Géopolitique de l’Iran et de l’Irak

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Par Pierre RAZOUX, Pierre VERLUISE, le 17 novembre 2013

L’Iran n’accepte un compromis que dans trois cas : s’il est convaincu que c’est son intérêt, si les caisses de l’Etat sont vides et s’il est convaincu qu’il est sous la menace imminente d’une intervention militaire étrangère.

Pierre Razoux vient de publier « La guerre Iran Irak. Première guerre du Golfe 1980-1988 » chez Perrin. Il répond aux questions de Pierre Verluise pour éclairer à la fois l’actualité et cette page d’histoire méconnue.

P. Verluise : Que vous a appris votre recherche sur le mode de fonctionnement du pouvoir iranien ? Aujourd’hui, cette guerre marque-t-elle encore les représentations mentales, les comportements et le jeu diplomatique de l’Iran ?

Pierre Razoux : La guerre Iran-Irak (1980-1988) a tout autant marqué les représentations mentales des Iraniens et des Irakiens que la Première Guerre mondiale a frappé l’imaginaire collectif des Européens. Elle constitue la matrice de la donne géopolitique qui continue de prévaloir aujourd’hui dans le Golfe. Elle permet de comprendre comment fonctionne le régime iranien, qui, quoique l’on en dise, est totalement rationnel et comprend parfaitement les notions de dissuasion et de rapport de forces. Elle démontre aussi que le régime iranien n’hésite pas à frapper le premier et à pratiquer la guerre asymétrique (attentats, kidnapping) s’il estime que c’est son intérêt. Avant de s’engager dans un processus de confrontation directe ou indirecte avec le régime iranien, que ce soit en Syrie, au Liban, en Iran (en cas de frappes contre le programme nucléaire) ou ailleurs, l’expérience montre qu’il convient d’analyser très soigneusement la portée de ses actes. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas agir ; cela signifie simplement qu’il faut être conscient de toutes les répercussions qui risquent d’en découler et qu’il faut être prêt à y faire face avec des moyens adaptés.

L’étude de la guerre Iran-Irak, comme celle de la période qui a suivi, montre que l’Iran n’accepte un compromis que dans trois cas : s’il est convaincu que c’est son intérêt, si les caisses de l’Etat sont vides et s’il est convaincu qu’il est sous la menace imminente d’une intervention militaire étrangère. Le Guide Ali Khamenei n’a pas oublié l’épisode douloureux de la fin de la guerre, lorsque l’ayatollah Khomeiny ne s’était résolu à mettre un terme à sa croisade contre Saddam Hussein que lorsque les caisses de la République islamique étaient vides et que les Etats-Unis se préparaient à intervenir directement contre l’Iran. La marge de négociation du pouvoir iranien avait été alors nulle et l’économie iranienne avait mis dix ans à s’en relever. En novembre 2013, à Téhéran, chacun semble comprendre que le temps joue désormais contre l’Iran, que les sanctions économiques sont efficaces, tout comme les actions clandestines visant le programme nucléaire, et qu’il est urgent de sortir le pays de l’isolement et d’attirer massivement les capitaux étrangers pour mettre en valeur ses importantes réserves gazières et pétrolières. Les trois conditions sont donc réunies : le pouvoir est conscient qu’il a intérêt à négocier, que la fenêtre d’opportunité ne durera pas indéfiniment, que les caisses sont en train de se vider et que l’option militaire, même si elle paraît s’éloigner, reste toujours sur la table. Plusieurs experts reconnus de l’Iran font valoir qu’au crépuscule de sa vie, Ali Khamenei souhaiterait laisser sa trace dans l’histoire non pas comme celui qui aurait précipité l’asphyxie du peuple iranien, mais comme celui qui aurait permis la normalisation avec l’ennemi d’hier, fort de sa stature de résistant historique à l’oppression extérieure. Il ne s’agirait nullement d’instituer des liens amicaux avec Washington, mais seulement des liens fonctionnels qui permettraient de rétablir les relations diplomatiques, de lever les sanctions économiques, de stopper les actions clandestines, d’obtenir des garanties de sécurité (notamment pour la communauté chiite au Liban) et d’attirer les capitaux étrangers. Bien sûr, une telle normalisation impliquerait un grand marchandage portant notamment sur la mise sous contrôle international du programme nucléaire iranien. Pour les mollahs les plus réalistes du régime, l’adversaire, ce n’est plus les Etats-Unis, ni même Israël, mais plutôt l’Arabie saoudite.

P. V : En quoi la guerre Iran-Irak a-t-elle brouillé les cartes géopolitiques ?

P. R : Le déclenchement de la guerre en septembre 1980 surprend et inquiète considérablement la plupart des acteurs du jeu moyen-oriental à l’exception d’Israël qui est ravi de voir deux de ses adversaires potentiels s’entredéchirer, et la Chine pas mécontente de constater la gêne de l’URSS et des Etats-Unis d’Amérique. Ce conflit n’a en effet rien à voir avec l’affrontement Est-Ouest. Il n’a rien à voir non plus avec la guerre israélo-arabe, qui aurait permis aux Arabes de s’unir derrière une même bannière. Il n’a rien de commun avec les conflits de décolonisation, puisque les régimes irakien et iranien se revendiquent tous deux comme anticolonialistes, nationalistes et tiers-mondistes. Il oppose enfin deux nations musulmanes. Difficile donc pour les dirigeants arabes de définir une ligne idéologique qui permettrait de guider un choix d’autant plus délicat que le monde arabe est profondément divisé par plusieurs lignes de fracture : monarchies « conservatrices » contre républiques « progressistes » ; régimes laïques contre régimes islamiques ; Etats pro-occidentaux contre états prosoviétiques ; Etats acceptant de discuter avec Israël contre ceux appartenant au Front du refus ; Etats rentiers contre pays pauvres. Face à cette guerre qui transcende ces lignes de fracture, les dirigeants arabes, tout comme leurs homologues occidentaux, se positionnent donc en fonction de leurs intérêts et de la nature de leurs relations bilatérales avec Bagdad ou Téhéran. Les dirigeants arabes se positionnent également en fonction de leurs rivalités, car plusieurs d’entre eux ambitionnent d’imposer leur leadership sur l’espace arabophone. Tous sont cependant d’accord sur un point : tout doit être mis en œuvre pour éviter que ce conflit ne se transforme en une guerre régionale susceptible de dégénérer en un affrontement militaire entre Américains et Soviétiques, dont les Arabes feraient impitoyablement les frais. Le pragmatisme l’emporte donc sur toutes considérations historiques, ethniques ou religieuses. Les Américains ne soutiendront l’Irak qu’à partir de 1983. Contrairement à une idée reçue, ils n’ont absolument pas poussé Saddam Hussein au crime en l’encourageant à attaquer l’Iran. Je le démontre en détail dans mon ouvrage. Quant aux Soviétiques, ils ne cesseront de changer leur fusil d’épaule, courtisant et soutenant tour à tour l’Irak, l’Iran, puis de nouveau l’Irak avant de se tourner durablement vers l’Iran. Les Chinois prendront pour leur part systématiquement le contre-pied de la position soviétique !

P. V : Comment la France a-t-elle été concernée par cette guerre ?

P. R : Paris est le seul Etat européen à avoir pris fait et cause pour Bagdad dès le début des hostilités. Les autres se sont contentés d’une attitude à la fois neutre et prudente, ne serait-ce que pour préserver leurs intérêts économiques en Irak et en Iran.

A l’époque, l’Irak était perçu par les gouvernements français successifs comme un eldorado pour les industriels du pétrole, de l’armement, de l’agroalimentaire, mais aussi du BTP et du nucléaire. Pour la classe politique et les élites médiatiques françaises, le régime irakien « laïque » de Saddam Hussein constituait un bouclier commode face au prosélytisme révolutionnaire des mollahs iraniens, même s’ils ne se faisaient aucune illusion sur son caractère autocratique. D’autant plus que plusieurs contentieux « lourds » opposaient alors la France à l’Iran : l’affaire EURODIF, l’affaire Naccache, la présence en France de l’ancien président Bani Sadr et de Mohammed Radjavi (le chef des Moudjahidin du Peuple), pour ne rien dire des ventes d’armes françaises à Bagdad (121 Mirage F-1, 56 hélicoptères de combat, 300 véhicules blindés, 80 canons automoteurs, du matériel antiaérien et antichar de dernière génération, des milliers de missiles et des millions d’obus et munitions diverses).

Le soutien de la France à l’Irak fut total jusqu’en 1983, tant que l’Irak était solvable et que les moyens de pression de l’Iran contre la France restaient très limités. Entre 1984 et 1987, ce soutien devient beaucoup plus modéré, car le régime irakien ne parvient plus à honorer ses dettes, mais aussi parce que l’Iran dispose alors de puissants leviers contre la France, à travers les otages français capturés à Beyrouth et les attentats commis en France et au Liban. Le gazage des Kurdes, au printemps 1988, sert de prétexte au gouvernement français pour prendre ses distances avec Bagdad, alors même qu’il vient de trouver une entente avec le régime iranien pour mettre un terme à la « guerre des ambassades » et normaliser ses relations avec Téhéran. Car entre temps, l’Iran a ouvert un nouveau front au Liban pour y affronter, par milices interposées, les Etats soutenant le plus l’Irak, dont la France. Ces tensions entre Paris et Téhéran culmineront à l’été 1987, lorsque le gouvernement français dépêchera un groupe aéronaval dans le Golfe, pour escorter les pétroliers français et faire pression sur le régime iranien.

Malgré les attentats (notamment celui du Drakkar, dont on vient de commémorer le 30e anniversaire) et les prises d’otages, certaines sociétés françaises n’hésitèrent pas à braver la ligne officielle du gouvernement pour alimenter les trafics en direction de l’Iran, se constituant par là même un trésor de guerre dans lequel certains partis politiques auraient pioché. C’est tout le sens de l’affaire Luchaire dévoilée dans les médias le 28 février 1986, quelques jours seulement avant les élections législatives qui amèneront le premier gouvernement de cohabitation en France. L’affaire prendra une tournure politique quand il apparaîtra qu’une partie des profits ainsi réalisés auraient alimenté une caisse noire gérée par d’anciens collaborateurs de Charles Hernu, très proches du parti socialiste. Mais il s’agit là de l’arbre qui cache la forêt, car d’autres sociétés ont fourni discrètement d’autres équipements à l’Iran. Je vous renvoie à mon ouvrage.

P. V : Puisque vous évoquez le gazage des Kurdes, que nous a appris la guerre Iran-Irak au sujet du positionnement des grands acteurs à propos des armes chimiques ?

P. R : Lorsqu’à l’été 1982, après dix-huit mois de guerre, l’Iran porte les hostilités en Irak, Saddam Hussein comprend qu’il lui faut une arme de destruction massive pour dissuader les Iraniens de poursuivre la guerre. Il lance donc un programme « d’armes spéciales » grâce à l’appui technique des Soviétiques et de plusieurs sociétés industrielles occidentales. Les premières armes chimiques « basiques » sont prêtes en 1983 et utilisées massivement en 1984. Dès lors, l’armée irakienne ne va plus cesser d’y recourir jusqu’à la fin de la guerre pour repousser chaque offensive majeure des Iraniens. Cette utilisation des armes chimiques contre des combattants n’entraîne aucune réprimande majeure de la part de la communauté internationale qui craint plus que tout de voir l’Iran l’emporter. Il faut se rappeler qu’à l’époque, nous étions en pleine guerre froide ; les armées de l’OTAN ne pouvaient pas stigmatiser l’arme chimique, sachant très bien qu’elles auraient probablement du l’utiliser en cas d’invasion soviétique. Ce n’est qu’en 1988, lors de l’opération Anfal de punition des Kurdes irakiens suspectés d’avoir collaboré avec l’envahisseur iranien, que Saddam Hussein ordonne le bombardement chimique de la bourgade d’Halabja, afin de stopper une percée iranienne, causant près de 5 000 morts civils. C’est à partir de là que la communauté internationale va s’émouvoir et que les capitales occidentales vont prendre leur distance avec Bagdad. A ma connaissance, les Iraniens n’ont utilisé l’arme chimique qu’une fois, au début de l’été 1988, pour tenter de repousser la contre-offensive irakienne victorieuse au nord de Bassora. Quoi qu’il en soit, une fois la guerre Iran-Irak et la guerre froide terminées, le risque de prolifération des armes chimiques convainc les Nations unies d’adopter une convention internationale bannissant leur emploi, leur fabrication et leur stockage. Cette convention, adoptée le 13 janvier 1993, a entraîné la destruction des stocks, mis en place des mesures de vérification très intrusives et s’applique aujourd’hui à la quasi totalité des Etats, y compris aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité. C’est l’organisation internationale chargée de la mettre en œuvre, notamment en Syrie, qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix.

P. V : La dimension économique a-t-elle joué un rôle important dans la conduite des hostilités ?

P. R : Oui, la guerre économique a joué un rôle absolument décisif ! A l’époque, on n’avait pas encore adopté le vocable politiquement correct de « sanctions économiques ». On parlait encore de guerre économique, mais cela revient au même. Contrairement aux idées reçues, la guerre des pétroliers entre l’Irak et l’Iran, qui a culminé en 1986 et 1987, n’a pas eu un impact déterminant pour ruiner les belligérants et les convaincre de cesser les hostilités. Ce sont en fait les armateurs européens qui ont le plus souffert, notamment par la multiplication par vingt des primes d’assurances ! Ce qui s’est avéré réellement déterminant, c’est la politique concertée entre Washington et Riyad d’effondrement conjoint des prix du pétrole et du dollar, à partir de l’été 1985. C’est à ce moment là que l’Arabie saouditea pris conscience qu’il lui fallait ouvrir en grand les vannes de ses oléoducs en triplant sa production pétrolière en six mois. Conjuguée à la baisse de 50 % du prix du dollar, l’effet a été radical pour l’économie iranienne, tout comme d’ailleurs pour l’économie soviétique qui était également visée. En l’espace d’une année, l’Iran et l’Irak ont vu leur PIB divisé par trois ! L’Irak a pu y faire face, car Saddam menait une guerre à crédit, grâce aux largesses des pays du Golfe, aux garanties bancaires des Etats-Unis et à la bonne volonté de ses fournisseurs européens et soviétiques. L’Iran, en revanche, s’est effondré économiquement et n’a plus eu les moyens de financer sa guerre. Car autant le régime des mollahs savait qu’il pouvait acheter des armes et des munitions un peu partout au prix fort, autant il savait qu’aucun Etat ne lui prêterait ou ne lui offrirait le moindre dollar. Cela reste d’ailleurs valable aujourd’hui !

P. V : Quels sont les principaux enseignements stratégiques de ce conflit ?

P. R : Cette guerre a isolé et marginalisé à la fois l’Irak et l’Iran sortis exsangues des hostilités, poussant le premier à envahir le Koweït en 1990 pour éponger ses dettes et occuper son armée pléthorique, et le second à se lancer résolument dans la voie d’un programme nucléaire devant lui permettre de se doter à terme d’une capacité nucléaire militaire, pour dissuader toute nouvelle agression extérieure et s’assurer qu’un tel traumatisme ne se reproduise plus. Cette guerre a permis également aux Occidentaux de s’implanter durablement le Golfe, notamment sur le plan militaire, et aux Russes d’y projeter leur influence.

Fondamentalement, la Turquie et l’Arabie saoudite peuvent être considérés comme les deux grands « vainqueurs » de cette guerre. La Turquie parce que la guerre lui a permis de se refaire une santé économique en achetant du pétrole très bon marché aux deux belligérants et en commerçant massivement avec eux. L’Arabie saoudite en s’imposant comme un interlocuteur politique incontournable de la région.

Sur le plan militaire, les opérations aéronavales, à la fin de la guerre Iran-Irak, notamment celles conduites par l’US Navy, ont montré qu’il était impossible d’interdire durablement la navigation dans le détroit d’Ormuz, quels que soient les efforts déployés par l’Iran. Les marins occidentaux ont redécouvert à cette occasion la guerre des mines et l’escorte de convois, qu’ils avaient oubliés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ces leçons s’avèrent plus que jamais d’actualité, à l’heure où l’Iran pourrait être tenté de fermer ce détroit stratégique en cas d’intervention militaire contre son territoire.

P. V : Vous avez eu accès à de très nombreuses sources, dont les fameuses bandes sonores de S. Hussein. Que vous ont-elles appris et comment y accéder ? Existe-t-il d’autres documents de ce type qui gagneraient à être valorisés ?

P. R : J’ai en effet eu accès au fabuleux trésor que représentent pour les historiens les fameuses bandes audio de Saddam », saisies à Bagdad par l’armée américaine en 2003. Le dictateur irakien savait qu’il était un tribun, pas un écrivain. Conscient qu’il ne laisserait pas d’ouvrage à la postérité et souhaitant que son peuple se souvienne de lui, il avait systématiquement mis sur écoute les lieux de pouvoir et salles de réunions, afin que ses discours et interventions soient enregistrés. Le but était de laisser une trace permettant aux historiens irakiens de magnifier ses décisions majeures, après sa mort, mais également de surveiller ses adjoints et ses ministres.

es enregistrements retracent bien évidemment les discussions d’état-major entre Saddam Hussein et ses généraux, notamment pendant les phases cruciales de la guerre. J’ai eu la chance d’y avoir accès en allant à Washington à la National Defense University. Ce fut pour moi une expérience fascinante que d’éplucher les retranscriptions d’une partie de ces bandes, et d’assister par procuration à ces débats bien souvent téléguidés par le président irakien, mais pas toujours, car ce dernier savait faire preuve d’une étonnante capacité d’écoute.

En justifiant d’une recherche sérieuse, en étant réputé fiable et en remplissant un certain nombre de formulaires, il est possible de consulter ces archives sur place, en contactant le Conflict Records Research Center via l’adresse Internet CRRC [at ] ndu.edu. Ceux qui lisent le persan pourront également consulter les nombreux volumes « d’histoire officielle » que le régime iranien a commandités sur cette guerre. Enfin et lorsqu’elles seront déclassifiées, les archives diplomatiques françaises de la période 1980-1988 devraient apporter des informations très précieuses sur la perception que les diplomates français en poste à Bagdad et Téhéran se faisaient de ce conflit.

Copyright Novembre 2013-Razoux-Verluise/Diploweb.com

p-razoux-guerre-iran-irak-pLa guerre Iran-Irak aura marqué un tournant dans l’histoire du Moyen-Orient. On ne peut pas comprendre la situation qui prévaut aujourd’hui dans le Golfe, le dossier nucléaire iranien ou les crises politiques à Bagdad et Téhéran, sans saisir les frustrations et craintes persistantes qui découlent directement de cette guerre. Terriblement meurtrière, elle a frappé à jamais l’imaginaire des protagonistes mais aussi des Occidentaux : en mémoire, les images dramatiques d’enfants envoyés au combat, les villageois gazés, les villes en ruines, les pétroliers en feu ou les tranchées ensanglantées. Pour retracer cette histoire à la fois militaire et diplomatique, aux enjeux économiques certains, Pierre Razoux a eu accès à des sources inédites de première main, dont les fameuses bandes audio de Saddam Hussein. Il détaille ici les nombreuses affaires ? Irangate, Luchaire, Gordji, attentats en France, enlèvements au Liban ? toutes étroitement liées à ce conflit. Une histoire faite de rebondissements permanents au gré de l’attitude des pétromonarchies, de la Russie, de la Chine et des Etats-Unis, mais aussi caractérisée par la compromission de nombreuses nations, parmi lesquelles la France…

 le livre de Pierre Razoux sur le site des éditions Perrin

Voir aussi :  rubrique  Méditerranée, rubrique Moyen Orient, Irak, Iran, rubrique  Rencontre   Gilles Kepel, Antoine Sfeir,

Drones : les secrets de la success-story israélienne.

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Par Nathalie Hamou

Fort de trente ans d’expérience opérationnelle, l’Etat hébreu s’est imposé comme le premier exportateur mondial de drones militaires. Une longueur d’avance que le pays s’efforce de conserver.

On se croirait sur le plateau de tournage d’un film de science-fiction. Mais l’engin futuriste qui trône dans le bureau d’études tout en longueur de la start-up Urban Aeronautics, nichée dans la zone industrielle de Yavne, au sud de Tel-Aviv, n’est pas sorti de l’imagination d’une poignée de doux rêveurs. Fruit de onze années de recherche (soit 37 brevets au compteur) et de 20 millions de dollars d’investissements, l’hélicoptère sans pilote « Air Mule », financé en partie par le ministère israélien de la Défense, ambitionne d’apporter aux flottes militaires une solution totalement inédite. Avec deux rotors intégrés à son châssis, cet aéronef « tout-terrain » à décollage et atterrissage vertical, a été conçu pour voler à basse altitude en milieu urbain, afin de permettre aux armées de ravitailler leurs contingents et d’évacuer leurs blessés. Deux types d’interventions qui échappent encore au rayon d’action des drones militaires spécialisés dans des missions de surveillance ou de combat. Sans doute pas pour très longtemps.

Derrière le projet d’Urban Aeronautics, dont le lancement commercial est prévu à l’horizon 2018, se trouve le gotha de la filière. Le fondateur de la jeune pousse, Rafi Yoeli, soixante et un ans, est passé par les rangs de l’entreprise étatique « Israel Aerospace Industry » (IAI). Ce champion national est à l’origine du Heron, le système d’avion sans pilote Male (moyenne altitude longue endurance) ayant servi de base aux quatre drones Harfang – issus d’une coopération avec EADS – que possède la France. Ce docteur en aéronautique a aussi officié chez Boeing avant de créer la société à l’origine des minidrones Skylark, qu’il cédera au groupe israélien Elbit Systems, l’autre grand nom du secteur, coté au Nasdaq. « Notre équipe ne compte pas moins de trois ingénieurs ayant participé à Scout, le premier programme d’appareils télécommandables lancé par Israël », souligne l’inventeur de la « Mule », bien décidé à poursuivre sur cette lancée. « L’Etat hébreu a inventé le concept des drones. Le pays a été le seul à occuper le créneau pendant une quinzaine d’années. La même chose se produira avec la nouvelle catégorie d’appareils sans pilote que nous cherchons à promouvoir. »

La leçon de la guerre de Kippour

C’est un fait que nul ne conteste. Israël est devenu le premier exportateur mondial de drones militaires, qu’il utilise depuis près de trente ans pour protéger son territoire. Selon une étude du cabinet Frost & Sullivan publiée en mai, le pays a vendu pour quelque 4,6 milliards de dollars de drones tactiques (d’observation) ou stratégiques (dotés de capacités offensives) entre 2005 et 2012 : une catégorie qui pèse près de 10 % de ses exportations de matériel militaire. A titre de comparaison, les firmes américaines – traditionnellement tournées vers leur marché domestique – arrivent en seconde position, avec un chiffre de 2,9 milliards de dollars sur la période. Totalisant près de 1 millier de drones vendus dans 42 pays utilisateurs (à 80 % par IAI), l’Etat hébreu a pu, il est vrai, fonder son leadership sur une expérience opérationnelle inégalée.

« Ce n’est pas un hasard si l’idée du drone militaire, qui a récemment démontré son efficacité au Mali, en Irak ou en Afghanistan, est née en Israël. Notre pays a dû livrer très tôt des conflits asymétriques et affronter des organisations terroristes dotées d’armes avancées », fait valoir Yaki Baranes, du bureau israélien de Frost & Sullivan. Pour comprendre l’origine de la success-story des drones israéliens, il faut se rendre dans les locaux de la division Malat (avions sans pilote, en hébreu) du fabricant IAI. C’est dans l’enceinte de ses ateliers sécurisés, situés à quelques encablures de l’aéroport international Ben Gourion, que la technologie des drones a été imaginée de A à Z, dans le sillage de la débâcle de la guerre de Kippour survenue voilà tout juste quarante ans.

« L’offensive surprise des forces égypto-syriennes de 1973 avait coûté la vie à environ 200 pilotes et hommes d’équipage israéliens. C’est alors qu’une petite équipe d’ingénieurs dont je faisais partie s’est mise à concevoir une sorte de caméra volante, susceptible de transmettre des informations en temps réel et de permettre à l’armée de mener des opérations en 4D. Au sein d’IAI, c’est un euphémisme, peu de gens ont cru au projet », raconte au terme de quarante ans de carrière, le franco-israélien David Harari, artisan de la division Malat, et ex-vice-président de la R&D du groupe.

En 1977, IAI signe toutefois un premier contrat avec le ministère de la Défense et le programme national d’appareils sans pilote peut prendre son envol. « Scout » fait rapidement ses preuves. « L’armée israélienne a été l’une des premières à comprendre qu’il lui fallait changer de doctrine militaire et intégrer cet outil à son système de renseignements », poursuit le « père » des drones israéliens.

Si ces derniers sont utilisés pour la première fois lors de la guerre du Liban de 1982, c’est la guerre du Golfe de 1991 qui en fait décoller les ventes à l’international. Après avoir livré une centaine de drones de reconnaissance Pioneer à la marine américaine, IAI met au point son produit best-seller le système Heron 1 (inauguré en 1994). Cet engin totalise dix-huit clients dans le monde, et s’est vendu à 150 exemplaires (une trentaine de modèles sont en cours de livraison), dans une fourchette de 20 à 50 millions de dollars en fonction des charges utiles et des options. A savoir des caméras optiques et thermiques, des radars et autres viseurs laser qui constituent le nerf de la guerre, et le principal poste budgétaire de l’appareil. « Le principal avantage de notre modèle Male est de proposer un système ouvert et flexible. Le client peut choisir d’installer son propre système d’informations. Ou d’utiliser le matériel d’IAI. Puisque nous sommes un des rares fabricants à effectuer des transferts de technologies », explique Jacques Chemla, l’actuel directeur de Malat, un autre pionnier de l’industrie des drones, qui fut à l’origine de la technologie israélienne « d’atterrissage et de décollage » automatique.

La volte-face française

Une réponse à peine voilée à la décision française, annoncée peu avant l’été, d’acquérir douze drones de fabrication américaine Reaper (General Atomics), pour le renouvellement de ses drones Male. Plutôt que se fournir en Heron TP, le dernier né d’IAI (mis en service en 2010), capable de frappes lointaines, et dont la « francisation » devait être assurée par Dassault. Conçu dans le cadre programme national associant Elbit Systems et le missilier Rafael, cet appareil qualifié pour emporter une tonne de charge utile qui intéresserait notamment l’Allemagne, n’a pas encore trouvé son premier client à l’export. Cette situation n’inquiète pas outre mesure la division Malat : le délai avait été de six ans pour le Héron 1. En revanche, la volte-face française est présentée côté israélien comme une décision allant à l’encontre de toute logique industrielle. « Non seulement la francisation du Reaper est une utopie, prévient-on dans l’entourage de l’avionneur, mais jamais l’armée de l’air française n’aura accès au coeur du système (d’espionnage) américain. L’Union européenne s’offense de l’affaire Snowden, alors comment Paris peut-il prendre le risque d’introduire le loup dans la bergerie ? » A en croire Jacques Chemla, il reste néanmoins acquis qu’Israël ne pourra conserver son avantage dans les drones militaires « qu’en continuant à partager sa technologie ». A fortiori, dans un environnement de plus en plus porteur…

Un diagnostic confirmé par son concurrent issu du secteur privé, Elbit Systems. Comme IAI, le groupe de Haïfa qui assure 85 % de l’équipement de l’armée de l’air israélienne en drones tactiques avec son modèle Hermès 450, constate que la place des drones ne cesse de croître au sein des forces aériennes. Pour Tsahal, qui a mobilisé pour la première fois sa flotte de Heron lors de l’opération menée en 2008 dans la bande de Gaza, l’évolution est nette : le nombre de missions assurées par des avions sans pilote, au coût moindre que celui des avions de combat, devrait passer de 50 à 80 % dans les décennies à venir. Une tendance observée au plan mondial et que les coupes claires dans les budgets défense ne peuvent que renforcer. « Le marché des drones militaires reste promis à une belle croissance, mais il nous faut saisir de nouvelles opportunités, en particulier du côté des pays émergents » pointe Danny Israeli, en charge du développement commercial de la branche d’appareils sans pilote (UAS) d’Elbit. Fournisseur de drones tactiques de l’armée de terre britannique en coopération avec Thalès, la firme a annoncé voilà deux ans un accord de coopération stratégique dans le secteur des avions sans pilote avec le constructeur brésilien Embraer.

Afin de rester dans la course, la filière doit aussi redoubler d’efforts en matière d’innovation. Investissant le quart de sa R&D dans le secteur des drones, IAI joue à fond la carte de la miniaturisation, avec son modèle Bird Eye (4 kilos), exporté depuis six ans, qui tient dans un sac à dos et peut être lancé avec un lance-pierres en caoutchouc. « A terme, l’avionique du Heron tiendra dans un boîtier de la taille d’un téléphone portable », prédit Jacques Chemla. Parmi les avant-projets mobilisant les nanotechnologies : le drone papillon qui sera opérationnel dans un peu plus d’un an. Pesant moins de vingt grammes, le « Butterfly » a été mis au point par Dubi Benyamini, un ingénieur d’IAI spécialisé en microrobotique, par ailleurs président de la société israélienne des lépidoptères… Autre piste de réflexion : le développement de satellites tactiques à usage militaire, sachant qu’il est aussi techniquement possible de produire des drones capables de sortir de la stratosphère avec des capteurs de très longue portée.

Reste que la filière des drones israéliens lorgne sur un autre débouché à fort potentiel : le marché des applications civiles. « Pour l’heure, on se heurte à des obstacles majeurs en matière de réglementation comme sur le plan technique puisqu’il n’existe pas encore de système d’évitements de type « sense and avoid », souligne-t-on chez Elbit. Mais il est évident que l’on se tient prêt à effectuer des transferts de technologies (du militaire vers le civil) de façon à accompagner cette révolution. » C’est aussi l’avis de Rafi Yoeli, l’ingénieur d’Urban Aeronautics qui envisage à terme de lancer une version civile de son engin pour desservir le secteur agricole ou intervenir lors de catastrophes naturelles. Même si sa priorité du moment reste d’introduire le premier son drone ambulance (et ravitailleur) pour accompagner les guerres du futur…

Les points à retenir
Les drones militaires israéliens ont été utilisés pour la première fois lors de la guerre du Liban, en 1982. Mais c’est la guerre du Golfe, en 1991, qui a fait décoller les ventes à l’international.Via ses deux fabricants IAI et Elbit Systems, Israël a vendu pour quelque 4,6 milliards de dollars de drones tactiques ou stratégiques entre 2005 et 2012.Les firmes américaines en ont vendu pour 2,9 milliards sur la période.D’après l’armée israélienne, le nombre de missions assurées par des avions sans pilote devrait passer de 50 à 80 % dans les décennies à venir.

Par Nathalie Hamou

Source Les Echos.fr 03/10/2013

Voir aussi : Rubrique Israël, rubrique Défense,

Les violences au Mali forcent le président IBK à écourter sa visite à Paris

3487989_6_6752_le-president-malien-ibrahim-boubacar-keita-et_0e629ca9b83879bb87a20f58a74cdb8bAprès avoir rencontré François Hollande à l’Elysée, mardi 1er octobre au matin, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (surnommé IBK) qui devait rester quatre jours à Paris, a finalement décidé d’écourter sa visite de deux jours en raison d’une nouvelle montée de tension dans son apys. Des combats ont en effet éclaté dans le nord du Mali entre soldats maliens et rebelles touareg tandis que des militaires insatisfaits protestaient dans le sud, et qu’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué un attentat-suicide mené samedi à Tombouctou.

« La menace terroriste a subi un coup d’arrêt avec l’intervention franco-africaine, mais elle peut chercher à se reconstituer », et « nous devons rester vigilants », ont souligné les présidents français et malien, dans un communiqué commun publié à l’issue de leur rencontre.

Ibrahim Boubacar Keïta et son épouse ont été raccompagnés sur le perron de l’Elysée par le couple présidentiel français, une marque d’attention assez rare. Aux journalistes qui souhaitaient l’interroger, le président malien a simplement lancé « tout s’est bien passé ».

1 000 SOLDATS FRANÇAIS AU MALI D’ICI À LA FIN DU MOIS DE JANVIER

La présidence française a assuré que Paris « continuera[it] à soutenir le Mali, en maintenant sur place une force qui pourra, le cas échéant, venir en appui à la mission des Nations unies », les deux chefs d’Etat étant par ailleurs « convenus de conclure un accord de défense sur des bases renouvelées et transparentes ».

Selon l’Elysée, « près de 30 millions d’euros de projets sont en cours d’exécution ou d’instruction », pour améliorer les capacités de l’administration malienne et l’appui aux collectivités territoriales, notamment dans le nord, « sur les 280 millions engagés par la France sur deux ans ».

A l’Elysée, on juge « normal » que des « tensions » et des « poches sporadiques de terrorisme » persistent au Mali. Ces tensions, veut-on croire, « vont progressivement se résorber au fur et à mesure du processus de réconciliation ».

Quant au calendrier du retrait des troupes françaises, qui comptent encore plus de 3 000 hommes au Mali, il reste inchangé, l’objectif étant de ramener les effectifs à un millier de soldats à la fin du mois janvier, précise-t-on à l’Elysée.

Source : Le Monde 02/10/2013

Voir aussi :  Rubrique Afrique, Mali, rubrique Rencontre, Antoine Sfeir : On est loin du Plan Marshal pour le Sahel,

Rapport SREL

Rapport de la Commission d’enquête sur le Service de Renseignement de l’Etat (SREL)
du 5 juillet 2013 révèle quelques dysfonctionnements d’ordre structurel…

Voir le Rapport_SREL

 

USA : Un tueur fou et une nouvelle arme mitonnée au four

EN BREF

KABOUL, 11 mars 2012 (AFP) – Jusqu’à 16 personnes ont été tuées ou blessées par un soldat américain lorsque celui-ci est sorti de sa base et s’est mis à tirer sur des Afghans dans la province de Kandahar, bastion taliban du sud de l’Afghanistan, a-t-on appris dimanche auprès des autorités locales. Dimanche, vers 3H00 du matin (samedi à 22H30 GMT), un soldat américain est sorti de sa base et a commencé à tirer sur des civils. « Dix à seize personnes sont mortes ou ont été blessées », a indiqué à l’AFP Ahmad Jawed Faysal, un porte-parole du gouverneur de la province de Kandahar.

 

BASE DE QUANTICO (Etats-Unis), 11 mars 2012 (AFP) – La sensation de chaleur, soudaine et insupportable, semble venir de nulle part: à 750 mètres, une antenne sur le toit d’un camion vient d’émettre un puissant rayon électromagnétique qui ne tue pas, ni ne blesse, et fait la fierté des chercheurs de l’armée américaine. « On ne le voit pas, on ne l’entend pas, on ne le sent pas, on le ressent », résume le colonel Tracy Taffola, patron du directorat des armes non-létales, unité basée à Quantico (Virginie) et chargée de mettre au point de nouveaux armements conçus pour éviter de tuer ou de provoquer des blessures graves. L’effet est tellement désagréable que le réflexe est de prendre la fuite, a pu constater l’AFP lors d’une démonstration de l’arme pour la presse.

L’armée américaine se veut rassurante sur le caractère « propre » de cette arme, mise au point après plus de 15 ans de recherche mais qui n’a toujours pas été utilisée sur le terrain. Brièvement déployé en Afghanistan en 2010, ce système, baptisé « Active Denial System » (ADS), n’y a pas été employée, vraisemblablement en raison de la mauvaise image attachée à ces rayons électromagnétiques, vu comme des micro-ondes utilisées dans les fours à chauffer la nourriture.

« Il y a beaucoup d’idées fausses », déplore l’officier au strict maintien de Marine de l’armée américaine. « Nous voulons que tout le monde comprenne en quoi consiste ce système et –tout aussi important– ce qu’il n’est pas ». Les chercheurs du laboratoire de recherche de l’U.S Air Force se trouvant avec lui l’assurent: le risque de blessure est quasi-nul avec seulement deux brûlures constatées pour 11.000 tests menés avec des humains. « La fréquence des ondes émises par un four à micro-ondes est d’environ un gigahertz. Elles pénètrent et c’est pourquoi on peut cuire son poulet », explique le Dr Diana Loree, scientifique en chef adjointe chargée des armes à effet dirigé.

Avec une fréquence de 95 gigahertz, l’ADS émet des ondes millimétriques, qui peuvent être dirigées et qui n’ont pas de pouvoir pénétrant. « J’ai un émetteur 100 fois plus puissant qu’un four micro-ondes mais je ne peux pas faire sauter du pop-corn parce que la fréquence radio ne pénètre pas suffisamment pour cuire à l’intérieur », résume-t-elle enthousiaste.

Selon Stephanie Miller, chargée de l’évaluation de l’effet de l’arme sur le corps humain, les ondes millimétriques « ne pénètrent la peau que sur 0,4 millimètre » de profondeur, évitant ainsi toute brûlure. Dans la cabine de son camion militaire, l’opérateur actionne une manette et cible une personne ou un groupe à l’aide d’une caméra. La victime a la sensation d’ouvrir la porte d’un four brûlant et ressent brièvement des picotements sur la peau. Le réflexe de fermer les paupières suffit à protéger les yeux, assure aussi Mme Miller.

L’arme est conçue pour contrôler une foule hostile, protéger l’entrée de bases ou mettre en fuite des personnes dont on ne connaît pas les intentions et donc contre lesquelles l’emploi d’une arme à feu pourrait constituer une bavure. Si l’ADS ne provoque aucun effet secondaire, tout au moins en théorie, la durée d’exposition à ce rayonnement pourrait avoir d’autres conséquences. Ainsi pour éviter tout accident, « si l’opérateur appuie trop longtemps par inadvertance sur la gâchette, le système se coupe automatiquement après trois secondes », assure le colonel Taffola.

Selon lui, « c’est l’arme non létale la plus sûre qui ait jamais été mise au point ». Le Pentagone quant à lui ne s’est toujours pas décidé à passer commande.

Voir aussi : Rubrique Etas-Unis, rubrique Afghanistan, rubrique Défense,