul Bocaj appartient au patrimoine vivant et artistique de la ville. Au point où l’on serait presque étonné que cette « consécration » officielle n’ait pas eu lieu plus tôt. Qui n’a pas croisé les égéries féminines pulpeuses qui habillent cycliquement les murs de l’Ecusson ? Les femmes séduisantes de l’artiste apparaissent aux coins des rues sur des affiches, comme celle de Jazz à Sète ou annonçant de multiple rendez-vous liés à la scène de Montpellier. Bocaj est une star du off local qui traverse le temps d’un pas tranquille après en avoir fait éclater les formes.
Les femmes…
Contrairement à ce qui peut paraître au regard de son oeuvre, Bocaj est plutôt un homme réservé. Parlez-lui de Monica Belucci, vous aurez ce qu’il vous dira : « Je l’adore. Je me suis inspiré d’elle. Elle revient souvent, avec d’autres personnages comme Frida Kahlo ou Jean Gabin » qu’il désigne sur une toile intitulée Mélodie en sous-sol. Avec ce commentaire qui semble vouloir noyer le poisson : « J’ai pensé à ce qu’il disait : Moi je boirais du lait le jour où les vaches mangeront du raisin. » Et il y a ce qu’il ne vous dira pas, comme par exemple : Monica Belucci, exerce sur moi un attrait sensuel irrésistible…
Posez-lui une autre question innocente, à partir du constat factuel qu’il met toujours du monde au balcon, du type : Envisagez-vous un jour de peindre Jane Birkin ? Il vous répondra, visiblement surpris et un peu pris de court : « Jane Birkin… J’ai peint Gainsbourg, j’ai peint leur fille Charlotte mais je n’ai jamais peint Jane Birkin, c’est vrai, ajoutant en passant soudainement au conditionnel, ouais, j’aimerais peindre Jane Birkin… »
Les métaphores du second plan
Les toiles figuratives et pétillantes que l’artiste réalise depuis trente ans à l’aérographe sont idenfiables par la majorité de la population sédentaire montpelliéraine. Ceux qui s’attardent un instant sur le travail de Jean-Paul Bocaj n’auront pas manqué de discerner la place importante de l’humour et un certain esprit de dérision qui cousine avec l’underground. C’est une autre caractéristique de la patte du peintre qui ne se reconnaît dans aucun mouvement alors qu’un dialogue avec le voisinage de la figuration libre sétoise pourrait s’envisager.
Dans la jungle qui peuple les seconds plans, on relève des personnages mythiques ou historiques quand ce ne sont pas des créatures que l’auteur de La Ferme des animaux n’aurait pas renié. Dans le catalogue de l’exposition, le critique Louis Casinada évoque à juste titre « la flamboyante polyphonie » exprimée par l’oeuvre de Bocaj qui lui donne sa signification, et la liberté que nous offre un artiste qui fait entrer le monde dans ses tableaux. Faire mine de rien, est une façon d’apprendre à devenir grand.
JMDH
Source : La Marseillaise 25/06/2016
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