L’image est parfaite. C’est l’homme idéal pour masquer, derrière l’Europe communautaire, le passage en acte à une Europe des États. La crise financière, il y a tout juste un an, a bruyamment révélé ce passage. (…)
C’est au niveau national que les réponses ont été apportées, l’Europe ne disposant ni d’un budget ni d’un exécutif à la hauteur de la crise. Dès lors, la Commission, expression par excellence de la dimension communautaire de la construction européenne, boîte à idée durant de nombreuses années, incarne à présent essentiellement ses limites. (…)
Il est encore trop tôt pour savoir si Barroso 2 sera différent de Barroso 1, comme son entourage le laisse entendre. Tout dépendra, en fait, de la ratification ou non du traité de Lisbonne. Un oui irlandais, suivi des signatures polonaise, tchèque et allemande, sortirait l’Europe de l’ingouvernabilité dans laquelle elle se trouve. Il ne renverserait pas pour autant la tendance au renforcement des États. »
« (…) France Télécom a subi une transformation sans précédent. Elle est passée du statut d’administration en situation de monopole à celui de multinationale plongée dans une concurrence exacerbée. Elle a basculé d’une culture de service public à une culture de profit. Trop vite, sans accompagnement social adapté. Quand un salarié sur trois est frappé par les restructurations, ce ne sont pas seulement des milliers de métiers qu’on change, mais des habitudes de vie qu’on bouleverse, des repères qu’on bouscule, des souffrances qu’on occasionne. Il appartient au Pdg de France Télécom de réconcilier les salariés avec leur entreprise, de redonner un sens à ce qu’on appelle, qu’on avait fini par oublier, le capital humain. Après une période d’attentisme qui a pu s’apparenter à de l’indifférence, sinon un déni, il a semblé prendre la mesure du traumatisme, non sans avoir été convoqué par le ministre du Travail. Pour la première fois hier, il a reconnu officiellement le phénomène. Encore faudra-t-il s’attaquer aux causes et humaniser le management dans un contexte de crise anxiogène et une compétition économique qui, elle, ne changera pas. »
Source: Didier Louis, Le courrier Picard, 16 09 09
(…) Un suicide est toujours un accident intime, même lorsqu’il se répète à 23 reprises. Mais les cas extrêmes de France Télécom, après ceux de Peugeot et de Renault, sont si effrayants de banalité qu’ils ne peuvent être réduits à des erreurs de gestion. (…) Ce qui est en cause, c’est le glissement inexorable de tant d’entreprises, de toutes tailles et de toute nature, vers un fonctionnement de plus en plus déshumanisé. La compétition internationale, la concurrence, le développement, la crise, le combat pour la survie, parfois, ont eu bon dos. Toutes ces bonnes raisons ont justifié une rationalisation des méthodes faisant prévaloir des théories de la performance, jugées infaillibles, sur une organisation du travail reposant sur l’expérience, l’originalité, la personnalisation des approches, la dimension familiale des services. Le bonheur au travail ? Une vision romantique… »
« (…) La société de concurrence, par nature, implique l’élimination, hors du Loft, pour le symbole, mais aussi hors de l’économie réelle, cet autre cercle enchanté des vainqueurs. (…) C’est une culture globale qui est en cause, puisqu’on sait depuis Emile Durkheim que le suicide, tragédie intime, est aussi un phénomène social. Une culture créée par les forts, qui assimile l’économie à une forme de guerre, requérant la mobilisation générale, le patriotisme fervent et la sanction régulière des défaillances. Quand le management devient martial et l’entreprise une armée sans fusils, la métaphore se prolonge jusqu’au drame: chacun sait qu’à la guerre, il y a des morts. »
Source : Laurent Joffrin, Libération, 16 09 09
Dessin de Cardon Paru dans Le Canard Enchaîné
D’abord, il s’agit de drames personnels : un suicide, c’est forcément complexe et dû à la combinaison de plusieurs facteurs, non ? Ensuite, ce sont les médias qui exagèrent, car, c’est bien connu, les médias exagèrent toujours. D’ailleurs, comme le dit Olivier Barbelot DRH de France Télécom, lors d’une récente téléconférence avec les « manadgers » de l’entreprise : « C’est pas dramatique, j’ai vu pire que ça. Le nombre de suicides n’augmente pas : il y en aeu 28 en 2000 et 29 en 2002. » Tout va bien, donc : avec seulement 23 suicides en dix-huit mois, y a de la marge…
Source : Jean-Luc Porquet, Le Canard Enchaîné, 16 09 09
Didier Lombard, le PDG de France Télécom s’excuse !
Le PDG de France Télécom, Didier Lombard, s’est excusé mercredi des propos qu’il a tenu la veille évoquant une « mode du suicide » au sein de son entreprise.
« Hier , par erreur, j’ai utilisé le mot +mode+ qui était la traduction du mot « mood » (humeur ndlr) en anglais. Je m’excuse d’avoir fait ça », a déclaré M. Lombard sur RTL. « Je suis focalisé sur : arrêtez cette spirale infernale (du suicide) dans laquelle nous sommes », a-t-il ajouté.
Le PDG de France Telecom s’était engagé mardi à mettre un « point d’arrêt à cette mode du suicide qui évidemment choque tout le monde » lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec le ministre du Travail Xavier Darcos. Ses propos ont suscité une vive polémique alors que 23 salariés de France Télécom se sont suicidés ces 18 derniers mois.
Source : AFP 16 09 09
Il y a le dernier livre à la mode, le dernier film, le dernier chanteur, la dernière fringue… et les suicides à France Telecom. Une nouvelle mode, selon le très délicat PDG de l’entreprise (…) Bruno Gagne, syndicaliste CGT et salarié France Telecom à Montpellier, confirme : » Si aujourd’hui il y a une mode du suicide, c’est parce que les soldes du social sont entamées depuis longtemps. »
Source : Amélie Gourseau, L’Hérault du Jour, 17 09 09
Le changement de statut de la Poste rappelle quelques précédents
« Venant après l’affaire des suicides à France Télécom, le changement de statut de la Poste rappelle quelques précédents. France Télécom, puis GDF. « Y compris en cas d’augmentation de capital, l’Etat ne pourra pas descendre en dessous de 70% », promettait en 2004 Nicolas Sarkozy. Depuis la fusion avec Suez, la part de l’Etat n’atteint désormais plus que 35%. Fin du service public, place à l’actionnariat. Avec ses objectifs de rentabilité contradictoires à ceux du service public. Il y a des quartiers populaires où les bureaux seront supprimés, mais parce qu’ils ne sont pas rentables : les RMIstes qui viennent faire des retraits, ça ne rapporte pas… Même si les capitaux restaient 100% publics, ce serait l’Etat qui exigerait la rentabilité et des dividendes. De quoi montrer que les inquiétudes exprimées par les syndicats sont loin d’être illégitimes. »
Source : Jean-marcel Bouguereau La Republique des Pyrénées 22 09 09
La base française inaugurée mardi par Nicolas Sarkozy à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, pourra accueillir à terme jusqu’à 550 soldats français des trois armes (terre, air et mer), à moins de 250 km des côtes iraniennes, selon des sources militaires françaises.
Nouveau « point d’appui » pour les forces françaises dans le Golfe et le nord de l’Océan indien, elle s’inscrit dans « l’arc de crise » défini par le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale publié au printemps dernier.
Celui-ci s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’océan Indien, depuis la Mauritanie et la Somalie jusqu’au Proche-Orient, au golfe Arabo-Persique, à l’Afghanistan et au Pakistan.
Abou Dhabi complète un dispositif « prépositionné », au sud de l’océan Indien, à la Réunion et à Mayotte, à Djibouti, ainsi qu’en mer où des forces navales françaises assurent notamment des missions de lutte contre la piraterie.
Mais l’Implantation militaire française aux Emirats arabes unis (IMFEAU) vise aussi à développer la coopération militaire bilatérale, après le renouvellement mercredi de l’accord de défense conclu en 1995.
Il s’agit par ailleurs, précise le ministère français de la Défense, de concourir à « l’aguerrissement et l’entraînement des forces terrestres » aux « actions de combat en zone désertique et, à terme, en zone urbaine de type moyen-oriental ».
Comptant trois composantes -une base navale, une base aérienne et un « groupement terre »-, la base pourra compter à terme jusqu’à 550 militaires, permanents ou de passage, en escale, en formation et en exercice.
La base navale, qui s’étend sur 8 hectares dans le port de Mina Zayed, dispose d’un quai de 300 mètres de long susceptible d’accueillir l’ensemble des bâtiments français à l’exception du porte-avions Charles-de-Gaulle qui devra accoster à proximité immédiate, dans le port de commerce.
La « Base aérienne 104 », elle-même abritée par une base des Emirats située à une quarantaine de kilomètre d’Abou Dabi, a vocation à accueillir en permanence trois avions de combat Mirage 2000 ou Rafale mais pourra monter en puissance si nécessaire.
Quant au « Groupement terre », stationné sur le « Zayed military camp », à près de 50 km d’Abou Dabi, il dispose d’infrastructures d’accueil, de salles d’instruction de champs de manoeuvre et de tir…
Lors de l’inauguration de l’IMFEAU, trois navires de guerre français étaient présents: la frégate de défense aérienne Forbin, la frégate « furtive » Aconit et le « bâtiment de recherche électromagnétique » Dupuy de Lôme, les « grandes oreilles » de la Direction du renseignement militaire (DRM).
AFP 26 MAI 09
Morin: la France va retrouver son influence dans cette région « névralgique »
– La France, avec la nouvelle base française inaugurée à Abou Dhabi, « va retrouver toute sa place et toute son influence » dans la région « stratégique et névralgique » du Moyen-Orient, a déclaré mercredi le ministre de la Défense Hervé Morin devant l’Assemblée nationale.
Cette présence, a-t-il ajouté, « signifie l’engagement de la France dans cette région stratégique et névralgique ». Il s’agit de « faire en sorte que nous participions à la sécurité et à la stabilité » de la région et que la France y retrouve « toute sa place et toute son influence », a-t-il dit lors de la séance de questions au gouvernement.
« Cet accord de défense renouvelle notre engagement pour la sécurité et la stabilité de la région et en même temps garantit le dispositif juridique pour nos forces qui seront présentes ». « Nous avons une relation stratégique importante avec les Emirats, qui dépasse largement le seul cadre de la Défense », a-t-il souligné.
La base française inaugurée mardi par Nicolas Sarkozy pourra accueillir à terme jusqu’à 550 soldats français des trois armes (terre, air et mer), à moins de 250 km des côtes iraniennes. Nouveau « point d’appui » pour les forces françaises dans le Golfe et le nord de l’Océan indien, elle s’inscrit dans « l’arc de crise » défini par le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale publié au printemps dernier.
Celui-ci s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’océan Indien, depuis la Mauritanie et la Somalie jusqu’au Proche-Orient, au golfe Arabo-Persique, à l’Afghanistan et au Pakistan.
Abou Dhabi: Sarkozy « engage la France dans une voie périlleuse » (PCF)
Le Parti communiste français (PCF) a jugé mercredi que Nicolas Sarkozy, qui a inauguré mardi une base militaire permanente française à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, engageait les France « dans une voie périlleuse ».
Bayrou déplore l’ouverture d’une base militaire française à Abou Dhabi
François Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem), a déploré mercredi l’ouverture d’une base militaire française à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, au lendemain de son inauguration par Nicolas Sarkozy.
« L’ouverture d’une base à Abou Dhabi, dans une des zones les plus brûlantes du monde, avec accord de défense automatique, dans un dispositif américain, constitue un pas de plus, après le retour dans le commandement intégré de l’Otan », a jugé M. Bayrou devant la presse.
« Cela signifie que la France peut se trouver engagée dans un conflit sans l’avoir voulu », a estimé le président du MoDem, venu soutenir la liste de son parti aux européennes, dirigée par l’ex-Vert Jean-Luc Bennahmias.
« Ce changement stratégique considérable a-t-il été présenté aux Français? a-t-il été voté? Jamais. C’est typique de l’abus de pouvoir », a estimé M. Bayrou, auteur du livre « Abus de pouvoir », critique virulente du sarkozysme.
Même des intérêts commerciaux ne justifient selon lui pas une telle ouverture. « Le commerce des armes ne justifie pas tout », a-t-il estimé.
Revue-presse
La Voix du Nord (Olivier Berger)
« (…) C’est la première fois depuis cinquante ans et l’indépendance des anciennes colonies africaines que la France construit, à la demande et avec l’aide financière de l’hôte, une base militaire permanente hors du territoire national. L’initiative est en cohérence parfaite avec le Livre blanc de la Défense et de la Sécurité nationale, paru il y a un an. (…) (…) Pour ceux qui taxent Nicolas Sarkozy d’atlantisme compulsif, l’occasion est idéale de dénoncer une implantation s’inscrivant au beau milieu de la machine de guerre américaine. »
« En installant une base militaire permanente dans le Golfe arabo-persique, la France de Nicolas Sarkozy positionne notre pays dans une zone de guerre américaine, à côté des forces armées des Etats-Unis et en face de l’Iran », déplore le PCF dans un communiqué.
« C’est dans ce même esprit très atlantiste que les autorités françaises se sont engagées à renforcer leur engagement militaire direct dans les opérations de guerre de l’Otan en Afghanistan », poursuit-il.
« C’est ce que le président de la République appelle réintégrer +sa famille occidentale+. C’est une réintégration à hauts risques », selon le PCF pour qui « Nicolas Sarkozy engage la France dans une voie périlleuse ». « Par cette +normalisation+ pro-américaine, M. Sarkozy poursuit la politique qu’il commença avec George Bush, celle de la logique de force et de la priorité à l’intervention militaire ».
« (…)Il eût été difficile de le prédire, mais c’est Obama qui vient de lancer la campagne électorale pour les élections européennes du 7 juin, en soulevant de manière si nette la question turque. Le geste a pris à contre-pied Nicolas Sarkozy, à peine rentré de Strasbourg. Mais, sachant l’opinion largement hostile à l’entrée de la Turquie, il n’a pas hésité un seul instant à réaffirmer, tout aussi nettement, son opposition. Animant un débat d’autant plus vif, à droite comme à gauche, que les clivages traversent chaque camp. L’adhésion de la Turquie n’est ni décidée ni nécessairement pour demain. Elle fait l’objet d’un processus long, entamé formellement en 2005 et conditionné au succès de la négociation sur trente-cinq chapitres thématiques. Seuls dix ont été ouverts à ce jour. Pourquoi le soutien d’Obama à cette adhésion déclenche-t-il alors tant d’émotions ? Sans doute parce que l’Europe craint presque autant d’ouvrir la porte à 70 millions de Turcs que de la fermer à une puissance montante de la Méditerranée. »