Des combattants du Front Polisario, ici en 2011, célèbrent les 35 ans de l’existence de leur mouvement à Tifariti, au sud ouest de l’Algérie
Le Monde.fr avec AFP •
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a annulé, jeudi 10 décembre, l’accord commercial portant sur les produits agricoles, signé en 2012 entre le royaume du Maroc et l’Union européenne (UE). La justice européenne a ainsi tranché en faveurdes indépendantistes du Front Polisario, qui estimaient que l’application de cet accord au territoire contesté du Sahara occidental violait le droit international et les engagements de l’UE.
a décision de justice ne précise pas si cette annulation sera rétroactive sur les effets déjà produitspar l’accord agricole, c’est-à-dire une série de réductions de droits de douane pour des produits marocains (en particulier des fruits, des légumes et des produits de pêche). Lors de la procédure, le Front Polisario a demandé seulement « l’annulation » de l’accord, après avoir songé à exiger sa « nullité », laquelle aurait impliqué des dédommagements.
La CJUE, qui siège à Luxembourg, signe ainsi une décision marquante dans la bataille diplomatique – et désormais juridique – que se livrent le Maroc et le front Polisario, depuis des décennies. En 1991, la signature d’un accord de cessez-le-feu entre les deux belligérants, après quinze années de conflit armé, a ouvert la voie à la création d’une mission onusienne pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination (Minurso) dans l’ancien Sahara espagnol, annexé par le Maroc en 1975.
Le Conseil européen – qui réunit les chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union – et la Commission européenne n’ont pas précisé s’ils entendaient faire appel de la décision. « C’est une décision juridique, a affirmé une porte-parole de la Commission européenne, que nous examinons avec attention [pour] procéder plus en avant, y compris sur la possibilité d’un appel ».
En l’état, la décision reconnaît au Front Polisario, soutenu par l’Algérie, la capacité à poursuivre en justice « dès lors que le Front Polisario est directement et individuellement concerné par la décision attaquée ». Sur le fond, les juges de Luxembourg relèvent que « le Conseil [européen] a manqué à son obligation » de vérifier si l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental sous contrôle marocain se fait ou non au profit de la population de ce territoire.
A Rabat, où un lobbying intense est mené sur la question du développement économique des régions sahariennes sous administration marocaine, aucune réaction officielle ne pouvait être recueillie jeudi soir 10 décembre. Seul Brahim Fassi-Fihri, le fils d’un ancien ministre des Affaires étrangères qui conseille désormais le roi Mohamed VI, s’est exprimé sur sa page Facebook. « Cette décision est un événement sans précédent, écrit-il, (…) qui valide l’idée absurde qu’un producteur local de tomates cerises de Dakhla se verrait potentiellement interdire d’exporter ses produits en Europe – et donc de jouir des bénéfices de sa propre production -, au seul motif que l’importateur n’a pas consulté le Polisario installé à Tindouf. » Il appelle ensuite le Royaume à revoir tous les accords le liant à l’Union européenne – et à lui tourner le dos.
La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini s’est entretenue jeudi matin avec le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar. Ils doivent se retrouver à Rome avant lundi 14 décembre.
C’est un conflit gelé en plein coeur du Maghreb. Mardi 28 avril, le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé, comme il le fait chaque année, le mandat de la Minurso, la force de l’ONU au Sahara occidental. Adoptée à l’unanimité, la résolution invite les deux camps à « s’engager dans une phase de négociations plus intensive et plus substantielle » : cela fera quarante ans cette année que le conflit, au coeur de la rivalité algéro-marocaine, empoisonne la vie de la région.
Le territoire de l’ancienne colonie espagnole, annexé (à 80 %) par le Maroc en 1975, est revendiqué depuis par le Front Polisario soutenu par l’Algérie. Depuis la signature d’un cessez-le-feu en 1991, les négociations piétinent. Rabat propose un plan d’autonomie rejeté par le Front Polisario qui exige un référendum d’autodétermination avec le soutien d’Alger. « Si rien n’avance, c’est que le statu quo semble préférable au risque d’un échec pour chacune des parties », souligne Luis Martinez, directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales.
Côté marocain, la défense de l’« intégrité territoriale » a été érigée en cause nationale directement portée par la monarchie. Depuis longtemps, les autorités ont favorisé les investissements et l’installation de Marocains du nord dans la région. La question sahraouie figure en bonne place dans les priorités de la politique étrangère du royaume : alors que le pays a quitté l’Union africaine en 1984 après qu’elle eut reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), il développe une ambitieuse politique africaine pour rompre son isolement diplomatique et géographique (la frontière algéro-marocaine est fermée depuis 1994).
Blocage
La fermeté est aussi de mise à Alger. Le pays souffre moins du blocage que son voisin. Il permet en revanche de freiner les ambitions régionales de son rival. Surtout, en soutenant le Front Polisario, l’Algérie se pose en défenseur du droit à l’autodétermination à l’échelle du continent.
Les Occidentaux sont peu enclins à troubler ce statu quo : le Maroc et l’Algérie sont deux partenaires clés dans la lutte contre le terrorisme. En outre, Rabat s’est depuis longtemps assuré de solides soutiens, au premier rang desquels Paris. En 2013, un projet de résolution préparé par les Etats-Unis proposait d’élargir le mandat de la Minurso à la situation des droits de l’homme. Le Maroc avait obtenu son abandon. Il n’en a plus été question depuis.
Régulièrement, des voix s’élèvent pour dénoncer les conséquences de ce blocage. Le conflit a empêché toute concrétisation de l’Union du Maghreb arabe lancée en 1989. Il entrave également la coopération sécuritaire régionale. « Il est temps de tenir compte des nouvelles dynamiques régionales : de l’émergence des sociétés civiles aux questions sécuritaires »,souligne Khadija Mohsen-Finan, enseignante à l’université Paris-I et coordinatrice d’un dossier sur les quarante ans du conflit pour le site Internet Orient XXI.
Depuis plusieurs années, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon sonne l’alarme. « La frustration croissante parmi les Sahraouis et l’expansion des réseaux criminels et extrémistes dans la région Sahel-Sahara présentent des risques accrus pour la stabilité et la sécurité de la région », a-t-il répété début avril.
Un Touareg se promenant dans les rues de Kidal avec ses ânes. Photo AFP
La démocratisation et la stabilisation du pays sont les deux mamelles de la sécurité régionale, affirment Occidentaux et États voisins ; rien n’est moins sûr, rétorquent les politologues, pour lesquels le Mali reste la pièce maîtresse de « l’échiquier terroriste » au Sahel.
Après l’Afghanistan et les régions tribales du nord-ouest du Pakistan, le Sahel africain est devenu le terrain de jeu de prédilection des islamistes jihadistes. Depuis quelques années, ils y sévissent presque impunément, excepté en de rares occasions comme la récente intervention française au Mali (opération Serval) qui a mis les extrémistes au pas. Enclavé au cœur du Sahel, le Mali était la plaque tournante des jihadistes et une pièce maîtresse de « l’échiquier terroriste » instauré par el-Qaëda au Maghreb islamique (AQMI) dans la région. Quoique le conflit dépasse largement le cadre de ce pays, Occidentaux et États voisins, eux-mêmes concernés par la nébuleuse jihadiste, pensent que la sécurité régionale passe par la démocratisation et la stabilisation du Mali. Pour ce faire, après en avoir chassé les islamistes avec l’aide de quelques pays africains, la France a imposé un calendrier électoral en dépit des réticences de certains acteurs politiques locaux. La présidentielle, qui s’est tenue hier, est ainsi censée sceller la « réconciliation » d’un pays divisé et rétablir l’ordre constitutionnel interrompu par le coup d’État militaire du 22 mars 2012, qui avait renversé le président élu Amadou Toumani Touré (surnommé ATT). Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, et même le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avaient prévenu d’avance que ce scrutin serait « imparfait », mais qu’il faudrait néanmoins en « accepter » les résultats.
Le pari de Paris
L’élection présidentielle malienne est-elle réellement la solution miracle tant souhaitée par les parties prenantes au conflit ? Les jihadistes sont-ils définitivement muselés, au Mali, et dans le Maghreb par extension ? Selon les analystes, rien n’est moins sûr : la solution ne peut être que régionale et globale, d’autant que le problème implique tous les pays du Sahel et de l’Afrique du Nord.
Roland Marchal, chargé de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS) et au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), estime que la présidentielle malienne relève d’un pari de la France et, derrière Paris, de la communauté internationale. « Il y a consensus sur le fait qu’il faut changer, avoir un nouveau président pour achever les tâches de la transition débutée en avril 2012. Mais nombre d’observateurs, maliens et étrangers, s’inquiètent du fait que des élections tronquées à cause de l’empressement à tenir une date puissent aboutir à des fraudes substantielles », déclare M. Marchal, faisant allusion notamment au nord du Mali. L’analyste s’inquiète d’une forte contestation qui minerait les efforts du président élu. « S’il faut opérer une refondation de l’État malien, mieux vaut donner aux populations l’assurance qu’elles sont toutes partie prenante de ce projet. Aujourd’hui, une partie de la jeunesse et de la diaspora (et des zones entières du pays) peuvent en douter », affirme-t-il.
Confirmant cette fragilité du processus électoral, le général Grégoire de Saint-Quentin, qui a commandé l’opération Serval, a reconnu que le Mali n’est pas encore « complètement stabilisé ». « D’une part, le général de Saint-Quentin a raison car les jihadistes ont un enracinement social ; en particulier dans la région de Gao et les villages alentour, mais aussi à Bamako où près de 20 % de la population est wahhabite (bénéficiant du soutien du Qatar et de l’Arabie saoudite) », assure Michel Galy, politologue et professeur de géopolitique à l’Ileri (Institut des relations internationales, Paris) et coauteur de La Guerre au Mali, comprendre la crise au Sahel et au Sahara, enjeux et zones d’ombre (éditions La Découverte). « D’autre part, les Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) veulent instaurer leur Etat dans le nord du Mali », poursuit-il, relevant que beaucoup de problèmes ont entaché la tenue du scrutin. Il s’est tenu en plein ramadan et à la saison des fortes pluies, ce qui fait craindre une possible faible participation des électeurs. « Les listes électorales étaient incomplètes car basées sur un vieux recensement ; les jeunes de 18 à 20 ans n’y étaient pas comptabilisés », ajoute-t-il, soulignant que beaucoup de votants au Nord n’ont pas eu leurs cartes électorales car n’ayant pas de carte d’identité. « Mais même si 20 % des électeurs ne votent pas, cela reste mieux que d’avoir un gouvernement fantoche comme celui de Dioncounda Traoré qui est illégitime. Ma position personnelle est qu’un président élu, même avec des imperfections, reste meilleur et plus légitime que M. Traoré qui est un président intérimaire non élu », assure M. Galy.
Réconciliation nationale
Pour Philippe Hugon, de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS) et auteur de Géopolitique de l’Afrique (Paris, A. Colin 2013), la question de la légitimité du nouveau président est centrale. « Bien entendu, il y aura des contestations liées aux listes électorales et aux organisations matérielles du vote, aux difficultés de vote des réfugiés ou déplacés (environ 500 000), aux difficultés d’organisation dans la région de Kidal (malgré l’accord de Ouagadougou) ou aux insécurités lors du vote », dit-il. Selon lui, la question reste toutefois de savoir quelle sera l’ampleur de ces difficultés et les écarts entre les candidats pour le premier et, vraisemblablement, le second tour du scrutin. « Une nette victoire d’un des candidats ne remettrait pas en cause la légitimité de son élection, mais il est important que le Nord puisse voter, même s’il ne représente que 37 000 électeurs sur 6,8 millions », estime-t-il.
De ce qui précède découle le thème-clé de la présidentielle : la réconciliation nationale. « Le Mali a su historiquement gérer les différences, même si la question touareg est restée permanente entre révolte, répression et négociation », poursuit M. Hugon. Pour lui, les facteurs de division sont largement extérieurs au Mali : AQMI bouté hors d’Algérie, mercenaires revenant de Libye après la chute de Kadhafi, développement des trafics, diverses mouvances composées d’Algériens ou de Mauritaniens. « Il faut évidemment que des droits soient reconnus aux différentes communautés et minorités. Ce qui suppose un approfondissement de la décentralisation, l’autonomie des provinces et/ou une institution des règles de partage des rentes minières à venir », affirme l’analyste.
Le vrai débat
« Les élections ont un objectif limité, mais il est clair que le fossé ne peut être comblé ainsi », estime Roland Marchal. L’accord de Ouagadougou, signé en juin 2013 entre les rebelles touareg et l’Etat malien, le dit déjà : il y aura un processus de réconciliation à la suite de l’élection présidentielle, quel que soit l’élu. « Le vrai débat est sur la forme de ce processus et sur l’association des autres régions du pays à une discussion qui, sur bien des points, touche à des revendications communes : la décentralisation, la transparence de l’administration locale, la lutte contre la corruption (…) », ajoute M. Marchal.
Ce qui est à noter, relève pour sa part Michel Galy, c’est l’inversion entre Paris (l’Occident en général) et Bamako. « Au Mali, ce sont les Touareg qui sont rejetés et mal acceptés, alors qu’à Paris, ils sont plutôt bien vus. À Bamako, les jihadistes sont tolérés, en dépit de leur extrémisme, car ils sont considérés comme des citoyens maliens, contrairement aux Touareg. En Occident, les jihadistes font peur », dit-il. La réconciliation nationale se jouera donc, pour les Maliens, au niveau de l’acceptation des Touaregs. M. Galy poursuit sur sa lancée : « Militairement parlant, l’opération Serval a été une réussite (toutefois confinée au Mali). Elle a arrêté la progression des jihadistes vers Bamako, les a refoulés au Nord et les a neutralisés après de rudes combats. Des centaines de combattants jihadistes ont été tués ou détenus, tandis que le reste s’est éparpillé dans les pays voisins comme la Libye, l’Algérie, le Niger ou la Mauritanie. » Et c’est là où le danger guette, selon l’expert. Le conflit risque de s’étendre à ces pays frontaliers et pourrait embraser tout le Sahel. « Il y aura certainement des attentats ponctuels au Mali, mais la crainte est que les jihadistes ne se lancent dans des opérations terroristes du style de celles qui ont eu lieu récemment à Arlit (au Niger) et In Amenas (en Algérie) », déclare-t-il, redoutant un « scénario catastrophe » plus pessimiste encore : un enracinement islamiste, une extension de la nouvelle « guerre nomade » aux pays limitrophes du Mali, à commencer par le Niger.
Le silence de l’UE
Cette « guerre nomade » pourrait s’étendre vers l’ouest du continent africain depuis le Sahara occidental, avec le Front Polisario pour fer de lance. « Des combattants du Polisario, de Boko Haram (secte islamiste nigériane) et des shebab somaliens ont combattu avec les jihadistes maliens », rappelle l’analyste ; cela a engendré des liens entre les différents mouvements. « La crainte est de voir s’embraser une bande de terre allant d’Est en Ouest (séparant l’Afrique du Nord de l’Afrique subsaharienne) », selon lui, une alliance des islamistes avec le Polisario créant une ceinture de feu sur le continent africain.
« L’opération Serval a été une grande réussite sur le plan militaire face à la défaillance des armées africaines (exception faite des Tchadiens et des Nigériens) et du silence de l’Union européenne », renchérit Philippe Hugon. « Bien entendu, elle ne règle pas la question de fond de la lutte contre les jihadistes. Ceux-ci se sont en partie disséminés, notamment au sud de la Libye, et ont encore des moyens de nuisance », ajoute l’expert. L’espace de l’arc sahélo-saharien est gigantesque (20 fois la superficie de la France), rappelle-t-il, et les réseaux de trafic n’ont pas été éradiqués. De plus, ajoute le chercheur, les jeunes ont très peu de perspectives d’insertion dans une zone qui n’a pas enclenché sa transition démographique, formant ainsi un terreau fertile pour les islamistes.
Décalage
Un avis partagé par Roland Marchal, pour qui « l’opération Serval n’est qu’une opération militaire et, comme telle, elle peut être considérée comme une réussite ». Le problème, selon lui, est le décalage entre cet aspect militaire et la stratégie politique mise en œuvre. « Une stratégie un peu simpliste », assure l’expert. « Les militaires français savent qu’il faut poser le problème régionalement ; mais peut-on, comme le fait la France ou l’Union européenne, se limiter à une stratégie sahélienne alors que des États comme la Libye, l’Algérie et la Tunisie sont volontairement ou non des acteurs de la crise ? » se demande l’analyste. « La définition de stabilité est très politique », poursuit-il. « En 2010, la communauté internationale estimait le Mali stable alors que pratiquement tous les ingrédients de la crise étaient là. On peut, sans se tromper, estimer que la résolution de la crise sera longue et qu’elle dépasse de loin le Mali. Celui-ci peut retrouver une normalité (au sens de 2010), mais les États de l’ensemble de la zone doivent savoir qu’il n’y aura qu’une solution collective », conclut M. Marchal.
Son confrère Philippe Hugon estime, lui, que le Mali a été au cœur des réseaux jihadistes du fait de la faiblesse, voire de la connivence, des autorités politiques et militaires à l’époque d’Amadou Toumani Touré. « L’armée est à reconstruire. Le pouvoir politique doit être légitimé. La présence des Casques bleus accompagnant les forces françaises doit assurer la sécurité. Le futur dépendra de la reconstruction économique et des perspectives d’insertion des jeunes, actuellement prêts à se mobiliser pour des causes extrêmes », dit-il.
Les apprentis sorciers
Autre son de cloche du côté de Michel Galy. D’après l’analyste, les États-Unis ont voulu jouer aux apprentis sorciers dans la région. Ils ont dépensé beaucoup d’argent pour ce qu’ils ont appelé « l’Initiative Pan-Sahel». Washington a formé et fourni du matériel à des hommes pour combattre les islamistes. « Mais cela s’est retourné contre eux et s’est terminé en catastrophe », estime M. Galy. « Le capitaine Amadou Sanogo, parfait anglophone formé aux États-Unis, est devenu le chef des putschistes ; certains militaires, eux, sont passés du côté des rebelles touaregs », ajoute-t-il. Il faut savoir en outre que, depuis des siècles, pour les Touaregs et les Arabes, leur mode de vie est basé sur la guerre qu’ils considèrent valorisante, rappelle le chercheur. « Ainsi, depuis 1960, cinq rébellions touaregs ont eu lieu », note-t-il, insistant sur le fait que le problème, chose que l’Occident a tendance à occulter souvent, est également d’origine « culturelle ».
Et M. Galy de conclure : « Les islamistes jihadistes se sont infiltrés dans la brèche laissée par les gouvernements successifs corrompus. Ils offrent des services sociaux divers (scolarisation, hospitalisation, aides humanitaires, etc.), se substituant ainsi au gouvernement central ; et bâtissent de la sorte leur base partisane. » Pour pallier au problème, dit-il, le meilleur remède passe par le développement économique et social des régions pauvres ; mais pour cela, il faudrait un gouvernement central fort et non corrompu.
En espérant, pour le Mali, que la présidentielle d’hier puisse accoucher d’une telle quasi-utopie…