Le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama démissionne

Le vice-Premier ministre Naoto Kan pourrait lui succéder. Yukio Hatoyama est le quatrième chef de gouvernement à démissionner en 4 ans au Japon .

Yukio Hatoyama a démissionné de son poste de Premier  ministre du Japon (AFP) (AFP)

Yukio Hatoyama a démissionné de son poste de Premier ministre du Japon (AFP)

Le Premier ministre japonais de centre-gauche Yukio Hatoyama a annoncé sa démission mercredi 2 juin, après avoir atteint un niveau d’impopularité impressionnant en moins de neuf mois à la tête du pays. L’actuel vice-Premier ministre et ministre des Finances, Naoto Kan, 63 ans, apparaît, selon les médias, comme le candidat le mieux placé pour lui succéder.

Lors d’une réunion des principaux responsables de sa formation, le Parti Démocrate du Japon (PDJ), le désormais ex-Premier ministre a déclaré qu’il avait également demandé la démission du secrétaire-général du parti Ichiro Ozawa, inquiété à plusieurs reprises par la justice pour financement occulte. « Le travail du gouvernement n’a pas été bien compris du public. Nous avons perdu son écoute », a-t-il reconnu.

Héritier d’une riche dynastie politico-industrielle souvent comparée aux Kennedy, il avait remporté triomphalement les élections législatives en août dernier et avait été élu au poste de Premier ministre le 16 septembre. Crédité d’un taux de popularité de plus de 70% au début de son mandat, il a très rapidement entamé une dégringolade dans les sondages en raison essentiellement de ses volte-face et de son manque de décision.

Lâché par le PDJ

Il a cité deux raisons à son départ: la gestion désastreuse du déménagement de la base américaine de Futenma sur l’île d’Okinawa (sud) et les scandales de financement occulte qui ont également éclaboussé son entourage. Selon l’agence de presse Jiji, le PDJ devrait se réunir vendredi pour élire un nouveau président, qui sera ensuite soumis au vote des deux Chambres du Parlement. La pression montait depuis plusieurs jours sur Yukio Hatoyama, dont la cote de popularité avait chuté en dessous des 20% d’opinions favorables. Plusieurs responsables du PDJ réclamaient son départ afin de sauver les chances des candidats de la majorité aux élections sénatoriales du 11 juillet.

« Supporter le fardeau »

Le plus grand reproche que lui font les Japonais est d’avoir rompu sa promesse électorale de retirer la base de Futenma d’Okinawa. Ce renoncement a fait voler en éclats la coalition gouvernementale tripartite de centre-gauche formée entre le PDJ et deux petites formations. Le Parti Social-Démocrate (PSD), opposé au maintien de la base aérienne de Futenma, a quitté le gouvernement vendredi et rejoint l’opposition.

« La coopération entre le Japon et les Etats-Unis est indispensable pour la paix et la sécurité dans l’Asie de l’Est et j’ai été contraint de demander aux habitants d’Okinawa, à mon grand regret, de supporter le fardeau », a-t-il dit. « Il est extrêmement regrettable que les Sociaux-Démocrates aient été obligés de quitter le gouvernement », a-t-il ajouté.

Nouvelobs.com et AFP

Wen Jiabao appelle les jeunes à « avoir les pieds sur terre »

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Le premier ministre chinois à la cantine

A l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse qu’il a passé cette année avec les étudiants de l’Université de Pékin, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a appelé les étudiants chinois à avoir un idéal élevé et à faire des efforts concrets pour le réaliser.

A l’Université de Pékin, le Premier ministre a pu rencontrer mardi matin des dizaines de clubs et sociétés de l’université qui organisaient des activités pour marquer la Journée mondiale de la jeunesse. Une jeune étudiante appelée Li Danlin a offert au Premier ministre, une oeuvre de calligraphie qu’elle avait elle-même réalisé en quatre caractères. On pouvait y lire : yang wang xing kong (regarder en haut le ciel étoilé). C’est aussi le nom d’un poème chinois écrit par Wen Jiabao pour encourager les jeunes.

En échange du cadeau de Li Danlin, Wen Jiabao a écrit quatre autres caractères : jiao ta shi di, ce qui signifie avoir les pieds sur terre. Cette année marque le 91e anniversaire du « Mouvement du 4 mai » (voir ci-dessous), un important mouvement culturel et politique dans l’histoire de la Chine pour lutter contre l’impérialisme et promouvoir la démocratie et la science. Wen Jiabao a appelé à hériter de l’esprit de science et de démocratie, ce qui est essentiel pour édifier un socialisme aux caractéristiques chinoises et réaliser la modernisation. Il a indiqué à cette occasion que la réforme des universités chinoises vise à créer un bon environnement qui permette aux étudiants de penser de façon indépendante et à promouvoir l’innovation.

Xinhua

Le 4 mai les étudiants se soulèvent à Pékin

Le 4 mai 1919, peu après la naissance de la République chinoise, 3000 étudiants manifestent à Pékin, sur la place Tien An Men. Ils dénoncent les «21 conditions» présentées par le Japon à leur gouvernement, car elles tendent à une colonisation de la Chine. Ils protestent aussi contre le traité de Versailles qui livre au Japon les concessions allemandes du Chang-toung, une province du nord du pays.

Guidés par de jeunes intellectuels progressistes, les étudiants dénoncent également le poids des traditions, le pouvoir des mandarins et l’oppression des femmes. Ils se montrent favorables à la modernité et aux sciences nouvelles. L’agitation gagne les citadins et les commerçants, dans tout le pays. Elle se double d’un mouvement de boycott des produits japonais. Mais elle reste dans l’immédiat sans effet sur les Occidentaux comme sur les Japonais.

Le «Mouvement du 4-mai», ainsi baptisé par les historiens, n’en est pas moins capital car il traduit l’émergence en Chine d’une conscience patriotique opposée aux Occidentaux comme aux Japonais, et l’abolition de l’ empire mandchou. Plusieurs de ses leaders rejoignent le Parti communiste chinois dans l’espoir de régénérer la Chine. Trente ans plus tard, ils célèbreront sur la place Tien An Men le triomphe de l’insurrection communiste.

70 ans plus tard, se rappelant du «Mouvement du 4-mai», d’autres étudiants réclameront la démocratie sur la même place Tien An Men. Leur révolte finira dans un bain de sang mais débouchera paradoxalement sur une ouverture de leur pays au monde extérieur. –

Alban Dignat (Hérodote)

Le kabuki-za va fermer ses portes à Tokyo

kabukizaLe Kabuki-za est une salle dédiée au Kabuki, une forme d’art traditionnel japonais mêlant chant danse et art dramatique et qui met en scène des hommes vêtus de costumes et de coiffes spectaculaires. Le répertoire du Kabukiza comporte des pièces d’amour, des pièces mythologiques et historiques, par exemple Suicide amoureux ou encore Moritsuna jinya no dan (Le Quartier général de Moritsuna).

A Tokyo la salle Kabuki-za est incontournable, avec ses 1600 places c’est un haut lieu de la culture, et que l’on soit gaïjin (étranger) ou nihonjin (japonais) il est très facile de reconnaître ce petit bijou d’architecture grâce à ses toits japonisants et ses écharpes rouges. Le bâtiment a vu le jour le 21 novembre 1889. En 1923, il fut complètement ravagé par un incendie. À peine reconstruit, il partagea les souffrances du peuple japonais et fut complètement ravagé par un séisme avant de subir les bombardements américains de 1945. Le Kabuki-za dans sa version actuelle a été édifié en 1950 et il est dirigé par la société de production cinématographique Shôchiku.

En 2009, la société avait dévoilé des plans de construction concernant un gratte-ciel, d’une cinquantaine d’étages intégrant des traits du Kabuki-za. Apparemment, la construction de cet immeuble devrait être achevée en 2013. Pour justifier la démolition du vieux théâtre et la naissance de ce colosse de fer la société Shôchiku a avancé une suite de problèmes concernant la sécurité de l’établissement : il semblerait que les locaux ne soient pas dotés de structures spécifiques pour les personnes handicapées ou âgées et qu’il ne réponde pas aux normes de sécurité sismiques en vigueur. Ne s’agit-il pas d’un prétexte pour construire un nouveau building au lieu de réhabiliter un lieu chargé d’histoire et cher à beaucoup de personnes. Le phénix Kabuki-za, a déjà réussi à renaître plusieurs fois de ses cendres par le passé. Réussira t-il à nouveau une résurrection dans un autre endroit de Tokyo? On l’espère.

Minoes (Actu litté)

Voir aussi : Rubrique Théâtre La naissance du théâtre moderne, Japon De Goldorak à la cérémonie du thé, Musique, Expression Nô à l’Opéra, Danse La danse des ténèbres, Saburo Teshigawara physique et spirituel,

De Goldorak à la cérémonie du thé


mangaL’association franco-japonaise Assiana organise la troisième édition de Japan Matsuri. Un festival dédié à la culture japonaise. Le rendez-vous a débuté en 2007 à Montpellier dans la Maison pour tous Marcel Pagnol. Concentré sur deux jours il s’est développé en 2008 et poursuit sa poussée de croissance cette année après un report dans le temps lié à la risible crise du virus HAN1. Un concert d’ouverture assuré par l’ensemble de musique traditionnel Sakura à eu lieu samedi au Peyrou dans le cadre de Bazard en ville. Le feu d’artifice étant à venir les vendredi 30 avril, samedi et dimanche 1er et 2 mai salle des Rencontres de l’Hôtel de ville.

japan-street2« A mon retour du Japon, j’ai vu ce qui se passait à Paris autour de la culture nipone, explique Abada, le président d’Assiana qui a vécu sept ans au pays du soleil levant. Il y avait un vide à Montpellier, de là, est né Japan MatsuriEt puis les Japonais m’ont bien accueilli, je voulais leur rendre la pareille dans ma ville natale. Le but de Japan Matsuri est de promouvoir la culture japonaise ici. Mais l’objet de notre association est aussi de faire connaître Montpellier au Japon. On ne connaît pas notre ville là-bas. Je suis obligé de la situer à mes interlocuteurs entre Marseille et l’Espagne. » La communauté japonaise en France est estimée autour de 27 000 personnes majoritairement en Iles de France, suit la région PACA. Le Languedoc-Roussillon compte environs 400 ressortissants japonais dont 15O étudiants à Montpellier. Le nombre de passionnés du Japon est en revanche beaucoup plus important notamment chez les jeunes très friands de culture urbaine. Une autre catégorie de public, plus âgés, marque un intérêt soutenu pour la culture traditionnelle. « Notre association s’efforce de rendre cette culture accessible à tout le monde. On peu prendre par exemple des cours de japonais pour 4 euros de l’heure. Et des cours de cuisine à des tarifs très bas. »

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Il y en a pour tous les goûts dans la programmation de Japan Matsuri. Avec des ateliers traditionnels pour s’initier à la cérémonie du thé, à porter le Kimono, ou à l’art du Furoshiki (art classique de l’emballage à partir du tissu)… Une sélection de film japonais, prettés par le Consulat du Japon. Les plus jeunes pourront s’affronter sur les stands via viédogame, mais aussi participer à des concours de danse, interpréter les génériques de leur manga favoris sur écran géant, ou admirer les défilés de mode de jeunes créateurs en vogue comme de Kimonos. La musique fera lien entre tous les publics. Sont attendus les groupes Heiwa Daiko (époustouflants tambours de paix), Fumie Hihara (instrumentiste interprétant des morceaux traditionnels et modernes), Hitt monté par l’ancien bassiste du groupe populaire Otokage (rock pop). De 10 h à 22h Le week end s’annonce chaud à la Mairie.

Comment découvrir la culture traditionnelle japonaise et côtoyer la modernité ? Rencontre avec Yoko et Kyo.

Arrivée à Montpellier en 2006, Yoko poursuit son cycle d’études sur le patrimoine. Ce qui lui permet de comparer les deux systèmes. « Le patrimoine architectural français est en pierre, au Japon il est en bois. Cela implique des techniques de conservation vraiment différentes. Je pense que cette différence est aussi transposable à l’état d’esprit qui distingue les Français des Japonais.

Yoko fera une démonstration de la Cérémonie du Thé*, une des pratiques qu’elle propose dans le cadre de l’association Assiana, avec les cours de cuisine. « Récemment, à l’issue d’une démonstration dans la Maison pour tous du quartier Mosson, des animateurs sont venus me voir pour me dire qu’il n’avait jamais vu les enfants si bien se tenir. Ça m’a fait plaisir parce que cela signifie que l’esprit est un peu passé, » indique-t-elle modestement.

geishaYoko n’est apparemment pas une fan des jeux vidéos. Ses parents ont tenu à ce qu’elle acquière une culture traditionnelle. « Ils étaient inquiets de mon avenir et tenaient à ce que je reçoive une bonne éducation, que je connaisse les bonnes manières, que je sache recevoir. » Elle a suivi des cours auprès d’un Maître de cérémonie pendant plusieurs années. « Au début c’était très difficile, le Maître était très vieux. Il exigeait que l’on prenne un soin extrême dans toutes les choses que nous faisions. C’était en décalage complet avec ce que je vivais en dehors. Et puis j’ai appris à concilier les deux. Je sais m’amuser avec mes amis et suis restée une passionnée de traditions. Pour moi c’était l’occasion de porter le Kimono, d’apprendre à cuisiner avec les aliments de saison et surtout d’accéder à la notion de respect…

Kyo est en France depuis onze ans. Elle conclue un cycle d’études interculturelles à Paul Valéry. C’est le professeur de Japonais de l’association. « Mon cours est intergénérationnel. J’ai de jeunes élèves passionnés de mangas et de films d’animation qui souhaitent approfondir en apprenant la langue, des étudiants qui veulent voyager et des personnes plus âgées. Je m’efforce d’adapter mes cours en fonction de tout le monde. »

Quand on demande à Yoko et Kyo si les stéréotypes sur les Japonais ont la vie dure, elles répondent par un sourire avant de lâcher : « le car de japonais avec ses caméras et ses appareils photos nous colle toujours à la peau alors qu’il est aujourd’hui largement partagé par les touristes du monde entier. » Ou encore « Les geishas ne sont pas des prostitués. Ce sont des artistes qui savent danser, chanter, jouer du Shamisen… » Une semaine à suivre  pour en savoir plus sur le Japon d’hier et d’aujourd’hui.

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Japon Le Kabuki-za,

Le Japon, la Poste et les promesses électorales

Boîte aux lettres japonaise

Il arrive qu’un premier ministre élu sur un programme l’applique. Il arrive même que, parmi ses promesses de campagne, figurent des mesures franchement antilibérales, à défaut d’être totalement progressistes. Alors, la presse se déchaîne. Le Japon ne fait pas exception à la règle.

M. Hatoyama Yukio, qui a pris ses fonctions de premier ministre en septembre 2009, après la victoire du Parti démocratique du Japon (PDJ) aux législatives, avait déjà eu la bonne idée de stopper net la privatisation de la Poste, lancée par M. Koizumi Junichiro et amorcée par ses successeurs. Cette dernière était devenue un symbole de la libéralisation à marche forcée du pays, menée par l’équipe du flamboyant premier ministre de l’époque, américanophile convaincu, partisan du tout marché. Elle a pourtant contribué à faire chuter le parti libéral démocrate (PLD), au pouvoir sans interruption ou presque depuis la fin de la seconde guerre mondiale, au profit du parti de M. Hatoyama (Lire Odaira Namihei, « Pourquoi le Japon a basculé », Le Monde diplomatique , octobre 2009).

Il faut dire que la Poste japonaise ne représente pas seulement ces boîtes aux lettres rouges que l’on peut voir un peut partout, et ces bureaux signalés par un « T » tout aussi rouge (24 000 bureaux sur l’ensemble du territoire) – activité au demeurant déficitaire — : c’est aussi et surtout la plus grande banque du monde. Ses actifs financiers dépassent les 300 000 milliards de yens (2 433 milliards d’euros). Une manne sur laquelle tous les financiers de la planète auraient volontiers fait main basse. D’où les pressions des Américains et des « experts » en tout genre pour la privatisation de ce fleuron.

Or, non seulement M. Hatoyama a arrêté le processus, mais, le 30 mars dernier, il a accepté le plan de valorisation du groupe public, proposé par son ministre chargé de la réforme de la poste, M. Kamei Shizuka, « le samouraï anti-marché », comme le nomment ses détracteurs. Le plafond de dépôt autorisé sur les comptes postaux est multiplié par deux, passant à 20 millions de yens (environ 157 000 euros par personne). Celui des revenus tirés d’une assurance est également fortement augmenté. De quoi attirer l’épargne des Japonais… au grand dam des banques privées. La Poste pourrait donc connaître une nouvelle jeunesse.

Derrière la vertu, la dette publique

Très naturellement, M. Hatoyama pare son geste de toutes les vertus démocratiques : il a promis, il a fait. Il serait plus juste de dire qu’il joint l’utile à l’agréable. En permettant à la Poste de drainer les bas de laine des Japonais, il s’assure qu’elle pourra continuer à souscrire les emprunts d’Etat qui ne manqueront pas de grimper. La Poste joue pour Tokyo le rôle que tient la Chine vis-à-vis des Etats-Unis. D’ores et déjà, les trois quarts de ses actifs financiers sont constitués de Bons du Trésor nippons.

Voilà pourquoi le Japon peut afficher l’une des dettes publiques les plus fortes du monde (173 % du produit intérieur brut en 2008, près de 200 % cette année [1]) sans être menacé par « les marchés », comme on dit maintenant pour masquer l’identité des banques spéculatives, ou par un quelconque Fonds monétaire international. Tokyo ne rend des comptes qu’à sa population, qui a un haut niveau d’épargne (en raison notamment du vieillissement et des problèmes de retraites) et qui est suffisamment traumatisée par l’explosion de la bulle immobilière des années 1990 pour préférer les placements garantis par l’Etat aux fonds spéculatifs.

En protégeant son protecteur la Poste, M. Hatoyama essaie de se donner un peu d’air budgétaire pour relancer la machine nippone, en panne depuis deux décennies, et tenter, comme il l’a promis, de reconstruire le consensus à la japonaise par l’amélioration de la protection sociale. Le gouvernement a poussé la Poste à titulariser 20 000 des 40 000 employés précaires. Le budget pour l’année 2010-2011 voté fin mars prévoit de nouvelles allocations familiales et quelques mesures sociales… Une urgence, car, un peu plus de six mois après son arrivée au pouvoir et à quelques encablures des élections sénatoriales de juillet prochain, le premier ministre dévisse dans les sondages. Pour cause de scandales financiers qui l’éclaboussent – il a « oublié » de payer le fisc sur l’argent donné par sa richissime mère [2] – et qui secouent son entourage (notamment le célébrissime président du PDJ Ozawa Ichiro). Pour absence de résultats tangibles dans la vie quotidienne de la grande majorité de la population.

Mais ce n’est pas ce qui agite la presse nippone, dressée vent debout contre la réforme de la Poste, qui mettrait en péril les petites et moyennes entreprises – c’est toujours au nom des petites gens que les gros défendent leurs intérêts. Même le grand quotidien de centre gauche, Asahi Shimbum, prend un ton vengeur et vindicatif dans son éditorial du 1er avril : « Malgré les objections de plusieurs ministres d’Etat, Hatoyama a approuvé le plan de réforme postale », jugé « simpliste ». Et de joindre dans un même lot cette réforme (qui pénalise les banques privées) et les négociations pour trouver une autre localisation à la base militaire américaine de Futenma (crime de lèse-Amérique). Sans appel, le quotidien conclut : « Le leadership [de M. Hatoyama] semble être si faible et imparfait que ses qualifications en tant que chef de la nation doivent être remises en question. Ce sentiment a été exprimé par le président du Parti libéral-démocrate Tanigaki Sadakazu. Nous sommes d’accord. » A Tokyo comme ailleurs, on ne badine pas avec l’argent pas plus qu’avec l’armée – américaine de surcroît.

Martine Bulard Le Monde Diplomatique

Notes

[1] Il s’agit de la dette brute. Si l’on tient compte des actifs financiers détenus, la dette s’élève à 107 % du PIB en 2008 – ce qui n’est déjà pas si mal. Lire notamment Claude Meyer, Chine ou Japon. Quel leader pour l’Asie, Les presse de Sciences Po, Paris, 2010.

[2] M. Hatoyama est l’héritier de la famille fondatrice de Bridgestone (les pneus)

Voir aussi : Rubrique Livre Entretien avec Martine Bulard , rubrique Japon Une dette monstrueuse,