« (…)Il eût été difficile de le prédire, mais c’est Obama qui vient de lancer la campagne électorale pour les élections européennes du 7 juin, en soulevant de manière si nette la question turque. Le geste a pris à contre-pied Nicolas Sarkozy, à peine rentré de Strasbourg. Mais, sachant l’opinion largement hostile à l’entrée de la Turquie, il n’a pas hésité un seul instant à réaffirmer, tout aussi nettement, son opposition. Animant un débat d’autant plus vif, à droite comme à gauche, que les clivages traversent chaque camp. L’adhésion de la Turquie n’est ni décidée ni nécessairement pour demain. Elle fait l’objet d’un processus long, entamé formellement en 2005 et conditionné au succès de la négociation sur trente-cinq chapitres thématiques. Seuls dix ont été ouverts à ce jour. Pourquoi le soutien d’Obama à cette adhésion déclenche-t-il alors tant d’émotions ? Sans doute parce que l’Europe craint presque autant d’ouvrir la porte à 70 millions de Turcs que de la fermer à une puissance montante de la Méditerranée. »